FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE MODULE 4: INVESTISSEMENT DES FONDS DE LA SÉCURITÉ SOCIALE EXTRAITS Bureau international du Travail - Genève Association internationale de la sécurité sociale - Genève Centre international de formation de l’OIT - Turin FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE TABLE DES MATIÈRES Unité 1: Unité 2: Unité 3: ii Politique d'investissement A. Analyse des marchés financiers........................................ 1 B. Principes généraux de l'investissement des fonds de la sécurité sociale ............................................................ 3 Instruments d'investissement A. Instruments financiers .......................................................... 8 B. Revenu des placements.................................................... 16 Problèmes courants A. Réglementation/Indépendance .................................... 22 B. Diversification....................................................................... 24 C. Développement du marché ............................................ 26 D. Gestion .................................................................................... 26 Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE MODULE 4 Investissement des fonds de la sécurité sociale Unité 1: Politique d'investissement A. Analyse des marchés financiers L es réserves de la sécurité sociale peuvent avoir sécurité sociale peuvent avoir une influence peuvent avoir une influence considérable sur l'économie nationale. Les réserves peuvent être substantielles et elles peuvent facilement atteindre 50 pour cent du produit intérieur brut (PIB) d'un pays. Cela peut arriver en particulier aux premiers stades du développement d'un régime, c'est-à-dire, avant que le régime ait atteint la maturité, ce qui devrait prendre plusieurs années, peut-être même plusieurs générations. Des réserves d'une telle magnitude influencent inévitablement les marchés des capitaux. Avant de prendre la décision finale sur le système financier, un actuaire devrait estimer le développement des réserves sur une longue période de temps sous des systèmes financiers alternatifs. Les planificateurs de la sécurité sociale devront alors analyser la structure du marché national des capitaux par rapport: Module 4 aux instruments d'investissement disponibles pour des investissements à court, moyen et long terme; 1 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE le taux global de rendement prévu; la part des revenus et des investissements prévus de la sécurité sociale dans l'épargne et les investissements nationaux totaux; l'effet probable des investissements de la sécurité sociale sur les niveaux des taux d'intérêt nationaux. Il faudra alors décider si le marché des capitaux peut absorber les ressources additionnelles provenant des réserves du système. Outre un effet égalisateur à long terme sur les cotisations, les réserves de la sécurité sociale pourraient être une source d'investissement dans l'infrastructure nationale qui pourrait être financée par des titres d'État. Cependant, il faudrait agir avec prudence lorsque les gouvernements exigent que les régimes investissent exclusivement dans les titres d'État et qu'aucun investissement national concret n'est effectué. Un régime de sécurité sociale ne devrait simplement pas financer la dette nationale, ou être utilisé de fait comme mécanisme de recouvrement des impôts. D'autre part, il ne devrait pas déclencher l'émission de titres d'État afin d'absorber les réserves de la sécurité sociale pour lesquels on ne pourrait trouver de débouchés sûrs et profitables, c'est-à-dire qu'il ne devrait pas être la cause d'une dette nationale non nécessaire. Les planificateurs de la sécurité sociale doivent collaborer étroitement avec les experts économiques, fiscaux et en matière de développement lorsque des décisions sont prises sur un niveau particulier de capitalisation. De toute façon, la détermination du niveau de capitalisation devrait être transparente, en particulier pour ceux qui financent le régime: les travailleurs et les employeurs. 2 Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE B. Principes généraux de l'investissement des fonds de la sécurité sociale D es comptes montrant les postes significatifs de montrant les postes significatifs de recettes et significatifs de recettes et de déboursés devraient être maintenus séparément pour chaque branche d'un régime de sécurité sociale. Les fonds en excédent des besoins immédiats du régime pris dans son ensemble devraient être investis en prenant en considération les besoins de trésorerie de l'ensemble de toutes les branches, et le revenu total net des placements devrait être distribué entre les branches selon une formule qui relie la distribution aux actifs investis attribuables à chaque branche. L'importance de la sécurité sociale dans l'économie nationale et les différentes mesures qui doivent être prises à la lumière des considérations économiques, sociales et politiques s'appliquent particulièrement à l'investissement des fonds de la sécurité sociale. Par exemple, les fonds accumulés en vertu d'un régime de pensions peuvent atteindre des niveaux élevés, représentant ainsi une puissance économique significative. La gestion de ces fonds doit être exercée avec grande prudence et les dispositions régissant les investissements doivent être formulées très clairement sans rien laisser aux décisions arbitraires. Il ne faut pas oublier que ces fonds représentent la propriété d’autrui, c'est-àdire des travailleurs assurés et de leurs personnes à charge. La gestion de ces fonds, par conséquent, doit être exercée selon certains principes de base bien définis. Ces principes varient selon la nature et l'objectif du fonds en question. En ce qui concerne le financement des prestations à court terme, les fonds de réserve accumulés dans cette branche ont pour but d'absorber les variations imprévues ou exceptionnelles dans la fréquence ou le coût des Module 4 3 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE prestations et ils devraient, en conséquence, être placés dans des investissements à court terme avec un haut degré de liquidité. Les réserves techniques d'un régime de pensions ou d'accidents du travail ont une fonction toute différente, à savoir, de produire un intérêt, de sorte que les placements sont généralement effectués dans des investissements à long terme. Les principes de base qui gouvernent l'investissement des fonds de la sécurité sociale sont les mêmes que ceux des autres institutions fiduciaires: (1) sécurité, (2) rendement, (3) liquidité. Cependant, une fois que ces conditions de base ont été remplies, on doit aussi considérer un autre facteur, (4) l'utilité sociale et économique. Sécurité 4 La sécurité est la première condition à considérer en ce qui concerne les investissements. Une institution