Ex : Le bâton apparaît bel et bien cassé. En ce sens l’œil ne se trompe pas ! Si je crois qu’il est cassé, alors
là je suis dans l’erreur, prisonnier de l’effet d’optique.
Le réalisme est nécessaire mais difficile ! Ne l’abdiquons pas. Certes la réalité n’est pas si évidente,
sans quoi l’illusion n’aurait pas de prise sur elle. Ne tombons pas dans la facilité du « c’est comme ça. »
C) KANT : L’ILLUSION VIENT DE LA RAISON
Kant est radicalement différent de Platon et Descartes puisque pour lui la raison est cause de l’illusion. En effet,
l’illusion appartient au fonctionnement de notre pensée. La raison est productrice d’illusions.
Il reconnaît que l’illusion ne peut être réduite à l’erreur, elle ne peut être redressée par le savoir ou la
connaissance.
1) Exposition de la théorie kantienne
a) L’illusion : un leurre qui subsiste.
L’illusion est l’état mental de celui qui est abusé et trompé. Kant est un des premiers à
trouver une certaine positivité dans l’illusion par rapport à l’erreur.
Pourquoi ? Parce qu’elle produit du réel. La croyance (en tant qu’illusion), possède
une fonction, un contenu ; d’où que l’illusion une fois connue comme tel demeure et se
perpétue, alors que l’erreur elle, disparaît.
b) La raison productrice d’illusion.
L’illusion selon Kant, appartient à la structure de mon esprit. La raison produit
l’illusion. En effet, il y a une illusion naturelle à l’esprit humain qui croit qu’on connaît le réel
lui-même ; alors qu’en vérité on ne saisit que des phénomènes relatifs à notre constitution.
Et même quand je reconnais que la chose intelligible en elle-même est inconnaissable,
l’illusion de la raison humaine continue. Le leurre se poursuit indéfiniment. Exemple : Je
continue de m’élever jusqu’à l’idée de Dieu … ce Dieu que je ne puis saisir.
L’illusion est enracinée en moi, dans la structure de ma raison, laquelle crée des idées
métaphysiques inconnaissables et qui s’attache à cette même raison de façon profonde. Ainsi,
les idées (telles que Dieu, le monde, l’âme, etc…) sont des illusions impossibles à éviter.
2) Explication
En fait Kant part du principe suivant : Les propos scientifiques sont vérifiables tôt ou tard alors
que la métaphysique est objet de controverses sans fin.
Dès lors, ces grandes vérités qui nous détenons ne sont-elles pas des illusions puisque jamais elles
n’emportent l’adhésion ? Comment se produisent ces illusions ? Pourquoi survivent-elles ?
Kant se montre révolutionnaire en refusant d’expliquer l’illusion par le conflit entre le désir et
la raison –comme nous allons le voir quelques lignes plus bas-.
Pour Kant l’illusion véritable est métaphysique, et celle-ci dérive de la raison pure elle-même. Avant
d’aller plus loin, retenons bien sa distinction :
* Phénomène : ce qui apparaît aux sens. Ce n’est pas la chose en soi. Le phénomène n’est ni vrai, ni
faux en soi, puis que c’est le donné sensible avant tout jugement. Le phénomène est la matière première
de la science objective.
* Illusion : Elle suppose toujours un jugement.
- Soit, elle suit le donné sensible (le bâton dans l’eau est cassé)
- Soit, elle est métaphysique (on ne peut pas prouver l’existence ou l’inexistence de Dieu), elle est
invérifiable, d’où qu’elle est objet de discussions sans fin. Ces illusions métaphysiques viennent de
la raison elle-même car elles ne peuvent s’empêcher de poursuivre au-delà de toute expérience. Les
dogmes de la métaphysique (il nomme ainsi l’existence de Dieu, l’immortalité de l’âme, etc…) sont
des idées produites par la raison qui ne peuvent ni se prouver, ni se réfuter.
- L’erreur qui dérive du raisonnement logique (exemple du sophisme), n’est pas illusion,
puisqu’elle disparaît après démonstration contraire.