Conclusion provisoire... L'intérêt de la logique déductive pour la formalisation de la théorie économique n'est pas clairement établi. La logique moderne ne date que d'un siècle et les économistes éprouvent encore de grandes difficultés à établir un ensemble de conventions sur les termes de leur discipline apte à établir un pur raisonnement déductif. Au delà du contrôle du raisonnement formalisé, la logique ne crée rien. Au contraire, elle limite considérablement le nombre de propositions logiquement acceptables en économie, en imposant au préalable les conditions d'homogénéité et d'atemporalité de l'analyse économique. La nature de ces conditions amène à opposer le raisonnement logique à la compréhension socio-historique en économie. Cette opposition apparaît nettement au travers du modèle de Sraffa et conduit à dénoncer les confusions de niveaux. Cependant, une telle opposition ne peut établir une quelconque hiérarchie entre ces deux méthodes comme tente de le faire Popper (1944-1945) opposant à la " misère " de l'historicisme et du sociologisme, la rigueur de la logique. Peu de propositions économique peuvent être formalisées logiquement compte tenu de leur caractère hétérogène ou temporel…doit-on les exclure au nom d'un absolutisme logique ? L'axiomatique a permis en économie une très grande déconstruction de l'utilitarisme élémentaire et du marché , notamment avec Kenneth Arrow. A l'inverse, elle permet de solutionner la valeur et de la répartition à la fois dans la problématique (ricardienne) de la production et dans la théorie ( dite " néo -classique ") de l'équilibre général. Les débats correspondants ont été particulièrement riches : nombre de grands économistes, " pertinents " dans le développement ( A.Sen, J. Stiglitz, J .Mirrlees, B.Schefold, G.Chilchinisky) ont participé initialement au débat particulièrement abstrait entre les deux Cambridge et ajouté leur contribution à la théorie des choix collectifs. Par ailleurs nombre d'hypothèses abstraites ad hoc ont complètement modifié des analyses très appliquées : le plus bel exemple est celui des hypothèses effectuées sur la théorie du consommateur par Debreu qui ont permis les nouvelles théories de la famine et de la pauvreté de Sen. De même, l'accent mis sur l'extrême pauvreté est l'aboutissement d'un débat sur le choix social et les inégalités. Néanmoins il faut se garder du logicisme, les conditions d'application de l'axiomatique en économie posent des problèmes de pertinence de l'édifice. A vouloir être rigoureux, on ne peut dire grand chose en économie…. Ce dont on peut parler il faut le taire…mais parler rigoureusement, implique de ne pas dire grand chose ! Quelques éléments de bibliographie: Les principales références se trouvent dans ces deux ouvrages et surtout: pour comprendre la révolution logique du XIX° Annexe 1 Le théorème de Gödel. Qui est Gödel ? Comment Gödel a -t-il démontré l' incomplétude de l'arithmétique ? Je vous renvoie aux 23 propositions de Hilbert En 1930, Gödel démontre la complétude de la logique du 1° ordre. En 1931, " LE " théorème de Gödel montre l'incomplétude de tout système formel destiné à formaliser l'arithmétique. Logique et mathématiques sont ainsi séparés à partir du principe de complétude. Revoyons la démonstration simplifiée de Gödel : 1) Comment construire une formule arithmétique G représentant l'énoncé suivant : " La formule G n'est pas démontrable " ? G est vraie ssi elle n'est pas démontrable, G dit quelque chose d'elle même , elle est autoréférentielle donc source de paradoxes. 2) Gödel montre que G est démontrable ssi sa négation non G est démontrable. Si G et non G sont démontrables, l'arithmétique est inconsistante. Si l'arithmétique est consistante , alors ni G , ni non G ne sont démontrables. G est une formule indécidable. 3) Bien que G ne soit pas démontrable, elle est arithmétiquement vraie. 4) Puisque G est vraie et qu'elle est indécidable, alors les axiomes sont sémantiquement incomplets . Donc il y a des formules vraies qui ne sont pas décidables au sein du système. 5) Gödel construit une formule A qui représente la proposition " l' arithmétique est consistante ". Si A alors G A implique G est démontrable, or A n'est pas démontrable dans le système. Si A était démontrable , alors G le serait aussi ; donc la formule est indécidable. Ainsi, si l'arithmétique est consistante, alors on ne peut prouver dans l'arithmétique la formule qui exprime cette consistance. Annexe 2- Extrait du site Habermas: DIALECTIQUES Habermas contre Frege.... Théorie de l'agir communicationnel /Jürgen Habermas ;traduction de Jean-Marc Ferry et Jean-Louis Schlegel. Paris : Fayard, 1987. - 24 cm. - (L'espace du politique). - Titre original: Theorie der kommunikativen Handelns, 1981. Tome 1. Rationalité de l'agir et rationalisation de la société. - 448 p. Tome 2. Critique de la raison fonctionnaliste. - 48O p. Habermas présente la Théorie de l'agir communicationnel comme suit : "la Théorie...tente de poursuivre l'élaboration de quatre thèmes de la pensée post-métaphysique. Par l'esquisse d'une pragmatique formelle, je voudrais radicaliser le tournant linguistique qui, depuis Frege, ainsi que dans le structuralisme, ne fut accompli qu'au prix d'abstractions inadéquates. Par les concepts complémentaires de monde vécu et d'agir communicationnel, j'entend donner tout son sérieux à cette mise en situation de la Raison qui...ne fut accomplie que dans la dépendance à l'égard de la philosophie de la conscience. Une raison incarnée dans l'agir communicationnel permet d'appréhender l'ensemble dialectique que composent l'ouverture langagière au monde et les procès d'apprentissage dans le monde. En analysant la base de validité des discours, je voudrais surmonter le logocentrisme qui a marqué effectivement la tradition occidentale. ... Sur cette voie, on peut prendre congé du concept d'Absolu mais également de la pensée totalisante de la philosophie de la réflexion s'incluant elle-même avec le monde (Kant, Hegel). Bien qu'elle travaille ces thèmes de pensée philosophiques, la théorie de l'agir communicationnel demeure en son noyau une théorie de la société".