Le premier volet de sa pensée est la nature des attributs de la cité
idéale. Celle-ci est gouvernée par le roi-philosophe. En effet, il a
intégré dans la culture de l’Islam, l’idée de Platon selon laquelle le roi
doit être philosophe c'est-à-dire capable par sa puissance intellectuelle,
de coordonner les différentes parties de la cité, de satisfaire ses
besoins et de découvrir ses points faibles. Il doit maitriser la science et
la vertu, être courageux ; magnanime, bon orateur et doit avant tout
savoir convaincre les citoyens. De façon générale, il rejette
l’organisation pyramidale résultant de la théorie de l’émanation. Selon
lui, l’Un est le Tout de sorte que les différentes parties de la cité
oeuvrent ensemble sous l’autorité du roi-philosophe. L’unité qu’il
revient au souverain de réaliser est l’objectif fondamental car la
mauvaise cité est celle qui est divisée.
Le deuxième volet est la guerre sainte. Il comprend celle-ci comme
l’islam le comprend à son époque, à savoir comme une guerre très
concrète. Il l’approuve en tant que musulman conscient de son devoir.
Cependant, selon lui, la guerre relève du domaine de l’équité qui
commande de suspendre ou de limiter l’application de la loi si le bien
de la communauté l’exige. La guerre n’est qu’un moyen de contrainte
quand la persuasion ne suffit pas. Elle est donc un chemin vers Dieu.
Mais ce chemin conduit aussi à l’homme. Par humain, il entend ce qui
est bon à l’homme. Il en résulte que la guerre est légitime quand elle
aide à faire advenir ce qui est bon pour l’homme.
Le troisième volet concerne les conditions pour que se maintienne le
régime parfait qui a tendance à dégénérer en régimes injustes à savoir
la timocratie, l’oligarchie, la démocratie et la tyrannie. La timocratie
est le régime dans lequel les gouvernants ont le gout de la domination.
L’oligarchie est le régime où un petit nombre détient le pouvoir.
Averroes les condamne moralement car dans ces régimes, une partie
de la population s’enrichit tandis que l’autre s’appauvrit. Dès lors, les
pauvres se révoltent. Victorieux car plus nombreux, ils instaurent la
démocratie qui est le régime où règnent la liberté et la séparation entre
les groupes sociaux qui poursuivant des fins différentes. De ce fait,
elle est très éloignée de la cité idéale où l’unité prévaut. En raison de
la liberté qu’elle connait, la démocratie dégénère en anarchie. Pour
rétablir l’ordre, un tyran s’empare du pouvoir. La tyrannie qu’il
instaure est pour Averroes le degré extrême de la dégénérescence de la
cité contrairement à l’opinion de son temps qui considérait le tyran