Gadamer, Hans Georg (éd

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Gadamer, Hans Georg (éd. Jean Grondin), Gadamer-Lesebuch, Tübingen : Mohr
Siebeck, 1997
A. Herméneutique
1. Selbstdarstellung
Sa Formation est marquée par l’existentialisme de Kierkegaard, puis le retour vers Platon
par Heidegger  retrace son chemin. Philosophie = remise en question de son propre
dogmatisme, nécessité d’être conscient de l’historicité des concepts et des termes pour
les dire. Toute compréhension passe par le langage : l’accès au langage détermine chez
l’enfant toute perception possible et la structure langagière de notre conscience du
monde fonde l’être-ensemble humain.
 exprimer notre expérience = processus herméneutique. La « raison pratique » est
selon Aristote la raison en tant que pratique (en relation avec l’éthique) et non une
science enseignable.  l’accès au savoir absolu est barré, un discours hors contrainte de
sa pratique est une illusion. Les concepts métaphysiques ont une structure dialogale, la
pratique du dialogue chez Platon démonte toute fixation dogmatique en tant que quête
identitaire  pensée philosophique doit dépasser toutes ces fixations par le dialogue et
rendre aux concepts leur fluidité. Analyse d’un texte en prenant distance et le replaçant
dans son contexte historique = auto-assurance du lecteur qui ne veut pas se laisser
inquiéter par le discours de l’autre. Or, la philosophie comme l’expérience de la vie nous
rendent humble : le principe suprême de la sagesse n’est pas un savoir sceptique mais
l’ouverture au dialogue. La conscience que l’homme a du monde est fondamentalement
dialogale [con-science] et en tant que telle toujours inscrité dans le langage ; sa fixation
terminologique en constitue l’hybris, la vérité a lieu dans l’œuvre d’art qui crée des
brèches dans ces fixations. La logique tend à réduire le questionnement au vérifiable 
rôle herméneutique de la poésie.
2. Herméneutique classique et philosophique
Herméneutique = l’art du faire comprendre, traduction. Mais non seulement annonce :
s’y rajoute une demande d’obéissance. Platon utilise le terme pour l’annonce du roi.
Provenance de la sphère sacrale  compétence normative.
Aristote, et plus encore l’hellénisme tardif, réduit l’herméneutique à son sens cognitif.
Conception moderne (à partir du XVIIe. s.) : conscience et justification de sa propre
méthodologie a) en théologie, b) en droit.
L’herméneutique théologique par Augustin dans des catégories néoplatonicienne :
élévation de l’esprit littérale  moral  spirituel.
Au centre de l’herméneutique antique : allégorie, surtout dans l’interprétation stoïcienne
d’Homère  méthode reprise par la patristique, passe par Cassian au Moyen Age.
Renouvellement de l’herméneutique par la Réforme, toujours dans le sens normatif :
redécouvrir dans l’Ecriture son véritable sens en tant que seule norma.
A partir du XVIIIe : herméneutique = partie de la logique, plus didactique que
philosophique. L’herméneutique qui se développe à partir de la Réforme révèle une
tension entre la thèse professée que l’Ecriture doit être interprétée à partir d’elle-même et
la réalité d’une « précompréhension » dogmatique.
Avec le Lumières naît la critique historique des Ecritures  Spinoza ; en réaction naît
une herméneutique piétiste et édifiante. Schleiermacher postule une rigueur
méthodologique contre la théorie de l’inspiration : le romantisme souligne le rôle
herméneutique du dialogue et des questions existentielles fondamentales. Pour
Schleiermacher comprendre = reproduction par le lecteur du sens produit par l’auteur,
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possible par la « congénialité » des esprits.  vision plus psychologique que normative
de l’herméneutique, liée à l’idéalisme transcendantal.
Boeck : réduction de l’herméneutique à une compréhension de quelque chose qui a été
compris : la fonction normative disparaît dans une indifférence historicisante.
Dilthey relie expérience existentielle et son expression/sens = herméneutique
psychologique.
Troeltsch, comme Dilthey, se réfèrent implicitement à l a préexistence indépassable
d’une vision du monde donné. La théologie libérable dénie toute spécificité à une
herméneutique théologique. Celle-ci renaît avec Bultmann ; sa démythisation révèle à
nouveau la tension entre dogmatique et herméneutique, se référant à Heidegger qui lui
semblait offrir une ontologie de la foi (p.42)
Heidegger : existence = exégèse de soi  ontologisation de l’herméneutique dans la
suite de Nietzsche.
Problématise la conception psychologique de l’idéalisme : le sens compris par le lecteur
excède celui que l’auteur a voulu consciemment exprimer. (Aucun discours n’est
transparent à lui-même, cf. différence entre biographie et autobiographie) 1er ex. :
juridique : ici l’herméneutique des textes complète leur fonction normative en
l’appliquant à des situation toujours nouvelles. 2ème ex : art : ne nous touche que s’il
entre en résonance avec nos propres prémisses.
Herméneutique = rôle de réduction de la distance entre producteur et récepteur  rôle du
langage : y compris pour les productions non-verbales et du dialogue : y compris de
l’âme avec elle-même, pour faire évoluer notre connaissance/conscience du monde 
intégration du savoir et de la compréhension dans l’existence de l’individu. La
philosophie comme réflexion herméneutique doit casser les fixations terminologiques
qui risquent de déterminer/enfermer la pensée de chacun  inclut donc une critique de
soi pour s’ouvrir à l’autre dans l’échange.
L’herméneutique moderne doit inclure l’intégration des symboles de la compréhension
scientifique du monde dans la conscience de tous pour penser les limites à imposer à
l’emprise technique.
3. Caractère universel du problème herméneutique
Langage = fondement de notre être-dans-le-monde. Pour expliquer ce qu’est
l’herméneutique, l'auteur part de deux expériences de distanciation : l’esthétique et la
conscience historique. L’art au départ lié à la religion ; esthétique = survivance du
religieux. L’art doit toujours s’adresser à quelqu’un, chaque artiste a sa « paroisse ». La
conscience historique veut lire le passé sans référence à la vision du monde de
l’observateur moderne ; ce faisant elle cède à l’illusion de la transparence du discours de
ce dernier, toujours forcément marqué par les conceptions de son propre temps. Toute
compréhension présuppose un accord fondamental entre les partenaires ; notre
compréhension de l’art n’est pas un jugement formel mais résonance avec notre
précompréhension déterminée par ce que nous avons enregistré jusque là. Notre
conscience historique = marquée par notre attente e l'avenir. Notre existence = marqueé
par nos préjugés (au sens positif) qui nous permettent de poser des jugements. Nos
préjugés déterminent notre capacité à expérimenter le monde. Notre capacité à percevoir
le nouveau est déterminée par l’ancien, faisant autorité.
Ex. : la statistique ne répond qu’à des questions déterminées par les présupposés de celui
qui les pose  effet de propagande de la statistique faisant passer ces présupposés pour
le langage des faits (sans dire quelle réponse on aurait obtenue si on avait posé d’autres
questions…).
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Toute expression possible peut se comprendre comme réponse à une question. Le bon
scientifique est celui qui a suffisamment de fantaisie pour poser des questions
productives – et possède la méthodologie pour y répondre  conscience herméneutique
= capacité de voir ce qui peut faire question à l’intérieur d’une constitution langagière du
monde. Les idées fécondes viennent moins d’une déduction logique que de l’ouverture à
des constellations imprévisibles. La conscience herméneutique passe par celle du
langage : des mots qui s’imposent sont ceux en relation avec une vision pertinente du
monde : expérience herméneutique du monde  concept = principe qui la cristallise
(« Zustandekommen » = « Zum Stehen kommen »)  fonction normative du principe
qui informe notre compréhension sur une base communicative passant donc par le
langage.
