Synthèse de l`étude - Réseau Rural Français

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Synthèse de l’étude
« Meilleure connaissance et stratégie de développement durable des circuits courts
de commercialisation des produits agricoles en région PACA »
Le circuit court implique une vente directe du producteur au consommateur ou alors une
vente indirecte répondant à certains critères de proximité. A l’heure où la Région souhaite
renforcer les liens directs entre producteurs et consommateurs en développant de manière
durable ces modes de commercialisation, la Région a souhaité avoir plus de lisibilité.
D’autant que ces différents modes de distribution sur son territoire convergent vers des
processus entamés depuis plusieurs années :
- la Région a adopté une politique agricole régionale depuis 2006 articulée autour de
trois axes : la qualité et la traçabilité des produits, la production par l’agriculture d’un
environnement de qualité et le maintien de la diversité des formes d’exploitation,
- le programme régional AGIR en matière d’économie d’énergie et d’énergies
renouvelables
- une demande croissante économique et sociétale
C’est dans ce contexte qu’une étude a été lancée par le Conseil Régional en 2008 et menée
au cours de l’année 2009 afin de constituer une base de réflexion.
L’étude concerne les circuits courts collectifs. Elle est centrée sur les fruits et légumes, la
viande et les produits laitiers. Elle couvre les produits alimentaires autres que les produits de
la viticulture, les produits transformés (huile d’olive notamment) et les plantes aromatiques.
L’étude combine à la fois un état des lieux des circuits courts, une analyse de leurs impacts
et une réflexion sur les leviers d’action des collectivités
Compte tenu de l’échantillon étudié, de la diversité des situations, des hypothèses de travail,
les résultats ne reflètent que des tendances à l’échelle régionale.
Les circuits courts en PACA : les points clés
L’enquête de structures conduite par le Ministère de l’Agriculture en 2007 montre une
présence très importante de la vente directe avec toutefois une tendance à la baisse de 10%
entre 2005 et 2007.
Le circuit court est un mode de commercialisation présent dans toutes sortes exploitations,
quelles que soient leurs dimensions économiques. Les agriculteurs en bio sont
proportionnellement plus nombreux à commercialiser en circuit court.
Le développement des circuits courts a été très rapide depuis cinq ans. Les circuits courts
actuellement présents dans la région concernent plus de 160 acteurs organisant près de 350
circuits courts et sont très diversifiés :
- Les réseaux de vente « au panier » représentant plus de 50 % des circuits identifiés,
soit 140 ;
- Les points de vente collectifs (PVC) au nombre de 60 et les marchés paysans au
nombre de 40, circuits les plus « collectifs » sont les premiers réseaux utilisés dans la
région en nombre d’exploitants impliqués ;
- Trois circuits : les marchés paysans, les PVC et les paniers couvriraient 90% du
chiffre d’affaires régional des circuits courts collectifs. Ce chiffre d’affaire serait
d’environ 55 millions d’Euros par an.
Meilleure connaissance et stratégie de développement durable des circuits courts de commercialisation
des produits agricoles en région PACA
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Leur vente représenterait moins de 3% de la valeur des productions agricoles de l’étude et
environ 2% de la valeur totale de la production agricole de la région.
Il existe une gamme de produits quasi complète à l’échelle de la région, mais incomplète à
l’échelle d’un territoire local. De plus, les consommateurs sont avant tout des résidents
urbains.
Quels impacts économiques, sociaux et sur les consommations d’énergie des circuits
courts ?
L’analyse des facteurs d’impact a été envisagée dans une perspective où la proportion de
producteurs pratiquant en partie la vente directe se développerait avec une incidence sur les
consommateurs et plus largement sur les territoires.
Les impacts économiques
Il y a de nombreux aspects positifs : forte valeur ajoutée entièrement récupérée, trésorerie
saine, paiement immédiat ou en avance (paniers), investissement limité, écoulement de la
totalité de la production, peu de concurrence entre exploitations, risques commerciaux
réduits avec la prévisibilité et la régularité des débouchés. Toutefois apparaissent des
aspects plus négatifs ; travail important et difficile (horaires), relation avec la clientèle,
manque d’une clarification juridique pour les points de vente collectifs, économie (en partie)
grise.
L’impact social et sociétal
Le lien entre urbains et agriculteurs est un véritable impact positif. Le contact avec les
consommateurs est le premier point cité spontanément par les agriculteurs.