de sécurité sociale a été chargée de la gestion de la propriété d'autrui. Par conséquent, des règles très strictes doivent être observées en ce qui concerne la sécurité et le contrôle des investissements. En premier lieu, l'organisme de sécurité sociale devrait assurer la sécurité formelle, c'est-à-dire que la valeur nominale du capital investi soit recouvrée, et que le paiement de l'intérêt soit également assuré. Mais la sécurité formelle ne suffit pas si, entre temps, la valeur de l'argent s'est dépréciée. L'organisme responsable de l'investissement devrait essayer, par conséquent, de rechercher la sécurité réelle de l'investissement, en d'autres termes, de maintenir autant que possible la valeur réelle des montants investis aussi bien que de leur rendement. La sécurité réelle est d'une importance particulière pour les réserves techniques des régimes de pensions, même si le risque de dévaluation est aussi présent pour l'investissement des réserves de sécurité sous les régimes de prestations à court terme. Ces considérations ont conduit certains organismes de Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE sécurité sociale à placer les fonds dans des investissements à valeur variable, c'est-à-dire dans des actions et des biens immobiliers. Évidemment, ces investissements devraient être effectués avec une grande prudence et sous un contrôle strict. D'autre part, comme ces investissements sont plutôt vulnérables aux variations économiques, seule une certaine proportion des fonds devrait être permise pour cette catégorie d'investissement. Un autre argument avancé à ce sujet est que l'investissement dans des valeurs variables exige une connaissance approfondie du marché des capitaux et de la gestion des actifs immobiliers. De plus, très souvent, ce genre d'investissement implique un élément spéculatif qui devrait être évité dans un organisme de sécurité sociale dont la fonction primaire est la promotion du bien-être social. Rendement Module 4 Le rendement d'intérêt sur les placements est également essentiel, même si dans le cas des réserves de sécurité pour les prestations à court terme, le rendement n'est pas d'une importance primaire en raison du fait que leurs montants ne sont pas considérables. De toute façon, le rendement ne peut avoir une grande influence sur l'équilibre financier du régime. En conséquence, pour l'investissement des réserves de sécurité, il n'est pas nécessaire de rechercher des investissements avec le rendement le plus élevé parce que la principale considération dans le placement de ces fonds est la liquidité D'autre part, en autant que les réserves techniques d'un régime de pensions sont concernées, le rendement est d'une importance fondamentale. Les calculs actuariels sont basés sur un taux d'intérêt technique: l'investissement de la réserve technique doit rapporter un intérêt qui correspond au moins au taux d'intérêt technique car, autrement, le régime devra faire face à un déficit actuariel, qui devra être couvert d'une façon ou d'une autre. 5 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE Liquidité Comme déjà mentionné, les réserves de sécurité des régimes de prestations à court terme devraient être investies dans des placements plutôt liquides, facilement convertibles en espèces. D'autre part, les réserves techniques d'un régime de pensions, qui sont destinées essentiellement à rapporter de l'intérêt, ne demandent pas un haut degré de liquidité. De fait, dans la plupart des régimes nationaux, l'utilisation du principal du capital n'est pas envisagée de sorte que la question de la liquidité ne se pose pas. Utilité économique et sociale Si les conditions de sécurité, de rendement et de liquidité sont satisfaites, on peut tenir compte de l'utilité économique et sociale dans la politique d'investissement. C'est dans l'intérêt de l'organisme de sécurité sociale que les fonds soient investis de telle façon qu'ils contribuent à améliorer les conditions de santé et d'éducation ou le niveau de vie des personnes assurées. Les investissements pourraient aussi être effectués de façon à contribuer à la création de nouveaux moyens de production et de nouvelles possibilités d'emploi, contribuant ainsi à une augmentation du revenu national et, en conséquence, à une augmentation du niveau de vie de la population. Dans les pays où il y a pénurie de capital, il est important que le montant d'épargne représenté par les fonds de la sécurité sociale soit placé à la disposition de l'économie nationale, en tenant compte des exigences de sécurité, de rendement et de liquidité. On peut souligner ici que, même si les fonds de la sécurité sociale peuvent contribuer au développement économique d'un pays, ils ne devraient d'aucune façon être utilisés comme moyen pour le gouvernement d'obtenir de l'argent pour financer les déficits. En conclusion, il est indispensable que les règlements financiers énoncent des dispositions claires sur le placement et le contrôle des investissements. Dans l'élaboration de la 6 Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE réglementation, il faut tenir compte du fait que les investissements sont faciles à gérer et que la gestion des investissements ne détourne pas trop l'attention des administrateurs de la sécurité sociale de leur responsabilité primaire: appliquer la législation de la sécurité sociale et s'assurer que les prestations sont payées de façon effective et efficace. Module 4 7 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE Unité 2: Instruments d'investissement A. Instruments financiers L es principaux instruments financiers qui peuvent instruments financiers qui peuvent être qui peuvent être disponibles pour l'investissement comprennent: Les emprunts (valeurs à revenu fixe): Titres d'État Valeurs émises par des régies d'État ou autres organismes garantis par un gouvernement Obligations émises par des sociétés privées Hypothèques (prêts, normalement garantis par des biens immobiliers) Dépôts bancaires portant intérêt. Les actions: Actions (ordinaires ou privilégiées) Biens immobiliers (propriété physique). Les fonds peuvent aussi être détenus en espèces. Comme ces fonds ne peuvent porter intérêt, ils ne sont pas considérés comme étant des actifs investis. Une portion des actifs d'un régime peut être détenue sous forme d'installation physique et d’équipement dont le régime doit disposer pour conduire ses opérations. Par exemple, le régime peut investir dans une infrastructure de services de santé. Ces investissements ne produisent normalement pas de revenu des placements; cependant, ils peuvent être justifiés par la pénurie de capital pour financer ces facilités et par les avantages que la population assurée peut en tirer. 