Chapitre I : La concurrence imparfaite

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Chapitre I : La concurrence imparfaite : causes et effets
Section 1 : De la CPP à la concurrence imparfaite
1 – Modèle abstrait et hypothèses « irréalistes »
CPP : multitude d’acheteurs et de vendeurs
La théorie économique soumet la CPP à cinq hypothèses :
 Atomicité du marché, beaucoup d’acteurs, d’intervenants, de consommateurs
 Homogénéité du produit
 Libre entrée et sortie sur le marché
 Fluidité de l’offre et de la demande (parfaite mobilité des facteurs de production),
 Transparence du marché
Lorsque les trois premières hypothèses sont respectés, on dit que le marché est pure
Perfection lorsque les deux autres hypothèses apparaissent.
a) Le prix : donnée exogène (est fixé de l’extérieur)
En CPP le prix s’impose au producteur (donnée exogène). Celui-ci a donc un comportement
« price taker »
Aucun producteur ne peut écouler ses produits à un prix différent de celui déterminé sur le
marché.
Aucun acheteur ne peut se procurer le produit à un prix différent de celui résultant de l’offre /
demande.
b) La demande : horizontale et inélastique
La demande qui s’adresse à la firme est une droite horizontale infiniment inélastique au prix.
La production d’une entreprise est très faible par rapport au marché, elle ne peut donc
influencer le prix.
Quelque soit la quantité vendue, l’entreprise obtiendra toujours ce prix de marché. Si elle
demande un prix supérieur, elle ne vaudra rien.
c) Il existe un « commissaire-priseur »
La CPP fonctionne selon le principe de « commissaire-priseur » (Walras) : centralisation des
offres et des demandes (crieur de prix !).
Le mécanisme de détermination des prix est appelé « tâtonnement walrasien ».
d) L’équilibre en situation de CPP
A. Marshall (1890) distingue deux périodes : le court terme et le long terme Voir Document
N°3.
Quelques rappels




P est une constante (c’est aussi la Rm)
La fonction d’offre est la partie de la courbe de Cm qui est  au CM.
A est le seuil de rentabilité (Cm=CM)
B le seuil de fermeture
2 – Tentatives de dépassement de la CPP
Document 1
a) Pierro Sraffa (1898-1983)
Pour lui la théorie de la concurrence n’est qu’un instrument pédagogique sans portée
opérationnelle.
Il y a une contradiction entre la théorie de la valeur en CPP et la réalité de la pratique des
affaires.
Il avait une vision différente des classiques et néo-classiques concernant les « rendements
d’échelle »
Il estimait que c’est le monopole et non la CPP qui devrait être….
b) Edward Chamberlin (1899-1967)
Il a pris ses distances avec la CPP en développant, à partir des travaux de Marshall, la théorie
de la concurrence monopolistique.
Celle-ci a été exposée au début des années trente par Chamberlin (USA) et Hoan Robinson
(GB).
Chamberlin était le premier a introduire les phénomènes de différenciation des produits des
opérations publicitaires et les coûts de transport.
c) Joseph Schumpeter
Schumpeter se démarque des « néo-classiques ». Pour lui, la concurrence est interprétée dans
le cadre d’une vision dynamique de l’évolution économique.
Pour lui, la croissance repose sur l’innovation. Cette croissance est un processus permanent de
créations et de destructions des activités.
Il met l’accent aussi sur la notion de concurrence - rivalité et ajoute que l’innovation est un
facteur de …
Conclusion

Sraffa refuse la notion d’atomicité du modèle CPP. Il suggère un modèle alternatif : le
monopole.
 Chamberlin refuse celle de l’homogénéité des produits. Il propose la concurrence
monopolistique.
 Schumpeter refuse celles de transparence et de libre entrée et sortie et introduit le rôle
de l’innovation.
La théorie de la CPP et ses hypothèses paraissent donc peu réalistes. D’autres formes de
marché existent : la concurrence imparfaite
Section 2 : La concurrence imparfaite
Vers 1850 et dans les années vingt, sont publiés des travaux portant sur la concurrence
imparfaite (CI)
1 – Définition
Il y a CI dans un secteur lorsque le producteur peut individuellement influer sur le prix de son
output (ce qui sort de la firme).
En CI les prix sont généralement plus élevés et les productions moins importantes qu’en CPP.
Mais, l’existence de CI n’exclut pas une certaine rivalité sur le marché pour accroître les parts
de marché. Producteur est un « price maker »
En CI, le prix baisse à mesure que les ventes augmentent.
2 – Structures de marché
La structure d’un marché correspond à la nature et à la taille des entreprises qui le composent.
Document N°5 : Les structures de marchés et leurs caractéristiques
3 – Causes de concurrence imparfaite
Les causes peuvent être les coûts de production, d’une part, et la réglementation et
différenciation d’autre part.
a) Les coûts de production
En CPP, les investissements et les coûts de production sont faibles. Les coûts irrécupérables
(sunk costs) sont également réduits.
En CI, l’entreprise doit être d’une taille plus importante. Elle doit avoir des capacités pour
investir et doit donc se spécialiser ou bénéficier des économies d’échelle.
b) La notion de taille minimale optimale
La taille minimale optimale (TMO) ou Echelle Minimale d’Efficience (EME) représente le
volume de production tel que la courbe de coût moyen de long terme cesse de baisser.
Document 6 : Taille minimale optimale
L’EME correspond au volume de production pour lequel les rendements d’échelle sont
constants.
Soit une fonction de production de type Cobb-Douglas :
Y  f (K,L)  AK  L
f (aK;aL)  a kY
Si k  1 : rendements d’échelles croissants (économie d’échelle). Y augmente dans des
proportions plus élevés que les coûts de production
 Si k=1 Y augmente dans des proportions équivalents au facteur de production kY
Si k  1 : rendements d’échelles décroissants (Y augmente dans des proportions inférieur à
l’augmentation des facteurs kY).
Document 7 : les rendements d’échelle (rappel)
Origine des économies et déséconomies d’échelle
Les économies d’échelle proviennent de 3 facteurs :
 Indivisibilité de certains facteurs de production (nécessité donc de les utiliser dans leur
pleine capacité).
 Spécialisation (c’est une source d’éfficacité)
 Gains dus à l’effet de taille (production à grande échelle), ce facteur étant lié au
précédent.
Les déséconomies d’échelle proviennent principalement de 2 facteurs :
 Coûts de gestion : organisation moins flexible (plus bureaucratique)  problèmes de
coordination,
 Coûts géographiques : délocalisation pour raison d’extension  coûts d’exploitation,
de transport,…
A quoi correspond la notion de TMO dans la décision d’entreprise ?
Pour être efficace, l’entreprise doit, à long terme, produire à un niveau correspondant au
minimum de son CMLT.
La production d’une quantité supérieure risque de générer plus de coûts que de recettes.
Mais, pour pouvoir dominer sur leur marché certaines entreprises produisent au-delà de
l’EME. Pourquoi ?
 gagner des parts de marchés importantes !
Document 8 : Comment la taille optimale joue sur la structure de marché.
1. Cas de la CPP : CMLT1
Coûts et quantités faibles (pas d’influence sur le marché). Il faut plusieurs entreprises (n) pour
satisfaire la demande (D).
A LT, le prix en CPP se fixe au minimum du coût moyen. Chaque producteur produira q CPP,
et QT=qcpp*n.
Exemple : livreurs de pizzas, laveurs de carreaux, marchands ambulants…
2. Cas de l’oligopole : CMLT2
Les firmes ont une taille plus importante que celle des firmes en CPP. Il faut deux (duopole)
ou quelques entreprises (oligopole) pour satisfaire la demande (D).
Exemples : industrie automobile, « soft drinks » (Coca-Cola, Pepsi-Cola et Cadbury
Schweppes), …
3. Cas du monopole :CMLT3
Quantité et coûts trop élevés pour être assurés par une petite entreprise.
La firme doit être de grande taille pour satisfaire à elle seule la totalité de la demande (D). 2
cas possibles :
- La firme satisfait la demande D (phase de rendements décroissants),
- La firme satisfait la demande D’ (phase de rendements croissants) : c’est un monopole
naturel.
