© amedes octobre 2013 Labinfo AUTO-ANTICORPS THYROÏDIENS Phn. Biol. Régis Debois (09/08/2011) – Revu par Dr J-L Houet Les maladies auto-immunes thyroïdiennes (MAIT) ont un large spectre de manifestations cliniques, parfois même totalement opposées (hypothyroïdie dans la thyroïdite d’Hashimoto, hyperthyroïdie dans la maladie de Basedow). Leur prévalence est de l’ordre de 5% dans la population générale (nette prédominance féminine). 3 auto-antigènes sont impliqués dans les MAIT : TPO (thyroperoxydase), thyroglobuline (TG) et le récepteur de la TSH. La prévalence des anticorps anti-thyroïdiens est d’autant plus élevée qu’il existe d’autres pathologies auto-immunes non thyroïdiennes associées (diabète type 1, anémie pernicieuse,…). Facteurs de prédisposition Génétique : une fréquence excessive de MAIT a été décrite dans certaines familles suggérant ainsi le rôle de la génétique. Le système HLA semble impliqué : HLA B8-DR3 pour Basedow et DR5 pour Hashimoto. Age et Sexe : prévalence augmente avec l’âge (pic vers 60 ans) et est plus marqué chez la femme. Statut iodé : prévalence plus faible des MAIT dans les zones carencées en iode. Par contre, dans les zones « iodées », nombreuses hypothyroïdies infra-cliniques associées à la présence d’anticorps thyroïdiens. Facteurs iatrogènes : Lithium, interféron, amiodarone,… Anticorps anti-TPO La thyroperoxidase est une enzyme clé de la synthèse des hormones thyroïdiennes. Les Ac anti-TPO sont retrouvés chez quasiment tous les patients atteints de thyroïdite de Hashimoto ou de myxoedème primitif. Ils sont présents dans +/- 80% des cas de Basedow. Leur dosage est préconisé dans le cadre du diagnostic de MAIT car ces anticorps sont les premiers à apparaître lors du développement d’une hypothyroïdie faisant suite à une thyroïdite auto-immune. Le seul dosage des Ac TPO suffit dans 97% des cas pour confirmer une MAIT. Ils sont également prescrits chez des patients à risque (poly-endocrinopathies auto-immunes, syndrome de Turner, trisomie 21,…). Les Ac anti-TPO sont prédictifs du risque de thyroïdite induite par certains traitements (Li, INF, amiodarone,…), de thyroïdite du postpartum et d’une hypothyroïdie pendant la grossesse. Leur présence est associée à un risque plus élevé de fausses couches et d’échec par traitement FIV. Il n’y a normalement pas lieu de suivre leur taux pendant le traitement (persistance chronique, modification du taux sans incidence sur le pronostic ou le choix thérapeutique). Anticorps anti-TG Prévalence très inférieure à celle des Ac antiTPO : 40-70% dans la thyroïdite de Hashimoto et 25-50% dans les Basedow. Deux indications principales : recherche de MAIT avec Ac anti-TPO négatifs et validation du dosage de thyroglobuline chez les patients atteints d’un cancer de la thyroïde (prévalence de 20-25% chez ces patients). La présence d’Ac anti-thyroglobuline rendant impossible l’interprétation du dosage de la TG. Certains auteurs préconiseraient l’utilisation des Ac anti-TG pour suivre les patients atteints de cancers différenciés de la thyroïde et ce à la place de la TG. De plus, la persistance d’Ac anti-TG post-thyroïdectomie serait un élément de moins bon pronostic. Anticorps anti-récepteur TSH Anticorps capables de bloquer ou d’activer le récepteur à la TSH et retrouvés dans plus de 90% des cas de Basedow et seulement dans 10% des cas de thyroïdite de Hashimoto. Leur intérêt diagnostique est limité aux cas de présentation atypique de la maladie de Basedow (ophtalmopathie uni- ou bilatérale,…). Ils ont une valeur prédictive de : - Dysthyroïdie fœtale/néonatale chez des femmes enceintes atteintes d’une maladie de Basedow ou d’une MAIT (contrôles réguliers). - Risque de rechute de la maladie de Basedow après thyroïdectomie (diminution rapide des taux après opération) ou après R/ par antithyroïdiens de synthèse (un taux faible en début de R/ ou après 6 mois est en faveur de l’absence de récidive ulté- Laboratoire Luc Olivier Laboratoire Gamma Médic Laboratoire Labassos Laboratoire Vieux Mayeur Laboratoire Goffaux www.labo-amedes.be rieure). ! le suivi des patients après R/ est important et ce quel que soit le taux. Autres anticorps et auto-antigènes Auto-anticorps anti-T3 et anti-T4 : responsables d’artéfacts dans les dosages de FT3 et FT4. Peuvent avoir des répercussions cliniques lors de R/ substitutif : hautes doses pour normaliser la TSH ou difficultés d’équilibration du R/. Ac anti-NIS (symporteur Na+/I-) : retrouvés avec des fréquences variables dans les MAIT. Pendrine : protéine transmembranaire impliquée dans le transport de l’iode dans le thyrocyte. Les anticorps anti-pendrine sont retrouvés fréquemment dans les MAITmais leur intérêt clinique n’est pas encore clair. Le dosage des Ac anti-TG n’est pas cumulable avec le dosage des Ac antiTPO. En bref Le tableau clinique des MAIT est très variable et leur diagnostic aisé en présence de signes cliniques évocateurs (goître, exophtalmie, asthénie, tachycardie, amaigrissement, tremblements, excitabilité, anxiété,…). Les anticorps anti-TPO et anti-TG sont retrouvés dans +/- 10% de la population générale sans signe clinique de dysthyroïdie. La présence d’ Ac anti-TPO précède souvent l’élévation de la TSH. Si R/ par amiodarone, Li, ou IFN : rechercher la présence d’anticorps anti-TPO et antirécepteur de la TSH. Si Ac anti-TG positifs, le dosage de la thyroglobuline est ininterprétable. Charrié A., Le point sur l’auto-immunité thyroïdienne, Spectra Biologie 143 :36-40, 2005. Humbel RL, Maladies auto-immunes des glandes endocrines, GEAI n°5 :1-24, 2002..