L`Encyclique « Caritas in veritate » « l`Amour dans la vérité »

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Encyclique
« Caritas in veritate »
« l’Amour dans la vérité »
Guide de lecture
Antenne Sociale du Diocèse de Tarbes et Lourdes
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L’Encyclique « Caritas in veritate » « l’Amour dans la vérité »
Guide de lecture
Le Pape Benoît XVI a publié le 7 juillet 2009 l’Encyclique « l’Amour dans la Vérité ». Il a
voulu ainsi apporter sa contribution à la réflexion sur la situation mondiale dans le domaine
social et économique. Il a voulu lancer à toute l’Eglise et aux hommes de bonne volonté une
invitation à reprendre les pistes de travail qu’il nous ouvre.
L’Encyclique ne fournit pas des recettes ou des solutions toutes faites pour répondre avec
justesse au développement des peuples. Elle invite à nous ouvrir à des questions qui, sur le
plan tant humain que chrétien, sont essentielles dans le jeu des rapports sociaux de plus en
plus mondialisés.
L’objectif est ici de porter un regard sur l’état des lieux ainsi que sur les comportements et
les actions nouvelles pour un développement de tout l’homme et de tous les hommes. Nous
sommes également invités à nous ouvrir à une vision spirituelle renouvelée de l’action
humaine dans le service du monde.
Ce guide de lecture, que nous proposons, ne veut en aucun cas se substituer au texte luimême de l’Encyclique. Il veut, bien au contraire, nous aider à y entrer. Nous présentons tout
d’abord le plan général qui fait apparaître la dynamique du message. Par chapitre ensuite,
nous avons listé divers extraits parmi les plus significatifs. Ils vous aideront, à travers les
questions proposées à la suite, à faire vôtre (seul ou en groupe), les appels, les interrogations
et les suggestions que nous lance aujourd’hui Benoît XVI.
Le texte intégral de l’Encyclique est à votre disposition (contact auprès de votre paroisse).
Il est fait pour nous tous et non réservé à une élite ou un groupe d’initiés. Cette Encyclique
(lettre circulaire) du Pape aux chrétiens et aux hommes de bonne volonté, nous appartient : à
nous de la faire nôtre et de la faire connaître autour de nous.
Nous restons à votre service pour toute question complémentaire. Nous disposons d’un
matériel audiovisuel pour une rencontre autour de l’Encyclique et une présentation du guide
de lecture qui suit. Il appartient à chaque Secteur pastoral ou Ensemble paroissial, Service ou
Mouvement d’Eglise, de nous faire signe.
Pour tout contact :
Antenne Sociale Diocésaine
Maison Saint Paul
51 Rue de Traynès
65 000 TARBES
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Sommaire
P 4 et 5 - Plan général de l’Encyclique
P 6
Introduction
P 7
Chapitre
P 8 et 9
Chapitre II
P 10 et 11
I
Chapitre III
Le message de « Populorum Progressio »
Le Développement humain aujourd’hui
Fraternité, Développement économique
et Société civile
P 12 et 13
Chapitre IV
Développement des peuples, Droits et
Devoirs, Environnement
P 14 à 16
Chapitre V
La Collaboration de la Famille humaine
P 17 et 18
Chapitre VI Le Développement des peuples
et la Technique
P 19
Conclusion
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Plan général de l’Encyclique « Caritas in Veritate »
Introduction : (n°1 à 9)
- « La charité dans la vérité » : pourquoi ce titre quand il s’agit du développement ?
L’amour – charité est au cœur de toute relation humaine, de même que la vérité, laquelle
inspire toute confiance pour une rencontre équitable.
Deux priorités dans l’action pour le développement : la justice et le bien commun.
-
Chapitre I Référence au message de « Populorum Progressio », (n°10 à 20)
Encyclique de Paul VI sur le développement des peuples, parue en 1967
Dans la tradition de Vatican II, la notion du développement humain intégral (tout
l’homme et tous les hommes) est reprise ici par Benoît XVI après Paul VI :
le développement est défini comme une vocation. Car, à ce niveau, il naît d’un appel
transcendant. Le fondement est ici posé.
Chapitre II L’état du développement humain aujourd’hui. (n°21 à 33)
Le point sur la situation mondiale et les questions nouvelles qui menacent l’humanité :- la
progression des inégalités,
- la limite du pouvoir des Etats face à la mobilité croissante des capitaux
et des moyens de production.
Diverses conséquences en résultent :- l’affaiblissement des droits sociaux
- l’insécurité alimentaire
- l’uniformisation de la culture e.t.c
- Pour y remédier, invitation à la collaboration de tous (chercheurs, économistes,
théologiens, scientifiques) en vue d’alternatives à mettre en œuvre.
-
Chapitre III Fraternité, développement économique et société civile (n°34 à 42).
-
Invitation à retrouver dans nos sociétés et au sein de l’économie elle-même, le principe de
gratuité et la logique du don.
Ouverture sur l’économie sociale et solidaire, ainsi que la responsabilité sociale de
l’entreprise.
Vision ouverte de la mondialisation (phénomène multi dimensionnel et polyvalent)
comme appel à la fraternité entre les peuples.
Chapitre IV Développement des peuples, droits et devoirs, environnement
(n°43 à 52)
- Invitation à situer les relations entre personnes, groupes ou pays – plus
particulièrement lorsqu’il s’agit d’une action de développement – dans une logique de
droit et devoir.
- Dans la crise économique et sociale, rappel de la dignité inviolable de la personne
humaine, ainsi que des normes morales naturelles.
- Dans le domaine de la coopération internationale, enjeu des microprojets qui
responsabilisent les personnes et les populations.
- Importance du respect de l’environnement et des ressources naturelles à partager
équitablement. Ainsi se construit le présent et l’avenir de l’humanité.
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Chapitre V La collaboration de la famille humaine (n°53 à 67)
-
La fraternité entre les peuples (la famille humaine) : fondement du développement à
mettre en œuvre dans un cadre mondialisé.
