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PHYSIOLOGIE
DE
L’EXERCICE
UV 106
SURENTRAÎNEMENT
MECANISMES DE RUPTURE
P. PILARDEAU
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SURENTRAINEMENT ET RUPTURE
Le surentraînement correspond à un état physique et psychologique dans lequel
l’organisme n’est plus capable de prendre en charge les modifications biologiques
induites par l’exercice, il s’agit d’un processus chronique.
La rupture correspond au franchissement de la limite d’une fonction, il s’agit d’un
processus aigu
I - SURENTRAÎNEMENT
1.1 DEFINITION
Même si les premières manifestations du surentraînement portent sur un organe ou une
fonction, cet état pathologique concerne rapidement l’ensemble des grandes fonctions de l’organisme.
Le surentraînement n’est donc jamais univoque et ne peut, pour cette raison faire, l’objet d’un
traitement symptomatique qui ne prendrait en charge que la partie immergée de l’iceberg.
Il est à ce sujet étonnant de constater comment les différentes spécialités médicales,
concernées peu ou prou par la médecine du sport, définissent dans leur registre propre la notion
ambiguë de surentraînement.
Le surentraînement, ou trop d’entraînement, peut toucher les sportifs des deux sexes et de tout
âge. Le problème est que le « trop d’entraînement » est une notion floue, souvent déterminée après le
clash, c’est à dire quand la rupture s’est déjà produite. Des esprits cartésiens et normalisateurs ont
tenté, comme dans beaucoup de domaines, de déterminer des zones de normalité, des charges de
travail, des durées d’entraînement et ce, en fonction du sport considéré, de l’âge et du sexe du sujet.
Malheureusement pour ces planificateurs de l’impossible, le surentraînement est une notion purement
individuelle qu’aucune statistique ne saurait prévoir
Pour définir au mieux cette notion abstraite, il convient de définir en termes généraux ce
qu’est un entraînement.
De façon simple, on peut considérer que l’entraînement a pour objet d’améliorer les
performances d’une fonction ou d’un organe.
Pour améliorer ces performances le sujet est amené à chercher le dépassement,
autrement dit à atteindre le « mur » (capacité maximale). Ce n’est qu’en tapant dans ce mur
(différent pour chacun) que le phénomène de surcompensation pourra se réaliser, et le sportif
améliorer sa performance.
A chacun de ses entraînements le sportif est donc amené à atteindre ses limites
(charge de travail, durée de l’activité, répétition de gestes, épuisement des réserves énergétiques...).
Ce travail est créateur de fatigue, psychologique et/ou physique, que l’organisme devra réguler par
le repos.
La fatigue est donc l’état résultant du fonctionnement excessif d’un organe ou d’un
organisme. Elle se traduit par une diminution du pouvoir fonctionnel.
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Le surentraînement est issu du déséquilibre entre la charge de travail et les capacités de
l’organisme à réguler cet état, il se manifeste par un état de fatigue
Fatigues sectorielles
% d’efficience
des différentes
fonctions
Charge de travail
Dans un premier temps, l’entraînement améliore l’efficience de la fonction, un plateau est
alors atteint qui correspond aux capacités maximales de la fonction concernée (fixée génétiquement).
Dans un second temps, et si la charge de travail continue d’augmenter, l’efficience fonctionnelle
diminue (signe du surentraînement), la fatigue se manifeste.
Le point d’équilibre étant variable d’une fonction à une autre, il convient d’analyser chacune
d’entre elles par l’interrogatoire (phase essentielle), la biologie ou la physiologie.
Ses manifestations sont naturellement multiples et intriquées, mais il est indispensable de
débusquer la cause du « basculement » et ses conséquences immédiates.
On ne saurait en effet traiter le surentraînement par le désentraînement.
Les effets du surentraînement dépendent du type d’exercice pratiqué. Un exercice pratiqué en
« force », ne provoquera pas sur les fonctions organiques, les mêmes réponses qu’un exercice pratiqué
en « volume/intensité ».
Quand on demande à la fonction assurée par un organe de dépasser ses limites (entraînement),
l’organe considéré peut :
+ Soit assumer cette « dette de fatigue », et mettre en route une
« surcompensation »
+ Soit se trouver totalement dépassé par la charge et être dans l’incapacité de
régénérer ses réserves énergétiques, ses structures tissulaires, ses voies
métaboliques « surentraînement ».
