Une tendance récente

Une tendance récente
Si les folkloristes avaient pu rassembler un ensemble d'observations sur les formes de famille et les
rituels liés à la vie familiale, il fallut attendre 1962 et les travaux de Pierre Bourdieu en Béarn pour
voir apparaître les dispositifs théoriques et méthodologiques mis au point par les anthropologues des
sociétés lointaines, dans l'analyse des systèmes de parenté des sociétés les plus proches de nous. On
comprend dès lors que les publications de travaux touchant l'anthropologie de la parenté en France
soient très récents : près de 90 % sont postérieurs à 1969 et près de la moitié ont été publiés au cours
des cinq dernières années.
Les apports : démographie historique et
sociologie
Une bibliographie des principaux ouvrages et articles anthropologiques sur la famille et sur la parenté
en France ne peut passer sous silence certains travaux des démographes, des sociologues et des
historiens. En effet, les sociologues de la famille ont, à l'aide d'enquêtes lourdes, défini les cadres
sociologiques dans lesquels s'opèrent les choix du conjoint, tandis que les démographes ont élaboré les
techniques d'analyse des sources écrites (archives, états civils, etc.) indispensables pour aborder, par la
reconstitution de généalogies sur plusieurs générations, les systèmes d'alliance et de filiation.
Les démographes1 apportent également nombre d'informations statistiques qu'il n'est pas possible
d'ignorer. Parmi les principales sources, on citera l'INSEE2 qui établit des recensements généraux et
mène des « enquêtes familles » et l'INED3 qui lance régulièrement de grandes enquêtes nationales,
actuellement sur les familles monoparentales, la formation des couples, la vie familiale et
professionnelle.
La démographie historique fournit, elle, une multitude de travaux monographiques, malheureusement
difficiles à citer tant leur accessibilité est aléatoire. Signalons à ce sujet que la revue « Gé Magazine »
a reproduit en 1984 une table des publications des monographies paroissiales4.
Une telle bibliographie doit également mentionner, à côté de l'apport des sociologues et des
démographes, les travaux d'historiens proches des anthropologues qui se sont intéressés aux modes de
transmission des patrimoines et à la filiation. Ces approches balisées par les historiens du droit
[Ourliac 110 : Yves 157...] représentent une piste prometteuse pour l'anthropologie juridique du
domaine français. Ainsi l'ethnologie de la famille et de la parenté s'achemine-t-elle, en puisant
éléments et méthodes dans la démographie et l'histoire, vers une étude plus systématique des
mécanismes qui fondent et perpétuent les formes et usages de la parenté et aborde ainsi de front le
problème cher aux anthropologues des structures complexes d'alliance. Il n'en demeure pas moins que
les approches ethnographiques plus classiques sur l'organisation de la famille ou sur les usages de la
parenté constituent une part importante d'une telle bibliographie où s'ajoutent aux travaux
monographiques un nombre non négligeable d'études sur les systèmes de nomination
(anthroponymie), la terminologie de la parenté, les mariages.
Les sociétés paysannes à l'honneur
Si l'anthropologie de la famille et de la parenté tend à devenir un domaine de recherche très
prometteur en France, elle reste très limitée aux sociétés paysannes. Moins de 10 % des publications
citées portent sur le monde ouvrier ou bourgeois et la famille dans la ville reste avant tout l'objet
d'études sociologiques. Pourtant, avec l'avancée nouvelle d'une anthropologie urbaine, s'ouvrent des

perspectives pour les études sur la parenté. Les travaux précurseurs de Béatrix Le Wita sur la
bourgeoisie parisienne en témoignent.
Nouveauté des approches, apports pluridisciplinaires, ouverture vers le monde urbain, telles sont
quelques-unes des remarques qu'appelle la lecture de la bibliographie qui va suivre. Elle n'a pas la
prétention d'être exhaustive, mais uniquement de recenser les principaux travaux publiés jusqu'à la fin
de l'année 1984. Pour cela, nous nous sommes inspirés des travaux les plus récents : la bibliographie
de la thèse de doctorat ès Lettres de Martine Segalen et celle fournie par Françoise Zonabend et Pierre
Lamaison dans leur communication au colloque de Bad-Homburg en décembre 1984. Ces données ont
été complétées par une sélection sur une liste de plus de 700 recherches issues de la base Francis du
Centre de documentation en sciences humaines du CNRS et par des discussions avec plusieurs
chercheurs. Je tiens donc à les remercier, et tout particulièrement Martine Segalen du Centre
d'ethnologie française, Pierre Lamaison du Laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France,
Michel Bozon de l'INED sans lesquels cette bibliographie n'aurait pu voir le jour.
1. Les âges de la vie, actes du colloque, INED, Travaux et documents, t. 1, cahier n° 96-82, 211 p. ; t.
2, cahier n° 102, 1983, 176 p.
2. ANNALES, « Les Rituels de parenté », Annales, 3, n° spécial, 1978.
3. ARIES (P.), L'Enfant et la vie familiale sous l'Ancien Régime, Paris, Plon 1960, 503 p.
4. ASSIER-ANDRIEU (L.), Anthropologie de la coutume dans les Pyrénées catalanes françaises, thèse
de doct. de 3e cycle, EHESS, févr. 1980, 265 p.
5. ASSIER-ANDRIEU (L.), Coutumes et rapports sociaux. Etude anthropologique des communautés
paysannes du Capcir, Paris, CNRS, 1981, 215 p.
6. ASSIER-ANDRIEU (L.), « Nature, persistance et dépérissement de la coutume domestique. La
fonction successorale en Capcir et en Cerdagne. » Etudes rurales, 1981, n° 84, pp. 7-29.
7. ASSIER-ANDRIEU (L.), « Le Play et la famille souche des pyrénées : politique, juridisme et science
sociale », Annales ESC, n° 3, mai-juin 1984, pp. 495-514.
8. AUGE (M.) Les Domaines de la parenté, Paris, Maspero, 1975, 135 p.
9. AUGUSTINS (G.), « Reproduction sociale et changement social : l'exemple des Baronnies », Revue
française de Sociologie, XVIII, 1977, pp. 465-484.
10. AUGUSTING (G.), « Division égalitaire des patrimoines et institution de l'héritier », Archives
européennes de Sociologie, XX, 1979, pp. 127-141.
11. AUGUSTINS (G.), « Maison et société dans les Baronnies au XIXe siècle », Les Baronnies des
Pyrénées, Paris, EHESS, 1981, pp. 21-22.
12. AUGUSTINS (G.), « Mobilité résidentielle et matrimoniale dans une commune du Morbihan au XIXe
siècle », Ethnologie française, XI, 1981, pp. 319-328.
13. AUGUSTINS (G.) et BONNAIN R., Maisons, modes de vie, société ; les Baronnies des Pyrénées,
EHESS, Paris, 1981, 220 p.
14. AUGUSTINS (G.), « Esquisse d'une comparaison des systèmes de perpétuation des groupes
domestiques dans les sociétés paysannes européennes », Archives européennes de sociologie, XXIII,
1982, pp. 39-69.
15. AUGUSTINS (G.), « Coutumes successorales et droits d'héritage, un exemple comparatif (Pyrénées
et Bretagne au XIXe siècle) », Colloque ARF, Tours, 1982, 14 p.
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au conseil du Patrimoine ethnologique, 1982, 48 p.
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