La Trinité comme référence et fondement de la vraie fraternité pour les croyants.
Enjeu du principe de subsidiarité, allié à celui de la solidarité (respect de la responsabilité
de chacun et de chaque peuple pour ne pas tomber dans l’assistanat).
L’Encyclique énumère ici quelques aspects de la situation actuelle, abordés dans cette
logique en vue d’un développement humain intégral : l’aide au développement des pays
pauvres, le tourisme international, les flux migratoires, le chômage et la pauvreté, les
travailleurs isolés, les précaires et les organisations syndicales, la finance éthique, le
pouvoir des consommateurs et les organisations internationales.
Chapitre VI Le développement des peuples et la technique (n°68 à 77).
- Ouverture à une notion positive de la technique comme maîtrise de l’esprit sur la
matière et résultat du travail et de la recherche de l’homme. Elle s’inscrit dans la mission
de cultiver et de garder la terre (cf : Genèse II 15).
- Invitation à ne pas réduire la technique ou l’absolutiser, mais à la situer toujours au
service de l’homme.
- L’Encyclique met en exergue quelques aspects de la réalité actuelle où la technique
risque de prendre le pas sur les aspirations de l’homme et des peuples : la paix entre
les nations, les médias, les excès de la bioéthique, la question sociale e.t.c.
Conclusion (n° 78 et79)
- Appel aux croyants : « L’amour de Dieu, nous appelle à sortir de ce qui est limité et non
définitif ; il nous donne le courage d’agir et de persévérer dans la recherche du bien de tous,
même s’il ne se réalise pas immédiatement…C’est la conscience de l’amour indestructible de
Dieu qui nous soutient. » (n°78)
« Le développement a besoin de chrétiens qui ont les mains tendues vers Dieu…conscients
que l’authentique développement n’est pas produit par nous mais nous est donné. » (n°79)
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Introduction (n°1 à 9)
Benoît XVI rappelle d’abord l’importance de l’amour-charité et de la vérité : « L’amour
donne une substance authentique à la relation personnelle avec Dieu et avec le prochain. Il
est le principe non seulement des micro relations : rapports amicaux, familiaux, en petits
groupes, mais également des macro – relations : rapports sociaux, économiques, politiques ».
(n°2)
Quant à la vérité : « …sans vérité, sans confiance et sans amour du vrai, il n’y a pas de
conscience ni de responsabilité sociale et l’agir social devient la proie d’intérêts privés et de
logiques de pouvoir qui ont pour effet d’entraîner la désagrégation de la société ». (n°5)
Ici, deux priorités se dégagent dans l’œuvre de développement : la justice et le bien
commun :
- « Non seulement la justice n’est pas étrangère à la charité, elle en est inséparable, elle
lui est intrinsèque. Je ne peux pas «donner » à l’autre du mien sans lui avoir donné
d’abord ce qui lui revient selon la justice ». (n°6)
- « Il faut prendre en grande considération le bien commun…A côté du bien individuel, il y
a le bien lié à la vie en société : le bien commun. C’est le bien du « nous-tous », constitué
d’individus, de familles, de groupes intermédiaires qui forment une communauté
sociale…C’est une exigence de la justice et de la charité que de vouloir le bien commun
et de le rechercher ». (n°7)
Exemple concret : des décisions prises au sein d’une commune ou communauté de
communes, concernant l’aménagement du territoire, peuvent porter préjudice aux biens
fonciers d’un ou de plusieurs propriétaires, et pourtant contribuer au bien commun de la
collectivité (voie de circulation, zone artisanale, déchetterie, e.t.c).
Ces exigences à vivre et à tenir dans « l’amour et la vérité » que sont la justice et le bien
commun ne vont pas de soi dans nos sociétés. Les chrétiens ne peuvent les éluder :
« L’amour dans la vérité est un grand défi pour l’Eglise dans un monde sur la voie d’une
mondialisation progressive et généralisée…L’Eglise n’a pas de solutions techniques à offrir
et ne prétend aucunement s’immiscer dans la politique des Etats. Elle a toutefois une mission
de vérité à remplir en tous temps et en toutes circonstances, en faveur d’une société à la
mesure de l’homme, de sa dignité et de sa vocation ». (n°9)
Questions à reprendre
-Dans mes responsabilités familiales, sociales, professionnelles (ou autres…) comment
j’essaie de vivre à la fois l’amour et la vérité ?
- Là où nous sommes, comment être acteurs d’un développement au service de la justice et
du bien commun ?
-Comment l’Eglise locale peut-elle remplir cette « mission de vérité » en faveur d’une société
à la mesure de l’homme, de sa dignité et de sa vocation ?
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Chapitre I
Le message de « Populorum Progressio » (n°10 à 20)
Plus de quarante ans après sa publication « en 1967, Benoît XVI nous invite à relire
l’Encyclique du pape Paul VI « Populorum progressio » (« Le développement des peuples ).
L’Encyclique « La charité dans la vérité » s’inscrit dans le sillage du Concile Vatican II et de
l’enseignement des divers papes qui l’ont suivi.
Dans le message de Paul VI, Benoît XVI détecte deux grandes vérités :
1) « Toute l’Eglise, dans tout son être et son agir, tend à promouvoir le développement
intégral de l’homme quand elle annonce, célèbre et œuvre dans la charité. Elle a un rôle
public qui ne se borne pas à ses activités d’assistance ou d’éducation, mais elle déploie
toutes ses énergies au service de la promotion de l’homme et de la fraternité
universelle ». (n°11)
2) « Le développement authentique de l’homme concerne unitairement la totalité de la
personne dans chacune de ses dimensions ». D’où l’enjeu d’une ouverture à l’absolu :
« sans la perspective d’une vie éternelle le progrès humain demeure en ce monde privé
de souffle. Enfermé dans l’histoire, il risque de se réduire à la seule croissance de
l’avoir ». (n°11)
Le message du pape Paul VI donnant toute sa dignité à l’œuvre de développement est repris
à partir de son exhortation sur l’annonce de l’Evangile (« Evangelii nuntiandi ») : « Le
témoignage de la charité du Christ à travers les œuvres de justice, de paix et de
développement, fait partie de l’évangélisation car, pour Jésus-Christ, qui nous aime, l’homme
tout entier est important ». (n°15)
L’action de développement s’appuie sur des moyens matériels et humains. Elle fait appel à
divers outils et services techniques, elle s’inscrit dans des programmes ou plans concertés.
