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et vise une exactitude qui assure l’emprise sur un objet. L’art : l’artiste s’implique lui-
même pour suivre un chemin, pointer un but, il vise la justesse qui sert d’exemple. Les
deux démarches sont nécessaires et se complètent, notamment dans la politique.
L’herméneutique comme art de comprendre l’autre est une prémisse indispensable pour
trouver des voies d’un vivre-ensemble.
B. Esthétique
7. Esthétique et herméneutique
Pour Hegel, l’art est une figure de l’esprit absolu, une forme d’auto-connaissance de
l’esprit. L’œuvre d’art exprime une vérité qui dépasse l’intention de l’artiste. L’être-
dans-l’histoire de l’homme implique sa propre compréhension dans le cadre du tout de
son monde, où chaque nouvelle expérience doit être intégrée, y compris la tradition – à
laquelle l’art participe. L’œuvre est ouverte pour chaque nouvelle intégration, c’est ce
qui le rend présent pour chacun mais cette intégration est soumise à une mesure dont la
justesse reste sujette à caution.
L’art forme le jugement esthétique et par là constitue l’horizon qui fonde ce jugement.
L’herméneutique, appliquée à l’esthétique, nécessite le décodage de ce qui est d’abord
étranger ; ce décodage concerne le contexte de l’œuvre, mais plus encore ce qu’il a à
nous dire : il comprend le contenu et l’adresse. Toute compréhension est guidée par
l’attente de sens, à laquelle s’ajoute dans le cas de l’art l’émotion d’être touché par elle.
Etre touché est une révélation qui nous confronte à nous-même expérience qu’il s’agit
d’intégrer dans le tout de notre orientation dans le monde comme de notre auto-
comrpéhension. Cet excès de sens n’est pas contenu dans l’intention de l’auteur, tout
comme le sens de l’histoire, tel qu’il se donne à posteriori, n’est pas contenu dans
l’intention de ses acteurs. la démarche herméneutique est universelle. Goethe dit « tout
est symbole ». « Tout » ne désigne pas ici tout ce qui est [réel] mais tel qu’il est
accessible à la compréhension de l’homme. Mais rien de ce tout ne se réduit au sens que
l’homme lui donne dans une com-préhension actuelle : l’ensemble des relations
signifiantes reste hors d’emprise.
8. De la vérité de la parole
Dans l’affirmation qu’une parole est vraie, la vérité n’est pas une adéquation entre chose
et intellect puisque la parole implique une « inadéquation essentielle fondamentale par
l’infini des réponses possibles ». Une parole vraie se tient et est garantie par celui qui la
dit. Cela devient évident surtout dans le texte écrit, mais vaut pour toute parole, et le
texte lui-même ne vit que dans son actualisation qui le retransforme en parole. Pour le
sens de la parole joue sur le mot « Aussage » à la fois énoncé affirmatif et témoignage
juridique. Dans les deux cas c’est le recoupement avec l’ensemble du contexte qui
permet de comprendre/saisir la vérité. Pas tout texte est parole ; 3 formes textuelles de la
parole : a) religieuse (Zusage : promesse qui demande d’être acceptée dans la foi) ; b)
juridique (Ansage : formulation qui ne se réalise que dans son application ; c) littéraire
(Aussage : jeu de mot : porter la parole à son aboutissement).
La parole est dans poésie plus vraie qu’ailleurs. Sa vérité implique le passage par
l’écriture [comme mort avant la résurrection dans la lecture ou proclamation ?] Dans ce
passage l’auteur disparaît comme personne et se transforme en énonciateur (dans les
textes religieux souvent assimilé à Dieu, dans les textes juridiques à la loi), et le texte
produit n’est pas réductible à l’intentionnalité de l’auteur. Elle réalise l’expression de la
vérité par des moyens stylistiques et rhétoriques, mais la poésie n’applique pas les règles
de la communication conventionnelle : elle est « métaphore absolue » qui crée du sens