Quant à la permissivité, elle n'apprend pas l'enfant à gérer ses frustrations, à prendre en compte l'autre, à
se mettre à sa place. L'enfant reste le centre du monde, il devient un tyran qui continue de vouloir
soumettre le monde et satisfaire ses désirs ici et maintenant. Malheureusement pour lui, il régnera sur un
territoire de plus en plus petit et sera de plus en plus seul. Seuls resteront ceux qui accepteront de se
soumettre à son bon vouloir.
Il nous appartient de sortir du débat obsolète entre autoritarisme et permissivité pour faire émerger une
autorité éducative. Ses objectifs ne diffèrent guère de celle proposée par les philosophes des lumières :
rendre l'enfant libre, responsable et solidaire. En revanche, ce qui est nouveau, c'est l'approche proposée
qui s'appuie sur les connaissances en sciences humaines acquises au 21ème siècle et permet ainsi de
dépasser les limites d'une approche fondée uniquement sur la raison et la morale.
L'autorité éducative se différencie de l'autoritarisme par le fait que loin d'interdire la connaissance de soi
elle encourage l'enfant à savoir ce qu'il ressent, à se familiariser avec ses émotions pour qu'elles
deviennent des alliés, des points d'appuis et ne restent pas des forces obscures qui poussent à la violence.
Elle invite l'enfant à dire ce qu'il ressent, à développer son vocabulaire émotionnel pour trouver les mots
justes qui décrivent son état intérieur. Une parole déconnectée du ressenti est une parole qui emprisonne
autant que l'absence ou la pauvreté de mots. Par l'écoute, la reformulation, l'acceptation des émotions de
l'enfant sans jugement, l'adulte aide l'enfant à développer une force intérieure, cohérente et profonde, qui
le rend solide face aux attaques ou aux manipulations et ouvert à la rencontre et à la différence.
Si l'autorité éducative encourage l'enfant à exprimer ce qu'il ressent et ce qu'il pense, elle pose cependant
des limites claires à la manière dont l'enfant agit : il n'est pas autorisé à nuire à autrui et c'est ce qui la
différencie de la permissivité. L'adulte invite l'enfant à prendre conscience des conséquences sur autrui
et sur lui-même de ses actes et à chercher des alternatives à la violence. Les demandes de l'adulte
tiennent compte des capacités de l'enfant et sont posées avec respect. Si l'enfant refuse d'accepter les
règles, l'adulte le sanctionne non pas pour humilier ou blesser mais pour aider l'enfant à se mettre à la
place de l'autre. L'enfant apprend ainsi à répondre à ses besoins tout en prenant en compte autrui.
Si l'autorité éducative demande à l'enfant de respecter la loi, il l'autorise également à la questionner. Vers
3 ans, l'enfant s'oppose de façon parfois brutale : la loi est perçue comme une contrainte qui vient
contrarier son désir et dont il ne comprend pas toujours le sens. A 7 ans, il devient capable de faire le tri
entre l'arbitraire, le conventionnel et le rationnel. L'enfant n'obéit plus sans critique aux règles et
conduites suggérées par une autorité extérieure. Il peut se détacher progressivement de la représentation
puérile de la liberté: " je fais ce que je veux quand je veux ". Il argumente, négocie, intègre des points de
vue différents. L'adulte, en acceptant de modifier la règle lorsqu'elle n'est pas juste responsabilise
l'enfant.