Mais, pour le croyant, elle reste d’abord une réponse à une vocation : « Dans le dessein de
Dieu chaque homme est appelé à se développer car toute vie est vocation ».
(n°16), et : « …définir le développement comme une vocation, c’est reconnaître, d’un côté,
qu’il naît d’un appel transcendant et, de l’autre, qu’il est incapable de se donner à lui-même
son sens ultime…Il n’y a d’humanisme vrai qu’ouvert à l’absolu » (n°16)
Cette vision du développement (comme développement humain intégral), perçue comme
une vocation
-suppose la liberté responsable des personnes et des peuples.
-exige qu’on en respecte la vérité.
-implique que la charité (recherche de fraternité entre les hommes et les peuples), y
occupe une place centrale (n° 17.18et 19)
Questions à reprendre
-Comment l’Eglise locale, dans tout son être et son agir contribue-t-elle à promouvoir le
développement intégral de l’homme ?
- Comment l’Evangile nourrit-il concrètement nos engagements -dans nos vies personnelles,
nos communautés, notre vie publique e.t.c…- en faveur d’une société de liberté et de justice ?
-Comprendre le développement comme une vocation : comment accueillons-nous cet appel et
quel sens lui donnons-nous dans les lieux où nous intervenons ?
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Chapitre II
Le développement humain aujourd’hui (n°21 à 33)
Plus de quarante ans après l’Encyclique du pape ¨Paul VI sur le développement des
peuples (1967), Benoît XVI fait le point de la situation mondiale. Même si un certain
développement s’est réalisé, il continue d’être meurtri « par des déséquilibres et des
problèmes dramatiques… qui ont un impact décisif sur le bien présent et futur de
l’humanité » (n°21).
L’Encyclique nous invite pourtant à assumer la situation présente et à faire face à l’avenir :
« La crise nous oblige à reconsidérer notre itinéraire, à miser sur des expériences positives,
elle devient occasion de discernement, elle nous met en capacité d’élaborer de nouveaux
projets. »(n°21)
Parmi les phénomènes les plus apparents le pape souligne :
les inégalités qui se retrouvent, et même progressent, tant dans les pays riches que dans
les pays pauvres, alors que la richesse mondiale augmente en terme absolu (n°22)
- les limites du pouvoir des Etats face à la mobilité croissante des capitaux financiers et
des moyens de production au plan international.
Il s’en suit évidemment des fragilités nouvelles. La mobilité du travail liée à une
déréglementation généralisée a conduit à un affaiblissement de la protection sociale et des
droits des travailleurs dans le système économique mondial.
-
Benoît XVI n’hésite pas à reprendre ici l’appel du pape Léon XIII à la fin du XIX° :
« Les organisations syndicales (ouvrières ou paysannes) éprouvent de grandes difficultés
à remplir leur rôle de représentation des travailleurs…L’invitation, formulée déjà en 1891
dans l’Encyclique « Rerum novarum », à susciter des associations de travailleurs pour la
défense de leurs droits, est aujourd’hui plus pertinente encore qu’hier, ceci afin de donner
une réponse à l’urgence d’instaurer de nouvelles synergies au plan international comme au
plan local » (n°25)
Il conclut en rappelant le sens de l’homme dans la pensée sociale de l’Eglise :
« L’homme, la personne dans son intégrité, est le premier capital à sauvegarder et à
valoriser. En effet, c’est l’homme qui est l’auteur, le centre et la fin de toute la vie
économique et sociale » ( n°25)
Le développement des peuples s’articule sur leurs identités culturelles. Or, à ce jour, on
assiste à un nivellement des cultures qui produit une uniformisation des comportements et
des styles de vie : « Le risque existe de réduire l’homme à un donné purement culturel. Quand
cela advient l’humanité court de nouveaux périls d’asservissement et de manipulation ».
(n°26)
A ce jour encore un milliard d’êtres humains (soit une personne sur 6 dan le monde)
souffre de malnutrition. L’Encyclique invite ici à l’action : « L’insécurité alimentaire doit être
affrontée dans une perspective à long terme…en promouvant le développement agricole des
pays les plus pauvres…en impliquant les communautés locales dans un souci de durabilité. Il
est nécessaire que se forme une conscience solidaire qui considère l’alimentation et l’accès à
l’eau comme droits universels pour tous les êtres humains, sans distinctions, ni
discriminations » .( n°25)
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Parmi les questions qui menacent le développement des peuples, le Pape souligne le non
respect de la vie tant à l’origine (pratique tant de l’avortement que de la stérilisation) qu’à la
fin (place des vieillards et de l’handicap lourd). Il en appelle à l’accueil et au respect de la vie.
L’ouverture à la vie n’est-elle pas la base même de tout développement humain ?
En terminant ce chapitre sur l’état du développement aujourd’hui, Benoît XVI invite les
scientifiques, les philosophes et les théologiens à œuvrer ensemble en confrontant leurs
analyses et leurs perspectives :
« Les évaluations morales et la recherche scientifique doivent croître ensemble. La
charité doit les animer en un ensemble disciplinaire harmonieux. La doctrine sociale de
l’Eglise a une importante dimension inter disciplinaire Elle permet à la foi, à la théologie, à
la métaphysique et aux sciences de trouver leur place en collaborant au service de l’homme »
(n°31)
« Il s’agit d’élargir la raison et de la rendre capable de comprendre et d’orienter de
nouvelles dynamiques dans la perspective de la « civilisation de l’amour » dont Dieu a semé
le germe dans chaque peuple et culture » (n°33).