8 Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE Le régime de sécurité sociale peut aussi être une source de fonds pour financer le logement. Le régime peut accorder des prêts immobiliers, des prêts hypothécaires pour l'achat de logements existants ou il peut financer et développer luimême des projets de logements qu'il loue ou accorder des prêts hypothécaires pour permettre aux individus d'en acquérir. Ces investissements rencontrent le quatrième objectif des investissements, mais ils requièrent une supervision extensive et ils sont chers à administrer. Des investissements peuvent aussi être effectués directement dans des entreprises commerciales, c'est-à-dire, le régime peut posséder une entreprise particulière. Ces investissements peuvent être extrêmement volatiles et on ne peut pas en disposer facilement. La propriété d'une entreprise commerciale exigerait que le conseil d'administration et la direction du régime de sécurité sociale détournent leur attention du régime pour gérer l'entreprise. Au lieu d'investir directement dans des entreprises commerciales, les régimes de sécurité sociale investissent généralement dans des banques de développement et dans des prêts garantis par le gouvernement. Ces organismes fournissent alors le capital pour des projets socialement et économiquement désirables, incluant des entreprises commerciales. Par leurs investissements indirects, les régimes atteignent un équilibre plus satisfaisant parmi les objectifs d'investissement que possible autrement avec des investissements directs, et le conseil d'administration et la direction ne sont pas détournés de leurs responsabilités primaires. Titres d'État Module 4 Les titres d'État sont normalement émis: pour financer les déficits budgétaires pour contrôler la masse monétaire et les taux d'intérêt 9 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE pour payer les nationalisations pour rembourser des emprunts pour financer des dépenses d'investissement. Les titres d'État peuvent avoir les caractéristiques suivantes: sécurité nominale possibilité d'être négociés variété de conditions d'échéance coût de transaction peu élevé avantages fiscaux. Les gouvernements (et les institutions quasigouvernementales) qui empruntent auprès des régimes de sécurité sociale peuvent décourager la discipline fiscale. Les fonds peuvent être empruntés à des taux d'intérêt inférieurs à ceux du marché (et la disponibilité des fonds de la sécurité sociale peut elle-même faire baisser les taux d'intérêt sur les titres d'État). La disponibilité de fonds à des taux préférentiels peut inciter les gouvernements à consommer davantage, à investir davantage, à substituer les dettes aux impôts ou à augmenter les déficits publics, spécialement si les fonds empruntés de la sécurité sociale ne sont pas rapportés comme faisant partie de la dette publique. L'épargne de la sécurité sociale qui est absorbée par le gouvernement n'est pas disponible pour un investissement privé alternatif; d'autre part, les investisseurs privés qui auraient acheté des titres d'État peuvent diriger leurs investissements ailleurs. La mesure dans laquelle les fonds de la sécurité sociale empruntés par le gouvernement sont utilisés pour financer des investissements et contribuent de cette façon à la croissance économique, ou qu'ils encouragent simplement la consommation du gouvernement, sont des choses difficiles à vérifier, car l'argent est fongible dans le 10 Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE budget du gouvernement. Si le capital provenant de la sécurité sociale est mal affecté par le gouvernement, les cotisations du régime sont en effet un impôt caché sur le travail. La concentration des investissements dans les titres d'État conduit aussi à la situation où les cotisants au régime paient de l'intérêt sur leurs propres cotisations par la biais de l'impôt sur le revenu. En conséquence, malgré l'apparente pertinence des titres d'État pour l'investissement des fonds de la sécurité sociale, l'investissement peut être contre-productif du point de vue macro-économique. Ceci est en dehors du contrôle des institutions de sécurité sociale, et dépend de la responsabilité fiscale et de la gestion économique du gouvernement. Il convient de noter que les titres d'État ou d'institutions quasi-gouvernementales constituent des proportions significatives des portefeuilles des régimes de sécurité sociale, que l'investissement dans les titres d'État soit obligatoire ou non. Ceci reflète aussi bien la pertinence des titres d'État pour les investissement à long terme des fonds de la sécurité sociale que l'absence de véhicules d'investissement alternatifs appropriés. En réalité, les titres d'État ou garantis par le gouvernement forment la majeure partie des investissements des régimes de sécurité sociale. Les règlements financiers exigent fréquemment qu'une proportion minimum des investissements (et parfois entièrement) soient placée dans des titres d'État ou garantis par le gouvernement. Ces investissements présentent l'avantage de la sécurité du capital; cependant, à cause de cet avantage, le taux de rendement est normalement plus bas que dans les instruments alternatifs d'investissement. Pourvu que les titres d'État soient émis avec un large éventail d'échéances, il est possible de rencontrer les exigences de liquidité des différentes branches du régime. Si le gouvernement utilise les fonds qu'il emprunte du régime pour des projets Module 4 11 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE spécifiques, le quatrième objectif d'utilité sociale et économique peut être atteint. Ces observations sur les investissements dans les titres d'État sont basés sur la supposition qu'ils sont disponibles dans les quantités requises et avec des échéances appropriées pour les investissements du régime. On suppose aussi que le capital que le gouvernement emprunte peut être mobilisé effectivement et qu'il n'est pas utilisé simplement pour financer des dépenses récurrentes. Il est possible qu'un gouvernement ne soit pas prêt à emprunter jusqu'à concurrence de ce que le régime de sécurité sociale est prêt à investir dans les titres d'État. Ceci peut arriver si les revenus récurrents du gouvernement dépassent ses dépenses récurrentes et si le gouvernement peut réduire sa dépendance des emprunts dans le marché des capitaux pour financer des projets de développement. Il est, cependant, plus fréquent pour le gouvernement de restreindre ses emprunts simplement parce qu'il ne peut pas utiliser efficacement le capital emprunté. Il faut tenir compte de cette dernière situation quand le système financier pour les prestations à long terme est établi, puisque c'est cette branche qui génère le gros des fonds que le régime de sécurité sociale doit investir et réinvestir. Le niveau de capitalisation qui est établi pour la branche des prestations à long terme doit être fixé en rapport avec la capacité du gouvernement de recevoir et d'utiliser efficacement ces fonds. (Dans les régimes qui font également