"@ Home 18-24", le tremplin des jeunes sans-abris Source: lavenir Cé. R. Mise à jour : lundi 21 janvier 2013 15h18 Le jeune homme, inscrit en première baccalauréat en publicité, cherche un travail pour s'en sortir seul. Cé. R. FOREST - La maison d’accueil « @home 18-24 », petite sœur de l’asbl des Petits Riens, abrite depuis peu des jeunes sans-abris entre 18 et 24 ans. La structure unique, subsidiée par la Cocof et aussi stricte qu’originale dans son concept : pas question de végéter, il va falloir s’activer. Rencontre avec le premier locataire. Il est enthousiaste et parle enfin d’avenir. Au chaud, « at home », dans une chambre qui est enfin la sienne, Michael conjugue au passé ses années de galère. Il a 22 ans, mais court les rues depuis qu’il en a 14. Son homosexualité incomprise, il a quitté la maison familiale, erré, gratté de la guitare pour manger, émigré dans un monastère en Thaïlande, séjourné à la maison d’accueil des Petits Riens avant d’atterrir ici, Avenue du Roi à Forest, dans une maison qui n’accueille que des jeunes désincérés mais castés (voir encadré). Le jeune homme parle de « chance », « tout est mieux ici » ; il détaille : « Ca nous pousse vers le haut », commence Michael. A leur entrée dans la maison, les jeunes s’engagent dans un projet individuel qui les contraint à la reprise des études ou à la recherche d’un emploi. C’est ainsi que le jeune homme fouille le site d’Actiris pour trouver un boulot en plus de la formation en publicité qu’il suit en cours du soir. Un blocus était raisonnablement difficile à assurer dans l’ancienne maison d’accueil : « il n’y avait pas un soir sans bagarre, sans police, sans musique à fond ou sans un ivrogne pour vous ennuyer », se souvient Michael. « Je devenais dingue, je pleurais rien qu’à entendre la sirène de l’ambulance ». L’ambiance… Du coup, elle est meilleure ! Les locataires ont le même âge, les mêmes soucis et les mêmes objectifs. « @ Home » est un cocon familial qui porte bien son nom, volontairement concentré autour de 15 jeunes maximum pour préserver le bien être du groupe. L’hygiène. Un coup d’œil dans la maison, entretenue quotidiennement par les jeunes, suffit à s’en convaincre : ça brille de partout. « C’est un véritable luxe », sourit Michael. « Dans l’ancienne maison, les douches étaient si sales que j’y chopais des infections ». Autre grosse différence, la structure bannit la cigarette, « alors que c’était bleu en permanence de l’autre côté ». Deux bémols tout de même selon le jeune homme : le cadre horaire, d’abord, qui « laisse peu de liberté » (les portes ferment à 22 heures en semaine, minuit le week-end) ; l’encadrement budgétaire ensuite ; « c’est horrible, je dois compter mes dépenses au centime près et je suis très limité dans mon argent de poche », râle Michael. Mais l’inconvénient est justement le point fort de la nouvelle structure. La guidance budgétaire aide les jeunes à conscientiser la notion d’argent, leur apprend à gérer un budget et les contraints à l’épargne. Elle leur apprend comment quitter la maison… La guerre à la « farniente » : « certains ne savaient pas peler une patate » « @ Home 18-24 » a la particularité d’accueillir des jeunes, oubliés des autres maisons qui ne s’intègrent qu’à 20 ans. Elle répond ainsi à la problématique croissante de la pauvreté de ce public fragile. Mais sa principale originalité réside surement dans son projet pédagogique. « Dans les autres infrastructures, les sans-abris peuvent se complaire dans un état végétatif », regrette Maïté Stiévenart. « Ici, c’est impossible. Les jeunes signent un contrat qui les oblige à « activer » leur vie professionnelle. En attendant de trouver un boulot ou de poursuivre leurs études, ils doivent faire du bénévolat à l’usine de tri des vêtements des Petits Riens. Et quoiqu’il en soit, ils sont quotidiennement réveillés à 7h00 maximum », explique la directrice. « Nos jeunes doivent aussi participer à l’ensemble des tâches ménagères : cuisine, vaisselle, ménage. Ce n’est pas rien… Certains ne savaient pas peler une patate en arrivant ! Quand ils partiront d’ici, ils partiront pour de bon, sans plus de raison d’être sans-abris ». http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20130121_022