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La pensée sociale
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Dans la littérature psychosociale, le préjugé est souvent considéré comme une attitude
générale. Il comporte donc les trois composantes classiques de l'attitude. Une composante
affective avec des sensations et des sentiments, une composante comportementale qui se
traduit souvent par des intentions d'actions et une composante cognitive constituée par des
croyances. Ainsi, les sujets ayant des préjugés
à
l'encontre de telle ou telle personne vont
détester cette personne, avoir à son encontre des comportements discriminatoires et croire,
par exemple, qu'elle a le pouvoir de leur nuire. D'une manière générale, c'est la composante
affective qui est considérée comme prédominante dans les préjugés. C'est elle qui va
constituer un guide pour l'action et qui va être
à
l'origine des croyances. C'est elle qui va
s'imposer d'emblée
à
la perception du sujet lorsque, par exemple, celui-ci va rencontrer une
personne appartenant
à
un groupe
à
l'égard duquel il a des préjugés.
Un grand nombre de résultats expérimentaux montrent que les préjugés sont le résultat
de constructions collectives. Ainsi, ils font souvent l'objet d'un partage social très large.
À
titre d'exemple, les adultes d'âge mûr sont perçus, dans 19 nations différentes (Williams,
1993), comme sympathiques, mais moins énergiques et moins actifs que les jeunes adultes.
Les stratégies sociocognitives, propres
à
la pensée sociale qui sont
à
l'origine de ces
constructions collectives, sont mises en lumière dans de très nombreux travaux
expérimentaux. On sait notamment que les sujets qui ont des préjugés à l'encontre de tel ou
tel groupe social traitent l'information qui provient de ces groupes de manière tout
à
fait
spécifique. Ainsi, Blascovich
et al.
(1997) ont montré que les sujets ayant des préjugés
raciaux ont besoin d'une période de temps plus longue pour décider si oui ou non des
étrangers, dont l'identité sociale est ambiguë, appartiennent
à
une catégorie raciale ou
à
une
autre. Chez ces sujets, l'information pertinente par rapport aux préjugés est traitée avec une
plus grande attention, de façon plus minutieuse et ordonnée.
D'autres résultats, présentés par Fiske et Neuberg (1990) ont clairement montré que
les informations qui sont consistantes avec les préjugés des individus reçoivent, de la part
de ces individus, une attention plus soutenue et, par conséquent, sont beaucoup mieux
mémorisées que les informations qui ne sont pas consistantes avec ces préjugés. De tels
effets montrent que, dans ce domaine, les sujets ne s'exposent
en,
définitive qu'aux seuls
éléments d'information ou événements qui fortifient et renforcent leurs convictions. Les
préjugés peuvent alors être considérés comme des structures cognitives fermées qui vont,
au fil du temps, se stabiliser, se renforcer et s'ancrer du point de vue social.
La grande stabilité des préjugés peut aussi s'expliquer par leur utilité sociale. Ils jouent
en effet un rôle important dans la protection et la mise en valeur de l'estime de soi. Par
exemple, lorsqu'on menace leur estime de soi, les sujets ont tendance
à
dénigrer les groupes
à l'égard desquels ils ont des préjugés, ce qui a pour résultat de restaurer leur propre estime
(Fein et Spencer, 1997).
Ce qui semble en
contradiction avec la
définition proposée
en L1 ! mais ...