leurs investissements dans d'autres instruments financiers, ce niveau de capitalisation doit être fixé en rapport avec la capacité de tous les emprunteurs acceptables de mobiliser efficacement ces ressources). Le système financier de la prime échelonnée est une méthode de reconnaître cette situation. Parce que la réserve n'est pas requise pour rencontrer les paiements de prestations, il est possible d'investir ces fonds pour de longues durées. Cela permet au 12 Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE gouvernement et aux autres emprunteurs de mieux planifier l'utilisation du capital qu'ils empruntent. De plus, les montants des fonds que le régime aura à sa disposition pour investir à différentes époques relativement aux réserves pour les prestations à long terme peuvent être variés en choisissant des périodes d'équilibre appropriées. En général, plus longue est la période d'équilibre, plus élevé sera le capital disponible pour investissement. Les autres investissements à revenu fixe, comme les obligations des sociétés et les hypothèques, sont moins sûrs que les titres d'État ou ceux qui sont garantis par le gouvernement et, en conséquence, sont généralement offerts pour produire des rendements plus élevés. Selon le marché des capitaux, ils sont généralement moins liquides que les titres d'État. L'utilité sociale et économique des obligations des sociétés et des hypothèques commerciales varie selon l'émission. L'utilité sociale des hypothèques sur les maisons privées est très élevée; cependant, ces hypothèques sont difficiles et chères à administrer. Les placements en actions de sociétés privées sont extrêmement volatiles, aussi bien du point de vue de la sécurité que de celui du rendement. Leur liquidité dépend du marché des capitaux et leur utilité sociale et économique varie avec l'émission particulière. Les investissements dans les biens immobiliers peuvent rencontrer plusieurs des objectifs des investissements; cependant, ces actifs sont normalement difficiles à liquider et créent également des problèmes de gestion. Il peut, cependant, être désirable pour l'institution de posséder les locaux où le régime est administré. La décision sur les avantages ou non d'une telle propriété dépend de plusieurs facteurs, dont (1) la relation présente et future probable entre le coût annuel du loyer des locaux et le rendement net sur les investissements alternatifs du capital qui serait Module 4 13 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE requis pour acquérir la propriété de locaux appropriés et (2) la dimension et la disponibilité des locaux qui seront requis dans l'avenir, qui sont deux des facteurs les plus importants. Les mêmes considérations s'appliquent à l'acquisition ou la location d'autres actifs immobilisés, tel que l'équipement informatique. Même si le régime peut avoir une latitude considérable dans la sélection de ses investissements, le conseil d'administration ne devrait pas oublier que la responsabilité fondamentale du régime est de fournir des prestations à ses membres de façon effective et efficace. À cette fin, il est recommandé que les investissements soient d’administration facile et que la direction du régime n'ait pas à consacrer une partie excessive de son temps à gérer le portefeuille d'investissements du régime. Les investissements dans les biens immobiliers et les hypothèques, les placements en actions et la propriété d'entreprises commerciales peuvent offrir des avantages potentiels. Cependant, une supervision constante est nécessaire pour que ces investissements soient gérés comme il faut. Pour cette raison, en particulier dans un nouveau régime, ces investissements posent des demandes excessives à la direction du régime. Les dépôts bancaires sont des investissements appropriés (avec l'argent en caisse) pour financer les opérations quotidiennes du régime. Les montants requis pour ces opérations peuvent être estimés à partir des mouvements de trésorerie historiques du régime. Les fonds seront aussi gardés dans des dépôts bancaires en attendant leur investissement ou réinvestissement dans un instrument d'investissement plus approprié et, pourvu que la banque accorde un taux d'intérêt acceptable, une portion des fonds de réserve peut être gardée dans des dépôts bancaires. Il convient de noter qu'une détention excessive d'espèces ou 14 Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE de dépôts bancaires rapportant un taux d'intérêt bas (ou nul) peut résulter en une perte importante de revenus d'intérêt pour le régime. Ceci s'applique directement aux membres des fonds de prévoyance si le taux annuel de rendement sur leurs soldes est relié au rendement net sur les actifs du fonds. S'il se trouve que les montants en excédent des besoins à court terme doivent être détenus comme dépôts bancaires, le régime peut réussir à négocier avec la banque un taux favorable d'intérêt sur ces dépôts, peut-être en acceptant de maintenir un montant minimum de dépôts ou de laisser le montant en dépôt pendant une période minimum. Les réserves de sécurité relativement à chacune des branches de la sécurité sociale devraient être détenues dans des dépôts bancaires ou dans des titres d'État à court terme. Un problème plus difficile est celui de d'établir les niveaux appropriés des réserves de sécurité. Le but des réserves de sécurité a été décrit dans la section traitant des systèmes financiers. On ne peut formuler aucune règle qui indiquera les montants appropriés de ces réserves à un moment donné quelconque. Le montant approprié variera selon les risques contre lesquels la réserve est maintenue et la maturité du régime. L'actuaire doit indiquer quelle marge de sécurité est appropriée aux moments des évaluations actuarielles périodiques. Il est important de réaliser qu'une réserve de sécurité est maintenue dans un but spécifique, et qu'on ne devrait pas la laisser croître indéfiniment sans une revue actuarielle de son niveau. Comme les réserves de sécurité sont détenues dans des investissements à court terme qui offrent normalement les rendements les plus bas, tous les fonds maintenus dans ces réserves en excédent de ceux qui sont prudemment requis pour les réserves de sécurité ne réussissent pas à rapporter leur rendement maximum pour le régime. Module 4 15 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE B. Revenu des placements la fin de chaque année financière, il est Àannée financière, il est nécessaire d’établir le est nécessaire d’établir le rendement réalisé durant l'année sur les actifs du régime. Il y a une multitude de transactions durant l'année qui modifient le montant des actifs. D'où la nécessité d'appliquer une formule simple pour mesurer le taux de rendement sur ces actifs. Supposons que A est le montant total des actifs du régime au début de l'année financière, et que B est le montant à la fin de