t o u t l ’ i m m o b i l i e r • n o 488 • 2 mars 2009
C
onseiller d’Etat en charge des
constructions et du logement, Mark
Muller a réfuté les motifs avancés
par les juges administratifs pour refuser
d’autoriser le démarrage rapide des travaux.
Selon le magistrat libéral, les charges restant
à examiner sur certains points litigieux du
dossier n’empêchent nullement de lancer
promptement ce volumineux chantier. Les
éléments relevés par le TAF n’affectent
pas les opérations que comptent lancer
les autorités genevoises. Seul un périmètre
limité et restreint (autant dire Champel) fait
l’objet de ces 56 recours, tous les autres
secteurs ayant la voie libre. Voilà pourquoi
le Gouvernement genevois et les CFF s’en
remettent à la sagesse des juges du Tribunal
fédéral. En cette période de crise, des centai-
nes d’emplois sont en jeu, dans la construc-
tion et ailleurs.
Car l’enjeu actuel est d’ordre financier! Et
chaque jour qui passe ne fait qu’augmenter
la facture finale de ce projet que le Conseil
d’Etat veut faire aboutir dans les meilleurs
délais.
Sans plus attendre, l’Exécutif genevois a
adopté un projet de loi portant sur un crédit
complémentaire de 107 millions de francs.
La Commission des travaux pourra bientôt
examiner cette demande, qui résulte d’une
meilleure connaissance des coûts réels de la
réalisation de cette infrastructure; rappelons
qu’elle a été budgétisée voilà des années.
En toute transparence, ce crédit viendra
s’ajouter au budget initial de 400,8 millions
de francs, voté en juin 2002. Les deux maî-
tres d’ouvrage (Etat et CFF) ont maintenant
une vision claire des coûts réels de chaque
phase de construction. Les réponses aux
appels d’offres et une perception améliorée
des contraintes de chaque étape du tracé
ont permis de calculer les montants finan-
ciers réellement nécessaires, aujourd’hui, à
l’aboutissement du projet.
Nouvelles exigences
Sur cette demande de crédit de 107 millions
de francs, il faut distinguer deux parties bien
distinctes. La première, budgétisée à 66,4
millions, représente les améliorations appor-
tées par le dialogue avec les associations et
les communes. D’autres modifications ont
tenu compte des remarques des services
techniques et de rapports d’experts. Ainsi, le
correctif budgétaire inclut la modification de
conception de la halte de Carouge-Bachet
qui, de gare souterraine, devient gare semi-
enterrée en tranchée couverte avec des
parois moulées et une dalle bétonnée. Des
travaux ferroviaires dans le secteur de La
Praille, avec notamment la création d’une
double voie dédiée au CEVA au sud de la
gare de triage et la démolition d’un ancien
dépôt de locomotives, n’avaient pas pu être
pris en compte lors du budget de 2002. Le
tracé définitif n’était pas connu à ce moment.
De même, des mesures d’intégration paysa-
gère et des dispositifs de précaution pour
protéger les oiseaux ont été ajoutés à la
configuration définitive du pont sur l’Arve.
Ensuite, il faut procéder à des mesures de
renforcement de certaines sections souter-
raines pour respecter les contraintes impo-
sées par les constructions en surface. C’est
le cas pour les gares de Champel-Hôpital
et Carouge-Bachet. Le dossier approfondi
fait apparaître des contraintes de génie civil
supplémentaires, telles que le déplacement
d’un collecteur à Veyrier, l’élargissement des
puits d’attaque pour le forage intermédiaire
de la galerie ou le déplacement de la four-
rière de La Praille.
Aménagements supplémentaires
A mesure que se précisait le tracé définitif
généralisant le profil en long des tunnels
et des stations, les coûts réels ont pu être
éclaircis pour aboutir à une vision claire du
montant final des travaux. Le changement
du mode de franchissement du Centre de
la voirie de Carouge, la modification du
passage inférieur de Grange-Canal et la
rectification du projet de pont pour franchir
la Seymaz induisent aussi des hausses du
coût final de l’infrastructure. Pour le franchis-
sement de la Seymaz, les remarques des
services cantonaux et la mise en place d’une
voie supplémentaire pour la mobilité douce
ont fait évoluer le projet: la portée du pont
passe de 9 à 24 mètres. Cela donnera un
passage à l’air libre aux piétons et cyclistes
et garantira le passage des crues, évitant
ainsi tout risque d’inondation. Les mesures
antivibration ou le rehaussement de certains
profils de tunnels ont aussi fait grimper le
devis initial, tout comme la présence d’un
sillon de sable aquifère dans le Foron, qui
nécessite un renforcement des parois mou-
lées sur ce passage.
Enfin, l’adoption d’une alimentation électri-
que bitension (française en 25Kv et suisse
en 15Kv), comme l’adaptation du gabarit
des tunnels aux nouveaux trains à deux
niveaux «Dosto» des CFF, ont également
influé sur la facture finale.
Toutes ces contraintes, non identifiées en
2002 ou n’ayant pas encore fait l’objet de
concertation, sont maintenant connues et
chiffrées.
C’est le cas également pour un renforcement
des mesures de sécurité, imposées par les
nouvelles normes de l’Office fédéral des
transports qui a dû les relever aux normes
infrastructures
• Le Conseil d'Etat uni pour le CEVA
Le temps, c’est de l’argent!
Résolu et déterminé. Face au refus du Tribunal administratif fédéral de lever l’effet suspensif issu des recours contre le
CEVA, le conseil d’Etat affirme sa volonté de poursuivre son objectif. Afin d’entamer les travaux au plus tôt, les autorités
genevoises et les CFF recourent ensemble auprès du Tribunal fédéral pour en obtenir l’autorisation.
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Robert Cramer, Myriam Pellerin (CFF), Mark Muller, Pierre-François Unger.
T.-P. GRAINDORGE