infrastructures • Le Conseil d'Etat uni pour le CEVA Le temps, c’est de l’argent! C onseiller d’Etat en charge des constructions et du logement, Mark Muller a réfuté les motifs avancés par les juges administratifs pour refuser d’autoriser le démarrage rapide des travaux. Selon le magistrat libéral, les charges restant à examiner sur certains points litigieux du dossier n’empêchent nullement de lancer promptement ce volumineux chantier. Les éléments relevés par le TAF n’affectent pas les opérations que comptent lancer les autorités genevoises. Seul un périmètre limité et restreint (autant dire Champel) fait l’objet de ces 56 recours, tous les autres secteurs ayant la voie libre. Voilà pourquoi le Gouvernement genevois et les CFF s’en remettent à la sagesse des juges du Tribunal fédéral. En cette période de crise, des centaines d’emplois sont en jeu, dans la construction et ailleurs. Car l’enjeu actuel est d’ordre financier! Et chaque jour qui passe ne fait qu’augmenter la facture finale de ce projet que le Conseil d’Etat veut faire aboutir dans les meilleurs délais. Sans plus attendre, l’Exécutif genevois a adopté un projet de loi portant sur un crédit complémentaire de 107 millions de francs. La Commission des travaux pourra bientôt examiner cette demande, qui résulte d’une meilleure connaissance des coûts réels de la réalisation de cette infrastructure; rappelons qu’elle a été budgétisée voilà des années. En toute transparence, ce crédit viendra s’ajouter au budget initial de 400,8 millions de francs, voté en juin 2002. Les deux maîtres d’ouvrage (Etat et CFF) ont maintenant une vision claire des coûts réels de chaque phase de construction. Les réponses aux appels d’offres et une perception améliorée des contraintes de chaque étape du tracé ont permis de calculer les montants financiers réellement nécessaires, aujourd’hui, à l’aboutissement du projet. Nouvelles exigences Sur cette demande de crédit de 107 millions de francs, il faut distinguer deux parties bien distinctes. La première, budgétisée à 66,4 millions, représente les améliorations apportées par le dialogue avec les associations et les communes. D’autres modifications ont T.-P. Graindorge Résolu et déterminé. Face au refus du Tribunal administratif fédéral de lever l’effet suspensif issu des recours contre le CEVA, le conseil d’Etat affirme sa volonté de poursuivre son objectif. Afin d’entamer les travaux au plus tôt, les autorités genevoises et les CFF recourent ensemble auprès du Tribunal fédéral pour en obtenir l’autorisation. Robert Cramer, Myriam Pellerin (CFF), Mark Muller, Pierre-François Unger. tenu compte des remarques des services techniques et de rapports d’experts. Ainsi, le correctif budgétaire inclut la modification de conception de la halte de Carouge-Bachet qui, de gare souterraine, devient gare semienterrée en tranchée couverte avec des parois moulées et une dalle bétonnée. Des travaux ferroviaires dans le secteur de La Praille, avec notamment la création d’une double voie dédiée au CEVA au sud de la gare de triage et la démolition d’un ancien dépôt de locomotives, n’avaient pas pu être pris en compte lors du budget de 2002. Le tracé définitif n’était pas connu à ce moment. De même, des mesures d’intégration paysagère et des dispositifs de précaution pour protéger les oiseaux ont été ajoutés à la configuration définitive du pont sur l’Arve. Ensuite, il faut procéder à des mesures de renforcement de certaines sections souterraines pour respecter les contraintes imposées par les constructions en surface. C’est le cas pour les gares de Champel-Hôpital et Carouge-Bachet. Le dossier approfondi fait apparaître des contraintes de génie civil supplémentaires, telles que le déplacement d’un collecteur à Veyrier, l’élargissement des puits d’attaque pour le forage intermédiaire de la galerie ou le déplacement de la fourrière de La Praille. Aménagements supplémentaires A mesure que se précisait le tracé définitif généralisant le profil en long des tunnels et des stations, les coûts réels ont pu être t o u t l’ i m m o b i l i e r • n o 4 8 8 • 2 m a r s 2 0 0 9 éclaircis pour aboutir à une vision claire du montant final des travaux. Le changement du mode de franchissement du Centre de la voirie de Carouge, la modification du passage inférieur de Grange-Canal et la rectification du projet de pont pour franchir la Seymaz induisent aussi des hausses du coût final de l’infrastructure. Pour le franchissement de la Seymaz, les remarques des services cantonaux et la mise en place d’une voie supplémentaire pour la mobilité douce ont fait évoluer le projet: la portée du pont passe de 9 à 24 mètres. Cela donnera un passage à l’air libre aux piétons et cyclistes et garantira le passage des crues, évitant ainsi tout risque d’inondation. Les mesures antivibration ou le rehaussement de certains profils de tunnels ont aussi fait grimper le devis initial, tout comme la présence d’un sillon de sable aquifère dans le Foron, qui nécessite un renforcement des parois moulées sur ce passage. Enfin, l’adoption d’une alimentation électrique bitension (française en 25Kv et suisse en 15Kv), comme l’adaptation du gabarit des tunnels aux nouveaux trains à deux niveaux «Dosto» des CFF, ont également influé sur la facture finale. Toutes ces contraintes, non identifiées en 2002 ou n’ayant pas encore fait l’objet de concertation, sont maintenant connues et chiffrées. C’est le cas également pour un renforcement des mesures de sécurité, imposées par les nouvelles normes de l’Office fédéral des transports qui a dû les relever aux normes 9 T.