LES DYSTHYROIDIES AU COURS DU SYNDROME POLYGLANDULAIRE AUTOIMMUN 88 M. Mnif Feki ; F.Mnif ; S.Ben Salah ; M.Elleuch ; N.Rekik ; A Abid Service d’endocrinologie CHU Hedi Chaker de Sfax Les atteintes thyroïdiennes auto-immunes représentent le type le plus fréquent de maladie autoimmune au cours de la polyendocrinopathie auto-immune (PEAI) qui est définie par l'association d'au moins de deux atteintes endocriniennes d'origine autoimmune chez un même individu. Au cours de ce travail, on a analysé les observations de 99 patients hospitalisés pour PEAI ayant présenté une atteinte thyroïdienne auto-immune. L'âge moyen des patients au moment du diagnostic de la PEAI était de 38 ans. La maladie de Basedow était découverte à un âge moyen de 33 ans (E:12-50 ans), suivie de la thyroïdite de Hashimoto goitreuse (THG) qui était découverte à un âge moyen de 35 ans (E:7 - 67 ans). La thyroïdite de Hashimoto atrophique (THA) était découverte à moyen plus avancé de 46 ans (E:1868 ans). La thyroïdite de Hashimoto était la plus fréquente des thyréopathies auto-immune notée dans 76 cas (76,7%): 45 cas de thyroïdite goitreuse et 31 cas de thyroïdite atrophique, la maladie de Basedow était moins fréquente, observée dans 23 cas (23.2%). La prédominance féminine était notée dans les thyréopathies auto-immunes: 69 femmes et 30 hommes (sex-ratio F/H=2.3). Cette prédominance était plus marquée dans la THA: F/H=2.8 que pour la THG: F/H=2.2, la différence était moins importante dans la maladie de Basedow: F/H=1.8 Les ATCD familiaux au cours des thyréopathies auto-immunes des PEAI étaient dominés surtout par de DT2 et de DT1 (dans 41 et 22 cas respectivement), suivi de l'hypothyroïdie dans 20 cas et la maladie de Basedow dans 6 cas. Les anticorps (Ac) anti-TPO et les Ac anti-Tg sont aussi prévalent au cours de la thyroïdite de Hashimoto qu'au cours de la maladie de Basedow. Par contre, les Ac anti-pancréas sont plus prévalent au cours de la maladie de Basedow avec un p significatif à 0.03. Les AAS et les AAO sont plus fréquemment positifs au cours de la thyroidite de Hashimoto surtout dans sa forme atrophique sans atteindre un seuil significatif (p=0.09). Cette prévalence des auto-anticorps était corrélée avec la clinique, en fait la maladie de Basedow était la plus associée au diabète alors que la thyroïdite de Hashimoto était fréquemment associée à la maladie d'Addison et l'insuffisance ovarienne. 74% des patients ayant une maladie de Basedow avaient développé un diabète. Les patients ayant une thyroïdite de Hashimoto dans sa forme atrophique avaient un diabète et une maladie d'Addison à proportion égale. Le vitiligo était associé aux dysthyroidie auto-immunes dans 5 cas, l'alopécie dans 4 cas et le syndrome de Goujerot Sjogren dans 3 cas. L'association de vitiligo et anémie de Biermer était notée chez un patient ayant une thyroidite atrophique autoimmune. Concernant le délai entre les endocrinopathies, l’intervalle du temps qui séparait le diabète de type 1 et la thyréopathie était le plus long (moyenne 127,2 mois=10,3 ans) et l’intervalle du temps entre la thyréopathie et la maladie d’Addison était le plus court (moyenne 17,6 mois=1,4 ans). L’analyse de nos résultats montre que le délai entre les différentes endocrinopathies varie selon l’ordre chronologique de leur apparition. En effet, si une thyréopathie se manifestait en premier lieu, la deuxième endocrinopathie survient rapidement par contre si la thyréopathie se manifestait en deuxième position, elle aurait laissé une longue période pour apparaître et ceci avec une différence hautement significative (p= 3 10-5). En conclusion, au cours de la PEAI, les endocrinopathies suivent généralement un ordre chronologique bien précis, ce qui nous permet de dépister à temps l'apparition d'une nouvelle endocrinopathie auto-immune et de prendre par conséquent les précautions nécessaires.