Guillaume P., Le monde colonial XIXème-XXème siècle, Paris, 1994
Première partie : Le partage du monde
Chapitre 1 : L’omniprésence anglaise
3. L’expansion anglaise
L’évolution de la domination anglaise dans l’Asie des moussons : Au cours de première moitié du
XIXème siècle Angleterre met la main sur ensemble des côtes de l’Inde. Toutefois, domination anglaise
affaiblie en 1857 par la révolte des Cipayes. Suite à cela Parlement britannique met fin aux activités de
Compagnie des Indes. Gouverneur général prend le titre de vice-roi et à Londres secrétariat d’Etat pour
l’Inde et Conseil de l’Inde sont institués. Que ce soit en 1839 ou en 1878 et 1880 l’Angleterre ne parvient
pas à établir sa domination, par l’intermédiaire de protégés, sur l’Afghanistan. En Birmanie ils mirent sous
coupe Rangoon en 1852 puis reste de la Birmanie peu après. En 1874 ce fut le tour du protectorat sur les
princes malais à partir de Singapour.
L’évolution des colonies blanches et de l’Afrique du Sud
Dès 1820 Angleterre cherche à assurer emprise sur l’Afrique du Sud, par le Cap. Au départ relations
entre colons anglais et Afrikanders ignorance, mais se tendent suite à politique libérale des Anglais vis-à-vis
des Noirs. Ceux-ci accordèrent égalité devant loi en 1828 puis esclavage aboli en 1833. Néanmoins
refoulement des Cafres, ou Zoulous, par le gouverneur d’Urban. La réplique des Boers est Grand Trek qui
aboutit à fondation de l’Etat libre d’Orange et République du Transvaal. Toutefois, en 1843 Anglais
annexent Natal puis, en 1848, Orange aux Boers. En 1852 reconnaissent l’existence du Transvaal et
rétrocède l’Orange aux Boers en 1854. Interdiction de l’esclavage imposée. En 1876 projet de fédération des
colonies, avorté en 1859, repris par Anglais, mais n’aboutit pas. Suite à guerre contre Zoulous en 1879, les
Anglais imposent protectorat et annexèrent Zoulouland en 1887. Libérés de menace zoulou les Boers se
soulèvent contre Anglais en 1880 et le Transvaal retrouve son indépendance l’année suivante.
Escales et comptoirs
Les escales et comptoirs anglais jalonnent deux routes essentielles : la route des Indes et de
l’Extrême Orient par la Méditerranée et la route des Indes ou de l’Australie à partir du Cap. Après leur
installation à Singapour en 1819 les Anglais s’établissent à Aden en 1839. En 1841 c’est Nankin et Hong
Kong qui deviennent des possessions anglaises. La même année les Britanniques obtiennent le droit de
commercer librement avec cinq autres ports chinois, dont Canton et Shanghai. En accord avec les Français
les Anglais intervinrent en 1856 et 1859 pour faire respecter le traité de Nankin, signé en 1842, et permettre
la pénétration des missionnaires chrétiens en Chine. On pourra noter également l’acquisition
d’établissements mineurs, tels que Labuan sur l’île de Bornéo et les îles Fidji. Au cours de la seconde moitié
du XIXème siècle les Anglais s’intéressent à la côte occidentale de l’Afrique et annexe Lagos en 1861. Leur
présence sur la Côte-de-l’Or est plus ancienne que cela et avait pour but de profiter du commerce de l’huile
de palme. Pour cela ils rachètent les installations danoises en 1850 et hollandaises en 1871 jusqu’à établir un
monopole.
4. Les entreprises françaises
En 1815 la France n’est plus une puissance coloniale du fait de la perte de ses différentes colonies.
Par ailleurs, l’idée que la colonisation peut permettre de soudre les troubles sociaux ne trouve que peu
d’échos et la faiblesse du commerce n’amène pas à des visées expansionnistes. Par conséquent, l’expansion
coloniale française est avant tout une affaire politique.
