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Commission européenne
Le modèle social européen et l'avenir du travail
Xavier PRATS MONNE
Directeur pour I'Emploi, la Stratégie de Lisbonne et les relations internationales
DG EMPL, Commission européenne
xavier.prats-monne@ec.europa.eu
Colloque
LA SÉCURISATION DES PARCOURS PROFESSIONNELS
- FONDATION FERCIS -
Paris, le 30 octobre 2007
2
Le premier chapitre de cet article1 traite brièvement de la diversité dans les réalités sociales européenne
et des différents « Modèles sociaux européens » dans le contexte de la mondialisation. Le second
chapitre souligne les quatre influences majeures qui auront vraisemblablement des répercussions
importantes sur les marchés de l’emploi et du travail de l’Union. Pour finir, le troisième chapitre étudie
des implications politiques de ces tendances en Europe.
1. LE MODÈLE SOCIAL EUROPÉEN DANS UN CONTEXTE DE MONDIALISATION
Trois, quatre, cinq modèles sociaux européens…
Le concept de « Modèle social européen » résonne fortement dans certains états membres, un peu
moins dans d’autres comme une suite d’objectifs et de valeurs globaux de l’UE, tels qu’ils ont été
peut-être le mieux définis dans l’article 3 de l’avant-projet du Traité constitutionnel. La pertinence
politique et opérationnelle de ce concept ne doit cependant pas être exagérée. En effet, si, par « modèle
social », nous entendons protection sociale et État(s)-providence, l'opinion générale dans la littérature
théorique est qu’il n’existe pas un modèle social européen unique (ou une division nette entre l’UE
continentale et le Royaume-Uni), mais plusieurs variations autour des quatre ou cinq grands régimes
scandinave, anglo-saxon, continental et méditerranéen. Certains auteurs ajoutent un cinquième régime
pour les pays d’Europe centrale et orientale2.
... tous flexibles, avec des avantages et des imperfections
Ces «modèles sociaux européens» ou gimes de protection sont des systèmes complexes. Ils reflètent
les manières radicalement différentes dont les pays européens se sont organisés tout au long du
vingtième siècle, par exemple en termes de structure et de volume des prestations : conditions
d’attribution (utilitarisme et appropriation de son pouvoir par la personne de Bentham, ou droits de
citoyenneté et capital social), subsidiarité de la distribution, politiques familiales, etc. Ces régimes sont
également assez flexibles - et ils se sont révélés peu convergents dans le temps - car les changements
structurels dans les sociétés européennes proviennent essentiellement de facteurs endogènes tels que
les changements technologiques et sociétaux (technologies de linformation et de la communication,
émancipation des femmes et déclin des structures de la famille traditionnelle voir le chapitre suivant).
Chacun de ces modèles sociaux ou régimes de protection présente ses propres avantages et
insuffisances, et répond différemment aux conséquences de la mondialisation et de la démographie.
Par exemple, le Royaume-Uni affiche d’une part des taux de chômage très faibles (en dessous de 5 %)
et des taux d'emploi élevés (plus de 70 %), et d’autre part une productivité par travailleur et par heure
relativement faible (toujours légèrement inférieure à la moyenne des 25 de l’UE), un écart entre les
hommes et les femmes et des taux de pauvreté élevés (par exemple, malgré les efforts politiques
récents du Royaume-Uni, il y a presque deux fois plus d'enfants dans des foyers dont les parents ne
travaillent pas au Royaume-Uni que la moyenne de l’UE). Inversement, les régimes continental et
méditerranéen doivent relever des défis différents : en Espagne, par exemple, l’usage largement
répandu de contrats temporaires et de courte durée a permis de relancer l’emploi et de réduire le taux
de chômage (de moitié depuis 1993 : il est aujourd’hui identique à celui la zone Euro - soit moins de 8 %,
et inférieur à la moyenne des 25 de l'UE), mais ils ont également contribué à retarder la productivité, à
une innovation médiocre et à une faible mobilité3.