l'année. Les valeurs appropriées à fixer aux actifs est un sujet de discussion considérable parmi les comptables. Par exemple, un partie substantielle des actifs d'un régime est généralement investie dans des titres d'État à revenu fixe remboursables. Les actifs sont généralement évalués à leur prix coûtant ou au moindre de leur prix coûtant ou de leur valeur au marché. La dernière méthode d'évaluation est-elle adéquate pour les titres d'État? Comme il est peu probable que le régime soit obligé de disposer de ces actifs avant leur échéance à leur valeur nominale, leur valeur au marché courante est sans rapport. Plutôt, la valeur nominale ou une valeur comprise entre la valeur nominale et le prix coûtant quand un titre a été acheté à un prix inférieur à sa valeur nominale (valeur amortie) serait une formulation raisonnable de sa valeur d'actif courante. Maintenir des valeurs d'actif excessivement basses pour des titres remboursables a pour résultat d'exagérer le taux de rendement et un gain de capital à l'échéance fausse les résultats de l'investissement des actifs. Un les les les 16 autre aspect de l'évaluation des actifs concerne immobilisations du régime. Elles comprennent locaux, le mobilier et l'équipement de bureau, véhicules et les fournitures médicales que Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE possède le régime. La valeur des immobilisations détenues au début de l'année doit être réduite des montants de leur dépréciation durant l'année, ou alternativement, une réserve pour le montant de la dépréciation doit être établie. Les valeurs d'actif A et B doivent être calculées prudemment et régulièrement selon les principes comptables généralement reconnus. Le revenu total des placements du fonds durant l'année doit être enregistré sur une base de comptabilité d'engagements. Il comprend tous les produits des placements à revenu fixe, les revenus des dividendes, les revenus des loyers et les plus-values nettes en capital. (Les plus-values nettes en capital sont égales à l'excédent des montants reçus sur la vente ou le remboursement d'actifs sur les montants auxquels ces actifs étaient évalués dans les comptes de l'année précédente. Le résultat peut être négatif). Supposons que ce revenu (brut) des placements soit J. Si toutes les dépenses d'investissement sont déduites du revenu brut des placements (J), le résultat est le revenu net des placements, I. Ces dépenses d'investissement comprennent les salaires du personnel qui s'occupent exclusivement des investissements, des proportions appropriées des salaires des autres membres du personnel impliqués partiellement dans les investissements, les frais généraux de l'institution attribuables aux opérations d'investissement et les dépenses directes d'investissement comme, par exemple, les frais bancaires et les droits de garde. Le revenu des placements durant l'année doit être relié aux actifs qui ont produit ce revenu afin d'obtenir un taux de rendement sur les investissements. La valeur de l'actif à la fin de l'année (B) comprend les changements dans les montants des actifs découlant du revenu net des placements qui a été reçu et réinvesti et des cotisations moins les dépenses d'administration et Module 4 17 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE autres dépenses encourues durant l'année. Pour établir le taux de rendement, on suppose que le revenu net des placements(1) a été reçu à la fin de l'année et qu'il doit être déduit des actifs à la fin de l'année, laissant B-I. Cette valeur est alors comparable à la valeur de l'actif au début de l'année (A). La valeur approximative des actifs qui ont produit le revenu des placements est la moyenne ces deux Taux brut de de rendement = valeurs de l'actif, 1/2(A+B-I). Le résultat est le montant que l'on suppose avoir été investi durant l'année. Alors: Taux net de rendement = J 1/2(A+B-I) 2J(1) A+B-I et 2I A+B-I Il est utile de comparer les taux de rendement brut et net. La différence, qui représente les dépenses d'investissement en pourcentage des actifs, est un indicateur utile sur l'efficacité de cet aspect des opérations d'un régime. Dans les fonds de prévoyance, il est nécessaire de rencontrer les dépenses d'administration à même le revenu des placements. Si K est le revenu brut des placements moins les dépenses d'investissement et les dépenses d'administration, alors, comme cidessus, 2K/(A+B-K) est le taux de rendement sur les actifs du fonds. C'est le taux maximum d'intérêt qui pourrait être crédité sur les comptes des membres si tout le revenu des placements devait être distribué sur la base des soldes dans ces comptes (1) On peut trouver d'une façon plus précise le dénominateur dans ces formules en introduisant C, le surplus découlant des opérations hors-investissement du régime durant l'année. Ce surplus (que l'on suppose investi) provient de l'excédent des cotisations sur les paiements de prestations et les dépenses d'administration et autres (hors-investissement) dépenses. En supposant que C est réalisé et investi uniformément durant l'année, on peut alors considérer que C est investi pour la moitié de l'année. Si i est le taux net de rendement et si l'on suppose que le revenu net des placements (I) est reçu à la fin de l'année, alors: Ai + (1/2)Ci = I et B = A + C + I, donc i = 2I/(A+B-I). 18 Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE au début de l'année (en supposant, évidemment, que les actifs du fonds ne sont pas inférieurs aux engagements représentés par les soldes dans les comptes des membres). Dans les prestations à long terme (pensions) d'assurance sociale, le rendement net est important par rapport au taux d'intérêt que l'actuaire a supposé dans le calcul du taux de cotisation sous le système financier choisi. Si le taux de rendement net est inférieur au taux d'intérêt choisi, le régime sera ultimement incapable de rencontrer ses obligations à moins qu'il n'y ait une augmentation dans le taux de cotisation ou une épargne correspondante dans un autre aspect du régime. (Par exemple, les dépenses d'administration, qui sont payées à même le revenu des cotisations peuvent être inférieures à celles qui ont été supposées. Ce calcul du taux de rendement net est basé sur une approximation des actifs de toutes les branches d'un régime de sécurité sociale. On a déjà noté que quelques-uns de ces actifs (réserves des prestations à court terme, réserves pour les prestations à court terme des accidents du travail et les réserves de sécurité) sont investis à court terme (ou détenus en espèces) généralement à des taux d'intérêt peu élevés. En conséquence, il serait approprié de subdiviser les actifs et de calculer un taux de rendement net pour chaque branche. Bien que ce raffinement parmi d'autres soit possible, il y a peu de chances qu'il en résulte une augmentation significative du taux de rendement net applicable aux actifs de la branche des pensions si le régime n'a été en opération que quelques années. Le calcul du taux de rendement net est en accord avec l'approche selon laquelle les opérations de chaque branche de la sécurité sociale sont enregistrées séparément alors que les investissements sont effectués sur une base combinée. La répartition de l'intérêt requis pour les Module 4 19 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE réserves, et les répartitions additionnelles aux réserves sont effectuées à la fin de l'année financière. La progression de la réserve et le niveau des réserves de sécurité doivent être revus par l'actuaire durant les évaluations périodiques du régime. 