
Intelligence économique et développement régional, CONFIDENTIEL 2/7
1. Rappel des enjeux économiques de notre région : mondialisation et délocalisation,
vieillissement de la population.
Ces derniers mois, la Bretagne « économique » est passée des crises touchant le cœur
historique de son économie (agriculture et agroalimentaire) à celles touchant les activités
développées ces dernières décennies (filière TIC). Un point commun relie toutes ces crises : la
mondialisation des échanges.
La mondialisation que nous vivons aujourd’hui est nouvelle : elle dépasse le simple cadre des
échanges commerciaux et dépasse la vision d’un partage entre les pays riches qui seraient
spécialisés sur de la production à valeur ajoutée et les pays pauvres condamnés à être l’atelier
de ces pays riches. L’exemple de la Chine et d’autres pays asiatiques (Singapour par exemple)
est éloquent. Alors que ces pays se positionnaient sur de l’industrie de main d’œuvre à faible
valeur ajoutée (montage de composants, textile…), ils entament une évolution qui les porte
vers des métiers à plus haute valeur ajoutée intégrant la conception et la commercialisation.
A côté de ces évolutions qui touchent nos facteurs de production, apparaît de plus en plus la
question de la dépense des revenus créés. Une filiale de multinationale implantée sur une zone
géographique va créer de la valeur ajoutée sur cette zone. Or, du fait de la mondialisation de
l’économie, de la liberté de circulation des flux de marchandises et des flux financiers,
l’entreprise n’est plus contrainte de dépenser la valeur ajoutée créée sur le territoire de sa
création. Ainsi, l’implantation d’entreprises à haute valeur ajoutée n’est pas suffisant pour
garantir l’enrichissement d’une zone géographique, il faut créer les conditions pour que les
revenus créés soient aussi dépensés, pour qu’il y ai un retour de la valeur ajoutée créée.
A coté de cette nouvelle mondialisation, la France et la Bretagne vont avoir à faire face au
vieillissement de leur population. La question que pose cette évolution démographique est une
question de production de revenus. Comment produire suffisamment de revenus à partager
dans un contexte où les actifs concourrant à cette production diminuent et le nombre
«d’inactifs » bénéficiant de ces revenus s’accroît.
Le premier élément de réponse se situe dans le temps de travail et le taux d’activité : la France
a en Europe le taux d’activité chez les jeunes et chez les plus de 50 ans le plus faible. Cette
situation est certainement à améliorer. C’est d’abord de la responsabilité des entreprises qui
doivent d’ores et déjà se préparer à garder leur personnel plus longtemps tout en imaginant les
différentes façons, en lien avec les universités et les instituts de formation, d’intégrer les plus
jeunes qui sont aujourd’hui les premiers touchés par le chômage.
Mais, cet élément ne répond pas à la question de fond évoquée plus haut : comment produire
autant voire plus avec moins d’actifs. Le défi est donc de faire produire plus par chacun des
salariés bretons et français. Dans une logique de constitution de pôle de compétences, cela
passe notamment par :
− l’innovation comme capacité à anticiper et adapter sans cesse ses structures vers plus
d’efficacité et de progrès,
− la hausse de la productivité du travail des actifs par la formation, la mobilité…
La troisième mondialisation après celles du XVème et du XIXème siècle met notre région
devant ses faiblesses mais aussi devant ses succès. Il n’était sûrement pas évident
d’imaginer il y a une dizaine d’année dans une Bretagne agricole que la préoccupation
de nos élus de 2004 serait la crise de la filière TIC. A cette mondialisation, s’ajoute le
défi que représente le vieillissement de la population et qui pose la question de la
capacité à produire suffisamment de revenus pour tous avec moins de participants à la
production de ces revenus.