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TABLE DES MATIERES
1. Introduction
2. Généralités
2.1. Conformation structurale des troponines et mécanismes d’actions
2.2. Aspects moléculaires et génétiques
2.3. Souffrance myocardique et troponine
2.4. Les troponines I et T comme outils diagnostiques
3. Troponine et pathologies coronaires
3.1. Syndrome coronaire aigü
3.2. Troponine et infarctus du myocarde périopératoire d’une chirurgie
3.3. Troponine I et cathétérisme coronaire
4. Troponine et pathologies extracoronaires
4.1. Troponine et insuffisance rénale chronique
4.2. Troponine et contusion myocardique
4.3. Troponine et cardioversion et ablation
4.4. Troponine et sepsis
4.5. Troponine et chimiothérapie
4.6. Troponine et amylose AL avec atteinte cardiaque
4.7. Troponine et myopéricardite
4.8. Troponine et cœur pulmonaire aigu ou hypertension artérielle pulmonaire
4.9. Troponine et insuffisance cardiaque
4.10. Troponine et anémie
4.11. Troponine et transplantation cardiaque
4.12. Troponine et troubles du rythme
4.13. Troponine et accident vasculaire cérébral
4.14. Troponine et effort physique intense
4.15. Troponine et pathologies extracardiaques engageant le pronostic vital
4.16. Troponine et pathologie de l’aorte thoracique
4.17. Faux positifs et faux négatifs de troponine : existent-ils ?
5. Conclusion
6. Bibliographie
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1. INTRODUCTION
Les troponines sont des protéines qui interviennent dans la régulation de la contraction
musculaire, aussi bien dans les muscles striés squelettiques que dans le muscle cardiaque. Elles
sont les marqueurs de choix dans le diagnostic et la surveillance des souffrances myocardiques, de
par leur haute sensibilité et spécificité.
La fréquence et la diversité des situations cliniques associées à une élévation modérée de la
troponine dans notre service d’urgences cardiologiques a conduit à s’intéresser aux travaux et
réflexions d’autres équipes menés dans ce domaine. Depuis le début du siècle, la littérature sur ce
sujet est particulièrement fournie. Son analyse suggère que la troponine peut être augmentée en
dehors du cadre nosologique des pathologies coronaires par des mécanismes aussi nombreux que
variés. En outre, la morbi-mortalité des patients concernés par ce phénomène biologique est aussi
péjorative, d’une part, que l’élévation soit minime ou franche, d’autre part, qu’il s’agisse ou non
d’un syndrome coronarien aigu.
Il est alors apparu indispensable de rapporter ces principaux résultats à travers une analyse
exhaustive des données de la littérature, afin de mieux appréhender ce contexte clinico-
biologique, source de difficultés diagnostiques dans le quotidien de nombreux services de
médecine, de chirurgie et d’urgences.
2. GENERALITES
2. 1. Conformation structurale des troponines et mécanismes d’action
Les troponines sont des protéines qui interviennent dans la régulation de la contraction
musculaire, aussi bien dans les muscles striés squelettiques que dans le muscle cardiaque.
Le muscle cardiaque se caractérise par des cellules à noyau central, les cellules étant associées
les unes aux autres par des disques intercalaires. Le réticulum sarcoplasmique y est moins
développé que dans les cellules du muscle strié squelettique.
Le mécanisme de contraction musculaire repose sur le glissement des filaments d’actine
(fins) sur des filaments de myosine (épais), chaque filament gardant ainsi une longueur constante.
Cette association de filaments fins et épais forme le sarcomère, qui est ainsi capable de se
déformer. La molécule de myosine est formée de deux chaînes lourdes enroulées parallèlement
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pour former une hélice coudée portant deux têtes aux extrémités N-terminales, ces têtes faisant
saillie autour des extrémités du filament épais. Lors du phénomène de contraction musculaire, la
tête de la myosine vient s’acccrocher sur la molécule d’actine ; le filament d’actine « glisse » alors
d’un cran sous l’influence d’un mouvement de bascule de 45 degrés de la tête de la molécule de
myosine. Ce mécanisme se déroule simultanément dans l’ensemble de la myofibrille, produisant le
raccourcissement de la fibre
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. Le moteur moléculaire de ce glissement est l’hydrolyse de la
molécule d’ATP fixée sur la tête de myosine. Cette interaction actine-myosine est bien sûr régulée
sous l’influence de la modification de la concentration intracellulaire de calcium et dépend du
complexe protéique associé au filament d’actine, le complexe troponine-tropomyosine, formant
l’unité de base de la régulation de la contraction.
Cette unité de base de régulation de la contraction musculaire est formée de sept monomères
d’actine, interagissant avec un dimère de molécules de tropomyosine (alpha-bêta tropomyosines
organisées en structure hélicoïdale) en association avec un hétérotrimère formé de trois molécules
différentes de troponine : une molécule de troponine C (cTnC), une molécule de troponine I
(cTnI) et une molécule de troponine T (cTnT) (Figure 1).
