Encyclique, quelle autorité?

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Encyclique, quelle autorité?
Lettre adressée au monde catholique, l’encyclique sert d’abord de moyen d’enseignement du pape, sans avoir d’effet juridique.
VINCENZO PINTO/AFP
19 septembre 2014 : Le pape François participe au congrès sur son encyclique "Evangelii gaudium".
Avant même sa parution ce 18 juin, l’encyclique du pape François sur l’écologie était promise à un grand retentissement
médiatique. Sur le fond, quelle autorité revêt un tel texte dans l’Église? Une encyclique est définie comme une « lettre
solennelle du pape adressée à l’ensemble de l’Église catholique ou plus spécifiquement à une des parties d’entre elles
évêques, clergé, fidèles ». La conférence des évêques de France (CEF) précise que ces textes « ont le plus souvent
valeur d’enseignement et peuvent rappeler la doctrine de l’Église à propos d’un problème d’actualité ».
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> A lire : De Paul VI à François, un demi-siècle d’écologie dans la parole des papes
Un enseignement, pas un acte juridique
« C’est un enseignement, ce n’est pas un acte juridique », distingue un magistrat du Vatican. Les encycliques ne sont pas
des textes législatifs mais le canal privilégié d’expression du magistère du pape. En particulier ceux des deux derniers
siècles, qui ont multiplié ces lettres. « Ce qui marque, c’est la solennité de cet enseignement », ajoute le canoniste
Emmanuel Tawil. Par ces textes, les papes exercent leur « magistère authentique ». Ils ne se prononcent pas de manière
infaillible ni même définitive mais proposent ce qui, selon le Catéchisme de l’Église catholique, « conduit à une meilleure
intelligence de la Révélation en matière de foi et de mœurs ».
Rien à voir avec l’établissement d’un dogme, comme celui de l’Assomption défini par Pie XII en 1950, qui a été réalisé par
constitution apostolique. « Évidemment le magistère authentique du pape a une autorité particulière », reconnaît toutefois
Maître Tawil, citant Lumen Gentium, la constitution dogmatique sur l’Église promulguée par le concile Vatican II: «
L’assentiment religieux de la volonté et de l’intelligence est dû, à un titre singulier, au souverain pontife en son magistère
authentique, même lorsqu’il ne parle pas ex cathedra, ce qui implique la reconnaissance respectueuse de son suprême
magistère, et l’adhésion sincère à ses affirmations, en conformité à ce qu’il manifeste de sa pensée et de sa volonté et
que l’on peut déduire en particulier du caractère des documents. »
inviter, par cette lettre, au dialogue avec et entre tous
« Ce qui compte autant dans une encyclique, c’est sa réception », complète Mgr Patrick Valdrini, pro-recteur de
l’université pontificale du Latran. La qualité de cette « réception » du texte par les fidèles catholiques et, selon les
circonstances, « aux hommes de bonne volonté » dépend du sujet traité, du moment choisi et, à l’évidence, de la manière
dont son signataire est respecté.
Lorsqu’un pape aussi populaire que François traite un défi aussi large et urgent que l’écologie dans un style abordable
pour tous, les conditions sont réunies pour une très large réception de l’encyclique, qui peut, selon l’expression, faire
autorité.
Sur le fond, le pape n’entend pas pour autant dicter une solution à un problème complexe mais inviter, par cette lettre, au
dialogue avec et entre tous.
Sébastien Maillard (à Rome)
http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Encyclique-quelle-autorite-2015-06-18-1324973
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