II. La parole : outil de constitution de la pensée et des relations sociales
1. Théories sur l’acquisition de la parole
Les théories relatives au développement du langage peuvent être situées entre deux pôles
opposés :
- Innéisme
- empirisme
Selon la conception de l’innéisme, tout est là d’avance à la naissance. Par exemple, la
conception innée du langage selon Noam Chomsky. Pour ce linguiste, l’homme dispose de
manière innée, sans apprentissage, « d’une grammaire universelle » ou « structure
linguistique profonde » sous la forme d’un « Dispositif d’Acquisition du Langage » (LAD).
Le langage a une structure grammaticale.
La conception empiriste attribue l’acquisition du langage aux seules influences et
déterminations du milieu qui imprimeraient directement sa marque sur l’enfant. L’action du
milieu s’imposerait à l’enfant sur la base de conduites d’associations, d’imitations et de
renforcements.
Bruner explique que l’approche empirique de l’acquisition du langage a longtemps prévalu.
Depuis sa première formulation par St Augustin jusqu’au behaviorisme de Skinner avant
d’être rejeté par Chomsky.
- Bruner rejette à la fois ces deux pôles. Il s’engage dans une troisième voie : le
fonctionnalisme.
En effet, il conteste d’une part l’approche traditionnellement structurale du langage, qui
considère le langage comme un code, des règles de productions d’énoncés grammaticaux et
de compréhensions. Cette approche donnait la priorité aux questions de syntaxes et négligeait
les fonctions et la manière dont le langage était utilisé. Alors que le caractère fonctionnel du
langage est essentiel pour lui. Les utilisations du langage sont très importantes pour
comprendre comment il est acquis et comment il est utilisé au début. Il accepte l’existence de
caractéristiques innées chez l’homme, lui permettant le décodage du langage à partir de ses
utilisations. Ainsi, pour lui, le langage est un moyen systématique de communication avec
autrui. Il existe une seule façon d’apprendre l’usage du langage, à savoir, l’utiliser pour
communiquer. Les interactions sont au centre de la construction du langage.
Bruner introduit sa thèse selon laquelle l’enfant ne peut accéder au « Dispositif d’Acquisition
du Langage » (LAD) de Chomsky qu’à condition de bénéficier de l’aide d’un adulte. Cet
adulte entre en relation avec l’enfant dans le cadre d’interactions, de routines. Bruner parle de
LASS (système se support à l’acquisition du langage) pour désigner ces interactions,
principalement des scénarios que nous étudierons plus précisément plus loin. Ce système
structure les interactions enfant/adulte et leur volonté de communiquer. Avec le LASS,
l’enfant apprend les conventions d’usage du langage avant le langage lui-même. C’est
l’interaction entre le LAD et le LASS qui va rendre possible l’entrée de l’enfant dans la
communauté linguistique.
2. La plurifonctionnalité de la parole
Parole : relation entre moyens et buts.
Bruner attribue deux fonctions à la parole :