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L’IRRATIONNEL
&
LA RAISON
Pour essayer d’atteindre ce qu’est l’irrationnel, il convient d’abord d’étudier la raison.
I ] DEFINITIONS
A LA RAISON
1) Etymologiquement
- Le mot raison vient du latin ‘ratio’ qui signifie le calcul, la méthode ou encore la faculté de
bien raisonner.
- En grec, le mot raison renvoie à ‘logos’, qui signifie le langage, la parole.
On voit donc qu’on ne peut pas écarter de la notion de raison, une certaine puissance discursive.
2) Sens usuel
La raison est une puissance de bien juger, de bien combiner les jugements. En logique la raison
est à la source du raisonnement. Mais usuellement, elle est aussi ce qui permet de discerner le vrai du
faux.
La philosophie moderne la distingue de l’intelligence qu’elle considère comme l’aptitude de
s’adapter aux situations complexes.
B L’IRRATIONNEL
De façon générale, est irrationnel ce qui dépourvu de raison, ce qui lui étranger ou contraire.
1) Philosophiquement
Il faut bien distinguer deux acceptions différentes :
- Tout ce qui n’est pas le produit d’une action consciente, tout ce qui n’est pas dirigé par la
raison (rêves, inconscient, etc…) [T2-p.409]. Il faut donc considérer l’irrationnel dans sa
dimension individuelle.
- Tout ce qui peut paraître absurde et non justifiable par le raisonnement. Il s’agit plus de
considérer l’irrationnel dans une dimension collective.
2) Sur le plan épistémologique
L’irrationnel désigne les limites permanentes à l’intelligibilité, rencontrées par la raison dans
ses efforts de déduction.
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II ] PARCOURS HISTORIQUE
A LA PENSEE CLASSIQUE
Sont ici considérés aussi bien les courants cartésiens que la pensée grecque, aristotélicienne et scolastique .
En effet, la philosophie contemporaine joint Descartes à la pensée classique. Mais il conviendra de considérer si
la position du philosophe français n’est finalement pas révolutionnaire.
1) La raison hellénique
- Tout le monde admire le travail de la raison opérée chez les Grecs. Il s’agit presque d’un
miracle intellectuel. [A.1]
- La raison est considérée très tôt comme une fonction de la pensée. Une fonction de l’activité
proprement intellectuelle.
- Elle s’oppose à la connaissance illusoire, et présente un idéal. [T7-p.86]
- Pour Aristote elle permet de définir l’homme qui est un ‘animal raisonnable[T15-p.115]. Il la
considère comme une faculté de discerner le vrai du faux et le bien du mal.
Comment un homme peut-il devenir vertueux, se demande-t-il. Par la nature, l’habitude et la
raison. Or constate-t-il, l’homme est le seul animal qui peut aller contre la nature et ses
habitudes par l’usage de sa raison [T1-p.147]. «Les animaux autres que l'homme vivent avant tout
suivant la nature, quelques-uns peu nombreux suivent aussi leurs habitudes, mais l'homme suit aussi la
raison. Car seul il a la raison. Si bien qu'il faut harmoniser ces facteurs entre eux. Car les hommes font
beaucoup de choses contre leurs habitudes et leur nature grâce à leur raison, s'ils sont persuadés qu'il vaut
mieux procéder autrement» (Aristote, Les Politiques.) D’où la puissance de celle-ci. Est-ce que suivre
la seule nature ou ses seules habitudes serait irrationnel ?
2) La raison cartésienne
- Descartes associe le bon sens et la raison qui sont semblables pour lui. Il s’agit uniquement de
la puissance de bien juger entre le bien et le faux [T1-p.173].
- Elle est détenue par tous les hommes. C’est d’ailleurs la seule chose qui nous rend vraiment
homme. Tout homme peut donc se définir grâce à elle, car elle est toute entière en chacun de
nous. «Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée: car chacun pense en être si bien pourvu
que ceux mêmes qui sont les plus difficiles à contenter en tout autre chose n'ont point coutume d'en désirer
plus qu'ils n'en ont. En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent, mais plutôt cela témoigne que
la puissance de bien juger et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce que l'on nomme le bon
sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes » (Descartes, Discours de la méthode) [T2-
p.138]
- Elle a été mise en nous par Dieu. C’est donc grâce à elle que nous sommes semblables à son
image.
