Approche néo-classique, approche keynésienne Auteurs : B. Dirou, et JP.Testenoire Approche néo-classique Approche keynésienne L’approche est micro économique : L'approche est macro-économique : Les néo-classiques étudient le comportement des agents économiques individuels rationnels (consommateurs, producteurs). Héritière de l’école marginaliste, « elle envahit de plus en plus la macro économie dans le cadre de la recherche sur les fondements micro économique » - B. Guerrien, Dictionnaire d’analyse économique- Repères- p.353). D'où l’importance du modèle de concurrence pure et parfaite (Walras) et de la notion d’optimum (Pareto). Les keynésiens étudient les grandeurs globales (Consommation, Investissement, Revenu, Épargne) ces variables sont reliées entre elles. Cette approche a d’ailleurs donné naissance à la comptabilité nationale en économie de marché dés 1947, et 1952 en France (Il y a des modèles dès 1920 en URSS : G.Feldman). Chaque agent économique cherche à maximiser une fonction d’utilité (l’entrepreneur veut maximiser son profit, le consommateur va comparer la satisfaction procurée par la consommation d’un bien et la privation de loisirs engendrée par la nécessité de travailler pour se procurer ce bien). « L’économique est la mécanique de l’utilité ». Le marché est le régulateur du système : Le marché peut ne pas assurer l'équilibre du système : Les prix sont flexibles et l'équilibre des offres et des demandes se réalise grâce à cette flexibilité des prix. A court terme les prix et les salaires sont rigides et le retour à l'équilibre économique ne sera pas assuré. -Sur le marché des biens (prix). -Sur le marché du travail (salaire) -Sur le marché des capitaux (intérêt) Quand un produit est rare sur le marché des biens et services, il devient cher, les consommateurs en consomment moins et les producteurs sont incités à en produire davantage, l’offre et la demande s’équilibrent ainsi automatiquement grâce à la flexibilité des prix. La flexibilité des salaires doit assurer l'équilibre de plein emploi sur le marché du travail : L'économie peut très bien se trouver en situation de sous emploi lorsque l'offre de biens est supérieure à la demande de biens. En période de chômage les demandes d’emploi sont supérieures aux offres d’emploi ce qui fait baisser les salaires. Une baisse des salaires signifie plus de profits pour les entrepreneurs qui vont embaucher davantage. Le chômage (involontaire) sera résorbé et le retour à l’équilibre sur le marché du travail sera ainsi réalisé. Une baisse des salaires va donc réduire le chômage. Selon les keynésiens une baisse des salaires pour les entrepreneurs ne signifie pas plus de profit mais une baisse de la demande future. Les entrepreneurs sont pessimistes car ils prévoient une baisse des ventes, ils vont donc diminuer les embauches. Une baisse des salaires va donc aggraver le chômage. Les libéraux sont donc favorables à la suppression du SMIC, car le SMIC serait un "destructeur d’emplois" dans la mesure ou il s’oppose à l’ajustement automatique entre l’offre et la demande de travail par les prix. Pour les keynésiens le SMIC assure un niveau minimum de consommation et donc un minimum de débouchés pour les entreprises. L'épargne et l'investissement s'équilibrent sur le marché des capitaux : L'égalité épargne-investissement n'est pas assurée sur le marché des capitaux : L'épargne et l'investissement s'équilibrent car l'épargne est Les ménages épargnent en fonction de leur revenu (plus le La flexibilité des salaires ne permet pas d'assurer l'équilibre de plein emploi sur le marché du travail : une fonction croissante du taux d'intérêt (quand le taux d'intérêt augmente l'épargne augmente) et l'investissement est une fonction décroissante du taux d'intérêt (quand le taux d'intérêt diminue, l'investissement augmente). Si l'épargne (offre de fonds prêtables) est insuffisante pour financer l'investissement (demande de fonds prêtables), le taux d'intérêt va augmenter et l'équilibre sera de nouveau réalisé. Inversement, lorsque l'épargne est supérieure à l'investissement, le taux d'intérêt va baisser jusqu'à