Monopole naturel = situation de marché où une seule entreprise est capable de produire à des
prix plus faibles qu’en cas de présences de plusieurs entreprises.
c) Les réglementations
On peut distinguer : brevets, barrières à l’entrée et droits de douanes.
a) Les brevets : c’est la garantie de l’usage exclusif (mais temporaire) d’un produit ou
d’un procédé. Ex : Photo instantanée (Polaroid), industrie pharmaceutique…Les lois
sur les brevets, confèrent un monopole à l’entreprise ayant découvert un nouveau
procédé  Monopole schumpetérien ou légal (cf. plus loin)
b) Les barrières à l’entrée : Parmi ces barrières, on peut citer :
 Les coûts de recrutement de la main-d’œuvre
 Les coûts de construction d’une usine
 Les investissements (lourds)
 Les licences : ex. réglementation de la profession des taxis, Numérus
Clausus,…
BAIN (1956) fut le premier à développer une approche moderne des barrières à l’entrée. Il
distinguait 3 types de barrières à l’entrée :
- L’avantage absolu de coût (pour la firme installée)
- Les économies d’échelle
- La différenciation des produits
c) Les droits de douanes : Ils peuvent être parfois institués pour aider les entreprises
nationales à concurrencer leurs rivales étrangères. Ex : secteur du textile, sidérurgie
(droits de douane imposés par l’administration Bush en 2002 sur les importations
d’acier), secteur agricole
d) La différenciation
Stratégie consistant, pour une entreprise, à personnaliser son produit et à le distinguer de celui
du concurrent.
Cette pratique n’existe pas en CPP (produits homogènes) mais on la retrouve en concurrence
monopolistique (E.H. Chamberlin, voir plus loin).
La différenciation entraîne la baisse du nombre de producteurs sur un secteur ce qui accentue
une certaine concentration du marché.
MAINTENANT
Analysons empiriquement, le lien entre la concentration et l’EME, et comparons la part de
marché…..
Document 9 : Economies d’échelle et concentration aux Etats-Unis
La concentration est plus importante que le niveau correspondant à l’EME (stratégie des
firmes d’élargir leur part de marché). Plus le secteur est concentré plus on est proche de
l’oligopole ou du monopole (si déconcentré = CPP)
Remarques : part marché cigarettes (23%)  EME (6-12%) : accaparer des parts de marchands
plus importantes (pub, …)
Les industries les plus « lourdes » ont le taux de concentration le plus élevé (extraction de fer,
sidérurgie, …).
La concentration est plus faible là où le processus de production est relativement plus faible
(textile, métaux, FFS, …).
Section 3 : Quelques conséquences de la concurrence imparfaite
1 – Le taux de profit
Le taux de profit s’élève généralement avec la concentration d’un marché. Le document 11
(ci-après) indique bien une corrélation positive entre la concentration et le taux de profit. Mais
le taux de profit n’est pas toujours plus élevé en concurrence imparfaite qu’en CPP. D’une
manière général le taux de profit est plus élevé en CI qu’en CPP.
Explication : séparation entre le rôle des dirigeants et les actionnaires (les premiers cherchent
à accroître leur salaire les seconds à engranger des bénéfices).
On voit une corrélation positive entre la concentration et le taux de profit.
2 – La recherche-développement et la publicité
Ces dépenses sont plus élevées dans les secteurs concentrés. Les firmes possèdent la taille
minimale nécessaire pour engager des dépenses importantes. Au contraire en CPP, les
produits sont presque identiques et les efforts de différenciation faibles. Schumpeter avance
l’hypothèse que les grandes firmes sont les garantes de l’innovation et du progrès technique.
3 – Les interactions stratégiques
La CI se distingue de la CPP par l’existence d’interactions stratégiques entre les firmes
(théorie selon laquelle les firmes ne s’observent pas même en concurrence imparfaite) :
 Si les firmes coordonnent leurs stratégies, on parle de comportements coopératifs,
 Si par contre elles ne se concertent pas, on parle de stratégies non coopératives.
C’est le but du chapitre II : examen des différentes configurations de marché de CI.
Chapitre II : Structures de marchés et comportements des acheteurs
Section 1 : Le monopole
1 – Définition, hypothèses et origine du monopole
Le monopole est une situation de marché où une entreprise est seule à produire un bien ou un
service. Quand on passe de la CPP au Monopole, on abandonne en 1er lieu l’hypothèse
« d’atomicité » et celle de « libre accès au marché ». Les 3 autres hypothèses restent
compatibles avec le monopole (transparence de l’info,…,…).
Les raisons d’existence du monopole sont de 3 types :
A – Monopole naturel : situation où une seule entreprise produit plus efficacement que
plusieurs (en raison notamment des économies d’échelle).
Pas de monopole naturel si la
demande se trouve dans la partie
croissante du coût moyen.
B – Monopole d’innovation (Schumpeter). Entreprises qui, à la suite d’une innovation,
créent un nouveau produit et se trouvent seules à le produire et à le distribuer sur le marché.
C – Monopole légal : les pouvoirs publics accordent à une entreprise le droit exclusif
de produire un bien ou un service. On y trouve les « monopoles publics » (La poste EDFGDF, SNCF,…).
2 – Equilibre du monopole
Le monopoleur est confronté directement à la totalité de la demande sur un marché. Le prix
est fixé par l’entreprise et non pas par le marché (« price maker »). Ce n’est pas une constante
mais une donnée qui décroît avec l’augmentation de la production. La recette marginale en
monopole est donc décroissante.
a) Équilibre de court terme
En CPP on fait P = Cm afin de calculer l’équilibre. En monopole, équilibre obtenu lorsque
Rm = CmCT de court terme.
Equilibre => Rm = Cm
1) Rm = Cm, on obtient Qm
2) On cherche Qm dans RM (Em) et on en
déduit Pm
3) Calculer le profit, Prof=(Pm-CMm).Qm
b) Équilibre de long terme
Différence avec le court terme : CT : 2 facteurs : fixes et variables
LT : tous les coûts deviennent variables (y.c le CF).
Equilibre => Rm = CmLT
1) Rm = Cm, on obtient Qm
2) On cherche Qm dans RM (Em) et on en
déduit Pm
3) Calculer le profit, Prof=(Pm-CMm).Qm
Caractéristiques de l’équilibre :
À LT, le monopoleur recherche la taille qui lui procure un profit maximum (il adapte sa
production et modifie la structure de ses coûts). Il peut être incité à développer ses capacités
de production pour tirer profit des économies d’échelle. Mais il n’est pas obligé d’aller
jusqu’au minimum du CMLT (Prix élevé pour une quantité moins importante).
3 – Implications du monopole : inefficacité sociale
La situation de monopole conduit à produire une quantité plus faible, vendue à un prix plus
élevé qu’en CPP. Du point de vue du consommateur, il y a une certaine inefficacité du
monopole. On parle également de « charge morte du monopole » ou de « perte de satisfaction
sociale » (manque à gagner et conso et producteur). Il y a inefficacité car le surplus social est
moins important en monopole qu’en CPP.
Document 14 : Inefficacité sociale du monopole
Pm
A
B
Pcpp
C
Qm
Qcpp
Q
En monopole, les consommateurs subissent une perte de surplus. Pour se procurer Qm, ils
paient Pm au lieu de Pcpp (rectangle A). En plus, ils ne peuvent acquérir Qcpp car la quantité
offerte par le monopole est moindre. Ils perdent également un surplus (triangle B). La perte
globale des consommateurs est A + B.
Du côté du producteur, le monopoleur verra son surplus augmenter (rectangle A). Mais, en
CPP, il aurait vendu Qcpp au prix Pcpp. Pour chaque unité supplémentaire, le gain aurait été
de Pcpp-Cm. Son manque à gagner est représenté par la surface C. La perte de satisfaction
sociale est de B+C, représentant la « charge morte de monopole » : c’est une mesure de
l’inefficacité sociale du monopole comparée à la CPP.
Cons+producteur=-a-b+a+c=-(b+c)=perte sociale de b+c
Pcpp.(Qcpp-Qm)-Cm
Aussi, le monopole n’est pas une situation optimale au sens de Pareto (pas possible
d’améliorer la satisfaction d’un individu sans diminuer celle de l’autre !).