Questions à reprendre
L’Encyclique évoque, dans ce chapitre II, de nombreux aspects de la réalité d’aujourd’hui,
qui conditionnent, empêchent ou favorisent le développement des hommes et des peuples :
- d’après vous quels sont les plus importants et les plus marquants ? Dans quels sens ?
- y aurait-il d’autres aspects de la réalité actuelle qui ne sont pas mentionnés ? Lesquels ?
- face à ces diverses réalités, comment pouvez-vous intervenir seul ou avec d’autres ?
- que peut faire l’Eglise pour favoriser le développement de tout l’homme et de tous les
hommes, soit au plan local soit plus largement ?
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Chapitre III
Fraternité, Développement économique et Société civile. (n° 34 à 42)
Benoît XVI nous rappelle tout d’abord l’importance de la gratuité et du don dans la vie
personnelle et sociale : « La gratuité est présente dans la vie sous de multiples formes qui
souvent ne sont pas reconnues en raison d’une vision de l’existence purement productiviste et
utilitariste. L’être humain est fait pour le don ; c’est le don qui exprime et réalise sa
dimension de transcendance ». (n°34)
Pour répondre aux défis que le développement des peuples doit affronter en cette période
de mondialisation et de crise économique et financière, nous sommes invités à « …montrer,
tant au niveau de la pensée que des comportements…que dans les relations marchandes le
principe de la gratuité et la logique du don, comme expression de fraternité, peuvent et
doivent trouver leur place à l’intérieur de l’activité économique normale. » (n°36)
L’Encyclique ici se fait plus précise. L’Economie actuelle nous enferme dans le binôme
marché/état : au marché, les tractations fondées sur les échanges ; à l’Etat, la correction des
dégâts humains et sociaux par diverses mesures de rattrapage. Est-il alors possible de sortir de
ce système binaire où l’homme n’est plus qu’un pion sur l’échiquier ? Le Pape introduit ici le
don et la gratuité dans l’action économique elle-même. Il parle d’une économie « civile et de
communion » :
« A l’époque de la mondialisation, l’activité économique ne peut faire abstraction de la
gratuité qui répand et alimente la solidarité et la responsabilité pour la justice et le bien
commun…A côté de l’entreprise privée tournée vers le profit, et des diverses entreprises
publiques, il est opportun que les organisations productrices à buts mutualistes et sociaux
puissent s’implanter et se développer »
« De leur confrontation sur le marché, on peut espérer une sorte d’hybridation des
comportements d’entreprise et donc une attention vigilante à la civilisation de l’économie ».
(n°38)
L’Economie sociale et solidaire développée dans nos pays illustre cet appel à une
autre forme d’entreprise. Parfois qualifiée de « tiers secteur » l’économie sociale et
solidaire représente un pan de l’activité économique qui ne fait partie, ni des entreprises
capitalistes (car il n’y a pas recherche de profit), ni des entreprises publiques (car elle
dépend du secteur privé).
Elle représente aujourd’hui en Europe une proportion importante des entreprises et
des emplois, à travers différents types d’organisations (mutuelles, coopératives,
associations, fondations) ayant toutes pour finalité l’intérêt général et l’utilité sociale.
Il s’agit ici de faire de l’économie autrement, fondée sur la solidarité et l’entraide, et
fonctionnant grâce à une dynamique citoyenne.
En Midi Pyrénées l’économie sociale et solidaire représente 13% de l’économie
régionale et près de 100 000 emplois.
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Parallèlement, la situation économique et sociale dans un système mondialisé « appelle à de
profonds changements dans la façon de concevoir l’entreprise ». Le Pape parle ici de
« responsabilité sociale de l’entreprise » : « La gestion de l’entreprise ne peut pas tenir
compte des intérêts des seuls propriétaires, mais aussi de ceux de toutes les autres catégories
de sujets qui contribuent à la vie de l’entreprise : les travailleurs, les clients, les fournisseurs
des divers éléments de la production, les communautés humaines qui en dépendent ». (n°40)
Cet appel est d’actualité à l’heure des délocalisations d’entreprises : « Un des risques les
plus grands est sans doute que l’entreprise soit presque exclusivement soumise à celui qui
investit en elle et que sa valeur sociale finisse par en être amoindrie ». (n°40) et : « Déjà,
Jean-Paul II observait qu’investir, outre sa signification économique, revêt toujours une
signification morale ». (n°40)
Et, enfin : « Il est bon de rappeler que la mondialisation doit être certainement comprise
comme un processus socio-économique, mais ce n’est pas là son unique dimension. Derrière
le processus le plus visible se trouve la réalité d’une humanité qui devient de plus en plus
interconnectée. Celle-ci est constituée de personnes et de peuples auxquels ce processus doit
être utile et dont il doit servir le développement, en vertu des responsabilités respectives
prises aussi bien par des individus que par la collectivité…Le dépassement des frontières
n’est pas seulement un fait matériel, mais il est aussi culturel dans ses causes et dans ses
effets…La mondialisation est un phénomène multidimensionnel et polyvalent, qui exige d’être
saisi dans la diversité et dans l’unité de tous ses aspects y compris sa dimension théologique.
Cela permettra de vivre et d’orienter la mondialisation de l’humanité en termes de
relationnalité, de communion et de partage. » (n°42)
Questions à reprendre :
-Quelle expérience je fais du don et du gratuit dans ma vie personnelle, familiale et sociale ?
-Qu’est-ce que je pense de l’appel du Pape, à introduire ces dimensions du don et du gratuit
dans le domaine économique ? Comment cela me parait-il possible ?
-Comment je perçois la « responsabilité sociale » de l’entreprise telle que la présente
l’Encyclique (illustrez votre réponse avec des exemples concrets) ?
-Comment aujourd’hui vivre la mondialisation et l’orienter de façon positive à la manière
dont le Pape Benoît XVI nous y invite ?
