Chapitre 5
un cambiste jouant le rôle de client. En d’autres termes, il s’agit d’une transmission
immédiate du « choc » à un confrère sur le marché interbancaire. C’est pourquoi, dans la
littérature économique, cette stratégie est également caractérisée par le terme « hot-potato
trading » (ou transaction de nature « hot-potato ») pour mettre en valeur sa nature liée à une
situation où l’on est impatient de se débarrasser des problèmes épineux. Il faut souligner que
parmi les cinq stratégies « anti-choc », cette stratégie s’avère la moins risquée, car, grâce à
une obligation implicite de la cotation réciproque imposée aux cambistes sur le marché,
l’ordre donné à un confrère sur le marché interbancaire est toujours exécutable par
anticipation. En conséquence, le « risque de position » résultant du choc sous la forme de flux
d’ordres est éliminé par le biais de cette stratégie. Cependant, le cambiste doit payer la moitié
du spread
au confrère qu’il contacte, d’autant que cette opération est susceptible de révéler
ses informations privées, si elles existent, via l’ordre qu’il passe.
C’est pourquoi, lorsqu’un cambiste est confronté à un « choc » qui lui apporte des
informations importantes sur la tendance du marché, il a intérêt à privilégier la seconde
stratégie « anti-choc » par rapport à la première, pour éviter de perdre les avantages
informationnels dont il peut profiter sur le marché. En effet, le recours au service offert par les
courtiers sur le marché garantit la discrétion de la transaction « anti-choc » destinée à
rééquilibrer la position du cambiste. Il ne peut garantir, en revanche, l’exécution de cette
transaction. Même si cette dernière est réalisée, la procédure entière peut s’avérer beaucoup
plus longue que celle qu’implique la première stratégie.
La troisième stratégie, l’ajustement parallèle des prix (la hausse ou la baisse
synchronisée des prix « bid » et « ask » côtés), fonctionne essentiellement sur la base d’une
logique
de rééquilibrage en termes de quantité, par le prix. Il faut souligner que cet
ajustement des prix n’affecte pas le niveau du spread : les prix sont modifiés, mais l’écart
entre eux reste inchangé. Pourtant, en cas d’ajustement des prix trop radical (forte hausse ou
baisse des prix) par rapport au niveau des prix proposés sur le marché, cette stratégie risque de
produire deux incidences défavorables pour le cambiste concerné. D’une part, via la cotation
des prix réajustés, les autres cambistes sur le marché peuvent aisément détecter l’existence
ainsi que le contenu des informations qu’implique la position « anormale » de ce cambiste. A
Du fait que le spread est défini comme l’écart entre le prix « ask » et le prix « bid », le « coût » pour une
opération (achat ou vente de devises) de nature « hot-potato » est seulement la moitié de cet élément, à savoir
l’écart entre le prix « ask » et le prix « central » ou entre le prix « central » et le prix « bid ».
Cette logique a déjà été éclairée, dans la section III du chapitre précédent, lorsque nous présentions les
principales conclusions obtenues de l’étude d’Amihud & Mendelson (1980).