4 – Le monopole discriminant
Dans le monopole discriminant, nous nous limiterons à la discrimination par les prix. On parle
de discrimination par les prix lorsqu’il est possible à un producteur de vendre les unités d’un
bien à des prix différents. Seul le monopoleur peut discriminer (« price-maker »). Cette
stratégie répond à la volonté d’augmenter le profit. PIGOU (1920) distingua trois formes de
discrimination par les prix : 1er, 2ème et 3ème degré.
a) Discrimination au 1er degré (ou parfaite)
La discrimination au 1er degré est une situation où le monopoleur peut vendre les unités d’un
bien à des prix différents. Les prix de vente varient selon le consommateur auquel il s’adresse.
Ceci suppose que le monopoleur connaisse les préférences et les fonctions de demande
individuelle de chaque consommateur.
Exemples :
Les ventes aux enchères : la propension à payer varie d’un acheteur à l’autre.
Un médecin non conventionné ayant un monopole géographique : chaque patient paiera un
prix « personnalisé ».
Mots clés :
Situation où le monopoleur peut vendre les unités d’un bien à des prix différents.
Préférences, fonctions de demande individuelle.
Implication de la discrimination du premier degré :
a) La discrimination parfaite (ou de 1er degré) entraîne la superposition de la courbe
de demande (RM) et de celle de recette marginale (Rm).
Document 15 : superposition de Rm et RM en cas de discrimination de 1er
degré
Monopole sans discrimination
(Rappel)
Rm
Monopole avec discrimination
RM
(Rm=RM)
b) Quand le monopole vend une unité de plus que la première (et ainsi de suite !) , sa
recette sur les unités déjà vendues ne baisse pas.
c) Il existe une situation optimale au sens de Pareto.
d) Le monopoleur s’approprie le surplus du consommateur.
Document 16 : Discrimination parfaite et optimum du monopole
P
A
Cm
B
P1
C
D
Rm2 (=RM)
Rm1
Q1
Q2
Q
Monopole sans discrimination : recette marginale (Rm1)  recette moyenne (RM)
Monopole discriminant (1er degré) : recette marginale (Rm2) = recette moyenne
(RM)
Rappel : En cas de non discrimination, l’équilibre se réalise lorsque Rm1=Cm, soit B, càd
(Q1,P1). En cas de discrimination on a Rm2=RM. Le monopoleur a intérêt à baisser ses prix
jusqu’à ce que la dernière unité vendue lui rapporte autant que ce qu’elle à coûté (càd
Rm2=Cm). L’équilibre est donc obtenu lorsque Rm2=Cm càd pour une quantité Q2 (point C).
Document 17 : La discrimination de 1er degré et la notion de surplus
Cas de non discrimination
A
P1
Cas de discrimination de 1er degré
A
B
P1
B
Cm
P2
C
D
Rm1
Q1
Q1
Rm2(=D)
Q2
En cas de non discrimination (graphique de gauche) à l'équilibre, le surplus des
consommateurs sera de ABP1, il restera entre les mains des consommateurs (Ils paient P1,
soit moins que ce qu’ils étaient prêts à payer).
En cas de discrimination de 1er degré (graphique de droite) le monopoleur peut continuer à
discriminer jusqu'à ce que Rm2=Cm c'est-à-dire produire Q2. Dans ce cas, par rapport à Q1,
son profit supplémentaire sera de BCD (différence entre le surcroît de recette et
l'augmentation des coûts liée à l'accroissement de la production : Rm2-Cma). Il perçoit
également une recette supplémentaire de ABP1 (il s'approprie donc le surplus du
consommateur).
Document 18 : Rappel de la notion de surplus
P
Offre
A
P1
P2
E
PE
Demande
O Q1
Q2
QE
Q
Surplus du consommateur : AEPE. Comme l'indique la courbe de demande, les acheteurs
sont prêts à payer un prix plus élevé que le prix d'équilibre (ex. P1 pour Q1, P2 pour Q2,…).
Surplus du producteur : OEPE. Comme l'indique la courbe d'offre, les producteurs sont
disposés à accepter un prix inférieur à PE pour toutes les quantités < à QE. Donc, pour
chacune de ces unités, le producteur gagne la différence entre le prix du marché et le prix
auquel il est disposé à vendre.
b) Discrimination du 2e degré
1) Définition
Ici, l’entreprise applique des prix différents selon la quantité vendue mais ce prix est le même
pour tous les consommateurs. Ce cas est plus fréquent que le 1er degré. On parle aussi de
« tarification non-linéaire » : prix dégressif par tranches de quantité. Le consommateur 1
payera P1 pour Q1. Le consommateur 2, achetant Q2>Q1, paiera P1 pour Q1 et un prix P2<P1
pour Q2-Q1.
Exemples :
- Prix des communications téléphoniques par tranches
- Electricité (tarif vert, rouge, …)
- Abonnement à des revues
Document 19 : Discrimination au deuxième degré
P
A
Cm
P1
P2
B
P*
C
PE
D
D (=RM)
Rm
Q1
Q2
Q*
QE
Q
Le monopoleur a intérêt à augmenter ses ventes tant que
P > Cm, c’est à dire jusqu’à C.
Ainsi, pour maximiser son profit, la quantité optimale doit être de QE et le prix = PE (c’est à
dire lorsque RM = Cm).
Le producteur discriminant au 2e degré ne capte pas la totalité du surplus des consommateurs.
En effet, s’il se situe à (QE,PE), une partie du surplus du consommateur restera entre les
mains du consommateur (surfaces jaunes).
Le monopoleur fait payer par tranches, c’est à dire que certains consommateurs continuent de
payer moins que ce qu’ils étaient prêts à payer.
Il y a une partie qui reste entre les mains du consommateur (surface jaune) et une partie
accaparée par le producteur (surface verte).
c) Discrimination au 3eme degré
1) Définition
La discrimination au 3e degré correspond à la situation où l’entreprise pratique des prix
différents selon des sous-groupes de clients (ou sous-marchés).
Cette politique suppose que les sous-marchés soient facilement identifiables et suffisamment
cloisonnés ou étanches. Le monopoleur pratique ce type de discrimination lorsque :
Chaque sous-marché a sa propre demande,
L’élasticité-prix de la demande varie selon le sous-marché envisagé.
Ce type de discrimination est très fréquent et n’est pas uniquement l’apanage (exclusivité) du
producteur en situation de monopole.
Exemples : La « segmentation » pratiquée dans certaines activités culturelles, récréatives et
sportives. On peut citer aussi la SNCF (cartes « jeunes », « Séniors », « enfant + »…).
2) Optimum et répartition sur les sous-marchés
Le monopoleur aura intérêt à répartir les ventes entre les sous-marchés de sorte que les
recettes marginales des sous-marchés s’égalisent. Optimum : Rm=Cm=Rm1=Rm2.
Document 20 : Discrimination au troisième degré : séparation en deux marchés
Rm1 = Cm1
P
Rm2 = Cm2
P
P
Rm = Cm
P1
Pm
P2
Rm1
Q1
Sous-Marché 1
D1
Rm2
D2
Q2
Rm1+Rm2
Q1+Q2
Sous-Marché 2
Sous-Marché 1 + 2
Le profit du monopole discriminant est :
=RT1(Q1)+RT2(Q2)-CT(Q1+Q2) avec Q1+Q2=Q. (RT1 en fonction de Q1)
L’optimum est atteint lorsque les dérivées partielles par rapport à Q1 et Q2 s’annulent :
(Q1)=0, soit Rm1=Cm
(Q2)=0, soit Rm2=Cm
D’où Rm1=Rm2=Cm
Cette condition peut se scinder en deux :
Rm1=Rm2 : condition de répartition optimale des ventes sur les marchés et
Rm1=Rm2=Cm : détermination de la quantité totale à produire et sa répartition.
D1+D2
Section 2 : La concurrence monopolistique
1 – Définition
Cette théorie a été proposée en 1933 par l’économiste américain E. Chamberlin et
l’économiste britannique Joan Robinson. La concurrence monopolistique tire ses
caractéristiques à la fois de la CPP et du monopole.
Elle tient de la CPP : le nombre de vendeurs est grand et aucun d’entre eux
n’exerce une influence sur les autres. Les entrées et les sorties sont libres de toute
barrière.
Elle tient du monopole : le producteur s’adresse à une demande particulière car le
produit n’est pas semblable aux autres mais différencié. De ce fait, le producteur
en CM a une influence sur le prix.