ce que l'épargne égalise l'investissement. revenu est élevé plus l'épargne est élevée), les entreprises investissent en fonction des profits escomptés et du taux d'intérêt. Les entrepreneurs investissent lorsqu'ils peuvent emprunter à un taux d'intérêt inférieur au taux de rendement escompté. L'égalité épargne-investissement n'est donc pas forcément réalisée au départ puisque les déterminants sont différents (revenu des ménages pour l'épargne, taux d'intérêt pour les investissements des entreprises). L'équilibre n'est pas forcément réalisé sur ce marché, si l'épargne est trop abondante par rapport à l'investissement, une partie de l'épargne sera thésaurisée. Voir schéma ci-joint schéma (1) La monnaie est neutre : La monnaie est active : Pour le néo-classiques l'augmentation de la quantité de monnaie en circulation dans l'économie n'a aucune incidence sur l'économie puisque, en situation de plein emploi, les capacités de production sont pleinement utilisées et l'accroissement de la masse monétaire se traduira par plus d'inflation. La monnaie doit répondre aux besoins de l'économie réelle, quand la demande d'investissement est élevée et que l'épargne est insuffisante la monnaie doit prendre le relais, elle constitue une avance sur la production qui sera récupérée ex post. Conception héritée de Stuart Mill (1847) « La monnaie n’est qu’un voile » L'intervention de l'État serait inefficace pour relancer l'activité économique : L’État doit intervenir par le biais des politiques économiques : Les politiques économiques ne servent à rien puisque c'est Puisque l’équilibre économique n’est plus réalisé le marché qui doit assurer le retour au plein emploi. automatiquement voir exemple (2), et que sans l’intervention de l’État le chômage menace de s'installer en permanence, l'État doit tout mettre en œuvre pour rétablir le plein emploi. L'État ne doit intervenir que pour assurer le Pour approfondir (niveau DPECF et DECF) on peut fonctionnement correct du marché, c'est-à-dire pour consulter le schéma général de la demande globale dans assurer le libre jeu de la concurrence. l’ouvrage de S. Stwart, Point Seuil. Voir tableau (3) : Les outils des politiques économiques. Exemple de politiques libérales - Les tentatives pour supprimer le SMIC ou pour créer un "SMIC jeune". Voir justification théorique chez les néo-libéraux ci-joint Texte (4) - Les politiques de "rigueur salariale", dont l'objectif est de réduire les coûts des entreprises afin qu'elles puissent améliorer leur compétitivité (mais cela ne stimule pas la consommation). - La réduction des dépenses budgétaires. En effet, pour les néo-classiques le financement des déficits publics par la monnaie est générateur d’inflation et le financement par emprunt ou par émission de titres provoque un effet d’éviction. Exemple de politiques keynésiennes - Les politiques monétaires de relance par la baisse du taux d'intérêt (toutefois, quand le taux d'intérêt est au plus bas, Keynes pense que les agents préfèrent conserver leurs avoirs sous forme liquide (hypothèse de la préférence pour la liquidité) plutôt que d'acheter des titres (trappe à la liquidité). Dans ce cas particulier la politique monétaire serait inefficace. - Les politiques budgétaires de relance par augmentation des dépenses publiques afin de stimuler la consommation, la croissance et l'emploi. Schéma (1) Les déterminants de l’épargne (retour) Théorie classique Consommation Arbitrage par le taux d'intérêt REVENU Théorie Keynésienne Consommation Arbitrage par le niveau de revenu REVENU Epargne de placement Epargne Epargne Arbitrage par le taux d'intérêt Détention de liquidité Exemple (2) (retour) Soit une économie fermée fictive avec : - PIB de la période PIB = 1000 - Consommation finale des ménages C = 800 - Formation brute de capital fixe (acquisition de biens durables) des entreprises et des entrepreneurs individuels FBCF = 150 - Augmentation de stocks ST= 50 - Investissement I = FBCF + ST = 200 L’égalité emplois ressources n’est qu’une égalité comptable : PIB = C + I 1000 = 800 + 200 La variation de stocks représente la partie de la production