20 Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE Unité 3: Problèmes courants L e développement des marchés des capitaux et la marchés des capitaux et la reconnaissance et la reconnaissance croissante que le succès des régimes de sécurité sociale capitalisé dépend de leur performance d'investissement a concentré l'attention sur la réglementation concernant les investissements, les politiques et les pratiques des institutions de sécurité sociale. Bien que les échecs dans l'investissement des fonds de la sécurité sociale dans un certain nombre de pays soient principalement le reflet de l'environnement économique instable et inflationniste dans ces pays et de leur marché des capitaux non développé, ces échecs ont conduit à des propositions de réformes majeures des programmes existants de sécurité sociale. En général, ces propositions de réforme subordonnent la protection sociale aux efforts d'amélioration de la formation et de la répartition du capital et de promotion de la croissance économique. Il faut atteindre un équilibre entre ces objectifs. Les problèmes étroitement liés, qui sont identifiés dans cette section sont pertinents à la discussion courante sur l'investissement des fonds de la sécurité sociale. Il est nécessaire de garder à l'esprit qu'un régime de sécurité sociale capitalisé sera une des plus importantes (sinon la plus importante) institutions financières dans un pays, et que les dispositions législatives pour la protection de la vieillesse sont d'une importance critique pour le bien-être de la population et la stabilité sociale. Par conséquent, aussi désirable que puisse être une mesure d'un strict point de vue investissement des fonds de la sécurité sociale, la réalité est que cette mesure doit être acceptable d'un point de vue national économique et social. Module 4 21 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE A. Réglementation/Indépendance O n peut classer la législation gouvernant les législation gouvernant les investissements des gouvernant les investissements des institutions de sécurité sociale en gros comme suit, dans tous les cas avec ou sans une exigence d'approbation ministérielle: 1) la responsabilité des déléguée à l'institution; investissements est 2) les investissements sont soumis à des minimums ou des maximums dans divers instruments (les minimums s'appliquent normalement aux titres d'État); et 3) les investissements peuvent être effectués selon des actes fiduciaires (les actes fiduciaires spécifient les types de titres qui sont des investissements acceptables pour ceux qui ont des responsabilités fiduciaires; ils sont communs dans les pays de tradition légale britannique). Il n'est pas surprenant que le gouvernement cherche à réglementer les investissements des fonds de la sécurité sociale. Dans les pays en voie de développement, les gouvernements établissent des régimes de prestations de vieillesse dans le but de fournir une protection sociale et de générer du capital de développement. Les gouvernements accordent normalement des concessions fiscales en différant les impôts sur les cotisations et en exemptant le revenu des placements des régimes de sécurité sociale. Ainsi, les gouvernements ont un intérêt dans tous les aspects de l'opération des régimes de sécurité sociale qu'ils ont établis. L'autorité monétaire nationale a également un intérêt légitime. Étant donné l'importance des investissements de la sécurité sociale, les transactions et les autres activités du régime pourraient perturber le marché national des 22 Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE capitaux, et les politiques d'investissement que le régime pourrait adopter pourrait vicier les politiques monétaires que les autorités désirent suivre. Dans ce contexte, un régime de sécurité sociale cherche à placer ses investissements selon les objectifs d'investissement mentionnés dans la section précédente de façon à produire les plus grands bénéfices à ses membres (dans les fonds de prévoyance) et assurer la solvabilité du régime (dans les régimes de sécurité sociale de pensions). Le conseil d'administration du régime (ou un souscomité du conseil d'administration) est chargé de prendre des décisions sur les investissements. Que ces décisions soient exécutées dépend de la structure de contrôle qui a été mise en place par le gouvernement. Si des décisions spécifiques d'investissement (plutôt qu'une politique globale) sont soumises à l'approbation ministérielle (ce qui veut généralement dire approbation par le ministre responsable des finances), le rôle d'investissement du conseil d'administration est usurpé, et les investissements de la sécurité sociale deviennent simplement un accessoire aux autres revenus du gouvernement. Les membres des conseils d'administration de la sécurité sociale qui prennent des décisions d'investissement ont des responsabilités fiduciaires (fidéicommis). Ils sont responsables devant les membres du régime. Le principe du “bon père de famille” devrait s'appliquer. Le conseil d'administration devrait pouvoir adopter en toute connaissance une politique et une stratégie d'investissement. Une politique prudente mais plus innovatrice dépend de la profondeur du marché des capitaux et de la perspicacité des membres du conseil d'administration responsables des investissements. Module 4 23 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE B. Diversification L a diversification parmi les instruments d'investisparmi les instruments d'investissement, aussi d'investissement, aussi bien que parmi les différentes industries et les régions géographiques réduit les risques d'investissement. S'il y avait une plus grande diversification de l'investissement des fonds de la sécurité sociale, on pourrait éviter des affectations erronées résultant d'une concentration de ces investissements dans des titres d'État ou des titres quasi-gouvernementaux. L'appel pour la diversification est irrésistible, mais la réalité est que dans les pays en voie de développement avec des marchés de capitaux naissants, les occasions de diversification sont limitées. Il y a peu d'intermédiaires et de moyens alternatifs appropriés d'investissement (souvent des dépôts bancaires seulement). En conséquence, les institutions de sécurité sociale doivent entreprendre le financement de projets (justement comme - et probablement en concurrence avec les banques nationales de développement), et il y a normalement une pénurie de projets avec des degrés acceptables de risque pour l'investissement des fonds de la sécurité sociale. Au lieu de choisir parmi les débouchés domestiques d'investissement alternatifs acceptables, les institutions de sécurité sociale dans les pays en voie de développement font face à un “problème de liquidité”: ils ont des fonds à investir, mais pas de débouchés domestiques acceptables. La situation est particulièrement difficile pour les régimes à cotisations définies où le taux de cotisation est fixe; les régimes de sécurité sociale de pensions partiellement capitalisés peuvent fixer le taux de cotisation pour tenir compte, entre autres facteurs, de la capacité d'absorption des investissements du marché domestique. 