Exemples : l’alimentation, la restauration, l’habillement, les services artisanaux, marché des
jeux (PC, consoles,…).
2 – Equilibre
a) Equilibre de court terme
Document 21 : Equilibre en concurrence monopolistique
Profit
Max
Cm
E
P0
CM
CM0
Equilibre (même méthode que le monopole)
Rm
0
Q0
D
Q
La firme à court terme
L’équilibre de CT d’un producteur en CM est identique à celui du monopole
(Rm=Cm)
Max =(P0-CM0)xQ0
b) Equilibre de long terme
Document 21 : Equilibre en concurrence monopolistique
CmLT
P1
CMLT
E
D
Rm1
0
Q1
D1
Q
La firme à long terme
L’existence de profit à CT entraînera l’entrée de nouveaux concurrents. La firme verra sa
demande se réduire, elle passera de D à D1. A LT, l’équilibre se traduit par 2 propriétés :
Production d’une quantité Q1 à un prix P1 optimaux (Rm1=CmLT)
Absence d’incitation à l’entrée : =0 (car P1=CMLT)
Section 3 : L’oligopole, duopole et cartel
1 – L’oligopole de Sweezy
a) Hypothèses de Sweezy
L’économiste Sweezy (1939) a émis l’hypothèse suivante concernant un producteur présent
sur un marché oligopolistique : si le producteur (oligopoleur) modifie le prix de vente, la
réaction des concurrents est différente selon que ce prix augmente ou baisse.
Document 22 : Le modèle de Sweezy et la réaction des concurrents
Décision
Concurrents
 les prix  les prix (imitation)
Producteur
 les prix Pas de  prix
(non imitation)
Elasticité-prix
Faible
(inélastique)
Rm
Faible 
Elevée (élastique) Forte 
Document 23 : Oligopole et demande coudée
Prix
Pas d’imitation,
élasticité () élevée
Prix de
référence
Rm
Cm
A
P1
B
Imitation, élasticité () faible
C
Q1
Rm
Demande
Quantité
Si le prix s’établit à un niveau P1 :
L’augmentation du prix (>P1) entrâine une forte baisse de la quantité (élasticité élevéée).
L’oligopoleur risque de perdre des parts de marché importantes (car les concurrents ne le
suivront pas).
La perte de Rm est élevée (B).
La baisse du prix (<P1) entraîne une faible augmentation de la quantité (élasticité faible). Les
gains de la firme (augmentation de la demande) seront réels mais atténués par la réaction des
rivales (celles-ci baissent également le prix)
Le gain de Rm est faible (C).
b) Conséquences sur l’équilibre du marché
Le prix P1 est une référence, pas nécessairement un prix d’équilibre. La demande coudée tend
à assurer une stabilité du prix des quantités. Cette stabilité durera tant que Cm se situe dans le
segment B-C. Il y a un changement de Q et P seulement si Cm sort de B-C. Cet équilibre
relativement stable ne résulte pas d’une entente entre les firmes (il n’y a pas d’accord
préalable entre celles-ci).
c) Prolongement de la théorie de Sweezy : Stigler et Effroymson
Des travaux ont été réalisés par Stigler (1947) et Effroymson (1955). Ils distinguent deux
périodes : la récession (croissance présente mais ralentie  déoression) et l’expansion.
PIB
Expansion
Récession
Dépression
Document 24 : Demande coudée : cas de récession ou d'expansion
économique
RÉCESSION
Non imitation,
 élevée
Imitation,
 faible
EXPANSION
Imitation,
 faible
Non imitation
Donc Sweezy ne s’applique qu’en cas de Récession économique.
En cas de récession : c’est le modèle de Sweezy qui s’applique. En cas d’expansion : la
hausse du prix est limitée car, dans une période conjoncturelle favorable, le climat de
prospérité ne gêne pas le consommateur à payer un prix plus élevé.
Document 25 : Nature des recettes marginales dans Sweezy et
Stigler/Effroymson
Evolution des prix
 de prix
 de prix
Sweezy
Perte importante de Rm
Gain faible de Rm
Stigler & Effroymson
Perte faible de Rm
Gain important de Rm
2 – Le duopole
C’est une situation de marché où existe deux producteurs face à une multitude d’acheteurs.
On examinera ici : Cournot, Stackelberg, Bowley, Bertrand et Edgeworth.
a) Le modèle de Cournot
Appelé aussi « duopole symétrique à double satellitisme ». En 1838, Cournot a mis en
évidence l’interdépendance des firmes.
1. Hypothèses du comportement
Chaque firme considère que la production de l’autre est une constante. C’est la quantité qui
est une variable de décision et non le prix. Soient deux entreprises A et B qui se partagent un
marché. Leurs fonctions de coût total sont respectivement :CTA et CTB. La fonction de
demande qui leur est adressée est de type :
P=a-bQ, avec Q=QA+QB. Ainsi, p=a-b(QA+QB).
2. Fonctions de réaction
Pour Cournot, chaque entreprise tente de maximiser son profit en considérant que la
production du concurrent comme une constante.
O = QA+QB (O :offre globale ; QA : production de A…). Les fonctions de profit sont :
RTA-CTA=P.QA-CTA
BRTB-CTBB=P.QB-CTB
Cas de l’entreprise A : elle va supposer constante la production de la firme.
(a-b(QA+QB )). QA - CTA
 / QA = 0, QA=A(QB) : fonction de réaction de A.
Cas de l’entreprise B : elle va supposer constante la production de la firme A.
B(a-b(QA+QB )). QB – CTB
B / QB = 0, QB=B(QA) : fonction de réaction de B.
L’équilibre du marché est obtenu par la résolution des deux équations de fonctions de
réaction :
QA=A(QB)
QB=B(QA)
On obtient alors les quantités d’équilibre (Q*A et Q*B) ainsi que le profit des deux firmes :
 et B.
Document 26 : Duopole de Cournot : Courbes de réaction et équilibre
QB
a/b
Fonction de réaction de A
a/2b
a/3b
Point d'équilibre
Fonction de réaction de B
a/3b
a/2b
a/b
QA
3. Avantages et limites du modèle de Cournot
Avantages :
Modèle simple et proche de la réalité.
Il a le mérite de déterminer les fonctions de réaction des firmes (comment
s’adapter aux décisions de l’autre).
Limites :
La variable explicative est la quantité et non le prix (celui-ci est pourtant une
variable stratégique importante).
Modèle réducteur : la firme considère que,  sa décision, le concurrent ne
modifiera pas sa stratégie.
Les firmes rivales ne sont pas généralement en situation symétrique comme le
supposait Cournot.
b) Le modèle de Stackelberg (ou asymétrie du duopole/de l’oligopole)
a) Rappel du modèle
Modèle mis en place par Von Stackelberg en 1934, c’est une généralisation du modèle de
Cournot. Il estime que chaque firme tente d’anticiper les réactions de l’entreprise concurrente
face à ses propres décisions de production.
b) Hypothèses de Stackelberg :
Le « pilote » adopte un comportement de domination sur le « satellite ». Il maximise son
profit en anticipant la réaction du satellite. Le « satellite » suppose que l’autre firme est
leader, avec une production considérée comme une donnée. La firme satellite ne connaît pas
la fonction de réaction du pilote (comportement de Cournot).
c) Equilibre et déséquilibre de Stackelberg
Cas où l’entreprise A est « leader » et B « satellite ».
La firme B a un comportement dit de Cournot. La firme A le sait et en tient compte dans la
détermination de son volume de production. Le profit réalisé par A est :
RTA-CTA=P.QA-CTA
Comma la fonction de demande chez Cournot est : P= a-b(QA+QB ) alors :
(a-b(QA+QB )). QA - CTA
aQA-bQ2A-bQAQB-CTA
La firme B étant satellite, sa fonction de réaction est celle de Cournot, soit :
QB=
A doit intégrer la fonction de réaction de B dans sa fonction de profit, soit :
aQA-bQ2A-bQA(B ))-CTA
 est maximum lorsque derivé=0, ce qui donne QA*. En remplaçant QA* dans la fonction
de réaction de B on obtient QB*.