L’Algérie
La capture d’Alger en juillet 1830 et sa conservation par la Monarchie de Juillet est avant tout une
affaire politique, le roi espérant un gain de prestige pour le pays. Une des conséquences est que le pouvoir
hésite entre occupation restreinte, grâce à l’appui d’un protégé, et mainmise totale. C’est seulement au
moment les négociations échouent avec Abd el-Kader que les Français décident d’envahir l’Algérie en
1836. Au cours du Second Empire la politique était plutôt celle de l’association que de l’assimilation,
Napoléon III se présentant comme l’empereur des Arabes et des Français. De fait à partir de juillet 1865 les
Arabes pouvaient obtenir la nationalité française sur demande, sous condition d’accepter l’application du
droit civil français. Par la suite la centralisation et le rattachement des services algériens aux ministères
français engagèrent la France dans une politique assimilationniste. Celle-ci fut ressentie comme une
négation de l’identité arabe.
Escales, comptoirs et contrôle des voies maritimes
A partir des années 1830 la France considère les aventures coloniales, hormis l’Algérie, comme
devant relever du développement d’escales pour le commerce que la conquête de territoires lointains. Les
implantations et acquisitions à Madagascar (1841), Grand Bassam, Assinie, Gabon (1842), Obock (1857/62)
et Porto Nova au Dahomey (1863). Toutefois, cette visée n’est pas la seule puisque cela peut répondre à des
émotions de l’opinion publique suite à des évènements circonstanciers (Tahiti en 1847), prise de possession
de territoire (Saigon en 1859 et les îles Loyauté en 1864) ou la déportation de prisonniers (Nouvelle
Calédonie en 1853/4). Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de territoires limités, sauf dans les cas des
comptoirs de Gorée et Saint Louis au Sénégal ou de la Cochinchine autour de Saigon il s’agit de
conquérir des territoires afin de protéger les comptoirs. A noter, par ailleurs, que les conquêtes seront
l’œuvre d’initiatives d’officiers jusqu’à la prise en main du gouvernement en 1880. Même si l’ensemble des
comptoirs lui permette de posséder une représentation dans de nombreux endroits et que la participation aux
expéditions anglaises en Chine lui également le commerce chinois, il n’en demeure pas moins que cela ne
permet pas de tenir la comparaison avec l’Angleterre. A tel point qu’en Inde, par exemple, les marchands
français s’appuient sur les réseaux des marchands anglais.
Chapitre 2 : Le Scramble
2. Rivalités et arbitrages
La zone méditerranéenne
C’est à partir de 1882 que l’Angleterre possède les pleins pouvoirs sur l’Egypte ottomane. Toutefois,
elle perd le contrôle sur le Soudan entre 1885 et 1898. En 1881 la France intervient en 1881 et établi un
protectorat. A partir de 1883 les affaires étrangères, finances, travaux publics et enseignement ont des
ministres français. En 1911 c’est le Maroc qui accueille un protectorat français suite au conflit avec
Allemagne. Cette dernière obtient une partie du Congo français en échange de l’abandon de ses prétentions
marocaines. L’année suivante c’est l’Italie qui s’installe en Italie en prenant la Lybie à la Turquie.
L’Afrique noire
En 1884 l’Allemagne affirme sa souveraineté sur le Togo, le Cameroun et le Sud-Ouest africain
(Tanzanie). En 1890 l’Afrique occidentale est découpée entre Français et Anglais à partir de la ligne Say-
Barroua. L’Afrique orientale est découpée en 1899, la France possédant le bassin du Tchad et l’Angleterre
obtient le Haut Nil. En 1891 les possessions portugaises de Rhodésie sont prises par l’Angleterre.
Les rivalités en Asie
A partir du XVIIIème siècle les Russes investissent peu à peu leur espace asiatique et fondent
Vladivostok en 1860 puis prennent Port Arthur. Au cours des années 1860 ils prennent Tachkent (1865) et
Samarkande (1868) puis établissent des protectorats sur les émirats de Khwa et Boukhara (1870). Dès le
départ une importante population russe (environ 300.000 entre 1863 et 1880) y est envoyée (notamment des
dissidents religieux et des cosaques) pour développer les terres. Après 1893 les migrations sont d’environ
100.000 par an. A la fin XIXème siècle l’Empire crée de nombreuses voies continentales de chemin de fer,
notamment le Transcaucasien en 1883, le Transcaspien en 1888 et le Transsibérien en 1895.
