Vertébro et stentoplastie : des patients sur pied dès le lendemain Tassements ostéoporotiques résistants aux antalgiques, fractures vertébrales traumatiques : la radiologie interventionnelle peut transformer la vie des patients. A condition de respecter les indications et de disposer d’équipes dûment formées et expérimentées, la vertébroplastie, qui consiste à injecter un ciment dans la ou les vertèbres tassées, a un effet antalgique et consolidateur ; la stentoplastie, quant à elle, permet de traiter les fractures traumatiques et de remettre sur pied de façon spectaculaire des patients souvent jeunes. Les explications du Pr Afshin Gangi de l’hôpital Civil de Strasbourg. La vertébroplastie consiste à injecter, par voie percutanée, sous contrôle radioscopique, un ciment acrylique avec un double objectif : soulager la douleur et consolider la vertèbre. Elle est indiquée chez des patients présentant des tassements vertébraux ostéoporotiques très douloureux et résistants aux antalgiques. Des patients ou plus souvent des patientes dont les douleurs entravent la vie quotidienne les contraignant à passer leurs journées alitées. L’intervention a un impact spectaculaire : dans 98 % des cas, les douleurs s’estompent dès les premiers jours et les patientes peuvent reprendre leurs activités quotidiennes. Un script minutieux La patiente est installée dans la salle de radiologie interventionnelle qui suit toutes les règles d’asepsie d’un bloc opératoire. L’équipe anesthésiste assure la sédation et la surveillance, car l’injection peut être douloureuse et entraîner des variations tensionnelles. L’intervention débute par une anesthésie locale cutanée et sous-cutanée. Une imagerie 3D repère de façon précise la morphologie de la vertèbre à traiter et détermine le point d’entrée du matériel. Une aiguille est introduite au niveau de la vertèbre concernée, elle permet de vérifier la voie d’abord et de réaliser l’anesthésie du périoste et du trajet musculaire. Puis, la peau est incisée et une aiguille de vertébroplastie d’un diamètre de 2,4 mm est introduite jusqu’au point d’entrée du pédicule vertébrale et un trocart de vertébroplastie est placé dans le corps de la vertèbre. Une biopsie osseuse est effectuée pour analyse anatomopathologique visant à confirmer la nature ostéoporotique de l’atteinte osseuse. Le ciment, du méthyl méthacryclate, est alors injecté très lentement sous contrôle scopique dans le tiers antérieur de la vertèbre. La vertébroplastie est terminée, le trocart retiré. Une imagerie 3D finale permet de s’assurer de la bonne répartition du produit et de l’absence de fuite. Une surveillance stricte s’impose quelques heures pour vérifier l’absence d’hématome. La patiente rentre chez elle dès le lendemain. Un bénéfice confirmé Le bénéfice de la vertébroplastie a été confirmé par des études cliniques et tout récemment par une méta analyse. Les données compilées de 6 études montrent que le soulagement de la douleur, la reprise fonctionnelle et la qualité de vie sont significativement améliorés chez les patients ayant bénéficié de cette procédure par rapport à des témoins pris en charge médicalement, un impact favorable mis en évidence précocement et qui se maintient à long terme1. 1 Anderson PA et al. J Bone Miner Res 2012 sep 18 :doi : 1012/jmr.1762 Rotter R et al. Eur Spine J, 2010 ; 19 : 916-23 1 Le « stenting » vertébral ou stentoplastie C’est une technique plus récente moins répandue et qui reste encore réservée à certains centres et à des équipes très expérimentées. Par exemple, au CHU de Strasbourg, 30 à 40 interventions de ce type sont réalisées chaque année, contre 2 500 vertébroplasties. La stentoplastie vise à restaurer la hauteur vertébrale en gonflant des ballonnets surmontés de stents métalliques au niveau du corps vertébral, puis à injecter un ciment acrylique pour stabiliser le corps vertébral, comme dans le cadre de la vertébroplastie. Elle est indiquée dans les fractures traumatiques, des fractures très douloureuses qui risquent en outre de déformer le rachis et de déstabiliser l’ensemble de la stature, avec de lourdes conséquences pour des sujets souvent jeunes. La technique est encore plus précise que la vertébroplastie, elle nécessite des appareils d’imagerie très performants. Elle doit être réalisée dans les 7 à 10 jours suivant l’accident, au-delà, le cal osseux empêche l’introduction du matériel de stentoplastie. Sous anesthésie générale Comme pour la vertébroplastie, avec les mêmes précautions d’asepsie et des appareils d’imagerie scopique et 3D, le patient est installé dans la salle de radiologie interventionnelle. La stentoplastie se fait sous anesthésie générale et nécessite un abord bilatéral. Deux trocarts de vertébroplastie sont installés sous le plateau de la vertèbre tassée au niveau de la zone de fracture ; des broches guides sont introduites pour servir de tuteurs, puis le corps vertébral est foré par une mèche et les ballonnets avec les stents sont introduits dans le corps vertébral. Les ballonnets sont gonflés, entraînant le déploiement des stents puis le ciment est injecté. Toute l’intervention est effectuée sous contrôle scopique et scanner. Le résultat est spectaculaire : le patient est debout dès le lendemain. « Un bénéfice individuel majeur pour ces sujets souvent jeunes et un bénéfice pour la société tout aussi important, puisque le patient sort de l’hôpital rapidement et reprend toutes ses activités », insiste le Pr Gangi. Métastases osseuses La vertébroplastie peut aussi être proposée pour le traitement de certaines métastases osseuses, tumeurs extrêmement douloureuses. Elle a un double effet : antalgique et consolidateur. Elle peut également être utilisée dans le myélome. Pr Afshin Gangi Hôpital Civil – Strasbourg 03.69.55.03.03 [email protected] 2