Le surentraînement peut concerner :
Des fonctions de défense (hyperoxydation, immunité)
Des résistances mécaniques (articulation, os, tendons).
Des fonctions hormonales (énergétique, gonadique)
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La fonction cérébrale (comportement, dépression...)
1.2 ORIGINE DU SURENTRAÎNEMENT
Quel que soit le type d’exercice pratiqué, ou l’organe concerné, l’origine du
surentraînement est toujours d’origine périphérique.
Les décompensations caractérisant le surentraînement peuvent se schématiser de la
façon suivante:
= Un dépassement des capacités périphériques
= La libération dans le plasma d’hormones ou de métabolites
susceptibles d’interférer au niveau cérébral.
= Une intégration par le cerveau de ces messages
= Une réponse de l’hypothalamus et de l’antéhypophyse
= Une modification des sécrétions hormonales périphériques
= Une réponse métabolique périphérique (somatique ou cérébrale).
1.2.1 DEPASSEMENT DES CAPACITES PHYSIQUES
Le dépassement des capacités physiques est un mécanisme susceptible de se manifester dans
tous les types d’exercices.
= L’endurance
= La résistance
= La vitesse
= La force
= Une intrication de ces différents exercices.
Quel que soit l’origine du « dépassement » des possibilités de l’organisme, c’est toujours le
muscle qui se trouve en première ligne et dans l’obligation de faire face aux exigences de l’exercice,
au point d’atteindre parfois son point de rupture métabolique ou physique.
1.2.2 LIBERATION D’HORMONES ET DE METABOLITES
1.2.2.1 Catécholamines
Dans les premières minutes de l’exercice, les médullosurrénales sécrètent des catécholamines.
Leur apparition dans le plasma correspondant au fameux « deuxième souffle » des sportifs. Leur
augmentation est d’autant plus rapide que le sujet est entraîné.
Ces hormones présentent de très nombreuses actions sur le péristaltisme intestinal, la
fréquence cardiaque, la mécanique des bronches, la pression artérielle, le cerveau....et le métabolisme
énergétique.
D’un point du vue énergétique, les catécholamines :
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- freinent la sécrétion pancréatique d’insuline, la glycolyse hépatique, la
glycogénogenèse hépatique et musculaire.
- activent la néoglucogenèse et les glycogénolyses hépatique et musculaire, la TGLIA
Au niveau cérébral, les catécholamines jouent un rôle fondamental de régulateur des
sécrétions hypothalamiques. Leur augmentation pendant l’exercice provoque une stimulation des
hormones hypothalamiques et une cascade de stimulations antéhypophysaires.
Lors du surentraînement, les catécholamines circulantes et cérébrales atteignent des taux
plus importants qu’en période d’entraînement et demeurent à un taux élevé après l’exercice du fait
d’une diminution de leur dégradation par les monoamines oxydases.
Médullo-surrénal MAO
Catécholamines Produits de dégradation
Cerveau
Cette persistance des catécholamines cérébrales à un taux élevé, y compris au
repos, est le premier stigmate du surentraînement.
1.2.2.2 Libération de métabolites musculaires
Lors de l’exercice, le muscle libère normalement un certain nombre de métabolites issus de
son catabolisme (acides aminés, ammoniaque...).
Lors du surentraînement, et du fait d’une augmentation considérable de son catabolisme, les
concentrations d’ammoniaque et d’acides aminés s’élèvent pour atteindre des valeurs dépassant les
capacités d’épuration du foie et des reins.
= Acides aminés aromatiques
Les acides aminés aromatiques (Phénylalanine, Tryptophane et Tyrosine) sont libérés en
quantité importante lors du catabolisme musculaire.
Le surentraînement augmente cette production qui franchit facilement la barrière hémato-
méningée du fait de la concentration élevée en ammoniaque. Les hormones issues de ces acides
aminés (sérotonine, adrénaline, noradrénaline, DOPA, DOPAmine) présentent des récepteurs
cérébraux qu’elles activent ou inhibent.
Leur augmentation locale est à l’origine :
= D’une perte importante de la vigilance et de confusion mentale
= De troubles décisionnels
= De troubles du sommeil
= D’asthénie
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