Figure 1 : Structure d'un filament fin d'actine.
D’après cox.miami.edu
Le complexe troponine (Figure 2) est donc une protéine régulatrice de l’interaction entre
l’actine (filament fin) et la myosine (filament épais) de la fibre musculaire striée : elle est au cœur
du contrôle de la sensibilité calcique de l’adénosine triphosphate, dont dépend la contraction
musculaire. Ce complexe est constitué de trois unités :
− la troponine T (cTnT) fixe le complexe troponine à la tropomyosine
− la troponine C (cTnC) fixe le calcium
− la troponine I (cTnI) a une action inhibitrice sur la contraction en l’absence de calcium
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Figure 2 : Schéma du couplage excitation-contraction au sein du myocyte.
D’après cox.miami.edu
La troponine T est la sous-unité du complexe qui permet l’ancrage des TnI et TnC sur la
tropomyosine. Il s’agit d’une protéine ayant la forme d’une tige, allongée dans le sillon de l’hélice
d’actine. La TnT cardiaque humaine exprimée chez l’adulte est composée de 287 acides aminés
avec une masse moléculaire de 34,5 kDa. La TnT interagit non seulement avec la tropomyosine,
mais également avec la TnC, la TnI et l’actine. En présence de calcium, la TnT joue ainsi un rôle
crucial dans la fixation du complexe troponine-tropomyosine sur l’actine.
La troponine C est la sous-unité du complexe qui fixe le calcium. La TnC cardiaque
humaine est composée de 161 acides aminés avec une masse moléculaire de 18,4 kDa. Cette
protéine est formée de trois domaines principaux : deux domaines globulaires, l’un situé à la
partie N-terminale de la molécule et l’autre situé à la partie C-terminale. Ces domaines sont reliés
par un domaine central en hélice alpha permettant une flexibilité de la molécule de TnC. Ils
possèdent des sites de fixation du calcium : deux d’entre eux, situés sur la partie N-terminale, sont
de faible affinité (Ka=106 m-1) ; les deux autres sont de forte affinité (Ka=107 m1). Cependant, le
premier site de fixation sur la partie N-terminale de la molécule n’est pas fonctionnel dans la TnC
exprimée dans le muscle cardiaque, qui ne possède donc que trois sites de fixation pour le
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calcium. L’activation du muscle cardiaque est déclenchée par la fixation du calcium sur le site
situé sur la partie N-terminale de la molécule. La TnC, grâce à ses deux domaines globulaires,
interagit principalement avec la TnI et, à un moindre degré, avec la TnT. L’interaction entre TnC
et TnI est augmentée en présence de calcium.
La troponine I est la sous-unité du complexe qui possède une activité inhibitrice de
l’ATPase de la tête de myosine. Cette molécule empêche donc l’hydrolyse de la molécule d’ATP
fixée sur la tête de la myosine à l’état de repos (état 1). La TnI cardiaque humaine exprimée chez
l’adulte est composée de 209 acides aminés avec une masse moléculaire de 24 kDa. Il s’agit d’une
protéine globulaire dont l’activité inhibitrice correspond à une séquence de 20 acides aminés
située au centre de la molécule (acides aminés 128 à 148) immédiatement suivie d’une courte
séquence régulatrice de 16 acides aminés (acides aminés 149 à 164). La TnI interagit non
seulement avec les TnC et T, mais également avec l’actine et vraisemblablement avec la
tropomyosine. Les sites d’interaction TnI-tropomyosine ne sont toutefois pas encore identifiés.
En l’absence de calcium, la TnI contribue avec la tropomyosine à la fixation du complexe
troponine-tropomyosine sur l’actine).
2. 2. Aspects moléculaires et nétiques
Dans le génome humain, huit gènes codant les troponines ont été identifiés et leur localisation
précie. Concernant les troponines exprimées au niveau du myocarde, un gène (TNNI3) code
spécifiquement la TnI cardiaque, un autre gène (TNNT2) code spécifiquement la TnT cardiaque,
alors qu’un même gène (TNNC1) code non seulement la troponine C cardiaque, mais également
celle qui est exprimée dans les fibres lentes du muscle str squelettique. Ceci explique l’impossibilité
d’utiliser la TnC cardiaque comme marqueur spécifique du cardiomyocyte.
Les six gènes codant les isoformes des TnI et TnT des muscles striés sont localisés sur trois
sites chromosomiques, chacun correspondant à une paire de gènes troponine I-troponine T.
Quatre isoformes de la troponine T cardiaque dénommées cTnT1 à cTnT4 sont exprimées dans
le muscle cardiaque par un mécanisme d’épissage alternatif combinatoire de deux exons, les exons
4 et 5. L’expression de ces quatre isoformes est régulée au cours du veloppement et ces
isoformes ne sont donc pas toutes exprimées dans le ur adulte. L’isoforme cTnT1 est ainsi
l’isoforme majoritaire durant la vie fœtale alors que l’isoforme cTnT3 est la seule forme exprimée
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