- Si nous possédons tous la raison, nous n'en usons pas tous correctement. D'où la nécessité de
la méthode [T2-p.173]. Ce que Descartes fonde, c'est l'idée d'une méthode rationnelle : d'une
route sûre permettant d'atteindre la vérité grâce aux seules forces de la raison, sans marcher au
hasard et de manière désordonnée. La raison doit s'armer de la méthode, ce chemin vers le
vrai, cet ensemble de règles rigoureuses permettant d'éviter les tâtonnements hasardeux. «Par
méthode j'entends des règles certaines et faciles, grâce auxquelles tous ceux qui les observent exactement
ne supposeront jamais vrai ce qui est faux, et parviendront, sans se fatiguer en efforts inutiles mais en
accroissant progressivement leur science, à la connaissance vraie de tout ce qu'ils peuvent atteindre»
(Descartes, Règles pour la direction de l'esprit, Règle IV.) Ce qui distingue les hommes, ce n’est donc pas
la raison mais la méthode. Cette dernière permet d’actuer la raison. Quel est donc le plus
important : Raison ou méthode ? En réalité, Descartes répond que ces deux notions sont
fondamentales : la méthode rationnelle conduit vers la connaissance. Celle-ci est constituée de
l’évidence, l’analyse, la synthèse et le dénombrement.
B LA PENSEE MODERNE
Chez les classiques la raison est le meilleur guide dans l’ordre du savoir. Elle a une dimension très individuelle.
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1) Kant : Règle-t-elle l’action ?
- Kant soulève la question de la raison pratique. Cf. ‘La Critique de la raison pure’ (Critique
ayant le sens de limite chez Kant) : « Tout intérêt de ma raison se ramène aux trois questions
suivantes : 1° Que puis-je connaître ? 2° Que dois-je faire ? 3° Qu’ai-je à espérer. »
- Kant admet que la raison est à la fois théorique (donc portée sur la connaissance), et pratique.
Cette dernière légifère sur le plan moral. Elle contient en elle-même la règle de la moralité, et
s’étend au monde supra sensible [T20-p.294]
- La raison pratique commande absolument. Il faut agir par devoir et sans autre considération.
Elle doit essayer de dégager une loi universelle.
- Immortalité de l’âme, existence de Dieu, Liberté, ne peuvent pas être atteintes par la raison
théorique car elle ne peuvent pas résulter de quelque démonstration que ce soit (Pascal disait
quant à lui dans ses Pensées: « C’est le cœur qui sent Dieu, et non la raison. Voilà ce que c’est que la
foi, Dieu sensible au cœur, non à la raison. ») Cependant elles sont toutes trois exigées par la raison
pratique qui les postule.
2) Hegel : Gouverne-t-elle le monde ?
- Hegel est un des pères du rationalisme. C’est-à-dire que pour lui, hors de la raison pas de
salut ! Pour lui, la raison n’est pas une faculté individuelle ou subjective.
- Elle est le seul et unique moyen pour régler le savoir et l’action. Elle peut rendre compte de
tout. Elle donne un sens au réel et à l’histoire.
- Et pourtant pourrions nous rétorquer, il est bien des choses dont la raison ne peut pas rendre
compte. Dans ce cas affirme Hegel, c’est soit parce que la raison est encore embrumée, soit
parce que tout simplement cela n’existe pas : « Ce qui est réel est rationnel, et ce qui est
rationnel est réel. » En d’autres termes, ce qui est irrationnel soit n’existe pas, soit est intégré
dans la raison sans qu’on le sache [T17-p.324]
- Tout est rationnel car c’est la Raison Universelle (à laquelle nous participons) qui gouverne le
monde [T16-p.323].
- Celle-ci utilise les passions humaines pour réaliser ses fins. Il ne peut donc y avoir aucune
contradiction entre les passions humaines et la raison. On peut rendre compte de tout, est tout
doit interprété dans le sens de cette Raison, qui est en sans cesse en progrès.
III ] BREFS DEBATS
A RATIONNEL ET RAISONNABLE
- Il convient de distinguer le rationnel et le raisonnable. Le rationnel étant ce qui procède de
l’esprit, de la raison. Alors que le raisonnable est ce qui est conforme à la raison correcte, elle
implique la mise en jeu de valeurs morales.
- Ainsi une action peut-elle être rationnelle mais totalement déraisonnable. Il semble bien que ce
soit cette nuance qu’Hegel n’a pris en compte (une distinction à laquelle s’est attaché le très
rationaliste Spinoza.) Ainsi, s’il considère que toute réalité est intelligible, il sera en accord
avec nombre de philosophes contemporains. Mais s’il entend que tout ce qui est, est
raisonnable alors il se heurtera à ceux-ci, pour qui beaucoup d’atrocités ne peuvent être
justifiées par le progrès d’une quelconque Raison Universelle.