Cas où l’entreprise B est « leader » et A « satellite »
Même démarche que précédemment. La firme A a cette fois-ci un comportement dit de
Cournot.B doit intégrer la fonction de réaction de A dans sa fonction de profit. En faisant B
/QB=0 on obtient QB*. En remplaçant QB* dans la fonction de réaction de A on obtient QA*.
c) Le modèle de Bowley (duopole de double leadership)
Le duopole de Bowley étudie la situation où chaque firme veut être dominante. Chacune
pense que l’autre acceptera d’être satellite. Chacune fixe sa production en toute indépendance.
Aucune des fonctions de réaction anticipée ne se réalisant. Cette situation peut conduire à un
déséquilibre. Elle (cette situation) se traduira par une lutte (augmentation des quantités, baisse
des prix et des profits) aboutissant à terme :
Soit à l’éviction de l’un des concurrents, on passe à un monopole
Soit à la formation d’une entente, on arrive à un cartel.
d) Le duopole de Bertrand : duopole sans contraintes de capacité
a) Présentation et hypothèses
Le modèle de Bertrand (1938) résulte de la critique du modèle de Stackelberg. Pour lui, la
rivalité se fait à partir des prix. Bertrand estime que le duopoleur fixe son prix en considérant
que l’autre maintient le sien constant. Les autres hypothèses restent similaires à Cournot :
produit homogène, capacité de production suffisante, etc. les fonctions de réaction se
déterminent de la même manière que chez Cournot, mais ici, les réactions se font sur les prix.
b) Fonctions de réaction et équilibre
Document 27 : Modèle de Bertrand : duopole sans contraintes de capacité
PB
PB
FIRME A
PB
FIRME B
MARCHÉ
RA
RA
RB
PeB
P'2
RB
E
P2
P1
P'1
PA
PA
PeA
PA
- RA étant la fonction de réaction de A. Si la firme B augmente son prix de P2 à P2’, la firme A
l’augmente également de P1 à P1’.
- RB étant la fonction de réaction de B. (même interprétation)
- E est l’équilibre de Bertrand : intersection de RA et RB ce qui donne PAe et PBe correspondant
aux anticipations des deux firmes.
c) Implications sur l’équilibre
La rivalité entre les concurrents entraînera la baisse des prix jusqu’au niveau du Cm (CPP !).
PE s’identifie à un prix de CPP, bien qu’il n’y ait pas d’atomicité. En conséquence le bien-être
des consommateurs est maximisé. Deux exemples de duopole à la Bertrand :
Avis / hertz (location de voitures)
Coca-Cola / Pepsi-Cola
Ces duopoles à la Bertrand se caractérisent par le fait que les firmes ont le prix comme
variable de décision et non la quantité. Elles fixent le prix en pensant que celui du rivan ne
changera pas. Sachant que les firmes n’ont pas de contraintes de capacité (pas limité dans la
contrainte de production), la rivalité les conduira à pratiquer des prix faibles jusqu’à atteindre
le Cm (pourtant pas d’atomicité du marché).
e) Le modèle d’Edgeworth : duopole avec contraintes de capacité
Ce modèle a été mis en place en 1925. Il intervient plus particulièrement en cas d’absence
d’entente. Contrairement à Bertrand, Edgeworth estime que les capacités peuvent parfois être
contraintes. Edgeworth explique que les prix ne baissent pas jusqu’au Cm. Ils varieront de
manière cyclique et se situeront toujours au-dessus du Cm. Il parle également de l’effet d’une
« demande potentielle ».
Bertrand : le prix peut baisser jusqu’au Cm (CPP !).
Edgeworth : le prix est toujours > Cm
a) L’équilibre
Pour Edgeworth, la concurrence fait baisser le prix des deux firmes. Mais très vite l’une des
deux augmente son prix (car difficile de couvrir les coûts). Le concurrent augmente également
le sien jusqu’à ce que la « guerre des prix » reprenne. Se succèdent donc des périodes de
guerres et des périodes de « hausse des prix ».
Si la firme 1 augmente ses prix alors firme 2 augmente ses prix
Si la firme 1 diminue ses prix alors firme 2 diminue ses prix
(cycle 1)
Chaque opération de ce type représente un cycle
b) La demande potentielle
Edgeworth évoque l’existence d’une « demande potentielle » qui peut générée par la
publicité, proximité, baisse de prix, etc. Etant donnée la capacité de production limitée des
deux firmes, l’offre devient insuffisante pour satisfaire toute la demande, les prix se situeront
toujours au-dessus du Cm.
Exemple : deux chaînes hôtelières en situation de duopole dans une station balnéaire, les
capacités d’accueil (nombre de lits) sont limitées.
Document 28 : Le duopole et ses variantes
Duopole
Concurrence par les quantités
Symétrique
Asymétrique
Cournot
Stackelberg
Concurrence par les prix
Bowley
Sans contrainte
de capacité
Bertrand
Avec contrainte
de capacité
Edgeworth
3 – Le Cartel
L’entente est interdite par la loi, mais rien n’empêche les dirigeants d’entreprises à se réunir,
«discuter »,… Le but du cartel est de fixer des prix de vente élevés pour maximiser le profit.
Le résultat global de l’entente (somme des CA des différents membres de l’entente) serait
plus élevé que si les firmes opéraient individuellement. Le cartel organise la production totale
comme un monopoleur et maximise le profit collectif.
Quelques exemples d’ententes condamnées par la loi
Novembre 2005 : 6 prestigieux palaces parisiens ont été condamnés à des amendes (55.000 à
248.000 euros) pour entente illicite.
Il s’agit : le Bristol, le Crillon, le George V, le Meurice, le Plaza Athénée et le Ritz
Motif : échange d’informations commerciales nécessaires à l’élaboration de leurs plans
marketing.
Novembre 2005 : 3 opérateurs de téléphonie mobile (Orange, SFR et Bouygues Télécom) ont
été condamnés à des amendes (58 millions d’Euros à 256 millions d’euros) pour entente
illicite.
Motif : échange d’informations pour maintenir un prix élevé.
Document 29 : Le cartel et l'équilibre de court terme
Cm
CM
Pc
CMc
Rm
0
Qc
RM
Q
On cherche l’équilibre Cm = Rm, on remplace sur RM et on trouve Pc, le prix du Cartel.
Maximum de profit : c = (Pc – Cmc)2.Rc
Document 30 : Répartition de la production dans le cas d'un Cartel
1er Cas : les fonctions de coût sont identiques
Prix
Une firme du Cartel
Le Prix du Cartel est
supérieur au Prix du duopole
Rm
d
D
Q
Qc
Chaque firme décidera de produire Qc. La quantité totale produite sera Qt = 2.Qc
2ème Cas : les fonctions de coût sont différentes
Prix
Les membres du Cartel
Cm1
Le Cartel
Cm2
Pc
Cm
Rm
Cm1=Cm2
D
Rm
Q1
Q2
Q
Qc=Q1+Q2
1 – Equilibre Rm = Cm et détermination de Qc, Pc et la valeur de Rm.
2 – Cm1 = Rm pour la 1ère firme (on obtient Q1) et Cm2 = Rm pour la 2ème (on obtient Q2)
3 – On vérifie QC = Q1 + Q2
Remarques concernant le Cartel :
La répartition des quantités ne se fait pas toujours selon cette règle. Il y a le « système de
quotas » (ex : OPEP).
Dans un cartel, il y a un risque de non respect des termes de l’engagement (tentation de faire
« cavalier seul »).
Conséquences : baisse du prix (rupture du contrat) entraînant la disparition des firmes. A
terme, cela mènerait à un monopole par élimination des rivaux.
Section 4 : Les marchés à un acheteur : le monopsone
1 – Définition
Le monopsone est une situation de marché où existe un seul demandeur pour plusieurs
offreurs.
Ex : Coopératives laitières, une seule entreprise dans un bassin d’emploi
2 – Equilibre
Equilibre en monopsone : Rm = Cm
Le prix est fixé en projetant la quantité d’équilibre sur la fonction d’offre (et non de demande
RM : Recette moyenne).
Document 31 : Le monopsone
P, coûts
Cm
S (Offre)
Ecpp
Pcpp
Pms
Ems
Rm
Quantité
Qms Qcpp
L’équilibre reste le même mais on le projette sur la fonction d’offre pour obtenir Pms et Qms.