Il faut également noter que les comparaisons statistiques entre les différents « modèles sociaux »
peuvent être trompeuses. Aux Pays-Bas, par exemple, les taux de chômage sont en dessous de 6 %,
mais la proportion d'emplois à temps partiel est très élevée (plus de 45 %), et presque un million des 16
millions de personnes que compte la population sont handicapées, ce qui semble indiquer pour le moins
que la définition de «personne handicapée1» est assez élastique. Les comparaisons transatlantiques
omettent parfois que le nombre de citoyens adultes en prison (et qui n'entrent donc pas dans les
statistiques sur l'emploi) est systématiquement de 7 à 10 fois plus élevé aux États-Unis (2,15 millions,
c’est-à-dire 2 pour cent de la population active d’après certains calculs) que dans l'UE.
1 Les idées exprimées dans cet article ne reflètent pas l’opinion officielle de la Commission européenne.
2 Pour une discussion sur les régimes de protection, voir les travaux de G. Esping-Andersen ; A. Giddens a également débattu
énormément des conséquences et des implications politiques de la mondialisation sur les sociétés européennes
néo-modernes.
3 Par exemple, deux tiers des nouveaux 900 000 emplois créés en Espagne dans l'année jusqu'au mois de juin 2005 étaient des
contrats de 6 mois au maximum. Depuis, la politique du gouvernement s’est concentrée sur la réduction de cette segmentation du
marché du travail.
3
Les systèmes de protection des États membres de l'UE ne doivent pas être analysés exclusivement en
termes de croissance économique, de marché du travail ou de niveaux des dépenses publiques, bien
que ce type de mise en relief soit mieux adapté à l’approche utilitariste anglo-saxonne du
«Welfare-to-work». Il serait par exemple singulier de faire face au problème du vieillissement de la
population sans prendre en compte l'impact des régimes de protection sur la fécondité. Il n’y a
également pas de corrélation automatique entre la taille relative de l'état-providence et la croissance ou
l'efficacité économique (le modèle scandinave par exemple), et la croissance seule n'augmente pas
nécessairement le nombre d’emplois : ce qui détermine les taux d'emploi, c’est la combinaison de
politiques d'emploi et de marché du travail actives.
Comme l’ont souligné Esping-Andersen et d’autres, la distinction significative en matière de politique
n’est pas entre les modèles sociaux européens, mais entre les pays ayant des politiques actives de
marché du travail fortes et ceux qui n'en ont pas. Les pays scandinaves peuvent ainsi combiner des
niveaux élevés de dépenses publiques et de protection sociale avec des taux d'emploi élevés,
principalement grâce à des politiques actives d'encouragement à retourner sur le marché du travail. En
outre, ce sont des politiques actives qui expliquent les performances positives récentes en matière
d’emploi de pays (modèles) tels que les Pays-Bas, l’Irlande ou l'Espagne.
Le point fondamental est que les disparités entre les «réalités sociales», les paramètres institutionnels
et les niveaux de développement social et économique des 27 États membres - et par conséquent les
implications politiques de l'Union européenne qui est passée de 15 à 27 - sont souvent sous-estimées.
Ces disparités entre les pays de l’UE sont déjà énormes, en ce qui concerne des aspects aussi
essentiels de la «réalité sociale» que le volume des dépenses sociales (entre 13 % et 33 % du PIB), le
taux d’emploi des femmes ou des travailleurs âgés (entre 40 % et 75 %) ou le pourcentage de
travailleurs dans les secteurs de « matière grise ». Posée simplement, la réponse à la mondialisation
dans les sociétés post-industrielles est fatalement très différente de, disons, celle en Bulgarie, le
seuil de pauvreté établi est un revenu de 80 par mois, le secteur primaire restera la principale
source d'emplois pendant encore plusieurs années, où le taux d'emploi est de 15 points en dessous de
la moyenne de l'UE et où le revenu par habitant en PPA est d'environ un tiers de celui du Chili.
