Chapitre I : La concurrence imparfaite : causes et effets
Section 1 : De la CPP à la concurrence imparfaite
1 Modèle abstrait et hypothèses « irréalistes »
CPP : multitude d’acheteurs et de vendeurs
La théorie économique soumet la CPP à cinq hypothèses :
Atomicité du marché, beaucoup d’acteurs, d’intervenants, de consommateurs
Homogénéité du produit
Libre entrée et sortie sur le marché
Fluidité de l’offre et de la demande (parfaite mobilité des facteurs de production),
Transparence du marché
Lorsque les trois premières hypothèses sont respectés, on dit que le marché est pure
Perfection lorsque les deux autres hypothèses apparaissent.
a) Le prix : donnée exogène (est fixé de l’extérieur)
En CPP le prix s’impose au producteur (donnée exogène). Celui-ci a donc un comportement
« price taker »
Aucun producteur ne peut écouler ses produits à un prix différent de celui déterminé sur le
marché.
Aucun acheteur ne peut se procurer le produit à un prix différent de celui résultant de l’offre /
demande.
b) La demande : horizontale et inélastique
La demande qui s’adresse à la firme est une droite horizontale infiniment inélastique au prix.
La production d’une entreprise est très faible par rapport au marché, elle ne peut donc
influencer le prix.
Quelque soit la quantité vendue, l’entreprise obtiendra toujours ce prix de marché. Si elle
demande un prix supérieur, elle ne vaudra rien.
c) Il existe un « commissaire-priseur »
La CPP fonctionne selon le principe de « commissaire-priseur » (Walras) : centralisation des
offres et des demandes (crieur de prix !).
Le mécanisme de détermination des prix est appelé « tâtonnement walrasien ».
d) L’équilibre en situation de CPP
A. Marshall (1890) distingue deux périodes : le court terme et le long terme Voir Document
N°3.
Quelques rappels
P est une constante (c’est aussi la Rm)
La fonction d’offre est la partie de la courbe de Cm qui est au CM.
A est le seuil de rentabilité (Cm=CM)
B le seuil de fermeture
2 Tentatives de dépassement de la CPP
Document 1
a) Pierro Sraffa (1898-1983)
Pour lui la théorie de la concurrence n’est qu’un instrument pédagogique sans portée
opérationnelle.
Il y a une contradiction entre la théorie de la valeur en CPP et la réalité de la pratique des
affaires.
Il avait une vision différente des classiques et néo-classiques concernant les « rendements
d’échelle »
Il estimait que c’est le monopole et non la CPP qui devrait être….
b) Edward Chamberlin (1899-1967)
Il a pris ses distances avec la CPP en développant, à partir des travaux de Marshall, la théorie
de la concurrence monopolistique.
Celle-ci a été exposée au début des années trente par Chamberlin (USA) et Hoan Robinson
(GB).
Chamberlin était le premier a introduire les phénomènes de différenciation des produits des
opérations publicitaires et les coûts de transport.
c) Joseph Schumpeter
Schumpeter se démarque des « néo-classiques ». Pour lui, la concurrence est interprétée dans
le cadre d’une vision dynamique de l’évolution économique.
Pour lui, la croissance repose sur l’innovation. Cette croissance est un processus permanent de
créations et de destructions des activités.
Il met l’accent aussi sur la notion de concurrence - rivalité et ajoute que l’innovation est un
facteur de …
Conclusion
Sraffa refuse la notion d’atomicité du modèle CPP. Il suggère un modèle alternatif : le
monopole.
Chamberlin refuse celle de l’homogénéité des produits. Il propose la concurrence
monopolistique.
Schumpeter refuse celles de transparence et de libre entrée et sortie et introduit le rôle
de l’innovation.
La théorie de la CPP et ses hypothèses paraissent donc peu réalistes. D’autres formes de
marché existent : la concurrence imparfaite
Section 2 : La concurrence imparfaite
Vers 1850 et dans les années vingt, sont publiés des travaux portant sur la concurrence
imparfaite (CI)
1 Définition
Il y a CI dans un secteur lorsque le producteur peut individuellement influer sur le prix de son
output (ce qui sort de la firme).
En CI les prix sont généralement plus élevés et les productions moins importantes qu’en CPP.
Mais, l’existence de CI n’exclut pas une certaine rivalité sur le marché pour accroître les parts
de marché. Producteur est un « price maker »
En CI, le prix baisse à mesure que les ventes augmentent.
2 Structures de marché
La structure d’un marché correspond à la nature et à la taille des entreprises qui le composent.
Document N°5 : Les structures de marchés et leurs caractéristiques
3 Causes de concurrence imparfaite
Les causes peuvent être les coûts de production, d’une part, et la réglementation et
différenciation d’autre part.
a) Les coûts de production
En CPP, les investissements et les coûts de production sont faibles. Les coûts irrécupérables
(sunk costs) sont également réduits.
En CI, l’entreprise doit être d’une taille plus importante. Elle doit avoir des capacités pour
investir et doit donc se spécialiser ou bénéficier des économies d’échelle.
b) La notion de taille minimale optimale
La taille minimale optimale (TMO) ou Echelle Minimale d’Efficience (EME) représente le
volume de production tel que la courbe de coût moyen de long terme cesse de baisser.
Document 6 : Taille minimale optimale
L’EME correspond au volume de production pour lequel les rendements d’échelle sont
constants.
Soit une fonction de production de type Cobb-Douglas :

Yf(K,L)AK
L
f(aK;aL)akY
Si k 1 : rendements d’échelles croissants (économie d’échelle). Y augmente dans des
proportions plus élevés que les coûts de production
Si k=1 Y augmente dans des proportions équivalents au facteur de production kY
Si k 1 : rendements d’échelles décroissants (Y augmente dans des proportions inférieur à
l’augmentation des facteurs kY).
Document 7 : les rendements d’échelle (rappel)
Origine des économies et déséconomies d’échelle
Les économies d’échelle proviennent de 3 facteurs :
Indivisibilité de certains facteurs de production (nécessité donc de les utiliser dans leur
pleine capacité).
Spécialisation (c’est une source d’éfficacité)
Gains dus à l’effet de taille (production à grande échelle), ce facteur étant lié au
précédent.
Les déséconomies d’échelle proviennent principalement de 2 facteurs :
Coûts de gestion : organisation moins flexible (plus bureaucratique) problèmes de
coordination,
Coûts géographiques : délocalisation pour raison d’extension coûts d’exploitation,
de transport,…
A quoi correspond la notion de TMO dans la décision d’entreprise ?
Pour être efficace, l’entreprise doit, à long terme, produire à un niveau correspondant au
minimum de son CMLT.
La production d’une quantité supérieure risque de générer plus de coûts que de recettes.
Mais, pour pouvoir dominer sur leur marché certaines entreprises produisent au-delà de
l’EME. Pourquoi ?
gagner des parts de marchés importantes !
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