ESH ECE2
Camille Vernet 2015-2016
Nicolas Danglade
Document 6 : incitation à l’innovation et propriété intellectuelle
Au delà des « coups de pouce » publics, la question du financement privé de l’innovation renvoie à celle de
l’incitation à innover. (…) Les entreprises investissent pour développer de nouveaux produits qui leur
donneront un avantage concurrentiel ou dans de nouveaux procédés de production et de distribution qui
réduiront les coûts et amélioreront la qualité. L’innovation est vite copiée par les concurrents. La protection de
la propriété intellectuelle joue donc un rôle essentiel. Pour comprendre son importance, on peut opposer deux
cas polaires. Si la propriété intellectuelle est bien protégée, c’est-à-dire si un nouveau produit ou un nouveau
procédé est un bien rival, propriété exclusive de son inventeur, l’investissement en R&D est lucratif mais risqué
puisque toute nouvelle invention risque de réduire à néant les bénéfices de la précédente. les entreprises ont
intérêt à investir massivement en R&D. (…) Dans le cas où, en revanche, les entreprises ne peuvent
s’approprier la rente parce que l’invention est un bien non-rival qui peut être utilisée sans coût par les
concurrents, alors elles ont peu d’incitation à innover. L’innovation est un bien collectif, et c’est à l’Etat de la
financer.
Bien entendu, tout dépend de l’invention considérée. Certaines sont par essences non-rivales (une formule
mathématique, une idée). D’autres sont par essence rivales (une machine outil) ; certaines sont réplicables à
coût faible (les créations intellectuelles, les logiciels) d’autres non (une nouvelle technologie nucléaire). Mais
les bénéfices de l’innovation pour la société doivent aussi rentrer en ligne de compte, comme l’illustre
l’exemple de la recherche sur les médicaments. Source : Bénassy-Quéré p. 505
Document 7 : les limites de la protection des DPI, le cas de la vente de certains médicaments dans les
pays pauvres
Les molécules issues de la recherche privée sont protégées par des brevets qui donnent à l’entreprise le droit
exclusif de les produire et de les vendre durant une longue période, typiquement 20 ans. Mais leur prix élevé les
rend inaccessibles aux patients des PVD. En Afrique du Sud, où le taux de prévalence du sida est
particulièrement élevé (15% de la population des 15-25 ans selon l’OMS), il a été estimé que traiter tous les
séropositifs coûterait 63 milliards de dollars soit 20% du PIB du pays. Les pays à bas revenus ont par
conséquent demandé à pouvoir accorder des licences obligatoires permettant de produire les médicaments
localement en dédommageant le propriétaire du brevet. L’accord ADPIC de l’OMC leur donne ce droit.
(…)Les firmes indiennes exportent désormais des anti-rétroviraux génériques dans certains pays africains. (…)
Les difficultés des discussions sur ce sujet à l’OMC illustre la difficulté de concilier incitation à innover et
accès au plus grand nombre aux inventions existantes. La protection des droits de propriété intellectuelle
demeure une condition sine qua non de l’investissement privé dans la recherche médicale.
Source : Bénassy-Quéré p. 505
Document 8 : faut-il breveter les logiciels ? la différence de position entre les Etats-Unis et l’Europe
Le débat sur la brevetabilité des logiciels illustre les questions soulevées par la protection de l’innovation. En
l’absence de brevet, l’incitation est réduite par la possibilité de copier des lignes de code. Mais le brevet
systématique décourage également l’innovation car le développeur doit commencer par acheter les brevets
correspondant au code inclus dans son futur logiciel et aux algorithmes permettant de compiler ce code, et
parce que la nature « pionnière » de l’innovation étant difficile à prouver, les éditeurs multiplient les demandes
de brevets pour paralyser les concurrents.
(…) Mais un logiciel est-il une invention ? En Europe, le logiciel est protégé par le droit d’auteur, mais n’est
pas brevetable en tant que tel, contrairement aux Etats-Unis et au Japon. Source : Bénassy-Quéré p. 504
Document 9 : la structure des marchés a un impact sur l’innovation
Les marchés financiers allouent l’épargne là où elle est la plus productive, les marchés du travail assurent
l’allocation de la main d’œuvre, et la concurrence sur les marchés des biens et des services détermine
l’incitation à innover. (…) La capacité des marchés à assurer cette fonction de réallocation, qui contribue à la
productivité globale des facteurs, a pris une importance dans l’évaluation de la performance économique.
Les études empiriques mettent en évidence l’impact positif sur la croissance de l’élimination des rentes créées
par une réglementation trop lourde et/ou des barrières à l’entrée sur les marchés. Nicoletti et Scarpetta (2005)
ont ainsi construit des indicateurs synthétiques mesurant l’intensité de la réglementation des marchés pour les