ESH ECE2 Camille Vernet 2016-2017
Nicolas Danglade
2. L’allocation des ressources dans le cadre du marché : les conditions pour que l’allocation
marchande soit optimale
2.1 La métaphore de la main invisible
Document 6 : la métaphore de la main invisible
De façon générale, les économistes estiment (…) que les marchés concurrentiels (c’est-à-dire les marchés retenus
dans notre modèle concurrentiel de base) permettent une utilisation globalement efficace des ressources rares de la
société. Cette confiance dans les marchés remonte à l’œuvre maîtresse d’Adam Smith, publiée en 1776 et intitulé
« La Richesse des nations ». Selon A.Smith, les travailleurs et les producteurs sont les principaux responsables du
succès de l’économie, et cela parce qu’ils ne s’intéressent qu’à eux-mêmes et à leurs familles : « l’homme a
presque continuellement besoin de l’aide de ses semblables, et c’est en vain qu’il l’attendrait de leur seule
bienveillance. Il sera plus certain de réussir s’il peut faire appel à leur intérêt personnel afin qu’ils agissent en sa
faveur et s’il peut leur montrer qu’il est de leur propre avantage de faire ce qu’il leur demande … ce n’est pas de
la bienveillance du boucher, du marchand de bière ou du boulanger, que nous attendons notre dîner, mais bien de
l’attention qu’ils portent à leurs propres intérêts … nous ne leur parlons jamais de nos propres besoins mais de
leurs avantages ». En bref, A.Smith soutient que les individus qui poursuivent leur intérêt personnel sont ceux qui
contribuent le plus à la promotion de l’intérêt public.
Son idée est que les individus travaillent plus et mieux en faveur de l’activité économique globale de la société
quand les efforts qu’ils fournissent leur sont également profitables. Il s’est servi de la métaphore de la main
invisible pour expliquer comment l’intérêt personnel conduit au bien-être social : « l’homme recherche seulement
son propre avantage et, dans ce domaine comme dans les autres, il est conduit par une main invisible à
promouvoir des buts qui sont étrangers à ses intentions … En poursuivant son propre intérêt, il sert souvent
mieux les desseins de la société que lorsqu’il essaie intentionnellement de le faire ».
Cette idée joue un rôle très important dans les sciences sociales. Elle n’est pas du tout évidente. Il ne suffit pas
que les individus travaillent dur pour qu’une économie soit gérée efficacement. Comment ces individus savent-ils
ce qu’il faut produire ? Par quel mécanisme la poursuite non coordonnée par chacun de son intérêt personne peut-
elle aboutir à des résultats efficaces ? L’un des acquis les plus important de la théorie économique moderne a été
dans quel sens et sous quelles conditions on peut dire que le marché est efficace.
Source : J.Stiglitz « Principes d’économie moderne », De Boeck, 2008, p. 200
2.2 La maximisation du surplus collectif à l’équilibre de concurrence pure et parfaite
Document 7 : l’équilibre de marché et la maximisation du surplus collectif
Sur les marchés concurrentiels, les entreprises et les consommateurs sont nombreux. Chacun n’est responsable
que d’une part infime des transactions de l’ensemble du marché. Pour un ménage ou une entreprise, les prix sont
donc des données. Les entreprises, en maximisant leur profit, produisent en un point tel que leur coût marginal est
égal au prix du marché. Les ménages, en faisant des choix rationnels, achètent jusqu’au point où leur disposition
marginale à payer est égale au prix de marché. (…) Quand le marché est à l’équilibre, les entreprises peuvent
vendre la quantité qui maximise leur profit compte tenu du prix de marché. De leur côté, les ménages sont en
mesure d’acheter la quantité qui maximise leur utilité compte tenu du prix de marché. (…) Au prix d’équilibre, le
surplus social (somme des surplus des consommateurs et des producteurs) est maximisé sur un marché
concurrentiel. Source : J.Stiglitz « Principes d’économie moderne », De Boeck, 2008, p. 200-202
Document 8 : équilibre et surplus collectif
Il faut attendre les travaux des néo-classiques, en particulier la théorie de l’équilibre général formulée par Léon
Walras dans Éléments d'économie politique pure ou théorie de la richesse sociale (1874), pour qu’une
« formalisation » de la « main invisible » soit établie. Sous réserve du respect des hypothèses de la concurrence
pure et parfaite (atomicité des agents, fluidité du marché, homogénéité des produits, mobilité parfaite des facteurs
de production et transparence de l’information), le fonctionnement du marché permet d’obtenir le plus grand
surplus collectif possible, c’est-à-dire le plus grand bien-être collectif.
Sur le marché des biens et services, l’offre émane des producteurs et la demande des consommateurs.
Les producteurs cherchent à maximiser leur profit sous contrainte de leurs coûts de production. Par conséquent, ils
produisent jusqu’à ce que le coût marginal soit égal à la recette marginale (c’est-à-dire le prix en CPP) ; dit
autrement tant que le prix que rapporte une unité supplémentaire vendue est supérieure à son coût. L’offre
alimente le marché tant que la production est rentable (c’est-à-dire qu’elle augmente le profit).