Psychologie populaire et patterns
« La psychologie populaire nous aide à comprendre les autres, à faire preuve
d’empathie à leur endroit, elle nous aide à organiser nos souvenirs, à interpréter nos
émotions, à colorer notre vision de mille et une façons » (p.157). Cependant Daniel Dennett
insiste surtout sur le pouvoir de prédiction de cette dernière : ce qui nous permet d’être autre
chose que des « énigmes déconcertantes » et permanentes pour nos semblables. Quelque
chose d’imprévisible (d’aléatoire) signifie qu’on ne pourrait pas en extraire de patterns.
Ensuite, reste à savoir où placer ce pattern bien sûr. Fodor et son réalisme les voient
nécessairement dans le cerveau, les « gibsoniens » et « quiniens » les verraient eux dans le
monde, dans le comportement des agents notamment (utilisation de la « stratégie
intentionnelle » de Dennett). Considérant le réalisme de « force industrielle » chez Fodor
jusqu’au matérialisme éliminativiste de Churchland, la position la plus acceptable se situerait
dans les niveaux intermédiaires. Pour Dennett, ce qu’il appelle « réalisme doux »
(intermédiaire) est la meilleure des position pour expliquer les patterns, et donc les
croyances.
La réalité des patterns
L’auteur utilise un modèle constitué de six trames, bandes constituées de points, afin
de discuter sur la question (Fig.1 p.160). Ces six trames ont été construites suivant le même
algorithme, donc le même pattern « à priori », seul un paramètre varie : le bruit. Cet exemple
pose bien le problème de la reconnaissance du pattern au sens fort. Notre conviction qui
voudrait que les six trames représentent en fait le même pattern, dépend directement de la
connaissance qu’elles ont été construites de la même manière.
En fait ce pattern unique est objectivement « indiscernable » et c’est ce qui semble
incompatible avec la définition d’un pattern : un pattern est quelque chose qu’on discerne,
qu’on extrait par nos propres moyens. Dans son exemple, Daniel Dennett va proposer un
moyen de discuter sur l’existence de patterns dans les trames : comment transmettrait-on
l’information nécessaire à la reconstruction de ces trames ?
Si on extrait aucun pattern d’une trame (F), on ne saura que la transmettre point par
point : ce qui est long, coûteux et donc totalement inintéressant pour un agent humain.
Suivant les propos de l’auteur : « une série […] contient un pattern si, et seulement si, il y a
une manière plus efficace de la décrire » (p.162). Par exemple dans le cas de la trame D,
l’humain sera très largement tenté de la décrire comme une alternance de carrés, noirs ou
blancs (en fait neuf séries de dix points). Quitte à prendre en compte quelques exceptions