PD Le Conseil fédéral veut lésiner

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Service de presse de Travail.Suisse – N° 18 – 12 décembre 2005 – Garde d’enfants
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Financement incitatif en faveur de places dans les crèches et de cantines scolaires pour le
repas de midi
Le Conseil fédéral veut lésiner
Pour la seconde moitié du programme d’impulsion destiné à encourager
l’accueil extra-familial pour enfants, le Conseil fédéral sollicite du Parlement un
crédit, dont le montant ne représente même pas un tiers de la première moitié.
Une chose est claire pour Travail.Suisse: cet exercice d’économie est un signal
extrêmement négatif pour les familles, pour les femmes, mais aussi pour
l’économie et la société.
Pour les années 2003 à 2007, le Parlement a discuté un crédit de 200 millions de francs en
faveur du financement incitatif d’offres d’accueil extra-familial pour enfants. Selon des
estimations, 107 millions de francs auront été dépensés d’ici la fin de cette période. Deux
volumineux rapports d’évaluation relatifs à l’exécution et à l’efficacité de ce programme
d’impulsion ont été publiés le mois dernier. Le Conseil fédéral en tire une conclusion peu
fondée: la demande serait restée en-deçà des attentes et, compte tenu de la situation financière de la Confédération, il demande au Parlement un crédit de tout juste 60 millions de
francs pour la seconde moitié du programme. Aux yeux de Travail.Suisse, cette mesure
d’économie est non seulement une erreur, mais encore, à y regarder de plus près, elle se
révèle avoir un effet boomerang.
Pourquoi donc des offres d’accueil extra-familial pour enfants?
Notre société se trouve en pleine mutation, en ce qui concerne aussi bien les modèles familiaux et la conception des rôles que le monde du travail. Les femmes sont de plus en
plus nombreuses à avoir reçu une bonne formation et à ne pas vouloir abandonner complètement leur activité professionnelle en faveur de leur famille. Par ailleurs, l’activité
professionnelle des deux parents est nécessaire dans de nombreuses familles, pour des
raisons financières. Le monde du travail exige de la flexibilité et de la mobilité de la part
des travailleurs. Par exemple, nombre d’écoliers – dans une proportion terriblement élevée - ne sont pas encadrés à l’heure actuelle en raison de l’absence d’horaires continus et
de cantines dans les écoles. Il est donc indispensable de créer pour les enfants des écoles
enfantines et primaires une offre de structures d’accueil parascolaire bien aménagées, dirigées par des professionnels et organisées avec des horaires flexibles.
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Quelle utilité pour la société?
Tout le monde profitera de possibilités d’accueil extra-familial pour enfants qui soient
financièrement supportables, organisées de manière flexible et dirigées par des professionnels:
 Les familles en général, et le plus souvent les femmes en particulier, en profiteront,
parce que famille et activité professionnelle ne devront plus s’exclure l’une l’autre, et
seront désormais compatibles. De plus, des offres d’accueil extra-familial à des prix
abordables contribueront à faire diminuer le risque de pauvreté très élevé chez les familles avec enfants, et participeront donc à leur intégration sociale et économique.
 Les enfants issus de familles nucléaires, prédominantes actuellement, pourront
étendre leurs compétences sociales dans les crèches et les garderies d’enfants. Pour les
enfants étrangers, une intégration précoce a une incidence positive à maints égards.
Les écoliers et écolières ne sont pas livrés à eux-mêmes à l’heure du déjeuner ou après
l’école.
 L’économie profitera du savoir-faire des femmes qui resteront sur le marché du travail
même après la naissance d’un enfant.
 L’Etat profitera d’une augmentation de recettes fiscales, en raison de l’accroissement
du taux d’activité et fera des économies en matière de prestations sociales.
Il est nécessaire de continuer à agir de toute urgence!
Selon les estimations d’une étude du Fonds national suisse, il existe actuellement 30'000
places d’encadrement extra-familial dans le secteur de l’école enfantine. Or, 50'000 nouvelles places seraient pourtant nécessaires pour couvrir la demande. De plus, ces chiffres
ne comprennent pas toutes les demandes de structures d’accueil parafamilial, dont la réalisation complète, à l’échelon national, n’est pas pour aujourd’hui. Selon l’évaluation du
programme d’impulsion, l’offre a pu être accrue de 3 pour cent en un an et demi, ce qui
est peu, compte tenu de l’immense excédent de la demande. La question déterminante est
celle de savoir pourquoi le crédit n’a pas été totalement utilisé en dépit de l’énorme accroissement des besoins de places d’accueil.
Le Conseil fédéral se contente de constater d’une manière lapidaire que la faible demande
d’aides fédérales et la situation financière de la Confédération justifient un crédit de 60
millions de francs seulement; ce montant ne représente que la moitié du taux d’utilisation
du premier crédit.
Motivée par des considérations de pure politique financière, la solution du Conseil fédéral
est dévastatrice et donne aux familles un signal particulièrement mauvais. En outre, les
deux rapports d’évaluation, extrêmement volumineux et donc coûteux en heures de tra-
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vail comme en dépenses, sont totalement superflus pour prendre une telle décision et ne
constituent qu’un simple alibi.
Travail.Suisse invite le Conseil fédéral à penser et à agir d’une manière innovatrice: comment l’offre de places d’accueil parafamilial pour enfants peut-elle être considérablement
accrue pendant la seconde moitié du programme d’impulsion et donc se rapprocher des
besoins réels? Quelles sont les mesures concrètes qui doivent être prises? Un engagement
sérieux et efficace ne saurait être fourni avec 15 millions de francs par an.
Anna Christen, responsable de la politique de l’égalité, Travail.Suisse
Travail.Suisse, Hopfenweg 21, 3001 Berne, Tél. 031 370 21 11, e-mail : [email protected],
www.travailsuisse.ch
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