2. LES QUATRE TENDANCES MAJEURES QUI INFLUERONT SUR L’AVENIR DU TRAVAIL
La réalité sociale des États membres de l’UE est ainsi très diverse. Elle sera également influencée par
de nombreux facteurs déterminants, complexes et étroitement liés, tels que l’approvisionnement
énergétique ou le changement climatique. Toutefois, les tendances dans quatre secteurs principaux en
particulier auront certainement des conséquences importantes sur l’avenir du travail en Europe : la
démographie, la technologie, la mondialisation et les changements sociétaux. Les travailleurs et
les employeurs devront s’adapter à ces tendances, et la politique générale devra également réagir en
conséquence, en partie en anticipant et en gérant le changement et en aidant les parties prenantes à
parvenir à un consensus.
Faire des prévisions sur ces quatre tendances et leurs interactions est très difficile. La relation entre les
variables démographiques et les issues socio-économiques peut être cependant analysée en détail, et
il est moins difficile de faire des prévisions dans quelques domaines tels que la structure des âges de la
population : nous pouvons par exemple anticiper le nombre de femmes européennes qui seront fertiles
en 2025 d'une manière assez précise, étant donné qu’elles sont déjà en vie aujourd’hui.
Pour résumer, l'analyse des tendances de l’emploi et sociales au sein de l'UE indique : une diminution
continue du volume et du poids relatif de l'emploi dans les secteurs primaire et de la fabrication ; une
poussée des services et des opportunités d'emploi haut de gamme et des besoins en compétences ; et
une augmentation considérable des emplois rudimentaires peu qualifiés et faiblement rémunérés, la
plupart d'entre eux étant liés au changement des structures démographiques de l'Europe.
Il semble de plus en plus évident que l'économie fondée sur la connaissance et le progrès
technologique favorisent tous les deux les travailleurs hautement qualifiés et capables de s’adapter,
des compétences polyvalentes et des parcours professionnels complexes, et représentent donc une
pression importante vers une inégalité des salaires4. Les marchés de lemploi européens semblent ainsi
évoluer vers une polarisation (un « marché du travail en sablier »), avec un éventail large d'emplois
haut de gamme professionnels et techniques hautement qualifiés, un large éventail d’emplois inférieurs
peu qualifiés (dans les services) mais beaucoup moins d’opportunités d’emploi et financières pour les
compétences et les emplois de niveau moyen entre les deux5.
4 Commission européenne (2005, Employment in Europe. Chapitre 4, Commission européeenne (2007 ; à paraître), Employment
in Europe. Chapitre 5
5 Le Prof. Rob Wilson de l'université de Warwick dirige une analyse complète des tendances de l'emploi à long terme dans l'UE.
4
Par ailleurs, dans seulement dix ans, le vieillissement de la population européenne entraînera une
diminution des nombres absolus d’européens en âge de travailler, même si la durée moyenne de la vie
active augmentera grâce aux politiques visant à prolonger la vie active.
2.1. Démographie
Une tendance déterminante : le vieillissement de la population…
Bien que son rythme et sa vitesse puissent varier considérablement d'un pays à l'autre, le vieillissement
de la population est une tendance structurelle déterminante dans les 27 de l’UE, qui reflète l’interaction
entre trois facteurs principaux6 :
des taux de fécondité faibles en moyenne, autour de 1,5 enfant par femme dans les 25 de l'UE
aujourd'hui -, bien au-dessous du taux de remplacement de 2,1 requis pour stabiliser la
population en l'absence de flux migratoires. Une augmentation marginale jusqu'à 1,6 est
escomptée pour les 25 de l'UE d'ici 2030 ;
la baisse de la fécondité, qui a suivi le renouveau de la natalité d’après guerre et qui provoque
aujourd’hui une augmentation croissante des classes âgées. Ce passage à l’âge adulte de la
génération du baby-boom provoquera une augmentation considérable du nombre relatif de
personnes âgées, dont les dépenses de sécurité sociale devront être prises en charge par une
population en âge de travailler de moins en moins nombreuse.
l’espérance de vie : après avoir augmenté de huit ans dans la seconde moitié du vingtième
siècle, l’espérance de vie à la naissance augmentera probablement d’au moins cinq années de
plus d'ici la moitié du vingt-et-unième siècle. Cette augmentation aura le plus gros impact sur les
nérations les plus âgées, puisque les Européens qui auront 65 ans en 2050 auront une
espérance de vie de quatre à cinq fois plus longue que les personnes âgées de 65 ans
aujourd'hui : le nombre d’Européens âgés de 80 ans ou plus sera beaucoup plus important.