La sensibilisation au développement durable… à condition d’un élargissement du public car
actuellement pour les deux tiers des acheteurs de circuits courts (type AMAP), il s’agit plus
d’une démarche éthique, militante.
Viennent ensuite la confiance dans la qualité de produits de saison puis l’interaction entre
agriculture et développement durable.
Enfin, la crise économique a donné une plus grande visibilité aux circuits courts, ce qui a
provoqué un certain élargissement du public de consommateurs.
Toutefois, les impacts sociaux positifs, sont faiblement exploités.
L’impact énergétique
Globalement, les distances de commercialisation sont limitées mais le nombre de trajets
peut être élevé. Il existe des différentiels importants pour le kilométrage annuel selon le type
de circuit et l’impact ‘carbone’ selon le type de filière ou entre exploitations d’une même
filière. Paradoxalement, les circuits courts ne s’avèrent pas toujours compétitifs en CO2 par
rapport aux circuits longs car la proximité du lieu de commercialisation n’est pas toujours
synonyme de peu de kilomètres parcourus.
De nombreux soutiens des collectivités et acteurs publics aux projets des circuits
courts
Il existe un foisonnement d’initiatives à tous les niveaux d’organisation du territoire que ce
soit au niveau local -en particulier à travers les programmes Leader (communes, pays, parcs
naturels, communautés d’agglomération), départemental, régional, étatique (Plan national
circuits courts, fonds CASDAR et VIVEA) ou encore européen (Leader, Interreg, Parlement).
Toutefois, plusieurs possibilités de financement restent sous-exploitées (document régional
de développement rural, programmes opérationnels, pôle d’excellence rurale) quel que soit
le type d’investissement. Les acteurs des circuits courts font part de besoins au niveau de la
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lisibilité (du fait du caractère morcelé des initiatives), de la coordination et de l’innovation plus
qu’au niveau des investissements matériels.
De plus, il existe un lien fort entre l’agenda 21 local et les circuits courts : du fait de leur
démarche transversale, les agendas 21 locaux rassemblent producteurs et consommateurs,
et les idées « préconçues » sur les circuits courts (réduction des déplacements, moyen
d’aider les exploitants fragiles) facilitent le rapprochement.
Une comparaison d’expériences avec trois autres Régions a été réalisée. Ces régions sont
également engagées dans une stratégie de développement durable et une politique agricole,
dont le soutien aux circuits courts est complémentaire à l’agriculture biologique ; il en ressort
qu’en Midi-Pyrénées, le choix de l’intervention publique a volontairement été mis sur la
consommation sur les territoires ruraux plus que sur les territoires urbains. Par contre, dans
le Piémont, les garanties apportées aux consommateurs au niveau de la qualité et de la
proximité des produits sont un des angles pour le développement d’une « nouvelle
agriculture ». Enfin, la Région Rhône-Alpes privilégie le soutien aux projets d’envergure
régionale avec des dimensions collectives et d’innovation (avec par exemple les magasins
collectifs).
Trois scénarios pour une action de la Région
Un contexte avec des atouts et des menaces identifiés
Les circuits courts possèdent un ensemble d’atouts dans les trois dimensions du
développement durable, mais leur bilan est nuancé : l’étude a permis d’infirmer quelques
idées reçues sur les impacts positifs de ce mode de commercialisation.
Parmi les points forts, il y a
- l’émergence de façon générale de l’effet pressenti de sensibilisation au
développement durable,
- la structuration des circuits courts et plus particulièrement les AMAP au niveau
régional. les marchés paysans le sont également mais de façon indépendante et il en
est de même pour les points de vente collectifs.
- Les impacts positifs en matière économique, social et énergétique.
Quant aux opportunités et menaces identifiées, elles sont toutes liées à la commercialisation.
- La région possède certes des atouts pour le développement des circuits courts :
grandes métropoles en croissance, tradition d’achat sur les marchés. Mais la
principale menace pour les producteurs et les territoires découle de la présence
d’une offre bien inférieure à la demande des consommateurs qui pourrait attirer une
offre concurrente.
- Il existe deux autres menaces potentielles : les consommateurs hors du groupe
convaincu touché par l’enquête pourraient avoir une confiance insuffisante dans
l’origine des produits en circuits courts. Cela indique une nécessité d’œuvrer au
maintien de la confiance en la qualité des produits. Les consommateurs pourraient
également faire une confusion entre bio et circuits courts. Les produits
phytosanitaires étant autorisés sur ces derniers, ceci pourrait nuire à la confiance
dans l’absence de produits phytosanitaires en agriculture biologique.