24 Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE Les contraintes à la diversification des investissements dans les marchés domestiques et la saturation du marché conduisent à des pressions de la part des institutions de sécurité sociale pour un assouplissement des règlements qui, dans presque tous les pays en voie de développement, défendent les investissements à l'étranger. Cela permettrait aux régimes de diversifier leurs investissements et pourrait être avantageux aux participants des régimes. Les banques centrales sont responsables de la gestion des transactions de change, et elles ont généralement résisté à cette pression. Évidemment, elles ne veulent pas fermer les yeux sur une fuite de capital institutionnel. On prétend que l'épargne domestique doit être investie pour promouvoir la croissance économique nationale, même si les rendements sur les investissements de la sécurité sociale sont inférieurs à ce qu'ils seraient si l'on permettait aux régimes d'investir à l'étranger. Alors que la globalisation des flux des capitaux veut dire que les sorties de capitaux des investissements de la sécurité sociale peuvent être contrebalancées par les entrées de capitaux d'autres sources, ce principe est considéré avec scepticisme. Si un régime national de sécurité sociale est incapable d'identifier des occasions acceptables d'investissement domestique, est-il vraisemblable qu'un investisseur étranger le sera? Investir à l'étranger expose une institution de sécurité sociale à des risques de change. Alors que ces risques sont présents, les institutions de sécurité sociale qui désirent investir à l'étranger dû aux marchés domestiques des capitaux non développés sont souvent situées dans des pays avec des devises faibles qui sont sujettes à dévaluation; par conséquent, il y a un profit possible de taux de change. Module 4 25 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE C. Développement du marché L Investissements directs/indirects es institutions de sécurité sociale peuvent sécurité sociale peuvent stimuler le peuvent stimuler le développement des marchés domestiques des capitaux, implicitement en réponse aux fonds qu'ils ont disponibles pour investissement, et explicitement en encourageant de nouveaux instruments financiers, débouchés et intermédiation. Une intensification des marchés domestiques des capitaux est mutuellement bénéfique aux institutions de sécurité sociale et aux économies nationales. Cependant, il faut introduire et mettre en vigueur des mécanismes de réglementation des marchés, incluant une supervision des banques, des obligations d'information et une législation sur les valeurs; autrement, le degré de risque sera probablement inacceptable pour les investissements de la sécurité sociale. Quand les institutions de sécurité sociale investissent dans des actions, les problèmes de propriété, de contrôle et de gestion des corporations dans lesquelles les fonds sont investis doivent être abordés. Les institutions de sécurité sociale peuvent jouer un rôle dans la privatisation des entreprises publiques et des limites sur la participation qu'elles peuvent avoir préviennent que le contrôle de l'État sur les entreprises soit simplement transféré au contrôle des institutions de sécurité sociale. D. Gestion I déalement, les institutions de sécurité sociale institutions de sécurité sociale devraient pouvoir sociale devraient pouvoir investir leurs fonds 26 Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE indirectement, permettant ainsi au conseil d'administration et à la direction de se concentrer sur une opération efficace du régime de sécurité sociale. Dans les pays avec des marchés des capitaux non développés, quand les investissements indirects ne peuvent absorber les fonds disponibles, les institutions de sécurité sociale doivent investir directement dans des projets. Les investissements directs impliquent l'initiation, l'évaluation, l'approbation, l'exécution et le contrôle continu du projet. Une institution de sécurité sociale peut former une “unité maison” pour se charger de ces fonctions spécialisées, ou elle peut retenir des conseillers externes (en supposant que la capacité externe de conseil soit disponible ou puisse être développée). L'alternative a des implications évidentes de dépenses d'investissement. Taux de rendement Les régimes de sécurité sociale de pensions et les fonds de prévoyance ont des obligations à long terme (40 à 60 ans et plus). Par conséquent, leurs fonds peuvent être placés pour de longues périodes, bien définies, et leur performance d'investissement devrait être mesurée sur de plus longues périodes que celles typiques des autres institutions financières. Il est inopportun de mesurer la performance d'investissement d'un régime de sécurité sociale seulement sur la base du taux annuel de rendement sur ses actifs investis. L'évaluation annuelle est devenue la norme pour les institutions financières privées dont les clients peuvent transférer leurs investissements selon la performance relative des institutions. Cette perspective à court terme résulte en une concurrence entre les institutions privées pour maximiser leur taux annuels nets de rendement. Elle encourage les transactions (avec les coûts de transaction correspondants); elle incite les corporations à déclarer des dividendes élevés et à Module 4 27 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE retenir une moindre portion de leurs profits pour le développement à long terme de leur entreprise; elle contribue à la volatilité du marché parce que, quand une société ou un secteur tombe en défaveur, le désinvestissement est général puisque le “comportement grégaire” a tendance à s'appliquer; et elle peut empêcher de lever du capital pour des projets à long terme dont les rendements sont différés même si le taux de rendement peut être acceptable sur une base de flux financiers