L`amorçage n`a pas d`effet seulement individuel - Saint

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Psychologie de la créativité
Avant-propos
Ce syllabus n’est absolument pas complet. La participation au cours ainsi que la prise
de notes sont indispensables.
L’examen se fera par écrit et portera sur tout ce qui a été dit au cours. Les consignes
pour l’examen sont notamment celles-ci : les réponses doivent être correctes,
complètes et précises.
Introduction : Qu’est-ce que la psychologie
1
?
La psychologie est l’étude scientifique des comportements extravertis et introvertis
des hommes et des animaux.
La psychologie se distingue des autres sciences humaines: philosophie (étude des
idées), sociologie (étude des comportements sociaux), criminologie (étude des
comportements criminels), sémiologie.
Les multiples champs de la psychologie : psychologie de l’enfant, des groupes, du
sport, psychologie du travail, psychologie scolaire, psychothérapie, psychologie de la
créativité, psychologie du consommateur, psychologie de l’espace, etc.
Les objectifs de la psychologie sont : description, explication, prévision, modification
des comportements.
La recherche
2
est de plusieurs types :
- fondamentale ou appliquée
- expérimentale : en laboratoire, pour déterminer les causes, avec une méthodologie
scientifique. Non expérimentale : observations, enquêtes, étude des cas. Pour prédire
uniquement.
Les grands courants : psychanalyse, humanisme, comportementalisme, cognitivisme,
psychobiologie, etc.
1
HUFFMAN, K.; VERNOY, J.; VERNOY, M., Psychologie en direct, Mont-Royal, Modulo, 2000,
pp. 6-37.
2
La recherche en psychologie est caractéristique de certaines branches scientifiques. La recherche en
art est d’un autre ordre car elle n’a pas pour vocation un but scientifique. Voir cours de méthodologie
de la recherche.
2
I. DE LA CRÉATIVITÉ A L’INVENTIVITÉ
Ex. Cochez trois phrases avec lesquelles vous êtes d’accord.
1. La créativité, c’est penser toujours autrement que les autres
2. La créativité, c’est être original
3. La créativité, c’est faire tout ce que l’on veut, tout ce qui nous passe
par la tête.
4. La créativité, c’est la capacité d’anticiper les besoins de la société
5. La créativité, c’est la capacité de faire naître quelque chose qui
n’existait pas.
6. La créativité, c’est la capacité de penser un processus, un objet de
manière originale pour l’améliorer.
7. La créativité, c’est inné, ça ne s’apprend pas.
8. La créativité, c’est se défaire de ses habitudes… pour en prendre
d’autres.
9. La créativité, c’est une pensée qui envisage les choses dans leur
ensemble et non dans leur particularité.
10. La créativité est liée à la célébrité.
11. La créativité, c’est combiner, associer, des éléments entre eux.
Conclusion de l’exercice :
1. Les définitions (lacunaires) des dictionnaires
« La capacité d’imagination, d’invention, de création », pour le dire autrement, « créer
c’est faire apparaître quelque chose qui n’existait pas » (Le petit Robert, 2013).
2. Creativity, un terme bateau ?
« L’expression imaginaire, la création artistique, la création d’idées, l’innovation
(…) d’une certaine manière, sont proches et, à certains égards, n’ont aucun rapport
entre eux.
3
C’est Guildford
4
qui utilisa le premier le terme « creativity » pour nommer la capacité
à trouver des solutions qui sortent de l’ordinaire.
3
AZNAR, Réflexions sur la créativité (volume 1), mise à jour en 2007, consulté le 25-07-2015, on line
http://www.creativite-conseils.com. Ce point 2 relate l’analyse de Guy Aznar.
3
Ce qui est certain, c’est que le processus de création confronte deux fonctions
mentales : s’adapter aux contraintes et habitudes de la réalité (bien nécessaire pour
survivre) et ne pas s’adapter à la réalité. Ce n’est ni tout à fait l’une ni tout à fait
l’autre, mais à l’intersection de l’une et l’autre. Le fruit de l’originalité et de la
pertinence.
« La création du nouveau naît à mi-chemin de ces deux territoires : ce n’est ni ce qui
existe déjà ; ce n’est pas non plus un délire incommunicable (…).
5
C’est la manière de rechercher (« explorer ») dans l’imaginaire et de confronter à la
réalité qui différencie
- la créativité en tant qu’expression imaginaire,
- la créativité en tant qu’expression artistique,
- la créativité en tant que prospective
- la créativité en tant qu’innovation
6
- la créativité en tant que création d’idées.