-P. GRAINDORGE INFRASTRUCTURES Gare des Eaux-Vives: l'entêtement des recourants coûte 4000 francs par heure aux contribuables. allemandes, beaucoup plus contraignantes que la législation suisse précédemment appliquée. Cela occasionne un surcoût de 40,5 millions de francs, qui viennent en deuxième partie du projet de loi pour le crédit complémentaire. Mais, comme l’ont relevé Mark Muller et son collègue Robert Cramer, d’importantes économies ont déjà été réalisées par rapport au budget initial de 2002. L’excellent travail des CFF et des entreprises de génie civil a permis de substantielles économies sur le premier tronçon, achevé en 2006. Le bouclement des comptes fait apparaître une économie réelle de 6,3 millions de francs par rapport au budget devisé à 32,9 millions de francs. De même, pour les travaux à venir, la réduction de la largeur des tranchées couvertes et la suppression de deux voies de stockage et d’entretien des trains dans le gare des Eaux-Vives vont susciter d’importantes éco- nomies. La maintenance sera déplacée sur Annemasse. Voilà au moins de quoi réjouir les contribuables. Prêts à un éventuel référendum Certes, cette loi de finance rectificative sera certainement combattue par un référendum, mais la détermination du Conseil d’Etat est inébranlable. Car comme l’a expliqué Pierre-François Unger, ce projet arrive à point nommé dans le processus de soutien à l’économie. Faisant remarquer l’avantage d’un projet prêt à démarrer, le magistrat a souligné l’importance d’une telle opération d’envergure au regard du plan fédéral de relance économique, qui préfère soutenir des opérations pouvant être rapidement mises en œuvre. De plus, le conseiller d’Etat en charge de l’économie a souligné les sommes importantes que chaque jour de recours faisait perdre à la collectivité publique. Quelque 4000 francs par heure sont gaspillés du fait des retards pris par le lancement des chantiers. Depuis 2006, date du lancement des appels d’offre, la hausse des prix n’a fait que renchérir les coûts de construction. Citons aussi tous les emplois qui seront créés sur les nouvelles zones d’activité et de logement qui viendront prendre place sur les terrains libérés par le CEVA. A La Praille, outre de substantiels bénéfices liés à la revente des terrains du périmètre de construction de la SOVALP, ce seront 600 logements et 800 emplois créés sur la zone d’activité économique. Même impact sur l’emploi dans le secteur des Eaux-Vives, où la requalification du quartier va faire naître des logements et des commerces, en plus de la nouvelle Comédie. Le secteur artisanal bénéficiera aussi de ces nombreux mètres carrés rendus disponibles. Côté français, le projet de l’Etoile d’Annemasse va également générer des emplois et des logements. En ces temps de crise financière, l’attentisme n’est plus de mise et le Conseil d’Etat a les cartes en mains pour créer une dynamique de relance économique locale, si les juges du Tribunal fédéral lui en donnent la possibilité. Enfin, Robert Cramer a insisté sur le fait que le protocole d’accord liait l’Etat de Genève à la Confédération, qui devrait aussi assurer sa contribution financière aux montants revus de ce projet. Un projet structurant pour la région et la mobilité, un projet nécessaire pour l’économie et l’emploi, c’est ainsi que les conseillers d’Etat ont qualifié la construction du CEVA. ■ Thierry-Pierre Graindorge LE S VE N D R E D I S D E L ' I M M O B I L I E R Présentée par notre rédacteur en chef Thierry Oppikofer, sponsorisée par Le Magazine Prestige Immobilier et le portail internet romand Toutimmobilier.ch, l’émission «Les Vendredis de l’immobilier» est diffusée chaque vendredi sur Léman Bleu Télévision, en «prime time», à 19 h 30, avec rediffusion à 21 h 30 et 23 h 30, ainsi qu’à plusieurs reprises le samedi et le dimanche*. Vendredi 6 mars 2008: «Le droit du bail: serpent de mer?» Invité: Hugues Hiltpold, président USPI, conseiller national * Les horaires peuvent varier en cas de diffusion des séances du Grand Conseil. Regardez les anciennes émissions sur www.toutimmo.ch T O U T L’ I M M O B I L I E R • N O 4 8 8 • 2 M A R S 2 0 0 9