- Hegel objecte que le vrai philosophe n’est pas celui qui juge et qui condamne, mais celui qui
s’efforce de tout comprendre, même ce qui semble opposé à la raison : telle la religion par
exemple. Aussi accuse-t-il les philosophes du 18ème et 19ème siècle de trop se moquer de la
religion au nom de la raison. Faut-il y voir un début de philosophie du soupçon ?
B LES FAUX IRRATIONNELS
Est-ce qu’est irrationnel tout ce que la raison ne peut pas expliquer ?
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- Il est bien des choses qui semblent s’échapper au pouvoir explicatif de la raison. Miracles,
fantômes et autres phénomènes surnaturels ou paranormaux montrent-ils les limites de
l’intelligibilité ?
- Aucunement répond Spinoza. Tous les hommes sont par nature sujets à la superstition. Une
espèce de religiosité qui prendrait le relais dès que notre raison s’avère impuissante. Ainsi,
Spinoza (et à sa suite Renan et Freud), attribue-t-il à certains phénomènes irrationnels une
explication très rationnelle [A.2].
- Parmi les faux irrationnels, notons le cas du hasard. Celui-ci est en effet réputé irrationnel car
personne n’est capable de le prévoir. Mais existe-t-il foncièrement ? N’est-ce pas plutôt la
rencontre de deux séries causales indépendantes, de deux chaînes de causes à effets. Une chose
est sûre, ce qui produit par le hasard ne l’est jamais hors des lois de la nature. Donc n’est pas si
irrationnel que cela [A.3].
Le fait que nous soyons incapables de tout expliquer ne nous permet nullement de conclure à l’irrationalité
foncière du monde.
C PEUT-ON PENSER L’IRRATIONNEL ?
Cette question de problématique en guise de titre doit nous conduire à la question : « Qu’est ce l’irrationnel
précisément ? »
1) Est-ce ce qui est incompréhensible ?
- C’est un fait : l’incompréhensible existe. Dès lors, l’intelligence, désespérée, se résigne et
admet à ses côtés l’existence d’un domaine qui lui est fermé à tout jamais.
- L’irrationnel se constate (parce qu’un certain nombres de questions demeurent sans réponses.)
Il s’éprouve, il se sent.
- Faut-il considérer que cet état soit permanent ou seulement provisoire. Est-il un résidu
provisoirement rebelle à l’explication ? Ou une limite permanente à l’intelligibilité ? Dès lors
il faut bien reconnaître que l’assertion de Hegel est loin d’être juste.
- Connaissant maintenant la différence entre l’explication et la compréhension, peut-être
conviendrait-il de préciser la question : Est irrationnel ce que l’on ne comprend pas ou ce que
l’on explique pas ?
- Que ce soit l’un ou l’autre, l’irrationnel appartient à notre expérience la plus quotidienne. Tel
le cas par exemple d’aimer telle chose ou telle personne.
- De toute façon n’est-ce pas reconnaître qu’au-dessus de la raison, dans la foi, dans les
sentiments, l’homme rencontre des réalités qu’il ne peut que vivre sans pouvoir les analyser,
qu’il ne peut qu’éprouver sans jamais prouver ?
2) Est-ce ce qui n’est pas encore connu ?
- L’irrationnel est-il si authentique que cela ? Ce qui est incompréhensible peut fort bien se
révéler compréhensible un jour. L’irrationnel ne serait dès lors que du provisoire… les limites
de la raison n’étant alors que des limites temporelles.
- Comment pourrait progresser la connaissance humaine en acceptant l’irrationnel de façon
irrémédiable ?
3) Est-ce ce que l’on ne peut pas exprimer ?
- Telle est la position de Hegel qui assimile l’irrationnel à l’ineffable, c’est-à-dire à la pensée
obscure. Finalement ce serait un problème de langage. L’irrationnel ne serait qu’une existence
bâtarde et appauvrie qui trouverait sa valeur à travers la richesse du langage.
- Dans ce cas l’irrationnel n’existe pas vraiment en soi. Ne serait-ce pas une réaction de la raison
dominatrice ?
- Ce type d’irrationnel existe aussi dans les sciences comme le montre l’exemple des nombres
irrationnels (tel le célèbre « racine de deux » de Pythagore.) Les limites de la raison se
montrent clairement exprimées, mais on n’a pas affaire à de l’irrationnel en soi. Celui-ci fait
partie d’une démonstration rationnelle.
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- Il en est de même si l’on considère la réflexion sur l’infini. L’entendement humain
nécessairement fini, ne peut pas rendre compte de cette notion. Le témoignage de
Pascal explicite cette impuissance de la raison : « Nous connaissons qu’il y a un infini, et ignorons sa
nature comme nous savons qu’il est faux que les nombres soient finis. Donc il est vrai qu’il y a un infini en
nombres, mais nous ne savons ce qu’il est. Il est faux qu’il soit pair, il est faux qu’il soit impair » ( Pascal,
Pensées.) De l’infini nous ne savons qu’une chose : il existe. Mais cette certitude, la raison ne
peut l’exprimer.
