La République face à la question coloniale
reproduction du cours extrait de Histoire 1ère, Question pour comprendre le XX siècle, sous la
direction de Vincent Adoumié et de Pascal Zachary, Hachette éducation, édition 2013.
Leçon 1 : L'administration et l'exploitation des colonies.
Comment sont gérées les colonies françaises?
I. Des territoires diversement administrés
A. Poussée par le parti colonial, le République a conquis, en une trentaine d'années, un
immense empire aux statuts disparates. A1. L'administration indirecte s'applique au Maroc, en
Tunisie, au Cambodge. Dans ces protectorats, les souverains en place sont maintenus. Mais la règle
est l'assimilation et l'administration directe ( en Afrique Occidentale française, en Afrique
Équatoriale française et au Tonkin) et l'Algérie est départementalisée. A2. Pour pallier la faiblesse
numérique de l'administration coloniale, le recours au personnel indigène s'impose partout. Rares
sont ceux qui sont reconnus « citoyens français ». A3. L'immense majorité ne vote pas et reste
soumise au Code de l'indigénat.
B. L'action sanitaire et scolaire de la République souligne les ambivalences de la colonisation.
B1. Les campagnes de vaccination ou la lutte contre les pandémies ( maladie du sommeil,
paludisme) visent surtout à protéger les colons et à maintenir en bonne santé la main d'œuvre
indigène.B2. La « mission civilisatrice » de l'école reste très limitée. B3. Elle vise d'abord à
justifier l'impérialisme colonial et à former des administrateurs locaux mais elle leur fournit aussi
des outils intellectuels pour la contester ( le leader indépendantiste indochinois Ho Chi Minh fait ses
études supérieures en France).
II. Des territoires exploités
A. Des infrastructures portuaires, ferroviaires et routières sont construites à partir des côtes
pour acheminer les produits agricoles et miniers. A1. En Algérie, l'appropriation d'une partie des
terres s'accompagne de leur redistribution à des Européens ( création de grandes exploitations
céréalières et viticoles). En Afrique équatoriale, les sociétés concessionnaires acquièrent
d'immenses territoires où elles pratiquent une économie de pillage (bois, ivoire, caoutchouc). A2.
Plus tardivement se mettent en place de grandes plantations de produits tropicaux ( café, bananes).
A3. Enfin, une économie minière se développe en Afrique ( cuivre du Congo) et en Asie ( charbon
d'Indochine).
B. Les dépenses d'investissement restent modestes ( 10% des capitaux français investis à
l'étranger) et les sociétés concessionnaires font d'importants profits.B1. La crise des années 1930
renforce l'attrait économique des colonies. B2. La part des colonies, dans le commerce extérieur
français, double entre 1913 et 1935.
III. Des territoires bouleversés
A. Dans des territoires parfois faiblement peuplés, l'exploitation des colonies nécessite le
recours à la main d'œuvre locale. A1. Dépossédés, les agriculteurs travaillent les terres des
colonisateurs ou gagnent les villes qui se développent progressivement. A2. En Algérie, après 1920,
la population musulmane migre massivement vers les villes côtières. A3. Le paiement de l'impôt
personnel contraint les populations indigènes au travail forcé dans les plantations, dans les mines ou
sur les chantiers aux conditions de travail très difficiles ( 20 000 morts pour la construction de voie
ferrée Congo – Océan).
B. Les populations locales réagissent parfois par la fuite ou la révolte. B1. En 1930, le
soulèvement de la garnison indigène de Yen Bay au Tonkin est suivie d'une terrible répression. B2.
Cependant, le développement économique des colonies contribue à promouvoir de nouvelles élites
indigènes, avec la formation d'une bourgeoisie foncière et commerçante.