- Le déséquilibre entre l’offre et la demande est causé par un petit nombre de points de
blocage :
o pour les producteurs : les références techniques, économiques,
organisationnelles manquent, il existe un déficit d’offre d’appui technique et
de conseil, la reconversion CL/CC est difficile pour les exploitations agricoles
en place, et nécessité d’un appui compétent.
o pour les producteurs et les consommateurs : Les solutions collectives aux
problèmes d’organisation (emploi, gamme, calendrier, logistique) manquent
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pour les producteurs, les consommateurs et les territoires : le choix d’un
niveau géographique pertinent pour ces solutions est difficile à faire.
L’échange d’information est limité. Pour les consommateurs : blocage d’accès
d’ordre financier et surtout culturel.
La nécessité d’inventer des solutions collectives pour gérer et développer les circuits courts
est de fait une opportunité : les circuits courts sont un levier pour l’innovation en termes de
nouvelles formes d’organisation des filières agricoles. D’autant que les circuits courts
s’inscrivent pleinement dans les politiques régionales actuellement mises en œuvre et sont
autant d’opportunités supplémentaires d’intervention :
- une grande cohérence entre circuits courts et politique régionale
- une sensibilisation croissante des urbains et des producteurs au développement
durable
- les complémentarités entre produits des territoires à l’échelle régionale
- un levier pour la coordination entre territoires (Pays, PNR, communautés
d’agglomération)
Apporter une réponse adaptée
Les acteurs ont pointé différentes actions pour leur lisibilité et leur organisation :
- La structuration des acteurs pour devenir un réseau transversal,
- Une plate-forme offre-demande pour plus de lisibilité entre les territoires et une
optimisation des trajets,
- La diffusion de références, formation, conseil et appui à la reconversion et à
l’installation dont l’objectif est de développer l’offre et de favoriser des solutions de
groupe,
- La communication sur les circuits courts et une signalétique régionale des
producteurs pour une meilleure information auprès des consommateurs et une
association des niveaux géographiques,
- La garantie de proximité pour favoriser la qualité et pérenniser la confiance.
A partir de l’état des lieux établis, trois scénarios ont été formulés pour une intervention de la
Région, outre le statut quo qui serait une possibilité supplémentaire. D’autres scénarii ont été
rejetés.
- Premier scénario : une action ciblant les producteurs, bénéficiant indirectement aux
consommateurs et aux territoires en vue d’encourager le développement des CL
grâce à l’innovation collective, la reconversion et l’installation dans les circuits courts.
- Deuxième scénario : une action ciblant les consommateurs et les territoires,
bénéficiant indirectement aux producteurs dont l’objectif est d’accélérer la prise en
compte du développement durable chez les consommateurs à travers les circuits
courts.
- Troisième scénario : une combinaison d’actions légères associant producteurs,
consommateurs et acteurs des territoires avec pour finalité le développement des
synergies entre l’offre et la demande dans les circuits courts en PACA.
Pour toute nouvelle action initiée, un dispositif de suivi avec des indicateurs permettra de
mesurer l’avancement des actions au niveau des moyens, de la réalisation et de l’efficacité.
Quel que soit le scénario retenu, deux difficultés transversales persistent :
 Dans les territoires périurbains, le manque de foncier agricole et les difficultés
d’accès de nouvelles exploitations à ce foncier ;
 Les difficultés d’installation d’exploitations agricoles non conventionnelles (petite
taille, productions minoritaires, installation progressive hors cadre familial, agriculture
à forte utilité sociale).
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Un appui de la Région sous différentes formes
La Région, de par son statut et sa transversalité pourrait impulser plusieurs initiatives,
inscrites dans la durée.
Dans un premier temps, elle pourrait intervenir avec ou sans initiative spécifique sur les
circuits courts mais toute initiative serait utile d’une part pour renforcer la lisibilité de son
soutien et d’autre part vu son rôle de chef de file de la structuration de l’économie régionale
et de politique environnementale volontariste.
De plus, la thématique des circuits courts se retrouve à l’interface de plusieurs services et
directions au sein du Conseil Régional. Le service en charge de l’économie sociale et
solidaire manque toutefois à ce jour aux initiatives menées.
Enfin, la Région pourrait faire le choix d’intégrer une attention particulière aux circuits courts
dans chacun de ses programmes existants avec des retombées par la suite en direction
d’une part des producteurs et des consommateurs et d’autre part des territoires.
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