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Chapitre IV
Développement des peuples, Droits et Devoirs, Environnement.
(N°43 à 52)
Dans nos sociétés de consommation, les appétits et les désirs sont exacerbés jusqu’au
besoin du superflu. En même temps, les médias nous renvoient les images de régions du
monde où quantité d’hommes, femmes et enfants, manquent du nécessaire et sont en situation
de survie. Ils manquent du nécessaire (nourriture, eau potable, instruction primaire, soins
sanitaires élémentaires e.t.c…)
C’est dans ce contexte que le Pape nous invite à prendre conscience de nos responsabilités.
La mondialisation et ses effets nocifs et bénéfiques à la fois appellent nos pays développés au
devoir de solidarité universelle :
« Les pays qui ont le plus besoin de développement demandent que la communauté
internationale considère comme un devoir de les aider à être les artisans de leur destin, c'està-dire à assumer à leur tour des devoirs. » (n°43)
L’avenir serait alors différent pour le développement des peuples : « Avoir en commun des
devoirs réciproques mobilise beaucoup plus que la seule revendication des droits. » (n°43)
Sur un autre plan, les politiques de dénatalité constituent «…une limite très importante pour
le développement parce qu’elles concernent les valeurs primordiales de la vie et de la
famille… »
«… l’ouverture moralement responsable à la vie est une richesse sociale et
économique…Dans cette perspective, il importe de promouvoir le caractère central et
l’intégrité de la famille. » (n°44)
La crise financière internationale avec ses répercussions multiples au plan économique et
social pose aujourd’hui la question de l’éthique. Le mouvement des capitaux, la délocalisation
des entreprises font apparaître sa nécessité tant dans le monde l’économie que celui de la
finance. :
« Dans le monde développé, le système des certifications éthiques se répand à la suite du
mouvement d’idées né autour de la responsabilité sociale de l’entreprise. Les banques
proposent des fonds d’investissement appelés « éthiques ». Une finance « éthique » se
développe à travers le microcrédit et la microfinance dont les effets positifs se font sentir
même dans les régions les moins développées de la terre. » (n°45)
Sur ces questions, la doctrine sociale de l’Eglise met en avant deux critères fondamentaux :
 la dignité inviolable de la personne humaine créée à l’image de Dieu.
 la valeur transcendante des normes morales naturelles
Le développement de l’économie sociale et solidaire (déjà signalé au chapitre III (cf. n° 38
de l’Encyclique) est repris ici au n°46 comme un élément positif dans le monde de
l’économie : « Ce type d’entreprise fait évoluer le système vers une plus claire et complète
acceptation de leurs devoirs, de la part des agents économiques. Bien plus, la pluralité même
des formes institutionnelles de l’entreprise crée un marché plus civique et en même temps
plus compétitif. » (n°46)
Sur le plan de la coopération internationale le texte souligne, à côté des grands projets,
l’importance des microprojets qui mobilisent les acteurs de la société civile locale : « …dans
les pays qui sont exclus ou mis en marge des réseaux de l’économie mondiale, il est très
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important d’avancer par le biais de projets fondés sur une subsidiarité conçue et administrée
de façon adaptée, qui tendent à affermir les droits tout en prévoyant une prise de
responsabilités correspondantes. » (n°47)
Le développement est aujourd’hui fortement lié à la question du respect de
l’environnement : « La nature est à notre disposition, non pas comme « un tas de choses
répandues au hasard », mais comme un don du créateur qui en a indiqué les lois intrinsèques
afin que l’homme en tire les orientations nécessaires pour la cultiver et la garder….L’homme
en use pour ses besoins matériels et immatériels, dans le respect des équilibres propres à la
réalité créée. » (n°48)
En ce qui concerne les problèmes énergétiques : « L’accaparement des ressources
énergétiques non renouvelables par certains Etats, groupes de pouvoir ou entreprises,
constitue un grave obstacle au développement des pays pauvres…Dans de nombreux cas, ces
ressources se trouvent précisément dans les pays pauvres, ce qui engendre exploitations,
conflits entre nations avec dommages et victimes. » (n°49)
Sur ce plan, L’Encyclique invite la communauté internationale à planifier l’avenir en vue
d’une solidarité dans les relations entre pays industrialisés et en voie de développement, tant
dans la consommation de l’énergie et des ressources naturelles, que dans la recherche et la
mise en place d’énergies alternatives.
En fin de chapitre, le Pape interroge nos sociétés mais aussi chacun de nous en vue du
présent et de l’avenir : « Il est juste que l’homme puisse exercer une maîtrise responsable de
la nature…afin que la terre puisse accueillir dignement la population qui l’habite…Nous
devons cependant avoir conscience du grave devoir que avons de laisser la terre aux
nouvelles générations dans un état tel qu’elles puissent l’habiter décemment…en oeuvrant en
faveur de la protection de l’environnement, des ressources et du climat. » (n°50)
Les croyants et l’Eglise ont sur ce plan une responsabilité particulière :
« Il s’agit de renforcer l’alliance entre l’être humain et l’environnement, qui doit être le
reflet der l’amour créateur de Dieu, de qui nous venons et vers qui nous allons. » (n°50)
« L’Eglise a une responsabilité envers la création et doit la faire valoir publiquement. Ce
faisant, elle doit préserver non seulement la terre, l’eau et l’air comme dons de la création
appartenant à tous, elle doit aussi surtout protéger l’homme de sa propre destruction. Une
sorte d’écologie de l’homme, comprise de manière juste est nécessaire. » (n°51)
Questions à reprendre :
-Comment comprenons-nous et pouvons-nous mieux vivre le lien entre droits et devoirs (tel
que le présente l’Encyclique) dans nos relations personnelles, sociales, au service de la
communauté paroissiale. Comment ce lien peut-il mieux se vivre dans les relations entre les
peuples ?
-Quelle est notre manière d’envisager la question de l’éthique dans l’entreprise et les relations
commerciales ?
