La publicité

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La publicité est-elle nuisible ?
L’impact publicitaire semble donc particulièrement fort chez les jeunes enfants (autour de 6 ans) et pour
les produits les concernant directement : boissons sucrées, barres chocolatées, bonbons, céréales. Une
observation qui jette le désarroi quand elle est corrélée à l’augmentation des enfants atteints de surcharge pondérale. L’actuel désarroi face à la montée de l’obésité enfantine conduit à en chercher les
causes. La publicité est montrée du doigt, ce qui rappelle des débats déjà anciens sur le rôle de la publicité dans la transmission de stéréotypes chez l’enfant ou encore celui de la télévision dans le développement de comportements violents. La difficulté est de fournir une démonstration claire qu’une cause
unique (la publicité) est à la source d’un effet résultant d’un nombre élevé de facteurs très imbriqués.
Qu’en la matière, si influence il y a, elle résulterait davantage d’une forme d’auto-indulgence alimentaire consacrée par les stéréotypes publicitaires que d’un lien direct. Faut-il rappeler l’importance des
relais éducatifs pour l’éducation à la santé, dont la publicité ne doit pas être comptée parmi les acteurs
principaux ? Il faut également se méfier des effets d’annonces1, des anathèmes simplificateurs qui assurent à leurs auteurs… une certaine publicité. D’autres accusations portent sur le thème de la violence,
engendrée par la nécessité de se procurer un produit, une marque rendue désirable, indispensable à la
manière d’une pomme attirante au milieu de l’étal. La conséquence en serait une vision du monde tronquée et une grande déception de l’enfant une fois confronté à la dure réalité, éloignée des stéréotypes
véhiculés par la publicité. Dans le même ordre d’idées, de nombreuses études mettent en évidence le caractère violent de certaines images publicitaires. Mais la plupart s’attardent davantage sur le contenu des
messages que sur leurs effets à long terme. Enfin, dans un autre registre, la publicité télévisée est souvent accusée de présenter un monde idéal, un univers parfait qui gomme les conflits sociaux, surreprésente les couches sociales favorisées, prônant une idéologie de type consumériste, matérialiste, sexiste,
voire dans certains cas, raciste. Josette Sultan constate que « les enfants, dans leurs productions graphiques, tendent à renforcer les partis pris publicitaires ». Mais leur vulnérabilité à l’action idéologique
de la publicité s’avère beaucoup moindre chez ceux qui s’intéressent le plus aux procédés, aux techniques qu’elle met en oeuvre. Le bain culturel que génère la publicité est incontestable. Mais ce qui
forge l’adulte de demain ne se limite pas aux seuls médias : l’éducation aux médias a décidément son
rôle à jouer. Plutôt que d’interdire, ne faut-il pas prôner l’éducation ? Un enfant décode d’autant mieux
le discours publicitaire qu’il y a été confronté et qu’on le lui a expliqué. Les interactions parents-enfants
aident l’enfant à décoder les messages et à identifier les objectifs publicitaires. L’école a un rôle plus actif à jouer. D’abord en permettant aux enfants d’analyser un discours publicitaire. Mais également, en
s’interrogeant sur la présence des marques dans ses établissements, à travers des actions éducatives (semaine du goût ou du commerce équitable). Pour Guichard « Interdire toute publicité est utopiste». De
même qu’il n’est pas possible d’empêcher les enfants de regarder la télévision si elle est allumée. Les
enfants sont ainsi nombreux à regarder des émissions qui ne leur sont pas destinées. Celles-ci comportent leur lot de messages publicitaires et, compte tenu de l’étendue de la perception enfantine, ces messages, vus incidemment, ont sans doute une influence sur les enfants et donc sur leur famille. Les enfants, comme les adultes au demeurant, sont parfois séduits par le discours publicitaire.
Ce qui importe sans doute, c’est qu’ils le soient consciemment et que leur entourage (affectif, pédagogique) les ait préparés ou armés pour comprendre les mécanismes de cette séduction. Même un enfant
très jeune peut comprendre que la publicité n’est pas l’absolue vérité. Les parents doivent aider les enfants à développer un sens critique en profitant, par exemple, de la diffusion de spots pour des produits
concurrents afin de développer une contre-argumentation ou de comparer, avec eux, les caractéristiques
d’un produit vantées à la télévision et leur réalité, moins merveilleuse qu’il n’y paraissait… ».
La publicité peut et doit susciter, au sein de la famille et à l’école, un dialogue franc, un débat nuancé et
une compréhension critique et lucide de la place du marketing et de ses différentes manifestations dans
notre vie.
1
http://www.storpub.com/dico-pub/definition-e.html
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