Des conflits importants existent entre la Russie et l’Angleterre en Afghanistan à partir de 1885. En
1895 un Etat tampon est créé entre les deux puissances. De même entre Français et Anglais au Siam en
janvier 1896. Dans le Sud-Est asiatique, la Nouvelle Guinée est partagée entre Anglais et Allemands en
1885. De même que les Samoa par un accord anglo-américano-allemand en 1889. Enfin, l’achat des îles
Carolinies et Mariannes contribuent à former un espace allemand dans la Pacifique sud.
En 1894 le Japon occupe la Corée, la Mandchourie méridionale, le Chantoung et Taïwan. L’année
suivante la Chine doit céder au Japon les terres susmentionnées ainsi que la presqu’île du Liao Toung avec
Port Arthur. Les Japonais doivent renoncer à cette dernière du fait des ambitions russes.
Chapitre 3 : Le poids des rivalités coloniales dans les conflits du XXème siècle
1. L’esprit et la lettre : les 14 points de Wilson et le partage des dépouilles à Versailles
La redistribution des territoires à Versailles
Colonies allemandes sont réparties parmi les vainqueurs et Angleterre possède mandat sur
Tanganyka et France le Cameroun, le Togo et le moyen Congo. La Belgique obtient un mandat sur le
Rwanda-Burundi. Italie quelques maigres territoires en Somalie et Afrique du Sud, le Sud-Ouest africain
allemand. Japon prend possession des Mariannes, des Marshall et des îles Carolines.
Problèmes du dépeçage de l’empire ottoman du fait des nombreuses revendications. Turquie doit
renoncer aux possessions arabes, France détient mandat sur Syrie et Liban. Angleterre : mandat sur Palestine
(avec distinction de Transjordanie et Cisjordanie) et l’Irak.
2. Nations pauvres et nations nanties : le national-socialisme et le fascisme devant les
problèmes coloniaux
Les ambitions coloniales de l’Italie fasciste
En 1924 l’Italie entreprend la pacification de la Tripolitaine puis de la Cyrénaïque à partir de 1929. A
partir de 1933 les Italiens envoient des colons et créent des infrastructures coloniales ainsi qu’une route vers
l’Erythrée. En mai 1936 c’est l’Ethiopie qui est annexée. Au cours des négociations suite à la défaite
française en 1940, les Italiens désirent prendre une partie de l’Algérie et Djibouti, mais sont déboutés.
L’impérialisme japonais et la politique américaine
Dès avant 1930 les Japonais mettent la main sur le chemin de fer de la Mandchourie du Sud et
installent des colons à Port Arthur et autour. Entre juillet et septembre 1931 les Japonais s’emparent de
Moukden. En 1932 ils occupent la Mandchourie puis en déclarent l’indépendance en lui annexant la
province du Jehol. Entre 1933 et 1937 ils mettent la main sur la Mongolie intérieure puis envahissent le nord
de la Chine. Selon P. Guillaume il s’agit, à l’instar de l’Italie fasciste en Ethiopie, d’une entreprise coloniale
classique.
3. L’évolution des esprits jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale
Au cours de l’entre-deux guerres les principes et buts de la colonisation sont peu à peu théorisés par
des penseurs comme F. Lugard ou A. Sarraut. Ceux-ci mettent l’accent sur l’action civilisatrice de
l’Occident tout en s’inspirant des principes wilsoniens, c’est-à-dire un respect plus grand pour les intérêts
des indigènes. En 1939 l’anticolonialisme n’est nulle part une pensée politique cohérente, mais chacun
possède une conception plus ou moins figée ou évolutive de la colonisation.
Deuxième partie : Christianisme et colonisation
Chapitre 4 : Le renouveau missionnaire
1. Les Eglises protestantes.
Grandes figures missionnaires et implantation des missions
Les missionnaires atteignent le Japon en 1859 et la Corée en 1884. En Océanie les missionnaires
s’installent vite, mais l’évangélisation est chose compliquée du fait des réactions parfois brutales des
indigènes. En Afrique les Hollandais sont présents au Cap, mais ne commencent à évangéliser qu’au milieu
du XIXème siècle. Les missionnaires français s’intéressent également à cette région du monde avec la
création de la Société des missions évangéliques de Paris au Lesotho en 1833. Plus tard l’Allemand Karl
Peters fonde la Mission évangélique pour l’Afrique orientale allemande en 1886.