4. Langage et compréhension
Toute compréhension passe par le langage, y compris celle qui se passe – dépasse – les
mots car elle est d’abord formée par le langage. L’ineffable = trop plein de sens par
rapport à notre capacité à le dire : l’ineffable ne termine pas, mais ouvre le discours.
Platon dit que la philosophie commence par l’étonnement  incite à la réflexion.
Désaccord et méprise présupposent un accord plus fondamental. Kant a su réunir pensée
scientifique et métaphysique en attribuant à chacune son domaine : la première doit
comprendre des mécanismes déterminés quelle rend ensuite utilisable, exploitables,
tandis que la seconde présuppose la liberté éthique. Longtemps le mécanisme de la
compréhension scientifique (car. « étranger » des phénomènes  modélisation 
expérimentation  compréhension) a été appliqué à la compréhension entre personnes,
mais l’autre, malgré sa différence, n’est pas « étranger » comme l’est un fait
scientifique : il est bâti par le même langage que moi  la compréhension est
restauration d’une communauté première. Car c’est le langage qui porte notre
compréhension du monde et celle-ci évolue par le dialogue avec l’autre et se construit
par la transformation réciproque des partenaires du dialogue. Quand le monde change, la
langue change pour rendre compte du nouveau. Elle évolue dans la tension entre
conformisme social et les changements existentiels qui le mettent en question. Ce qui est
nouveau dans notre époque est la réglementation voulue de la langue, organisée par le
pouvoir (ex. « DDR »). La science devrait être libre de telles pressions mais sa liberté
critique est limitée par l’autorité que le pouvoir accorde à la voix scientifique pour
l’utiliser dans ses propres stratégies de pouvoir.
Différence entre énoncé et parole. Aristote a développé la logique pour exprimer le
mécanisme de conclusion logique à partir d’énoncés affirmatifs. Elle marque la pensée
scientifique moderne contre le prix à payer que celle-ci ne connaît pas de limite à son
savoir-faire. Car se concentrer sur la logique interne d’une affirmation pour en explorer
toutes les exploitations possibles ne met jamais en question les motivations de
l’affirmation première. Mais aucune affirmation n’est sans motivation  elle ne révèle
son sens qu’en questionnant celle-ci. Chaque mot est polysémique et ne reçoit son sens
que du contexte ; mais même ainsi défini, la polysémie originelle garde ouvert l’énoncé
pour des associations diverses.
5. De la possibilité d’une éthique philosophique
L’antiquité ne sépare pas théorie et pratique : la vertu se vérifie ! La science moderne
réduit la théorie à un instrument d’emprise qui n’implique aucune attitude existentielle.
Pour Kierkegaard un « savoir à distance » ne rend pas justice à la constitution morale et
religieuse de l’homme. La loi révèle le péché non dans sa transgression mais en induisant
l’orgueil par son accomplissement  dilemme de l’éthique philosophique entre le niveau
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général de sa réflexion [loi] et le niveau concret de son application où la conscience
réclame la stratégie de l’amour plutôt que la loi. Deux solutions : Kant et Aristote.
Kant : son impératif catégorique correspond à la loi comme absolu en en donnant la pure
forme pour le garantir contre toute casuistique. Mais : la raison humaine prend racine
dans le concret, elle est « empiriquement déterminée ». Donc l’absolu de son impératif
n’est pertinent que pour la réflexion abstraite, non pour son application. Selon Kan
l’opposition entre les deux apprend à former le caractère. Mais : la conscience n’est pas
un habitus permanent, ce serait insupportable. Il faut donc trouver un terrain d’entente
entre la réflexion éthique (autonomie) et les déterminismes empiriques (hétéronomie).
L'auteur trouve ce terrain dans le concept des « valeurs » qui intègre, outre les normes
éthiques, vers « le bas » ce qui est vital et utile, vers « le haut » le sacré.