Document 32 : Monopsone sur un marché du travail
W
CmL : Coût marginal du travail
SL : Offre de travail
W1
Wcpp
Wms
Ecpp
Ems
Lms Lcpp
PmL : Productivité marginale du travail en valeur
(c'est également la recette marginale du travail)
L
- SL est la courbe d’offre de travail (le taux de salaire payé par le monopsoneur varie avec la
quantité de main d’œuvre achetée).
- PmL est la valeur du produit marginal (Productivité marginale  Prix).
- Pour Lms, le monopsoneur paye Wms. Ainsi, (W1 – Wms) est « l’exploitation du travail »
(Joan Robinson)
Equilibre CPP : Ecpp (Lcpp;Wcpp)
Section 5 : Les marchés contestables
La théorie des marchés contestables (disputables) a été développée par Baumol et Willig en
1982.
Objectif : montrer que les marchés qualifiés de concurrence imparfaite sont proches de la
CPP.
Cette théorie est particulièrement utiliser pour légitimes la privatisation des services publics
(déréglementation).
Les premiers travaux empiriques (de terrain) aux E.U. : Le transport aérien, les chemins de
fer, la téléphonie, …
D’autres secteurs (dans d’autres pays) sont également concernés : énergie, eau,
communications, …
1 – Définition : contestabilité et soutenabilité
a) Définition et hypothèses de la contestabilité
Un marché est dit parfaitement contestable si l’entrée potentielle y est totalement libre et si la
sortie peut s’effectuer sans coût (Baumol et Alii, 1982).
La contestabilité suppose aussi que :
- Les entreprises en place ne peuvent modifier instantanément leurs prix.
- Les consommateurs répondent instantanément aux différentiels de prix.
- Le prix pratiqué par la (les) firme(s) installée(s) ne permet pas à l’entreprise entrante de
réaliser un profit.
- Les firmes installées fixent leur prix au niveau du Cm.
b) Configurations naturelles et équilibre
Les auteurs définissent la structure d’un marché ou « configuration industrielle » par 3
variables :
- Le nombre d’entreprises (n)
- Le prix du marché (P)
- Les quantités produites par chaque firme (Q1, Q2, Q3, …, Qn)
Une configuration est dite réalisable (feasible) si :
Offre = demande (avec P ≥ 0) et
P ≥ CM : c’est à dire : P.qI – C(qI) ≥ 0 avec I = n
Remarque : Si P < CM, la configuration n’est pas réalisable
Une configuration réalisable est dite soutenable (sustainable) si elle ne permet aucune entrée
profitable sur le marché. C’est-à-dire :
pe.qe ≤ C(qe) pour toute valeur de pe et qe telle que : pe ≤ P et qe ≤ Q(pe).
avec :
- (pe ;qe) : stratégie prix-quantité de l’entrant potentiel.
- Q(pe) : demande au prix proposé par l’entrant.
- L’entrant considère que P ne sera pas modifié suite à son entrée.
Résumé :
- Pour la firme installée : P ≥ CM donc  ≥ 0
- Pour la firme entrante : Pe ≤ P et  ≤ 0
Selon Baumol et Alii (1982), dans toute configuration soutenable, il faut que :
- P = CM (si P > CM, les firmes entrent sur le marché et si P < CM, les firmes le quittent)
- P > Cm, si n = 1 (monopole)
- P = Cm, si n ≥ 2 (duopole, oligopole, CPP, …)
Dans un marché parfaitement contestable (MPC), seule une configuration réalisable et
soutenable peut constituer un équilibre (aucune incitation à l’entrée !).
c) Propriétés de l’équilibre
Propriété 1 : P ≥ Cm (ou P = Cm si n ≥ 2). Si P < Cm, alors l’équilibre n’est pas soutenable.
Propriété 2 :  = 0 (c’est-à-dire P = CM) si n ≥ 2. Si  > 0, la configuration n’est pas
soutenable et si  < 0, elle n’est pas réalisable.
Une configuration industrielle à la fois réalisable et soutenable est donc telle que :
P = Cm = CM, soit l’équilibre en CPP.
Les propriétés de l’équilibre d’un marché contestable sont proches de celles de l’équilibre de
CPP. Mais elle s’affranchissent de la condition d’atomicité.
2 – Equilibre et nombre de firmes sur le marché
Les condition d’un équilibre dans un MPC sont :
P = CM et P ≥ Cm si n = 1 (monopole)
P = CM et P = Cm si n ≥ 2 (duopole, oligopole, CPP, …)
Dans le cas du monopole, si la demande coupe la courbe de CM au delà de son minimum,
aucun équilibre soutenable ne peut exister car P = CM mais Cm > CM.
Document 33 : Monopole naturel et marchés parfaitement contestables
P
CM
Cm
Erb
Pm
Cm
CM
Em
Ec
Q
Qm
Qrb Qc
Nous avons 3 équilibres dans ce document : Em, Ec et Erb
- Em (Equilibre du Monopole) : n’est pas soutenable
- Ec (Equilibre de 1er rang = concurrentiel) : n’est pas réalisable (P = Cm mais P < CM et
donc  < 0)
- Erb (Equilibre de second rang) : seule la tarification Ramsey-Boiteux satisfait aux
conditions d’une configuration réalisable et soutenable
En économie d’échelle, un monopole soumis à un risque d’entrée d’un concurrent peut
pratique P = CM et P > Cm.
Conclusion : seule une tarification P = CM est conforme à une configuration réalisable et
soutenable (donc MPC).
E somme, il existe 2 types de configurations soutenables et réalisables :
1 – Monopole naturel : P=CM (Ramsey-Boiteux)
2 – Plusieurs firmes : P=CM=Cm (1er rang)
En somme l’équilibre concurrentiel de long terme est un cas particulier de MPC.
Document 34 : Contestabilité et soutenabilité
Figure N°1
PB
PA
PC
Figure N°2
B
PD
PE
A
QC
PF
D
F
E
C
QB QA
Figure N°3
QD QE
QF
A, C et D ne sont pas des Equilibres de type MPC
B, E et F sont des Equilibres de type MPC.
3 – Effets de la contestation et critiques du modèle
1. Sur un marché contestable les coûts d’entrées et de sorties sont faibles. On a alors
une accentuation de la concurrence.
2. Une firme en CI pratiquant une tarification au Cm ne peut durablement réaliser des
super-profits (=0 à LT).
3. Mais la contestation durera s’il y a des profits. L’entrée entraînera :  offre, 
prix,  profits, un départ des entreprises.
4. La concurrence potentielle peut suffire pour avoir un optimum de 1er rang, cad
P=CM=Cm
Chapitre III : La stratégie des acteurs à travers la théorie des jeux
Document 35 : Les grands noms de la théorie des jeux
John Von Neumann (1903-1957)
Principal fondateur de la théorie des jeux. Ce mathématicien d'origine hongroise, qui s'est
installé aux Etats-Unis en 1931, a produit de nombreux travaux sur la théorie des
ensembles, la mécanique quantique et la logique mathématique. Il a également participé à
divers projets militaires, en particulier la mise au point de la première bombe atomique
Oscar Morgenstern (1902-1977)
Cet économiste d'origine autrichienne s'est installé aux Etats-Unis en 1935 où il a enseigné
jusqu'en 1971. En 1944, il a publié, en association avec J. Von Neumann, l'ouvrage
fondateur de la discipline « Théorie des jeux et comportement économique ».
John Nash (né en 1928)
Considéré comme l'un des mathématiciens les plus prometteurs de l'après-guerre, il a publié
en 1949, à l'âge de 21 ans, une recherche qui lui vaudra le prix Nobel d'économie en 1994.
Ce travail améliorerait considérablement la théorie de John Von Neumann et Oscar
Morgenstern en montrant l'importance des jeux caractérisés non par le pur conflit, mais par
la possibilité de gains mutuels. La carrière de John Nash a été stoppée précocement par de
graves troubles psychiatriques. Il n'a plus publié de travaux scientifiques depuis 1958. [Sa
biographie par Sylvia Nasar, ex-journaliste économique pour le New York Times, parue en
1999 a été adaptée au cinéma par Ron Howard, sous le titre français Un homme
d'exception].