Si on prend en considération ces trois facteurs, la population totale de l’Union européenne devrait
baisser légèrement d'ici 2050, mais le nombre de personnes actives devrait diminuer d'environ 50
millions. En conséquence, la proportion de personnes dépendantes7 dans la population augmentera
d'environ ¼ aujourd’hui à ½ d'ici la moitié du vingt et unième siècle. A court terme, les politiques de
l’emploi destinées à encourager la participation de la population active, ainsi que les tendances
sociétales telles que des taux d’emploi des femmes plus élevés, devraient contrebalancer la baisse du
nombre de personnes en âge de travailler, et le nombre total de personnes travaillant dans l’Union
européenne continuera à augmenter à peu près jusqu’en 2017. Plus des deux tiers de cette
main-d’œuvre proviendra de l’augmentation du nombre de femmes au travail, l’autre tiers étant expliqué
par l'augmentation escomptée du taux d'emploi des travailleurs âgés (entre 55 et 64 ans).
Cependant, les taux d’emploi élevés offriront un répit qui ne sera que temporaire : même si l'objectif de
la «stratégie de Lisbonne» de l'Union est atteint - soit un taux d'emploi global de 70 % - le nombre total
de personnes travaillant devrait diminuer de 30 millions entre 2010 et 2050. Si les politiques ne
changent pas (améliorations de la qualité de la main-d’œuvre car une population plus jeune mieux
éduquée remplace les travailleurs âgés qui partent à la retraite par exemple), les dépenses publiques
liées au vieillissement dans les 25 de l'UE augmenteront en moyenne de 3 à 4 pour cent de points du
PIB d’ici 2050, c’est-à-dire d’environ 10 % ; cette tendance se fera sentir dès 2010, et deviendra
particulièrement marquée entre 2020 et 2040.
Ces tendances démographiques sont un défi considérable pour la viabilité des finances publiques et
des systèmes de protection sociale dans la plupart des États membres de l'UE. Ces dernières années,
beaucoup de gouvernements de l’UE ont introduit des réformes qui commencent à porter leurs fruits,
particulièrement en ce qui concerne les retraites du secteur public et les systèmes d'emploi et
d’enseignement, comme l’a montré l’augmentation rapide du taux d’emploi des travailleurs âgés depuis
l’année 20008. Des réformes plus profondes seront pourtant nécessaires, et un des domaines clés
devant être développé en matière de politique est le prolongement de la vie active.
6 Voir Commission européenne : The demographic future of Europe - from challenge to opportunity (2006) ; et Europe's
demographic future : facts and figures (2007).
7 Rapport entre le nombre de personnes âgées de plus de 64 ans et la population en âge de travailler (entre 15 et 64 ans).
8 Voir Commission européenne (2007 ; à paraître), Employment in Europe, Chapitre 2.
5
...avec une composition de la main-d’œuvre qui change...
La composition de la main-d’œuvre de l’Europe continuera à changer, en conséquence de la
modification de la structure des âges. L’accroissement temporaire de la fécondité après la seconde
guerre mondiale - qui a produit un dividende de la productivité lorsque la génération du baby-boom est
arrivée sur le marché du travail - posera bientôt un problème, la génération du baby-boom commençant
à prendre sa retraite et augmentant la proportion de dépendants dans la population. Il est toutefois
important de noter qu'une population active plus âgée et des durées d'emploi plus longues peuvent être
une opportunité plutôt qu'un désavantage, et ne signifient pas une main-d’œuvre moins productive. Les
travailleurs ne sont pas nécessairement moins productifs ou novateurs avec l'âge : la baisse des
facultés physiques et mentales varie considérablement, en fonction des personnes concernées et de
l'efficacité des politiques sanitaires de prévention. Ce qui est plus important, c’est que les pertes de
productivité peuvent être compensées par l’expérience plus grande des travailleurs, des modifications
dans l’organisation du travail et une utilisation plus efficace des technologies de l’information et de
communication (TIC, voir la section suivante). En outre, les générations futures de travailleurs âgés
bénéficieront de niveaux de formation plus élevés9, réduisant ainsi le risque d’un développement plus
lent des nouvelles technologies avec le vieillissement.