Aristote : parle plutôt de « vertu » qui inclut la dimension à la fois cognitive et
existentielle ; il part du déterminisme empirique de l’éthique pour arriver à la réflexion
sur l’éthique comme absolu [ donc le chemin inverse de Kant] : l’éthique philosophique
d’Aristote concilie entre réflexion et application.
situation
concrétion/application
Décision
conscience
action
intégration
réflexion
jugement
Chez Aristote l’action éthique dépend d’avantage de notre être que de noter réflexion et
construit continuellement cet être. Le niveau concret de cette éthique implique la
politique (application à l’ensemble) et amitié (comme médiane entre vertus et biens).
L’idéal le plus haut de l’existence est la contemplation mais en tant qu’elle reste référée à
la vie pratique. La multiplicité des déterminismes sauve ici la réflexion de tout orgueil ou
illusion d’emprise totalisante. La contingence de la vie humaine est au centre de
l’éthique philosophique et le but de cette dernière est son application dans la vie
concrète. La contingence concerne non seulement la vie mais l’exercice de la raison ellemême ; elle ne constitue pas un frein à la réflexion mais situe sa propre finitude au centre
de celle-ci.
6. Du mot au concept
La pensée conceptuelle qui domine la culture occidentale, a émergé dans la culture
urbaine de la Grèce antique et a permis le développement de la science. A l’époque de la
mondialisation, notre destin se décidera avec notre capacité à harmoniser cette pensée
conceptuelle avec les autres cultures déterminées par d’autres fondements ; Mais la
pensée conceptuelle elle-même a débuté avec la poésie ! Hegel a cherché à harmoniser la
vérité scientifique et la vérité métaphysique. Il le pouvait car la dernière ne s’était pas
encore soumise à l’exigence méthodologique de la première. Le droit était encore
considéré comme un art nécessitant discernement, et non une science. Aujourd’hui on
fait même de l’art une science. Différence fondamentale : science applique des mesures
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et vise une exactitude qui assure l’emprise sur un objet. L’art : l’artiste s’implique luimême pour suivre un chemin, pointer un but, il vise la justesse qui sert d’exemple. Les
deux démarches sont nécessaires et se complètent, notamment dans la politique.
L’herméneutique comme art de comprendre l’autre est une prémisse indispensable pour
trouver des voies d’un vivre-ensemble.
B. Esthétique
7. Esthétique et herméneutique
Pour Hegel, l’art est une figure de l’esprit absolu, une forme d’auto-connaissance de
l’esprit. L’œuvre d’art exprime une vérité qui dépasse l’intention de l’artiste. L’êtredans-l’histoire de l’homme implique sa propre compréhension dans le cadre du tout de
son monde, où chaque nouvelle expérience doit être intégrée, y compris la tradition – à
laquelle l’art participe. L’œuvre est ouverte pour chaque nouvelle intégration, c’est ce
qui le rend présent pour chacun mais cette intégration est soumise à une mesure dont la
justesse reste sujette à caution.
L’art forme le jugement esthétique et par là constitue l’horizon qui fonde ce jugement.
L’herméneutique, appliquée à l’esthétique, nécessite le décodage de ce qui est d’abord
étranger ; ce décodage concerne le contexte de l’œuvre, mais plus encore ce qu’il a à
nous dire : il comprend le contenu et l’adresse. Toute compréhension est guidée par
l’attente de sens, à laquelle s’ajoute dans le cas de l’art l’émotion d’être touché par elle.
Etre touché est une révélation qui nous confronte à nous-même  expérience qu’il s’agit
d’intégrer dans le tout de notre orientation dans le monde comme de notre autocomrpéhension. Cet excès de sens n’est pas contenu dans l’intention de l’auteur, tout
comme le sens de l’histoire, tel qu’il se donne à posteriori, n’est pas contenu dans
l’intention de ses acteurs. la démarche herméneutique est universelle. Goethe dit « tout
est symbole ». « Tout » ne désigne pas ici tout ce qui est [réel] mais tel qu’il est
accessible à la compréhension de l’homme. Mais rien de ce tout ne se réduit au sens que
l’homme lui donne dans une com-préhension actuelle : l’ensemble des relations
signifiantes reste hors d’emprise.