2. L’Eglise catholique
La papauté et les missions
C’est seulement à partir du pontificat de Grégoire XVI (1831-46) que la papauté reprend la direction
d’un mouvement missionnaire et lui donner son contenu humanitaire, notamment contre la traite
esclavagiste. Par ailleurs l’Instruction Neminem Profecto (1845) met en avant la nécessité de former des
clercs indigènes ainsi que sur l’importance des œuvres d’éducation, de piété et de bienfaisance. L’idée de la
formation des clercs indigènes sera reprise dans les Encycliques Maximum illud (Benoît XV 1919) et Rerum
Ecclesiae (Pie XI 1926) ce qui montre les difficultés de réalisation de cet objectif.
Œuvres et ordres missionnaires
Le renouveau missionnaire prend place dans le contexte de la renaissance religieuse romantique de
l’Eglise catholique. Elle se matérialise par la refondation d’ordres anciens, tels les Jésuites ou les Lazaristes,
ou la création d’ordres nouveaux. Par exemple en 1856 Monseigneur Marion de Brézillac fonde les Missions
Africaines de Lyon. En Hollande la Société du Verbe Divin est fondée par le père Janssen en 1875.
L’implantation missionnaire
A partir de 1833 le clergé portugais est remplacé par des Jésuites en Inde. La Chine est difficilement
pénétrable par la parole missionnaire, les persécutions de prêtres étant nombreuses notamment les révoltes
des Taïpings et Boxers. En Afrique noire les implantations des missionnaires catholiques se voient opposées
assez peu de résistances. A partir du Congrès de Berlin de 1885 l’Afrique apparait comme terre d’élection
des missions.
Chapitre 5 : L’œuvre du missionnaire
1. L’évangélisation
Très vite les missionnaires comprennent la nécessité d’adapter leur foi et leur enseignement à la
mentalité des populations indigènes. La connaissance de la langue indigène est également désignée comme
un préalable à l’évangélisation. Toutefois, souvent certains pouvaient être tentés d’effectuer du
« rendement » avec le nombre de baptisés. Selon P. Guillaume on est toujours à « mi-chemin entre le
badigeonnage rapide et l’action patiente prévue pour s’exercer sur plusieurs générations ». La tâche étant
très importante les missionnaires se faisaient aidés de catéchiste formés au sein de la population indigène.
Toutefois, le catéchiste a un rôle complexe puisque s’il trop proche du missionnaire il peut donner un
enseignement formaliste et à l’inverse il peut mal relayer le message du missionnaire au sein de sa
communauté d’origine et faire naître des mauvaises interprétations.
2. L’action éducative
Le premier rôle éducatif des missionnaires étaient les catéchistes, mais aussi préparer la formation
d’Eglises indigènes. Dans les colonies françaises les missionnaires étaient agents de la politique
d’assimilation limitée. Dans les colonies anglaises les compromis entre langues européenne et locale sont
plus fréquents. Le plus souvent la mission tient lieu d’école élémentaire. Pour les puissances coloniales les
missions représentent des moyens simples, efficaces et bons marchés de mener une politique de scolarisation
des populations indigènes. Si souvent l’enseignement ne dépassait que rarement le stade élémentaire, les
puissances coloniales ont développé un enseignement plus élitiste dans les terres d’anciennes civilisations,
aux Indes et en Extrême-Orient notamment. De fait si dans ces terres l’enseignement universitaire
commença à la fin du XIXème siècle, il faut attendre les années 1920 pour voir la même chose en Afrique.
3. L’action sociale
Le missionnaire se fait souvent médecin auprès des indigènes même s’il n’y est pas préparé au
départ. Peu à peu ceux-ci se forment à la thérapeutique et à l’hygiène. Les ordres missionnaires féminins se
spécialisent peu à peu dans la médecine avec un personnel très qualifié. Les missionnaires cherchèrent à
faire triompher la monogamie. Par conséquent, selon P. Guillaume, « l’action missionnaire fut délibérément
émancipatrice, mais elle ne put l’être qu’en brisant les cadres des sociétés traditionnelles ». L’évangélisation
est toujours, peu ou prou, européanisation du converti.
Chapitre 6 : L’adaptation des Eglises aux réalités coloniales
Au XIXème siècle le mythe de la mission civilisatrice permet de recouvrir les objectifs de négoce et
de transmission de la connaissance et de la foi. De fait le missionnaire est, avec l’administrateur ou le soldat,
1 / 21 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !