
Dans "Le cours de mécanique" de Georges Bruhat, on peut y lire à propos de la force centrifuge mise
en évidence lorsqu'on fait tourner rapidement un corps attaché à un fil (fronde) :
« … il est naturel de dire que le fil est tendu parce que le fil est soumis à une force de nature
nouvelle, liée au mouvement, la force d'inertie.
… La force d'inertie nous apparaît ainsi comme ayant un sens physique au même titre que les autres
forces ; mais il est essentiel de bien voir qu'elle n'existe que parce que l'on impose au mobile d'avoir
d'accélération non nulle. Elle nous apparaît comme une réalité physique si nous appliquons à l'état
de mouvement les définitions dont nous avons l'habitude en statique ; elle nous apparaît comme une
force fictive si nous n'étendons pas ces définitions à la dynamique et si nous considérons au
contraire l'existence d'une accélération comme la preuve qu'il n'y a pas équilibre entre les forces
agissantes… »
En définitive les forces d'inertie renvoient au concept d'action mécanique qui garde toujours ses
mystères : on constate des effets mais on ne sait pas définir les actions mécaniques. Tout comme
les forces de gravitation dont on ne connaît pas comment elles naissent et se transmettent.
Physiciens et techniciens ont une vision et une approche différente de la mécanique en général et de
des actions mécaniques en particulier.
Les physiciens travaillent surtout à partir de modèles : modèles mathématiques des actions
mécaniques, travaux pratiques et problèmes issus de réalités déjà modéliser;
Les techniciens confrontés à la diversité de mécanismes réels doivent analyser les actions
mécaniques avant de les modéliser.
Le premiers admettent volontiers l'existence de forces d'inertie comme modèles nouveaux et
commodes.
Les seconds sont plus réticents et considèrent que les forces d'inertie ne sont décidément pas des
forces comme les autres.
Les repères de mouvement galiléens
Un repère dit absolu lié au centre de masse du système solaire et à des axes dirigés vers des « étoiles
fixes » est considéré comme galiléen et on montre que tout repère en mouvement de translation
rectiligne et uniforme par rapport à un repère galiléen est lui-même galiléen.
Les repères que l'on considère dans l'enseignement sont plus ou moins galiléen.
Le repère géocentrique est galiléen pour tout ce qui se passe sur et autour de la terre, pour une durée
de quelques jours. Le mouvement est sensiblement rectiligne et uniforme par rapport au repère
absolu (365 jours pour faire le tour du Soleil).
Le repère terrestre est moins galiléen car il y a mouvement de rotation, en 24 heures, autour de l'axe
des pôles.
En conséquence, contrairement à ce qui est enseigné en statique, un solide en équilibre (immobile par
rapport à la terre) est soumis à un système de forces qui n'est pas en équilibre.
Par exemple, un petit objet de masse m suspendu à un fil est soumis à l'action du fil et à
l'attraction terrestre : m = m . e (et non )
= e est l'accélération galiléenne ou accélération d'entraînement due à la rotation de l'objet
autour de l'axe des pôles. Les accélération r et c sont nulles.
Pour affirmer que la somme des forces est nulle, on fait passer le produit m . e dans le premier
membre : –m . e
On pose ensuite que le poids de l'objet de masse m est : =–m . e
d'où :
Ainsi l'objet est soumis à deux forces directement opposées, mais la force de pesanteur est "impure",
elle comporte une « force d'inertie ». La force de pesanteur paraît pourtant bien réelle, sans réserve et
pour tout le monde. Elle est la somme d'une force "agissante" d'attraction et d'une force "d'inertie".
Cela invite à penser qu'elle est bien réelle aussi !