2.1. Créativité en tant qu’expression imaginaire
L’imagination, faculté de produire des images yeux fermés, a longtemps été
critiquée : Platon, Descartes, etc. Source d’erreurs, de mensonges, elle s’apparente à
nos rêves et à cet inconscient que nous ne maîtrisons pas ni ne connaissons.
L’imagination est difficile à faire comprendre, à communiquer. Elle s’exprime
difficilement par les mots. Bien mieux par les sons, les images, etc.
Les éducateurs, encore aujourd’hui, se donnent la mission d’aider l’enfant à distinguer
ce qui relève de l’imagination de ce qui relève du réel, afin que l’enfant s’adapte au
mieux à son environnement, bien réel. En effet, jusqu’à un certain âge, l’enfant
s’imagine que le monde et les gens sont à son service.
Ce faisant, il y a une condamnation de l’imaginaire ou, au minimum, une mauvaise
exploitation. En condamnant ou canalisant l’imaginaire, ce sont les émotions qui sont
touchées: imagination et émotions sont liées car dans le cerveau, émotions et
imaginaire sont étroitement connectés (voir plus de précisions au cours). Et il est « de
bon ton » de canaliser voire maîtriser ses émotions, comme on canalise son
imaginaire.
Pourtant, les avantages de l’imaginaire sont multiples
7
: mise à jour d’une richesse
personnelle, libération et développement personnel qui ont un effet thérapeutique,
pensées intéressantes, divergence.
4
GUILDFORD, « creativity » American Psychologist, 1950.
5
AZNAR, G., op. cit., p. 6.
6
AZNAR, G., op. cit., p. 7.
7
Guy Aznar en compte 15 !
4
Pour favoriser l’expression imaginaire, il faut lever la censure (être permissif et abolir
le jugement), appliquer des techniques d’expression (en groupe par exemple) et
mobiliser l’énergie.
Attention, l’expression imaginaire n’a pas pour but d’être montrée, il n’y a pas
d’objectif artistique. « La créativité au sens d’expression imaginaire n’a pas de
rapport avec la création artistique et ce n’est pas son objet »
8
. Ce n’est que la première
étape de la production d’idées.
2.2. Créativité en tant que création artistique
Souvent individuelle, la création artistique démarre de l’imaginaire personnel de
l’artiste, son inconscient et ses pulsions, qui s’expriment sur un support quelconque
(papier, scène, instrument de musique, etc.). Sans contrainte, sans jugement d’autrui,
dans une liberté quasi totale.
« L’artiste se situe précisément entre l’artisan et le fou : c’est un genre de fou qui
maîtrise une technique d’expression lui permettant de véhiculer un contenu chargé
fortement d’émotion, c’est un fou qui maîtrise une forme. »
9
2.3. Créativité en tant que prospective
La prospective est le métier des futurologues
10
. C’est la rencontre de l’imaginaire et
du « réel virtuel » (AZNAR, p. 27). « La prospective doit normalement conjuguer
deux types de prévisions : des prévisions basées sur des informations objectives,
factuelles, solides, (l’évolution démographique, des prévisions économiques,
technologiques, etc.) et d’autre part des prévisions basées sur une exploration des
tendances sociologiques et des évolutions psychologiques du public considéré »
11
.
Pour ce deuxième type, des centres spécialisés comme le CCA (Centre de
Communication Avancée) constituent la cartographie des sociostyles ou annoncent
des tendances
12
. En effet, comprendre les besoins du consommateur, c’est primordial
pour le monde de la publicité. Bernard Cathelat
13
a mis au point dans les années 1970
une méthode appelée les « sociostyles » pour mieux toucher le public cible.
Ces recherches ont pour but d’aider les publicitaires, mais elles servent aussi à
d’autres secteurs.
8
AZNAR, G., op. cit., p. 11.
9
Idem, p. 10
10
Voir les ouvrages de Jacques Attali.
11
Idem, p. 27.
12
La suite du point 2.3. se fonde sur l’article de COLLARD, Y., DE THEUX, P., « Eduquer,
communiquer: dans quel sens ? Les socio-styles pour toucher le public cible » dans Media Animation
2006-2011, 10 mars 2007, off line, septembre 2014.
13
Bernard Cathelat, directeur du Centre de communication avancée (CCA), spécialiste de l’étude des
tendances de styles de vie.
5
Auparavant, les consommateurs étaient tranchés en fonction de leur revenu, leur sexe, leur âge
ou leur état civil. Ces catégories sont apparues peu pertinentes. Depuis Bernard Cathelat, les
individus sont distingués selon leurs comportements, leurs opinions ou leurs conditions de vie.