8. De la vérité de la parole
Dans l’affirmation qu’une parole est vraie, la vérité n’est pas une adéquation entre chose
et intellect puisque la parole implique une « inadéquation essentielle fondamentale par
l’infini des réponses possibles ». Une parole vraie se tient et est garantie par celui qui la
dit. Cela devient évident surtout dans le texte écrit, mais vaut pour toute parole, et le
texte lui-même ne vit que dans son actualisation qui le retransforme en parole. Pour le
sens de la parole joue sur le mot « Aussage » à la fois énoncé affirmatif et témoignage
juridique. Dans les deux cas c’est le recoupement avec l’ensemble du contexte qui
permet de comprendre/saisir la vérité. Pas tout texte est parole ; 3 formes textuelles de la
parole : a) religieuse (Zusage : promesse qui demande d’être acceptée dans la foi) ; b)
juridique (Ansage : formulation qui ne se réalise que dans son application ; c) littéraire
(Aussage : jeu de mot : porter la parole à son aboutissement).
La parole est dans poésie plus vraie qu’ailleurs. Sa vérité implique le passage par
l’écriture [comme mort avant la résurrection dans la lecture ou proclamation ?] Dans ce
passage l’auteur disparaît comme personne et se transforme en énonciateur (dans les
textes religieux souvent assimilé à Dieu, dans les textes juridiques à la loi), et le texte
produit n’est pas réductible à l’intentionnalité de l’auteur. Elle réalise l’expression de la
vérité par des moyens stylistiques et rhétoriques, mais la poésie n’applique pas les règles
de la communication conventionnelle : elle est « métaphore absolue » qui crée du sens
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par une création linguistique. La vérité de la parole est liée à la langue dans laquelle elle
se dit ; elle est présente à celui qui est chez lui dans cette langue. Elle sauve le sens en
l’inscrivant (le cachant à l’extérieur) dans la langue.
9. Texte et interprétation
L’herméneutique concerne au sens large l’ensemble des relations humaines. La
compréhension passe par le langage et est fondamentalement dialogale. La langue lui
assigne sa limite en cela qu’elle ne saurait atteindre l’être d’une personne : l’individu est
ineffable. La prédominance de la science a conduit à une réduction de la réflexion
herméneutique à sa forme scientifique. la compréhension n’est pas le résultat d’un
déduction logique mais d’une « cercle herméneutique » : structure dialogale d’un êtredans-le-monde. L’être n’est pas réductible au phénomène dans lequel il se montre mais
en se montrant il se retient et se refuse. De même, le sens qui se donne à comprendre
dans la langue renvoie à celui qui le transcende. L’être = langage + ineffable.
Le mouvement circulaire de la compréhension entre celui qui comprend et l’objet de sa
compréhension, lié au caractère dialogal de la langue, induit un dépassement de la
subjectivité du sujet, ouverture vers un être-autre [déplacement]. Le langage schématise
l’accès au monde et détermine celui-ci pour chacun en structurant la pensée (149). Le
texte est le point fixe dans le jeu interprétatif. Il cristallise une phase donnée du
mouvement de la compréhension entre auteur et lecteur. Cette compréhension est
déterminée par les attentes et les circonstances de la lecture. Interprète et traducteur
entrent à part entière dans le mouvement de compréhension (et non pas simple
instrument transparent). La polysémie des mots participe de la spéculation. Langage et
texte vivent de leur renvoi vers un signifié.
