Cela en fait d’excellents marqueurs biologiques d’insuffisance cardiaque, en particulier dans le
domaine du diagnostic de nouveaux cas ou pour exclure, le cas échéant, la probabilité d’une
insuffisance cardiaque devant des signes évocateurs.
Les tests biologiques rapides
Dosage du BNP. Actuellement plusieurs tests sont disponibles en Europe : le plus ancien est probablement le dosage du BNP
par méthode d’immunofluorescence (Biosite Diagnostics, Bayer, CIS, Schering), capable de rendre un résultat en 15 minutes
parfaitement bien corrélé avec la méthode de référence, plus longue, radio-immunologique. Il peut se réaliser sur plasma ou sang
total et reste stable durant plusieurs heures. La valeur dite normale est comprise entre 0,5 et 30 pg/ml, en sachant que les valeurs
les plus élevées se retrouvent chez les femmes et les sujets âgés.
Le Nt-pro-BNP se dose rapidement (18 minutes) par méthode d’électrochimiluminescence (Roche Diagnostics) et les valeurs
retrouvées dans une population normale sont < 125 pg/ ml chez les patients < 75 ans et < 450 pg/ml chez les patients > 75 ans. On
retrouve également les mêmes particularités d’âge et de sexe. Le prélèvement reste, lui aussi, stable, plusieurs jours à température
ambiante.
C’est en raison de la fiabilité et de la rapidité de ces tests que le BNP et le Nt-proBNP sont
devenus les marqueurs biologiques incontournables de l’insuffisance cardiaque et surtout de
son diagnostic.
Valeur diagnostique
Dépistage d’une dysfonction ventriculaire gauche asymptomatique
Étant donné la corrélation retrouvée entre le degré de dysfonction ventriculaire gauche et les valeurs de BNP et de Nt-pro-BNP,
certains auteurs ont proposé ces marqueurs comme outils de dépistage d’insuffisance cardiaque chez une population
asymptomatique.
Pour le BNP, dans cette indication, les auteurs retrouvent, dans une population non sélectionnée, un seuil aux alentours de 20
pg/ml (de 15 à 22 pg/ml) avec différentes sensibilités et spécificités mais de bonnes valeurs prédictives négatives permettant
d’écarter avec une bonne probabilité le diagnostic. Ce seuil de dépistage s’élève à 64 pg/ml (19 pmol/l) si on s’intéresse à une
population plus âgée (70 à 84 ans).
Pour le Nt-pro-BNP, les seules études ayant dépisté des patients insuffisants cardiaques asymptomatiques > 45/50 ans
retrouvent des seuils compris entre 36 pmol/l (300 pg/ml) et 41,5 pmol/l (350 pg/ml), permettant d’écarter le diagnostic avec une
excellente valeur prédictive négative (99 à 100 %).
Il faut cependant rester prudent : en effet le BNP, tout comme le Nt-pro-BNP, reflète le niveau de pression télédiastolique
ventriculaire (surtout gauche) instantané et non la fraction d’éjection ventriculaire.
Les niveaux de ces marqueurs peuvent donc diminuer, même en présence d’une dysfonction
ventriculaire gauche, si les conditions de charge baissent comme lors d’une hypovolémie
induite par les diurétiques par exemple.
Les dosages des peptides natriurétiques dans ces indications doivent donc être restreints à des populations à risque et ne sont, du
reste, actuellement pas recommandés par les sociétés savantes.
Diagnostic positif d’un patient dyspnéique
C’est probablement le domaine le plus anciennement étudié. Il faut cependant distinguer deux populations différentes en pratique
courante : les sujets suspects d’insuffisance cardiaque vus par les généralistes, dont la moitié seront adressés au cardiologue pour
affirmer ou infirmer le diagnostic, et les sujets admis aux urgences pour dyspnée aiguë (tableaux 1 et 2).