Après une analyse approfondie sur base d’enquêtes, le Centre de Communication Avancée
propose dans les années 1990 cette découpe du monde social en cinq groupes:
Les années 1990
« Les décalés (17,3% de la population observée) sont les plus ouverts au changement,
aventureux et dynamiques : ils consomment du neuf, du hors-norme. Du rigolo. Intello-
individualistes, ils ne sont pas narcissiques. Car certains cultivent le non-look ou le pseudo-
ringard. Leurs aspirations sont spirituelles davantage que corporelles. Ils achètent difficilement
des biens classiques ou alors il faut que ceux-ci aient une approche décalée. La meilleure
stratégie pour les approcher repose sur la provocation. La communication ne joue pas le
concret. Ce qui compte ce n’est pas le produit, mais les étapes, les règles du jeu. Ce qui fait que
la prise en compte de l’environnement du produit, les moyens d’y accéder par des jeux de rôles,
est une stratégie possible. La communication doit dissimuler toute forme de standardisation.
Pas la peine de mettre en scène le sérieux, l’utile, la renommée de l’annonceur, la performance
du produit. Ça ne les intéresse pas.
Les rigoristes (20,1%) sont caractérisés par leur rigueur et leur conservatisme. La famille est
le pilier de leurs normes. Attachés aux valeurs morales, ils consomment « classique ». Ils
achètent des biens durables, fonctionnels, respectables. Les rigoristes ont un statut social élevé,
mais ils ne cherchent pas à le montrer. Le produit doit être au service d’un savoir-vivre. Une
voiture doit être solide, une barre chocolatée contenir du lait pour les enfants. Ils sont
économes, car plutôt rétifs au plaisir gratuit. Il s’agit donc de communiquer sur la nature
fonctionnelle des produits achetés. Pas la peine de recourir à la séduction, au spectacle, à
l’humour, ça ne marche pas. Le dispositif communicationnel doit argumenter. La publicité
grave pour eux des valeurs intemporelles, indémodables. Le cautionnement du produit par une
figure faisant autorité est des stratégies les plus efficaces. Toutefois, comme ils ne sont guère
sensibles à la publicité, une simple information à leur destination suffira. Très classiques, on
pourra toujours mettre en scène le mariage, la famille, le pouvoir patriarcal aux produits qu’on
essaie de leur vendre.
Les égocentrés (22,5%) sont les plus attachés à la jouissance matérielle. Très sensibles à leur
image, ils sacrifient beaucoup pour elle. Et parfois n’importe comment, dans les hypermarchés,
dans les magasins haut de gamme. Ils consomment aussi beaucoup de services, de loisirs
(restaurants, vacances, sports). Ce sont des serials consumers, Ils optent pour des produits
spectaculaires, à la mode, à la valeur frime ajoutée. Pour leur voiture, ils craquent pour les
enjoliveurs les carrosseries tape-à-l’œil. Ils affichent les marques. Leurs moyens sont limités ?
Peu importe. Ils sont tellement sensibles aux signes extérieurs, qu’il est difficile pour les
publicitaires de ne pas les satisfaire. La publicité est même pour eux une fin en soi. Son message
est bâti sur le mode de la séduction et l’incitation : les produits sont des symboles de réussite.
Sociale ou personnelle (amour, forme, sport). La publicité cherche à les protéger de la réalité,
retarde l’échéance de l’évidence du quotidien. Construits selon la logique du vidéo-clip (images
fortes, couleurs vives, montages nerveux, violence des contrastes, rapide enchaînement des
séquences), les spots publicitaires ne leur laissent pas le temps de réfléchir. Superficiels, ils se
nourrissent des images du bonheur hollywoodien.
Les matérialistes (26,8%) n’aiment pas le changement. Ils consomment modérément et
fonctionnel (la lessive ça sert à faire disparaître les taches). Tout ce qui est bon pour la santé,
l’auto, les enfants est bon pour eux. Ils font des économies, ne prennent pas de risques, ils
épargnent tranquillement. Ils préfèrent acheter dans les commercesils ont leurs habitudes et
de plus en plus dans les supermarchés bon marché. La pub doit les sécuriser, leur présenter un
produit de façon banale. La création publicitaire, ce n’est pas pour eux. Pas de provoc’ ni de
pris e de tête. Ou alors il faut être inspiré par le quotidien. Leur idole ménagère est ce macho
rassurant de monsieur Propre. Le produit doit faire ses preuves, des scientifiques en blouse
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