10. Parole et image entre vérité et être
S’explique du fait de partir de l’art pour développer son herméneutique. Reprend la
relation beau-vrai-bien. Chez Platon le particulier est « mimesis » de l’idée. La mimesis
fonde la connaissance. Pour déterminer la vérité, la mesure est plus importante que
l’exactitude, d’où la nécessité du discernement. Platon développe dans le « Philebos »
l’idée que l’être est le résultat d’un devenir. Aristote va plus loin et nomme « energeia »
l’être du devenir ; et « entelechia » que l’être porte en soi le but de son devenir. La vérité
d’une œuvre est celle qui se réalise dans sa rencontre avec le mélomane
(admirateur/lecteur) qui la recrée pour lui dans cette rencontre, l’art réside dans sa
réalisation.
11. La philsophie grecque et la pensée moderne
Philosophie grecque = point de départ de la pensée occidentale : prise de conscience de
l’exposition de l’homme aux réalités et de la mince marge de manœuvre, entre physis et
logos. La science moderne naît du renoncement à l’anthropomorphisme antique. Une
différence majeure entre pensée moderne et antique est l’objectivation inconnue de la
dernière. Plusieurs exemples y échappent : le corps n’est objet que pour la science, pas
pour le vécu individuel ; la liberté est le résultat et en même temps le fondement de la
pensée ; de la même façon l’éthique forme l’être-ensemble et la conscience de soi,
évidente et allant de soi que Descartes la postulait. Et la communication, passant par le
langage, informe notre vision du monde bien au-delà du discours scientifique.
12. Platon décrivant Socrate
Revue des idées majeures de Platon, à revoir celle de la « participation » du particulier à
l’idée, p. 224sss.
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13. L’héritage d’Hegel
Hegel applique la notion de logos à l’Histoire, voulant découvrir dans cette dernière la
« raison », genre de savoir absolu, intenable. Heidegger lui oppose le contingence et la
finitude de notre être-dans-l’histoire : compréhension advenue plus qu’un acte de la
conscience.
La vérité éthique (à la différence des maths), ne se mesure pas à l’exactitude mais à
l’authenticité de celui qui parle. On ne comprend une phrase qu’en tant que réponse à
une question = mais on ne comprend la question qu’à partir d’une réponse  dialectique
entre question et réponse dans le mouvement de la compréhension renvoie à la structure
dialogale, i.e. langagière, de toute compréhension. On ne peut pas rendre compte de la
compréhension par une méthode objectivante car celui qui comprend est impliqué dans
ce processus. Langage = concrétisation de la pensée.
14. Heidegger et le langage de la métaphysique
Heidegger se situe par rapport à Platon et Hegel entre appropriation et distance critique.
L’Etre comme immédiateté secondaire qui advient à partir de l’immédiat totalement
médiatisé. Néant = voile de l’Etre ; la vérité du devenir = médiation entre Etre et Néant.
Dieu = destitution du néant par la présence absolue. L’Etre-là comprend absence et
présence : le manque fait partie de l’étant : l’étant reste étant dans son manque même.
L’imprévisible de notre être fini est réconcilié dans l’advenu au langage de notre être-là.
Le langage réalise notre installation dans le monde ; le langage advient dans le
mouvement herméneutique qui crée la compréhension.
15. Herméneutque et différence ontologique
Le terme français de « différance » cherche à rendre la différence ontologique. Le
questionnement philosophique prend racine dans l’existence concrète. L’herméneutique
questionne ce qui reste obscure pour le rendre intelligible. Mais la vie reste
« brouillardée ». (L’Etre est le mouvement en soi. La théologie chrétienne n’est
probablement pas pensable dans des termes aristotéliciens). Toute prise de conscience
implique une part de refoulement. Le dialogue permet de briser toujours à nouveau la
fossilisation des concepts ainsi établis.
16. Dialogue
Importance de la langue et du dialogue. Langue = capacité symbolique, y compris
gestuelle : les animaux ne comprennent pas le symbole. Exprime son admiration pour
Heidegger tout en se distançant : n’a pas rendu justice à Platon. Son flirt avec le nazisme
était dû à sa répulsion pour la civilisation technicienne.
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