Reinhard Selten et John C. Harsanyi
Respectivement économistes à l'université de Californie et à l'université de Bonn, ces deux
auteurs ont également reçu, en 1994, le prix Nobel d'économie, pour leurs travaux sur la
dynamique des jeux dans le temps et la nature imparfaite de l'information dont disposent les
joueurs.
Source : "La théorie des jeux", Jacques Lecomte, Sciences Humaines, n°82, avril 1998.
Repris dans Problèmes économiques n°2599, janvier 1999
Section 1 : coopération et non coopération en théorie des jeux
1 – Présentation générale de la théorie des jeux
Document 36 : Principaux concepts de la théorie des jeux
Jeu : situation dans laquelle les décisions sont interdépendantes.
Stratégie : plan de jeu qui décrit comment le joueur agira dans toutes les
situations concevables (ou état de la nature).
Equilibre : situation telle que chaque joueur n'a plus intérêt à changer de
stratégie (équilibre dominant et équilibre de Nash).
Jeu coopératif : comportement qui permet aux différentes parties d'obtenir un
résultat relativement satisfaisant en se mettant d'accord sur un compromis. Il
donne lieu à l'équilibre coopératif.
Jeu non coopératif : situation où les joueurs ont des intérêts opposés et font
"cavaliers seuls". Il donne lieu à un équilibre non coopératif.
Situation mixte : situation faite à la fois de lutte et de coopération.
Matrice des gains (ou matrice des choix) : outil d'aide à la décision. Elle
récapitule les stratégies des joueurs et les résultats possibles.
a) Un nouvel outil d’analyse micro-économique
La théorie des jeux a été à l’origine fondée par Von Neumann (1928) et développée par
Morgenstern (1944). D’autres travaux ont suivi dans les années 50 notamment ceux de Nash,
Raiffa et Luce, Shapley…
Cette théorie a été généralisée dans les années 80 – 90. Elle fait partie de la « nouvelle microéconomie ».
Le prix Nobel d’économie 2005 a été attribué à deux chercheurs américains (Schelling et
Aumann). Ils ont été récompensés pour « avoir amélioré notre compréhension des conflits et
de la coopération au moyen de la théorie des jeux ». Ils ont expliqué aussi les conflits
économiques tels que les guerres des prix et les guerres commerciales.
b) Principaux concepts (Voir Document 36)
Soit l’exemple de Brams (incident USA/URSS sur les missiles à Cuba en 1962).
Document 37 : Exemple de jeu : la "crise de Cuba"
URSS
Cède (retrait)
Cède (blocus)
Etats-Unis
A:3
Ne
cède
pas A : 4
(frappe aérienne)
Compromis
Victoire de A
Ne cède pas (maintien)
B:3 A:2
B:4
Victoire de B
B:2 A:0
B:0
Guerre
En théorie des jeux, les situations mixtes sont plus fréquentes mais des compromis sont
possibles.
On peut citer comme exemples relevant de la TJ :
Les négociations commerciales entre pays (asymétrie de l’information) :
compromis.
Les grèves : le conflit syndicats/direction est généralement résolu par des
compromis.
Lancement d’un produit ou fixation de prix : les décisions prises relèvent de la
stratégie mixte.
2 – Stratégie dominante et équilibre dominant
La stratégie d’un joueur est « dominante » lorsqu’elle lui assure le maximum de gains, quelle
que soit la stratégie de l’autre joueur. On parle d’équilibre dominant lorsque les joueurs jouent
leur stratégies dominantes.
Document 38 : Le cas d'un équilibre dominant
Duel « Firme A - Firme B »
Rappel de la situation :
- Si le cartel fonctionne, le chiffre d'affaires mensuel de chacune des firmes sera identique
et égal à 2.000 euros ;
- Si la Firme A triche et que la Firme B honore son engagement, la Firme A gagne 3.000
euros et la Firme B n'en gagne plus que 500 ;
- Si la Firme B triche et que la Firme A honore son contrat, la situation est inversée;
- Enfin, si les deux trichent, elles gagnent chacune 1.000 euros.
Firme B
Loyale
Firme A
Loyale
Triche*
A : 2.000
A : 3.000
Triche*
B : 2.000 A : 500
B : 500 A : 1.000
B : 3.000
B : 1.000
D
* Stratégies dominantes ; D : Equilibre dominant
La stratégie dominante pour A est « tricher » (1000>500) et celle pour B est « tricher »
(1000>500). L’équilibre dominant est alors (triche ; triche).On peut procéder également par
anticipation :
A anticipe que B va tricher (max. gains = 3000), A ne restera pas loyale mais trichera
(1000>500).
Parallèlement, B anticipe que A va tricher (max. gains = 3000), B ne restera pas loyale mais
trichera (1000>500).
L’équilibre dominant est alors (triche ; triche).
Document 39 : Le cas d'un équilibre dominant
Guerre des prix ou prix habituels
Aldi
Prix habituels*
Guerre des prix
Prix habituels* A : 10.000
B : 10.000 A : 500
B : -100.000
D
Eda
Guerre des prix A : -100.000
B :-10.000 A : -50.000
B : -50.000
* Stratégies dominantes ; D : Equilibre dominant
Attention : certains équilibres ne procurent pas toujours un maximum de gains (Cf. Equilibre
de Nash).
3 – L’équilibre de Nash
Dans certaines situations, il n’y a pas d’équilibre dominant mais un équilibre de type Nash.
Nash (mathématicien américain) formula ce concept en 1951.
Définition : un équilibre de Nash est une situation dans laquelle le joueur choisit sa stratégie
en considérant que celle de l’adversaire est une donnée.
Cet équilibre est atteint quand aucun joueur n’a intérêt à modifier sa position car sa situation
pourrait se dégrader. Toute déviation profite à l’autre.
a) Quand l’équilibre de Nash permet de compenser l’absence d’un
équilibre dominant.
Document 40 : Quand l'équilibre de Nash permet de compenser l'absence d'un
équilibre dominant
Aldi
Prix élevé
Prix habituel
Prix élevé
A : 100.000
B : 200.000 A : -20.000
B : 150.000
Eda
Prix habituel* A : 150.000
B :-30.000 A : 10.000
B : 10.000
N
* Stratégie dominante ; N : Equilibre de Nash
Eda : stratégie dominante est « prix habituel ».
Aldi : Pas de stratégie dominante.
Aldi va opter pour le jeu qui maximise ses gains (prix habituel). On arrive donc à un équilibre
de Nash.
b) Quand l’équilibre de Nash est aussi un équilibre dominant
Retour au Document 38
« tricher » = stratégie dominante des deux firmes. Chacune va anticiper un comportement de
tricherie de l’autre. Présence simultanée de 2 équilibres : dominant et Nash.
c) Autres situations, autres équilibres
Document 41 : Absence de stratégies dominantes et d'équilibres (dominant et
de Nash)
Firme B
Jeu 1
Firme A
Jeu 1
Jeu 2
A : 1.000
A : 500
Jeu 2
B : 500
B : 1000
A : 500
A : 1.000
B : 1000
B : 500
Document 42 : Plusieurs équilibres de Nash
Firme B
Jeu 1
Jeu 1
Firme A
Jeu 2
A : 1.000
Jeu 2
B : 1000
A:
500
B : 500
A : 2.000
B : 500
N
A:
500
B : 2000
N
Document 43 : Absence d'équilibre
Firme B
Jeu 1
Firme A
Jeu 1
Jeu 2
Pas de stratégie dominante
Pas d'équilibre dominant
Pas d'équilibre de Nash
1
0
Jeu 2
0 0
1 1
1
0
Document 44 : Plusieurs équilibres de Nash
Firme B
Jeu 1
Firme A
Jeu 1
3
Jeu 2
3
10
0
(N)
Jeu 2
-8
-5 10
0
N
N : Equilibre de Nash.
d) Inefficacité de l’équilibre de Nash : Le dilemme du prisonnier
2 personnes sont suspectées d’avoir commis un crime. La justice leur propose un « marché » :
Document 45 : Inefficacité de l'équilibre de Nash : le dilemme du prisonnier
Prisonnier 2
Avoue
Avoue
-7
Prisonnier 1
N'avoue pas
-7
0
-10
0
-1
-1
N
N'avoue Pas
N : Equilibre de Nash
-10
(-7 ;-7) est également un équilibre dominant
La solution optimale = ne pas avouer (2 ans au total). Mais ce n’est pas un équilibre de Nash.
