Le but est donc, par le meulage sélectif de certains versants cuspidiens, de
faciliter les mouvements de latéralité en créant une occlusion « attritionnelle »
équilibrée où toutes les dents antagonistes restent en contact.
La quantité d’émail dentaire à éliminer progressivement sera dictée par la
visualisation répétée des AFMP en cours de meulage. Ces AFMP doivent
diminuer, ce qui se traduit par des trajectoires plus horizontales dans les
déplacements mandibulaires latéraux. Mais il faut être vigilant au cours de ces
meulages à bien respecter et maintenir une parfaite symétrie entre les AFMP
gauche et droit en fin de séance de meulage, car la réduction trop importante et
asymétrique de l’AFMP d’un côté pourrait induire le développement d’une
mastication unilatérale prédominante, voire exclusive, de ce côté.
Le premier grand principe à respecter dans la réalisation de ces meulages est
qu’il faut maintenir la dimension verticale en occlusion centrique et qu’il est
donc interdit de toucher aux cuspides et fosses antagonistes correspondantes
qui maintiennent cette dimension verticale. Ces points d’appui primaires sont
localisés aux endroits suivants :
- le bord libre des incisives inférieures
- le versant distal de la cuspide canine inférieure
- les cuspides vestibulaires des prémolaires inférieures
- les cuspides mésio-palatines des molaires supérieures.
Bien sûr, d’autres cuspides contribuent au maintien de la dimension verticale
mais avec moins d’importance. Ces points d’appui « secondaires » sont situés
au niveau des cuspides palatines des prémolaires supérieures et des cuspides
vestibulaires des molaires inférieures.
En outre PLANAS a très bien décrit dans son livre94, non seulement ces points
d’appui importants en occlusion centrique, mais aussi la localisation des
versants de chaque cuspide antagoniste qui entrent en contact dentaire lors des
frottements latéraux réalisés à la fin de chaque cycle masticateur. C’est à ces
endroits, dont la distribution est précise et systématique, qu’apparaîtront des
facettes d’usure physiologique, qui progressivement modifieront le relief des
surfaces occlusales vers un nivellement de plus en plus marqué avec le temps.
C’est essentiellement au niveau de ces versants cuspidiens que nous devrons
réaliser les meulages sélectifs pour adapter, le plus physiologiquement
possible, la morphologie occlusale à l’instauration d’une fonction masticatrice
performante.
De manière synthétique, on peut dire que, du côté travaillant, les surfaces
concernées siègent, à l’arcade supérieure, au niveau des versants mésiaux des
cuspides vestibulaire et palatine et, à l’arcade inférieure, au niveau des
versants distaux des cuspides linguales et distovestibulaires des cuspides
vestibulaires.
Lorsque les obstacles occlusaux à ces mouvements sont progressivement
levés, les trajectoires mandibulaires s’horizontalisent et l’augmentation de la
dimension verticale se réduit ce qui permet l’apparition de contacts, de
frottements occlusaux et de facettes d’usure du côté balançant.
Ces facettes (et donc le degré de meulage du côté balançant) sont situées sur
les versants distaux des cuspides palatines supérieures et sur les versants
mésio-linguaux des cuspides vestibulaires inférieures.