-Ai-je conscience que je suis consommateur d’énergie non renouvelable, ainsi que de
ressources naturelles (eau, espace environnement, biens alimentaires e.t.c…) ?
-Comment j’assume cette responsabilité dans le présent, mais aussi en vue de l’avenir (quelle
planète laisserons-nous aux générations futures ?)
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Chapitre V
La Collaboration de la Famille humaine (n° 53 à 67)
A la base même du développement entre les personnes et les peuples, Benoît XVI situe la
dimension de famille humaine à vivre et à faire vivre :
« De nos jours, l’humanité apparaît beaucoup plus interactive qu’autrefois : cette plus
grande proximité doit se transformer en communion véritable. Le développement des peuples
dépend surtout de la reconnaissance du fait que nous formons une même famille…constituée
de sujets qui ne vivent pas simplement les uns à côté des autres. » (n°53)
« Ce n’est pas en s’isolant que l’home se valorise lui-même, mais en se mettant en relation
avec les autres et avec Dieu. L’importance de ces relations devient alors fondamentale. Cela
vaut aussi pour les peuples. » (n°53)
Toute action de développement s’inscrit dans cette visée à plus ou moins long terme :
« Le thème du développement coïncide avec celui de l’inclusion relationnelle de toutes les
personnes et de tous les peuples dans l’unique communauté de la famille humaine qui se
construit dans la solidarité sur la base des valeurs fondamentales de la justice et de la paix. »
(n°54)
Pour les chrétiens, la relation entre les Trois Personnes de la Sainte Trinité, qui constituent
en même temps une Unité absolue, est la référence première pour la constitution de la famille
humaine. Le sens de la relation humaine est un élément essentiel dans la mise en œuvre du
développement : « D’autres cultures et religions enseignent, elles aussi, la fraternité et la
paix, et présentent donc une grande importance pour le développement humain intégral. »
(n°55)
Il y a, malgré tout, un discernement à opérer : « La prolifération d’itinéraires religieux…la
tendance au syncrétisme…peuvent alimenter des formes de « religions » qui rendent les
personnes étrangères les unes aux autres. » (n°55)
L’une des clefs du discernement est ici la perspective d’une communauté humaine vraiment
universelle.
Dans le prolongement de cette réflexion, l’Encyclique en appelle à deux remarques qui
situent la place des religions dans nos sociétés :
1) « La religion chrétienne et les autres religions peuvent apporter leur contribution au
développement, seulement si Dieu a aussi sa place dans la sphère publique. » (n°56)
2) Il est important également de susciter « … un dialogue fécond et une collaboration
efficace entre la raison et la foi religieuse…La raison a besoin d’être purifiée par la
foi, et la religion a besoin, à son tour, d’être purifiée par la raison. » (n°56)
La raison n’a pas réponse à tout et la religion a toujours à s’interroger « pour qu’apparaisse
un visage humain authentique. » Ici, laïcisme et fondamentalisme religieux sont renvoyés dos
à dos. La voie pour le dialogue et la collaboration s’ouvre entre croyants et incroyants, la foi
et la raison n’étant nullement concurrentielles mais complémentaires dans l’action du
développement. Benoît XVI se réfère ici au Concile Vatican II : « Croyants et incroyants
sont généralement d’accord sur ce point : tout sur terre doit être ordonné à l’homme comme
à son centre et à son sommet » ( Constitution « Gaudium et Spes » n°12)
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L’Encyclique précise deux principes fondamentaux, dans la doctrine sociale de l’Eglise,
concernant le développement humain :
1) Le principe de subsidiarité défend le droit de la personne à mettre en œuvre les
capacités qui sont les siennes pour la réalisation de son propre développement ; celà
vaut aussi pour chaque communauté locale ou chaque peuple particulier. Toute aide
ou apport extérieur vient alors en complément. Si elle ne respecte pas ce principe,
l’aide au développement devient assistanat.
2) Le principe de solidarité entre les personnes, les communautés locales et les peuples
découle naturellement de la perspective, toujours à reprendre, de l’humanité comme
famille universelle.
Ces deux principes vont de pair dans tout processus de développement :
« Si la subsidiarité sans la solidarité tombe dans le particularisme, il est également vrai
que la solidarité sans la subsidiarité tombe dans l’assistanat qui humilie celui qui est dans le
besoin. » (n°58)
Les aides internationales pour le développement sont ici interrogées : « La plus grande
ressource à mettre en valeur dans les pays qui ont besoin d’aide au développement est la
ressource humaine : c’est là, le véritable capital qu’il faut faire grandir afin d’assurer au
pays les plus pauvres un avenir autonome effectif. » (n°58)
Il s’ensuit la nécessité de règles commerciales internationales justes et équilibrées qui
reconnaissent aux pays pauvres le droit de développer et commercialiser leurs productions au
juste prix.
L’Encyclique souligne également l’enjeu pour la coopération au développement de devenir,
au-delà de la dimension économique, « une grande occasion de rencontre culturelle et
humaine », dans le respect des identités culturelles des divers partenaires et des valeurs
humaines qui y sont liées. (n°59)
Nos pays développés sont invités à poursuivre l’aide au développement des pays pauvres.
Au-delà des interventions publiques, l’Encyclique invite à susciter des systèmes de solidarité
plus largement participatifs. Elle signale entre autres : « …la subsidiarité fiscale qui
permettrait aux citoyens de décider de la destination d’une part de leurs impôts versés à
l’Etat. » (n°60)
Parmi les échanges entre les peuples, le Pape souligne l’importance du tourisme
international comme source possible de croissance culturelle et économique. Même s’il est
devenu trop souvent source d’exploitation des peuples pauvres, nous sommes invités à initier
d’autres modèles :
« Il convient d’imaginer un tourisme différent, capable de promouvoir une vraie
connaissance réciproque…en favorisant des liens plus étroits entre les expériences de
coopération internationales et celles d’entreprises de développement ». (n°61)
Les flux migratoires importants constituent : «…un phénomène social de notre époque qui
requiert une politique de coopération internationale forte et perspicace sur le long terme ».