L’équilibre de Nash (avoue ; avoue). Mais, il ne maximise pas l’intérêt collectif (14 ans
d’emprisonnement).
Inefficacité de l’équilibre de Nash :
Cet équilibre conduit les joueurs à ne pas retenir la solution collectivement avantageuses mais
d’accepter la plus défavorable (Palestine / Israël).
e) Limites de l’équilibre dominant et de l’équilibre de Nash pour
l’intérêt des firmes
L’équilibre dominant n’est pas forcément la meilleure solution pour atteindre l’objectif des
gains.
Retour au Document 38
En cas de tricherie : gain collectif de 2000 Euros.
En cas de coopération (loyale ; loyale) : le gain est double.
L’équilibre de Nash n’est pas non la meilleure solution pour améliorer le gain total.
Retour au Document 40
L’équilibre de Nash : gain collectif de 2000 Euros.
En cas de politique concertée (prix élevé) : gain total de 300.000 Euros.
C’est le cas également du dilemme du prisonnier : l’équilibre de Nash entraîne 14 ans de
prison alors que l’altruisme aurait permis de réduire la peine à 2 ans.
Section 2 - La collusion et ses conditions de validité
1 – L’engagement préalable
L’engagement préalable est une sorte d’entente ou de coopération entre les partenaires.
Exemples : engagements portant sur la fixation des prix, de la quantité à produire.
Dans le document 38, un engagement préalable consiste pour les deux firmes à rester loyales :
2000 Euros chacune. On trouve des formes proches de l’engagement préalable dans des
accords bilatéraux (entre pays), OMC,…
2 – Les jeux répétés
Lorsque les jeux sont répétés, la stratégie de coopération est préférable à celle consistant à
faire « cavalier seul ».
Document 38 : si le jeu est répété alors l’intérêt des firmes n’est plus de tricher mais de
coopérer (gain double).
3 – La crédibilité de la menace
Pour maintenir une coopération, la menace doit être crédible. Une menace crédible favorise
l’entente alors qu’une menace non crédible mènerait à la rupture de l’entente.
Document 46 : Crédibilité de la menace (Doc 38 modifié)
Exemple 1 (forme normale)
Firme B
Loyale
Firme A
Loyale
Triche
A : 2.000
A : 3.000
Triche
B : 2.000 A : 1.500
B : 500 A : 1.000
B : 3.000
B : 1.000
A préfère rester loyale lorsque B triche. La menace de A de « tricher » n’est donc pas
crédible.
B n’a pas d’intérêt à maintenir la coopération, il va tricher. Il sait que A préférerait rester
loyal quelque soit l’attitude de B.
Conclusion : la menace de B de tricher est crédible alors que celle de A ne l’est pas.
Document 46 : Crédibilité de la menace
Exemple 2 (forme extensive)
Une entreprise a un seul fournisseur de services informatiques. Ils se sont mis d'accord sur
un contrat annuel de prestations en quantité et en prix.
Le contrat prévoit que le fournisseur puisse augmenter ses tarifs en courant d'année, sans
possibilité de rupture du contrat par l'entreprise. Le fournisseur sera-t-il tenté d'augmenter les
tarifs ?
A gauche de la parenthèse le gain pour le fournisseur, à droite l'avantage pour le client
(critères : qualité du service, état de la concurrence, coûts d'adaptation au changement de
fournisseur,…).
Fournisseur
N'augmente pas
Augmente
(2000 ; 2000)
Client
Rompt
(-2000 ; -1000)
Ne rompt pas
(3000 ; 1000)
Cette forme est connue sous le nom du théorème de « l’enfant gâté »
(à gauche : gain du fournisseur, à droite : gain du client)
L’intérêt du client est de ne pas rompre le contrat (gain de 1000 et 3000 pour fournisseur). Sa
menace de rompre n’est pas crédible (-2000 , -1000). La non rupture du contrat (3000 ;1000)
est vue ici dans une vision de court terme et conformément au principe de rationalité. Mais la
TJ s’intéresse également aux agents non rationnels.
Von Neumann et Morgenster (Theory of Game and Economic Behaviour) ont d’ailleurs
critiqué le modèle de CPP et surtout le concept néoclassique de la rationalité. Si l’on remet en
question l’hypothèse de rationalité, le client choisir (doc. 46) de rompre le contrat (-2000 ;1000).
4 – Le problème de multiplicité des équilibres
Si les équilibres sont multiples, quelle stratégie adopter ? Plusieurs possibilités :
a) La multiplicité des équilibres avec un équilibre meilleur que les
autres
Document 47 : Multiplicité de l'équilibre avec un équilibre meilleur que les
autres
Nous proposons à 2 joueurs le jeu de coordination suivant. Chaque joueur doit choisir un
nombre entre 1 et 10. Si le nombre sélectionné par les 2 joueurs est le même, chaque
joueur reçoit une somme d’argent égale à 10 fois ce nombre. Si les nombres ne sont pas
identiques, les joueurs ne reçoivent rien. Le jeu sous sa forme normale est représenté
dans le tableau suivant. La matrice de ce tableau reproduit les gains de toutes les paires
de stratégies possibles du jeu décrit ci-dessus. On remarque que les seuls gains positifs
apparaissent sur la diagonale de la matrice. Les nombres positifs indiquent le gain des
joueurs lorsqu'ils choisissent le même nombre. Par exemple, quand les deux joueurs
choisissent conjointement 3, leur gain est de 30 euros chacun et quand ils choisissent 7,
leur gain est de 70 euros. En dehors de cette diagonale, le gain est nul. Les joueurs ont
donc intérêt à coordonner leurs stratégies.
Joueur 1
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
Joueur 2
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
10,10 0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0 20,20 0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0 30,30 0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0 40,40 0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0 50,50 0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0 60,60 0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0 70,70 0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0 80,80 0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0 90,90
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0 100,100
Source : Schotter 1996, page 213
Ce jeu contient 10 équilibres de Nash. Aucun joueur n'a individuellement intérêt à dévier.
Dans cet exemple, malgré la multiplicité des équilibres possibles, l'issue du jeu semble donc
être relativement stable. Ce n'est pas toujours le cas comme nous allons le voir dans
l'exemple suivant. Le meilleur équilibre est le choix par les deux joueurs du chiffre 10.
Aucun joueur n’a intérêt à dévier. Il existe un meilleure équilibre : choix par les deux joueurs
du chiffre 10.
b) Le cas des stratégies mixtes
On distingue stratégies pures et les stratégies mixtes.
Les stratégies pures n’affectent pas de probabilités aux actions alors que les stratégies mixtes
le font. Chacun des deux joueurs peut affecter une probabilité à ses choix, ou encore aux
choix du concurrent :
Stratégie 1 (S1) : probabilité p
Firme A
Stratégie 2 (S2) : probabilité 1-p
Stratégie 1 (T1) : probabilité q
Firme B
Stratégie (T2) : probabilité 1-q
c) Critères complémentaires de détermination de l’équilibre
1) Les équilibres corrélés (Aumann, 1974)
Équilibre corrélé : les joueurs se mettent d’accord préalablement à la prise de décision sur une
attitude commune face à un événement aléatoire (entente !).
Ex : coopération entre les firmes au cas où événement mettant en danger leur activité se
produisait :
- baisse brutale de la demande (attentats, épidémies…),
- baisse imprévue de la quantité ou qualité du produit (accident de production,
catastrophe,…),
- problèmes liés au marché (risque-pays, change…).
2) Le point focal (Schelling, 1960)
Un point focal est un repère permettant de coordonner les actions.
Document 49 : A propos du point focal
Joueur 2
Joueur 1
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
1
2
100,100
0,0
100,100
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
3
0,0
0,0
90,90
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
4
5
6
7
8
9
10
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
100,100
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
100,100
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
100,100
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
100,100
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
100,100
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
100,100
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
100,100
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
Parmi les 10 équilibres de Nash, l’équilibre (3 ;3) résulte de l’existence d’un point focal :
repère de coordination des actions.
(3,3) fournit un gain inférieur à tous les autres équilibres de Nash . S’il est préféré, c’est que
ses chances de réalisation sont élevées. Autre exemple : la stratégie de garder des prix
habituels » peut être un point focal. Mais, un point focal est évolutif.
Section 3 – Compléments
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