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HEC E2
ECONOMIE APPROFONDIE
DEVOIR N° 1
1- L’importance de la loi de Say dans la construction du modèle macroéconomique classique
La loi de Say implique que la production d’un bien génère la distribution de revenus qui représentent une demande
pour un montant équivalent à l’offre initiale.
Elle pose donc le principe d’un équilibre macroéconomique global, toute crise de surproduction est impossible (des
déséquilibres sectoriels peuvent se produire mais la fluctuation des prix permet leur résolution). Il s’agit de la clé de
voute de la vision classique de la macroéconomie. On en déduit que toute action sur la demande est inutile en cas de
difficultés économiques.
On peut également déduire de la loi de Say l’enchaînement d’équilibres marchands permettant de décrire le fonctionnement de l’économie : le point de départ à court terme est l’équilibre sur le marché du travail permettant de déterminer la quantité de travail mise en œuvre à un moment donné et, par le biais de la fonction de production, les quantités globales produites.
Enfin la loi de Say est liée à deux autres constituantes essentielles de la vision classique de la macroéconomie :
l’équilibre nécessaire « en tout temps » entre épargne et investissement et l’identification de l’épargne comme préalable nécessaire à l’investissement ; le rôle de la monnaie comme pur instrument de transaction, fondant la vision
quantitativiste et dichotomique.
2- La critique keynésienne de la loi de Say
Pour Keynes, la loi de Say souffre d’une erreur fondamentale : l’hypothèse selon laquelle la totalité d’un revenu est
immédiatement dépensé. Pour Keynes, les acteurs de l’économie peuvent détenir de la monnaie thésaurisée, ce qui
induit la possibilité d’un déséquilibre entre offre et demande globale. Cette idée est reprise par Keynes des critiques
de Malthus aux textes de Say et s’appuie sur une conception nouvelle de la monnaie (voir question 4)
Il en découle la possibilité de voir apparaître un chômage involontaire (i. e. des individus qui sont prêts à travailler au
taux de salaire en vigueur dans l’économie mais qui ne peuvent trouver de travail) que l’éventuelle flexibilité du marché du travail ne parvient pas à résorber.
Ainsi dans la perspective de Keynes ce n’est pas l’offre qui détermine le niveau de l’activité mais les anticipations de
demande des entrepreneurs.
3- Commenter
« La fonction de l’épargne est de rendre une certaine quantité de travail disponible pour la production de biens d’équipements,
tels que maisons, usines, routes, machines etc. Mais si un surplus important de chômeurs est déjà disponible pour des emplois
de ce genre, le fait d’épargner aura seulement pour conséquence d’ajouter à ce surplus et donc d’accroître le nombre des chômeurs. En outre, tout homme mis en chômage de cette manière ou pour toute autre raison verra s’amenuiser son pouvoir
d’achat et provoquera, à son tour, un chômage accru parmi les travailleurs qui auraient produit ce qu’il n’a plus les moyens
d’acheter. Et c’est ainsi que la situation ne cesse d’empirer en un cercle vicieux. » - Keynes – Essais de persuasion –
1931
Keynes ne remet pas en cause l’équilibre épargne – investissement qui correspond à une nécessité d’équilibre comptable dans l’économie, mais pour lui cette égalité ne se réalisé qu’ex post, après le cycle de production – distribution
du revenu – consommation. L’épargne est ainsi un résidu, la partie non consommée du revenu.
Par contre en situation de sous emploi caractérisée par des anticipations pessimistes des producteurs, l’épargne joue
un rôle dépressif dans l’activité économique : non seulement elle peut expliquer l’insuffisance de demande mais elle
justifie la dégradation des anticipations et accroît le déficit de production et, en conséquence, le chômage. Ce « cercle
vicieux » ne peut être rompu que par une action publique permettant une croissance de la demande.
4- Commenter
« L’intérêt est la récompense de la renonciation à la liquidité. » - Keynes – Théorie générale… - 1936
Keynes remet en cause la conception classique du taux d’intérêt : celui-ci est analysé comme le « prix de la renonciation à consommer », la prime qu’il faut verser à un individu pour le convaincre de renoncer à une utilité immédiate.
Pour lui le taux d’intérêt est un phénomène monétaire, déterminé par l’équilibre entre offre et demande de monnaie.
Cette analyse suppose de reconsidérer les motifs de demande de monnaie : aux motifs de transaction et de précaution, liés au revenu, Keynes ajoute le motif de spéculation qui justifie la détention de liquidité par les individus sous
forme de thésaurisation. La monnaie, équivalent général, peut être immédiatement transformée en n’importe quel
autre actif. Elle permet donc de réduire l’incertitude pour les individus.
Dans ce contexte, le taux d’intérêt représente la contrepartie nécessaire pour que les acteurs de l’économie accepte de
se dessaisir de leurs liquidités.
De cette conception monétaire du taux d’intérêt découle l’idée que le degré d’incertitude et les anticipations qui y
sont liées ont un impact sur le niveau de l’activité. « Une économie monétaire est une économie où la variation des
vues sur l’avenir a un impact sur le niveau de la production ».
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