fabriquée pendant la période et qui n’a pas été vendue. Les entreprises n’ont pas pu écouler toute leur production, il ne s’agit donc pas d’un équilibre économique. Cette variation de stocks est un investissement qui n’avait pas été prévu par les entreprises (investissement non désiré). D’autre part, même en présence d’un équilibre économique rien n’indique que cet équilibre correspond à un équilibre de plein emploi. Tableau (3) Les outils des politiques économiques (retour) Les politiques keynésiennes et les critiques néo-libérales Politiques Politiques keynésiennes Le déficit budgétaire permet de relancer l’économie par le mécanisme du multiplicateur des dépenses publiques. Les critiques néo-libérales Dans le cas d’une politique budgétaire pure : le déficit budgétaire provoquerait un effet d’éviction, cette éviction d'origine financière revêt un double aspect : - Un effet direct : cet effet peut jouer lorsque l'encaisse de spéculation (thésaurisation) est nulle (ce qui correspond dans le modèle IS LM à la zone dite "classique"), dans ce cas les agents privés achètent des titres publics avec de l'épargne initialement destinée à des dépenses d'investissement ou de consommation privée (encaisse de transaction). La politique budgétaire n'est efficace que lorsque les agents privés achètent des titres publics avec de l'argent oisif (encaisse de spéculation), il y a alors déthésaurisation (donc injection monétaire), ce qui stimule l'activité économique. Politique budgétaire - Un effet indirect : l'augmentation de la demande de fonds prêtables entraîne une hausse du taux d'intérêt qui conduit à une diminution des projets d'investissements privés. Plus les investissements privés sont élastiques au taux d'intérêt, moins la politique budgétaire est efficace. Dans le cas d’une politique budgétaire financée par création monétaire le déficit aurait un effet inflationniste. L’Impôt progressif sur le revenu n’aura pas d’effet négatif sur le Politique fiscale niveau de la consommation. Politique monétaire Politique des revenus Politique industrielle Les économistes de l’offre considèrent que trop d’impôts découragent les agents économiques (Courbe de Laffer) : retrait de certains salariés sur le marché du travail (substitution du loisir au travail), moins de créations d’entreprises. L’augmentation de l’offre de monnaie Pour les théoriciens des anticipations rationnelles, la par la Banque centrale fait baisser le politique monétaire est inefficace à court et à long terme : taux d’intérêt. Les agents dès l’annonce d’une politique monétaire expansionniste, les économiques peuvent emprunter salariés par exemple anticipent une hausse des prix, et plus facilement ce qui devrait réclameront donc immédiatement une hausse des salaires. encourager la consommation et l’investissement. Les agents économiques doivent Le versement de revenus de transferts constitue une pouvoir bénéficier d’un minimum de incitation à la paresse et encourage les chômeurs à protection sociale, l’État peut augmenter la durée de recherche d’emploi (théorie du intervenir pour corriger les inégalités « job search »). (revenus de transfert). L’État doit intervenir pour aider les Les entreprises comptent sur les subventions de l’État, elles entreprises ( subventions, ne cherchent pas à économiser les moyens et peuvent nationalisations) perdre en compétitivité. Texte (4) (retour) Pour un « Smic-jeune » "L'effet du salaire minimum est de rejeter vers le chômage toute une population de jeunes à qui l'on dénie le droit d'acheter leur ticket d'entrée, dans la vie active, même lorsqu'ils seraient prêts à en acquitter le montant (puisque l'on a pas de droit de se faire embaucher à une rémunération inférieure à celle du SMIC). Mais qu'est ce que cela signifie ? Dans la mesure où il s'agit pour l'essentiel de jeunes sans formation professionnelle ni expérience, le système aboutit à les priver des possibilités d'apprentissage ou de formation sur le tas dont ils auraient pu bénéficier dans le cadre d'emplois moins bien rémunérés." Henri Lepage. Demain le libéralisme, livre de poche éditions pluriel page 517.