escomptés. Comme les régimes de sécurité sociale ont des perspectives d'investissement à long terme, ils peuvent être des sources fiables de capital à long terme. Ils peuvent complémenter l'intermédiation fournie par les institutions financières privées. Les régimes de sécurité sociale sont obligés de générer des taux de rendement à long terme acceptables et compétitifs. Mais ils ne sont pas en concurrence avec les institutions financières privées et leur performance d'investissement ne devrait pas être mesurée selon les standards appliqués à ces institutions. Divulgation/ information publique 28 Les cotisants aux régimes de sécurité sociale deviennent plus sophistiqués. Ils sont au courant des rapports réguliers que les clients des institutions financières privées reçoivent, et ils s'attendent à la même information et attention de leurs régimes de sécurité sociale. Les régimes de sécurité sociale sont critiqués de plus en plus sur un certain nombre de points incluant leur conception, leur administration et leur performance d'investissement. Quand la critique est fondée, elle peut mener à des modifications aux régimes pour améliorer leur performance et la protection sociale qu'ils fournissent. Il appartient aux régimes de réagir à la critique qui n'est pas bien fondée. Au sujet de la performance d'investissement d'un régime, les cotisants devraient être mis au courant de la politique et de la stratégie d'investissement du Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE conseil d'administration et la performance du régime devrait être expliquée et analysée. Privatisation Pour surmonter les déficiences des régimes publics de sécurité sociale, on a proposé de les remplacer par des régimes privés obligatoires à cotisations définies. Les cotisants choisiraient (et ils seraient autorisés à changer leur choix) parmi un certain nombre de régimes privés bien réglementés, décentralisés et concurrents, qui seraient libres de l'influence du gouvernement et des contraintes communes aux régimes publics centralisés. On s'attend à ce que l'indépendance d'investissement et la concurrence que cela engendrerait résulteraient en une répartition de capital plus efficace, des rendements d'investissement améliorés et une plus grande croissance économique. Cette proposition exige un marché domestique des capitaux suffisamment développé, et une possibilité de diversifier les investissements dans des marchés externes. Les économies d'échelle d'un régime public centralisé seraient perdues et des coûts de marketing importants pour enrôler et retenir des cotisants doivent être encourus. L'obligation de faire respecter les règlements concernant les cotisations - une caractéristique importante de l'administration d'un régime public - est une fonction peu familière aux institutions financières privés, et elle est compliquée quand les cotisants peuvent changer d'un régime à l'autre. Les cotisants doivent aussi avoir l'information et la perspicacité de faire un choix éclairé parmi les différents régimes. Les régimes obligatoires d'épargne proposés sont virtuellement les mêmes que les fonds de prévoyance avec des réductions graduelles des soldes accumulés des cotisants. Il n'est pas clair pourquoi un régime public centralisé d'assurance sociale ou un fonds de prévoyance qui serait libre Module 4 29 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE des restrictions sur ses investissements ne pourrait pas avoir une performance aussi efficace que les régimes privés. Une alternative pour les régimes publics centralisés pourrait être de répartir les fonds parmi les intermédiaires d'investissement privés concurrents dont la performance serait évaluée par le régime public. Les régimes obligatoires d'épargne privés seraient strictement réglementés. Il est illusoire d'espérer que ces régimes, comme tous les programmes statutaires, seraient autrement indépendants de l'interférence du gouvernement, parce qu'en périodes d'adversité financière, les gouvernement trouveront des moyens d'intervenir. L'interférence peut être plus difficile dans le cas d'institutions privées multiples, et elle ferait face à une plus grande résistance, mais elle n'est en aucun cas exclue. Si les régimes à cotisations définies pleinement capitalisés ne produisent pas les prestations anticipées, et si l'État est appelé à supplémenter le support de la population âgée, l'intervention de l'État est inévitable. Inflation 30 L'inflation, qui ronge la valeur réelle des prestations de pension promises et les accumulations de capital, est l'ennemi de tout régime de protection sociale, qu'il soit basé sur une provision publique, professionnelle ou personnelle. Ni les régimes à prestations définies ni ceux à cotisations définies ne sont immunisés contre les effets de l'inflation. L'inflation a rapidement changé les régimes à prestations définies partiellement capitalisés en Afrique du Sud en régimes de répartition alors que leurs actifs furent décapitalisés. Les fonds de prévoyance ailleurs produisirent des accumulations de capital dérisoires pour la même raison. Le résultat fut souvent la pauvreté pour les personnes âgées qui avaient compté sur la protection de la vieillesse promise par les régimes public de sécurité sociale. Module 4 FINANCEMENT DE LA SECURITE SOCIALE Dans les régimes à prestations définies, le risque d'inflation est supporté par la collectivité des cotisants et des bénéficiaires, avec la capacité de taxation du gouvernement en dernier ressort. Dans les régimes à cotisations définies, les individus supportent le risque d'inflation pendant qu'ils sont cotisants aussi bien que bénéficiaires. Dans ces régimes, on ne s'attend pas à ce que les gouvernements interviennent si les accumulations de cotisations attendues ne sont pas réalisées (sauf jusqu'à concurrence d'une prestation minimum garantie). Néanmoins, il est très possible que les gouvernements n'aient d'autre choix que d'intervenir si l'inflation menace la viabilité des régimes à cotisations définies et, en conséquence, la protection sociale des personnes âgées. Il est nécessaire que les cotisants aux régimes à cotisations définies reconnaissent la nature de long terme des opérations des régimes de sécurité sociale, en particulier de leurs stratégies d'investissement. On préconise les régimes à cotisations définies sur la base d'estimations des accumulations qu'ils produiront. Les illustrations d'accumulations des régimes à cotisations définies dépendent de la continuité de l'emploi des cotisants, du niveau des cotisations et des taux d'intérêt qui sont crédités. Pour éviter des projections séduisantes mais irréalistes, on devrait développer une méthodologie et une norme indépendante généralement acceptée qui indiquerait les écarts appropriés entre les hypothèses basées sur l'expérience des facteurs significatifs et les attentes futures. Module 4 31