L’Encyclique fait ici état du « poids de souffrance, de malaise et d’aspiration qui
accompagne les flux migratoires. » Elle rappelle que «Tout migrant est une personne
humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamentaux inaliénables qui doivent être
respectés par tous et en toutes circonstances. » (n°62).
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Face à la pauvreté et au chômage ambiant, Benoît XVI reprend l’appel que lançait déjà le 1°
mai 2000, le Pape Jean-Paul II pour une « coalition mondiale en faveur du travail digne ». Il
s’agit ici : « …d’un travail qui, dans chaque société, soit l’expression de la dignité essentielle
de tout homme et de toute femme. » (n°63)
L’Eglise a toujours encouragé et soutenu les organisations syndicales ouvrières et
paysannes. L’Encyclique les invite à s’ouvrir aux nouvelles réalités du travail (travailleurs
isolés, non représentés, immigrés, et ceux des pays en voie de développement où les droits
sociaux sont souvent violés…) (n°64)
La crise financière a bousculé les équilibres économiques et soulevé la question du sens et
de l’éthique dans le domaine de la finance : « L’économie et la finance doivent, en tant
qu’instruments, être utilisés de manière éthique, afin de créer les conditions favorables pour
le développement de l’homme et des peuples » (n°65)
Sur le plan du développement solidaire, des expériences positives existent ; ainsi, le
microcrédit et la microfinance qui peuvent apporter des aides à la création d’initiatives en
faveur des franges les plus fragiles de la société.
Dans le contexte de la mondialisation et de la libre circulation des marchandises, il ne faut
pas négliger le pouvoir des consommateurs et de leurs associations : « Il est bon que les
personnes se rendent compte qu’acheter est non seulement un acte économique mais toujours
aussi un acte moral. » (n°66)
Les coopératives d’achat ainsi que le commerce équitable, et les initiatives de vente directe
sont à ce jour développés ; ce sont là des signes positifs.
En conclusion à ce chapitre sur « La collaboration de la famille humaine », le Pape invite
les organisations internationales à œuvrer pour un ordre économique et social mondial. Il
parle ici de l’urgence d’une « Autorité politique mondiale » :
« Le développement intégral des peuples et la collaboration internationale exigent que soit
institué un degré supérieur d’organisation à l’échelle internationale de type subsidiaire pour
la gouvernance de la mondialisation. » (n°67)
Questions à reprendre :
- La religion chrétienne, telle qu’elle est vécue dans mon environnement, favorise-t-elle la
rencontre et la fraternité dans la société locale, et plus largement ? De quelle manière ? Y at-il autour de nous d’autres religions ? Quels contacts avons-nous avec leurs membres,
groupes ou communautés ?
Comment envisageons-nous le lien foi et raison, ainsi que la collaboration entre
croyants et incroyants ?
- Comment vivre la subsidiarité et la solidarité au plan local et
plus largement ?
- Comment je reçois les questions de l’Encyclique par rapport aux liens économiques,
sociaux et culturels entre les peuples (tourisme international, flux migratoires, finance
éthique, responsabilité des consommateurs) ? Suis-je concerné ? De quelle manière ?
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Chapitre VI
Le développement des peuples et la technique (n° 68 à 77)
L’Encyclique souligne d’abord le côté positif des avancées technologiques dans la ligne de
la mission confiée à l’homme par le Créateur :
« La technique n’est jamais purement technique. Elle exprime la tendance de l’esprit
humain au dépassement progressif de certains conditionnements matériels. La technique
s’inscrit donc « dans la mission de garder et de cultiver la terre » (Gn2, 15) que Dieu a confié
à l’homme. Elle doit tendre à renforcer l’alliance entre l’être humain et l’environnement
appelé à être le reflet de l’amour créateur de Dieu. » (n°69)
Pourtant, la technique peut exercer sur l’être humain une véritable fascination. Elle incite
l’homme à rêver d’une autonomie totale qui laisserait penser que le développement
scientifique et technique viendra à bout des questions embarrassantes pour l’humanité. Benoît
XVI nous met en garde :
« La clef du développement, c’est une intelligence capable de penser la technique et de
saisir le sens pleinement humain du « faire » de l’homme, sur l’horizon du sens de la
personne prise dans la globalité de son être… Il est urgent de se former à la responsabilité
éthique, dans l’usage de la technique. » (n°70)
« Le développement est impossible, s’il n’y a pas des hommes droits, des acteurs
économiques et des hommes politiques fortement interpellés dans leur conscience par le
souci du bien commun. » (n°71)
A partir de là l’Encyclique passe en revue plusieurs grands aspects de la réalité
contemporaine :
- la paix est plus que le produit technique de négociations diplomatiques, accords
commerciaux, échanges économiques ou technologiques, e.t.c…elle repose sur l’aspiration
des peuples : « …Il faut écouter la voie des populations concernées et examiner leur situation
pour en interpréter les attentes avec justesse. » (n°72)
- les moyens de communication sociale ont connu une expansion considérable :
« …au développement technologique est lié la diffusion croissante des moyens de
communication sociale. Il est désormais presque impossible d’imaginer que la famille
humaine puisse exister sans eux. » (n°73)
Ils ne sont pas autonomes à l’égard de la morale dans le cadre du développement des
peuples : « Il devient nécessaire de réfléchir attentivement à leur influence, en particulier sur
le plan éthique et culturel de la mondialisation et du développement solidaire des
peuples…Les médias peuvent constituer une aide puissante pour faire grandir la communion
de la famille humaine et l’éthique de nos sociétés, quand ils deviennent des instruments de
promotion de la participation de tous à la recherche commune de ce qui est juste. » (n°73)
- les découvertes scientifiques et les possibilités techniques sur le plan de la bioéthique en
