
 
Ils  veulent  limiter  le  pouvoir  royal  pour  remplacer  la  monarchie  absolue  par  une  monarchie  limitée.  Ces 
contestataires défendent donc une certaine forme de liberté politique ; en ce sens ce sont des libéraux au sens 
politique du terme. 
 
Ces contestations en France sont à l’origine de ce grand courant de pensée politique : le libéralisme politique. 
Ce libéralisme que défend ces nobles est aristocratique puisqu’ils veulent réserver la participation au pouvoir à la 
noblesse. 
On peut donc dire que leur libéralisme est conservateur car il s’appuie sur la structure traditionnelle dominée par 
la division de la société en 3 ordres hiérarchisés. 
 
Pour justifier leur prétention à participer au pouvoir,  ces nobles se réfèrent à ce qu’ils appellent l’  « Ancienne 
Constitution du Royaume ». 
En effet, jusqu’à la révolution le mot « Constitution » n’a pas un sens seulement politique (la Constitution a pour 
but d’organiser le pouvoir de l’État), mais a aussi un sens social : c’est-à-dire que la division de la société en 3 
ordres fait partie de la Constitution. 
Les nobles  veulent limiter le  pouvoir royal en faisant revivre des règles constitutionnelles qui auraient existées 
dans un lointain passé. 
Ils prétendent  qu’il y a  longtemps le  roi aurait  partagé le  pouvoir avec  la noblesse,  mais par la  suite  il aurait 
usurpé la totalité du pouvoir, conduisant ainsi à la monarchie absolue. 
Selon  ces  nobles,  il  faut  donc  revenir  à  cette  Ancienne  Constitution  en  accordant  des  pouvoirs  politiques  aux 
nobles. 
 
On voit donc que ce courant idéologique veut encadrer le pouvoir royal par des règles de droit contraignantes, ce 
qu’ils appellent une « Constitution ». 
Cette idée de Constitution était apparue en Angleterre au 17e siècle. 
On peut dire que ce sont les nobles dont nous parlons qui introduisent cette idée moderne de Constitution en 
France. 
Ces nobles sont donc au point de départ d’un grand courant de pensée politique : le « constitutionnalisme ». 
 
Parmi les auteurs et idéologues, on peut retenir deux noms : Fénelon et Montesquieu. 
 
Fénelon, évêque connu et auteur religieux, est un des penseurs à l’origine du constitutionnalisme. Il a insisté sur 
une idée qui a joué un rôle très important au 18e siècle : le despotisme ministériel. C’est l’idée que le pouvoir 
politique exercé par le roi a été ou aurait été en théorie confisqué par les ministres et leur entourage. 
Ce despotisme jouerait au détriment des corps traditionnels de l’État, qui lui est sensé représenter la population 
auprès du roi, et notamment les États Généraux qui n’ont pas été réunis depuis 1614. 
 
Montesquieu connaît au milieu du 18e siècle un énorme succès en France, ainsi que dans le reste de l’Europe 
occidentale grâce à son livre L’esprit des Lois. 
Il  est  l’auteur  qui  introduit  en  France  la  notion  de  la  séparation  des  pouvoirs  à  partir  de  l’étude  du  régime 
politique de l’époque. 
Il demande pour la France une certaine forme de séparation des pouvoirs par la participation de la noblesse au 
pouvoir,  et  notamment  par  la  participation  au  pouvoir  de  grands  corps  dominés  par  la  noblesse  qui  sont  les 
Parlements. 
En effet, ce sont les Parlements qui vont jouer un rôle moteur dans la contestation de la monarchie absolue à 
partir du milieu du 18e siècle. 
             
               2/ La contestation parlementaire 
 
Les Parlements sont les principales Cours de Justice, l’équivalent à peu près de nos Cours d’appel actuelles (crées 
par Napoléon). 
Il y en a environ une douzaine, dont le plus important est le Parlement de Paris qui siège dans l’île de la cité. 
Ils sont essentiellement des Cours de Justice mais interviennent d’une certaine façon dans l’élaboration de la loi. 
 
En effet, au titre de leur activité juridique, ils enregistrent les lois édictées par le roi. (ils inscrivent ces lois sur un 
registre, d’où vient le mot « enregistrer ») ; 
Cet enregistrement est nécessaire pour que la loi soit appliquée par tous les tribunaux. 
Or, à l’occasion de l’enregistrement, des Parlements peuvent exprimer, formuler des « remontrances »  à travers 
lesquelles ils demandent au roi de corriger la loi : soit la forme de la loi, soit le fondement-même de la loi. 
 
Il  faut  tout  de  suite  remarquer  que  durant  la  révolution,  les  Assemblées  constitutionnelles  ne  sont  jamais 
appelées  « parlements »  car  c’est  un  mot  d’usage  récent  en  France  repris  à  l’Angleterre  et  tabou,  car  les 
révolutionnaires les accusaient d’empiéter dans le domaine politique.