- De fait la science invente sans cesse de nouveaux modèles d’intelligibilité pour rendre compte
de faits rebelles et annexer de nouveaux territoires. La défaite d’un instrument intellectuel
quelconque n’est donc pas la défaite de la raison elle-même. De par sa puissance inventive et
sa souplesse, elle manifeste au contraire une certaine victoire. Bachelard s’est attaché à
évoquer le caractère dynamique et conquérant de la raison. Ses principes explique-t-il évoluent
dans le dialogue.
- Pour finir il faut reconnaître que l’irrationnel est nécessaire au développement de la rationalité.
C’est là ce qui permet à celle-ci de progresser. La raison ne doit-elle pas accepter d’intégrer
ce qui à première vue lui apparaît irrationnel ?
4) Finalement, n’est-ce pas l’être lui-même ?
- Comment expliquer cet accord entre nos constructions mentales et le réel ? Il y a là comme un
mystère. Ce qui faisait dire à Einstein : « Ce qu’il y a d’incompréhensible, c’est que le monde
soit compréhensible. »
- Mais le fait que le monde soit, n’est-il pas déjà irrationnel ? Le fait même de l’être, le fait qu’il
y ait quelque chose plutôt que rien, n’est-ce pas irrationnel. Ainsi Wittgenstein confiait-il :
« Ce qui est mystérieux ce n’est pas comment est le monde, mais le fait qu’il est. »
- Sartre repris ce thème dans la ‘Nausée’. Parce que l’existence ne peut se déduire, elle est
absurde, contingente, donc irrationnelle [T1-p.500]. Certes ce qui est prochain et immédiat peut
nous paraître rationnel, mais ce qui est réel n’est pas pour autant rationnel en soi. (Nietzsche
[T8-p.389] et Kierkegaard furent eux aussi célèbres pour avoir travaillé ce point de vue [T2-
p.362])
On peut constater que l’irrationnel n’est pas tant le contraire du rationnel que ses limites. L’irrationnel
est toujours approché par rapport à ce qui est rationnel. Définir l’irrationnel nécessite que l’on en parle du point
de vue de la raison. Toute connaissance se voulant une connaissance rationnelle, il n’y a pas de connaissance
possible de l’irrationnel en tant que tel.
L’homme est-il un être égaré dans un monde privé de sens et de raison [T7-p.206] ? Au contraire tout
peut-il s’expliquer ? Force est de constater que la raison doit savoir demeurer raisonnable, c’est-à-dire modeste.
Elle doit reconnaître ses limites et se méfier de ses ambitions excessives, même si elle est ce qui constitue ce
qu’il y a de plus noble en l’homme ; et à ce titre, elle ne peut se laisser porter vers l’absurde, ou vers ce qu’il est
opposé à elle-même. TEXTES EN ANNEXE
ANNEXE 1 : Les Grecs, peuple choisi de la raison
La Grèce est le seul point du monde antique la sagesse de l'homme ait trouvé sa voie, et où, par l'effet d'un heureux équilibre des
forces de l'âme, et d'un long travail pour acquérir la mesure et la discipline de l'esprit, la raison humaine soit parvenue à l'âge de sa force et de
sa maturité. Aussi bien le petit peuple grec apparaît-il à cause de cela, parmi les grands Empires de l'Orient, comme un homme au milieu de
géants enfants ; et peut-on dire de lui qu'il est à la raison, et au verbe de l'homme, ce que le peuple juif est à la Révélation, et à la Parole de
Dieu.
C'est en Grèce seulement que la philosophie acquit une existence autonome, en se distinguant explicitement de la religion. Ainsi, du
moins à l'époque, la plus pure et la plus glorieuse de l'esprit hellénique, elle reconnaissait ses bornes et s'assignait un champ strictement
limité, - investigation scientifique des vérités purement rationnelles, - tandis que la religion grecque, déjà très dégradée au temps d'Homère,
devenait de plus en plus incapable de satisfaire aux besoins de l'intelligence et se corrompait chaque jour davantage.
Lorsque les Grecs, abusant avec orgueil de la philosophie et de la raison, voudront enfermer les choses divines dans les bornes de leur
sagesse, et « s’évanouiront dans leurs pensées, » ils mériteront la condamnation portée par saint Paul contre la sagesse de ce monde. Mais la
philosophie elle-même, née de leur esprit, est pure de leurs souillures, n’ayant pour objet que la vérité.
J. MARITAIN, Eléments de philosophie, T.1.
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