font aujourd’hui un domaine sensible au plan du développement humain et du sens que nous
lui donnons : « Ici émerge avec une force dramatique la question fondamentale de savoir si
l’homme s’est produit lui-même ou s’il dépend de Dieu…la fermeture à la transcendance se
heurte à la difficulté de comprendre comment du néant a pu jaillir l’être et comment du
hasard est née l’intelligence. Face à ces problèmes dramatiques, la raison et la foi s’aident
réciproquement. Ce n’est qu’ensemble qu’elles sauveront l’homme ». (n°74)
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Conscient des questions qui se posent dans ce domaine, le Pape invite à une réflexion
fondamentale concernant l’homme lui-même : « La question sociale est devenue radicalement
une question anthropologique, au sens où elle implique la manière même, non seulement de
concevoir, mais aussi de manipuler la vie par le biais des biotechnologies. » (n°75)
L’Encyclique évoque la ba nalisation de l’avortement
et la mentalité favorable à
l’euthanasie. L’origine comme la fin de la vie seront-elles maîtrisables par les
biotechnologies ? N’y a-t-il pas derrière, en germe, la possibilité d’une planification
eugénique systématique des naissances ? Cette vision mécaniste de la vie humaine est
dangereuse pour le développement des peuples, dans la mesure où le flou s’installe dans ce
qui donne à l’homme et à sa vie une dimension transcendante :
« Tandis que les pauvres du monde frappent aux portes de l’opulence, le monde riche
risque de ne plus entendre les coups frappés à sa porte, sa conscience étant désormais
incapable de reconnaître l’humain » (n°75)
D’un point de vue global « l’idéologie techniciste » qui prétend tout expliquer par la
technique et la science devient opaque à la dimension spirituelle. Elle prive l’homme de son
intériorité, la considérant seulement d’un point de vue psychologique ou neurologique. La
doctrine sociale de l’Eglise part d’un autre constat :
« Le développement doit comprendre une croissance spirituelle et pas seulement
matérielle, parce que la personne humaine est une « unité d’âme et de corps » née de l’amour
créateur de Dieu et destinée à vivre éternellement ». (n°76)
« L’absolutisme de la technique tend à provoquer une incapacité à percevoir ce qui ne
s’explique pas par la simple matière. Pourtant les hommes expérimentent de nombreux
aspects de leur vie qui ne sont pas de l’ordre de la nature, mais de l’esprit. » (n°77)
Les acteurs du développement sont invités à ne pas se cantonner à la mise en œuvre de
moyens et d’outils techniques. Pour être authentiques, il leur est demandé : « des yeux et un
cœur nouveaux, capables de dépasser la vision matérialiste des événements humains et
d’entrevoir dans le développement un « au-delà » que la technique ne peut offrir » (n°77)
Questions à reprendre :
- Dans la vie personnelle familiale, professionnelle, sociale, comment je vis et j’utilise le
progrès technique sans perdre de vue le sens de la personne que je suis et
que sont celles et ceux qui m’entourent (mes contemporains proches ou plus lointains) ?
- Allier les dimensions techniques et spirituelles du développement dans nos sociétés, est-ce
possible ? De quelle manière je contribue à le faire ?
- Comment nous situons-nous vis-à-vis des moyens de communication sociale ? Comment en
faire un bon usage ? Comment les influencer ?
- Face aux avancées des biotechnologies et des risques de manipulation de la vie, comment
recevons-nous l’inquiétude du Pape ? Nous sentons-nous concernés ?
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Conclusion (n°78 et 79)
Benoît XVI conclut ici par une invitation à vivre le développement humain à la manière
«d’un humanisme ouvert à l’absolu… en nous préservant du risque de devenir prisonnier des
modes d’un moment ».
Les chrétiens sont appelés à vivre et faire vivre cet humanisme au coeur de leur identité de
croyants « appelés à faire partie de la famille de Dieu en tant que fils ».Ils ont, à partir de là,
un rôle incontournable dans le développement des peuples :
« La plus grande force qui soit au service du développement, c’est donc un humanisme
chrétien qui ravive la charité et se laisse guider par la vérité, en accueillant l’une et l’autre
comme des dons permanents de Dieu. L’ouverture à Dieu entraîne l’ouverture aux frères et à
une vie comprise comme une mission solidaire et joyeuse » (n°78)
Vivre et donner du sens à un développement, qui prenne en compte la dimension spirituelle
de l’homme, implique de la part des acteurs qu’ils vivent eux-mêmes une forte dimension
spirituelle. L’Encyclique ouvre alors vers un chemin spirituel au cœur du développement :
-« L’amour de Dieu nous appelle à sortir de ce qui est limité et non définitif,il nous donne le
courage d’agir et de persévérer dans la recherche du bien de tous, même s’il ne se réalise pas
immédiatement. » (n°78)
-« Le développement a besoin de chrétiens qui ont les mains tendues vers Dieu dans un geste
de prière, conscients du fait que l’amour riche de vérité ( caritas in veritate), d’où procède
l’authentique développement, n’est pas produit par nous, mais nous est donné » (n°79)
Questions à reprendre :
- Vivre et chercher « un humanisme ouvert à l’absolu, qui préserve de rester prisonnier des
modes du moment » : en quoi cet appel de l’Encyclique est-il important pour moi et pour le
monde d’aujourd’hui ? Comment puis-je apporter ma contribution ?
- Vivre la foi chrétienne et être un acteur d’un développement humain, voilà qui n’est pas
contradictoire mais s’inscrit au contraire dans une certaine cohérence.
Le Pape présente « l’humanisme chrétien comme la plus grande force qui soit au service du
développement ».
Comment je reçois cette conviction ? Comment je la vis et la mets en œuvre ? Comment les
chrétiens sont appelés à la vivre à ce jour ?
- Dans l’action qui est la mienne au plan d’un développement humain dans ma famille, mon
entourage et plus largement, quelle place je donne à la prière ?
En quoi ma prière participe-t-elle à l’action du développement, comme l’Encyclique y invite
les chrétiens dans sa conclusion ?
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