Les jeunes générations arrivant sur le marché du travail sont déjà beaucoup moins nombreuses suite à
la baisse de la fécondité. Le nombre d’enfants âgés de 0 à 14 ans dans l’Union européenne a baissé
constamment depuis 1975, chutant d'environ 100 millions à un nombre estimatif de 66 millions en 2005.
Paradoxalement, ces chiffres de recul en eux-mêmes ne facilitent pas forcément l'accès des jeunes au
marché du travail : une bonne formation et des compétences adéquates seront encore plus essentielles
pour assurer la stabilité de l'emploi. Notamment, un bon départ dans la vie restera primordial, les
désavantages accumulés pendant l'enfance tendant à persister et ne pouvant être corrigés que
partiellement par le biais de mesures destinées à y pallier10. La diminution du nombre de personnes
arrêtant tôt l’école est un défi politique important pour l’UE, l'abandon des études étant associé à des
perspectives d'emploi médiocres, un risque de chômage plus élevé et des emplois à faible productivité
et de qualité restreinte.
... et des flux migratoires en augmentation
L’Europe est déjà la destination des principaux flux migratoires en provenance des pays tiers. En 2004,
l’Union européenne a enregistré 1,8 millions d’immigrés, comparé à juste 500 000 dix ans auparavant.
Ceci est plus que les Etats-Unis par rapport à la population totale, bien que la population d’origine
étrangère de l’UE (9 %) soit toujours inférieure à celle des USA (12 %) et bien sûr du Canada et de
l’Australie (20 %). Concernant le marché du travail, deux nouveaux emplois sur 10 créés au sein de l’UE
entre 1995 et 2005 étaient justifiés par les immigrés des pays tiers.
L’immigration ne peut compenser que partiellement les tendances de partition des classes d'âge de la
population européenne, parce-que les populations immigrées deviennent âgées à la même vitesse que
les populations locales, et aussi car, au fil du temps, elles adoptent les mêmes modèles de fécondité
que la société d’accueil. La plupart des études indiquent que les conséquences de l'immigration sur le
marché du travail global dans les économies développées sont positives mais que leur étendue est
limitée. Par ailleurs, même actuellement, 40 % seulement des immigrants des pays tiers entrent dans
l’UE pour des raisons d'emploi, les autres immigrant au titre du regroupement familial ou étant des
demandeurs d'asile.
Cependant, l’immigration en améliorant la mobilité de la main-d’œuvre à l'intérieur même de l'UE -
pourrait aider à rendre le marché du travail plus souple et à soulager les pénuries de main-d’œuvre.
Dans le contexte des sociétés européennes vieillissantes et de la demande croissante de services
personnels (dans les soins médicaux par exemple), l’immigration peu ou moyennement qualifiée va
vraisemblablement augmenter : Eurostat prévoit qu’environ 40 millions de personnes vont immigrer
vers l’Union européenne entre aujourd’hui et 2050. La plupart de ces immigrants étant en âge de
travailler, ils font baisser l'âge moyen de la population. Néanmoins, les répercussions à plus long terme
restent incertaines, puisqu'elles dépendent également de la nature plus ou moins restrictive des
politiques de regroupement familial et des tendances en matière de fécondité des populations
migrantes. Dans ce contexte, alors que les tentatives de micro-gestion à court terme des marchés du
travail de l’UE par le biais de l’immigration ne peuvent pas manquer d'échouer, un élément important
pour l'avenir sera le développement d'instruments politiques et d’indicateurs statistiques plus
performants, pour analyser la migration et concevoir des mesures destinées à répondre aux besoins du
marché du travail à long terme.
9 Voir par exemple, Commission européenne (2007 ; à paraître), Employment in Europe, Chapitre 4.
10 Commission européenne (2007), Investing in Youth: from childhood to adulthood.
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