Dispensation conseil Rédacteur : Version : 2.0 Accompagnement du

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Dispensation conseil
Accompagnement du patient sortant d’un
service d’oncologie en vue d’une continuité
de traitement en ville
Rédacteur :
N.FAUQUET
Version :
Date :
2.0
Septembre
2016
Objectif : Poser les bases de la construction d’un accompagnement en ville du patient atteint d’un
cancer initialement pris en charge à l’hôpital.
Responsable: Le pharmacien.
Contexte :La prise en charge en ville de patient « sortant » de service hospitalier est un sujet
complexe.Cette difficulté est pourtant particulièrement importante à bien appréhender pour les
patients atteints de pathologie cancéreuse devant être prise en charge en ville.L’objectif du présent
Mode Opératoire est de poser les bases de la construction de cet accompagnement.
1) Actionspréalables à entreprendre :
1. Lister les professionnels de santé de proximité sur le support en annexe 2 : ce support pourra
ensuite être adapté patient par patient en fonction de ces interlocuteurs privilégiés en
articulant les interlocuteurs déjà connus et ses éventuels besoin complémentaires sur la base
des contacts de la pharmacie.Informer ces professionnels que vous êtes susceptibles de leur
adresser des patients atteints de cancer et que vous pouvez disposer d’informations du DP
susceptibles de leur être utiles.Identifier ceux d’entre-eux qui souhaitent employer une
messagerie sécurisée pour échanger des informations médicales.Certains font déjà partis de
réseaux locaux, n’hésitez pas à vous rapprocher d’eux.
2. Ne pas hésiter à se former à l’accompagnement du patient cancéreux via les
différentes formations disponibles et reconnues, ou former un référent dans l’officine à
cette problématique via les différentes cessions disponibles(Nutrition, Dispositifs Médicaux,
accompagnement, éducation thérapeutique, prothèse, phytothérapie, perruque…)
3. De même de nombreux patients se tournent vers les médecines alternatives, ne pas hésiter à
consulter le guide « thérapies complémentaires dans les soins oncologiques de support » édité
par l’AFSOS et à se former pour celles reconnues.
http://www.afsos.org/IMG/pdf/THERAPIES_COMP_J2R_2012_12_07.pdf
4. Demander aux IDE et médecins quelles gammes de pansements ils utilisent pour demander les
catalogues fabricants correspondants.
5. Demander également les derniers catalogues de nutrition orale aux fabricants concernés et si
possible quelques échantillons.
6. Se présenter aux réseaux interprofessionnels existants sur son territoire pour identifier les pistes
de travails conjoints.
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N.FAUQUET
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Septembre
2016
2) Identification, abord du patient :
1. Au comptoir, sur la base de votre connaissance de la clientèle, identifier les patients ou les
accompagnants concernés. Ne pas hésiter à proposer de s’asseoir en espace de confidentialité
pour poursuivre l’entretien ou à planifier un entretien (par exemple au retour du patient si
vous devez commander certains produits)pour vous permettre ainsi de le préparer (voir point
5) ;expliquez qu’il s’agira d’un temps dédié, pour faire un point avec lui sur les traitements
prescrits et l’aider par des conseils à mieux prévenir voire gérer d’éventuels effets secondaires
des traitements.Demander au patient s’il connait son protocole (en cas de chimiothérapie en
HDJ) ou si on lui a remis un programme Personnalisé de Soins. Proposer ensuite au patient de
récupérer le compte rendu de son hospitalisation: compléter la fiche d’information
enannexe 1.
2. Enregistrer la pathologie du patient en informatique pour sensibiliser le reste de l’équipe à
redoubler de vigilance lors des futures venues de ce patient.
3. Compléter au besoin, la partie complémentaire de l’annexe 1 qui détaille les références, tailles
des dispositifs utilisés par le patient, ainsi que les goûts à éviter pour la nutrition entérale.
4. Vérifier que le DP du patient est bien actif, rappeler son utilité au patient et conseiller à ce
dernier de présenter sa carte vitale même pour l’achat de médicaments conseils.
5. Préparer un entretien planifié : récupérer la fiche produit (si traitement oral) /fiche du
protocole pour mieux appréhender modalités d’administration, interactions, effets secondaires
potentiels et gestion. En cas de programme personnalisé de soin, identifier les soins de support
déjà suivis.Préparer les produits à conseiller en complément de ceux prescrits. Prévoir de faire
une synthèse écrite de l’entretien.
3) Dispensations :
1. L’abord d’une personne atteinte par ce type de pathologie n’est pas toujours aisé.Il peut exister
un décalage entre ce que le médecin a dit et ce que le patient a « entendu ».Nous vous
conseillons de débuter votre discussion par une question ouverte du type « que vous arrive-til ? » ou « Est-ce la 1ère fois que vous prenez ce traitement (si traitement oral prescrit), que
vous a dit le médecin qui vous suit ? ».En fonction de la réponse vous pourrez identifier où en
est la personne de la perception de sa maladie et ce que la personne est prête à
entendre.Ainsi, si un patient dit le mot « cancer » c’est que vous pouvez l’employer, autrement
reprenez les termes employés par le patient.Ecoutez et reformulez.
2. Procéder à une dispensation attentive et rester vigilant sur les risques d’interactions
(médicamenteuses, avec l’alimentation…) et modalités de prise. Ne pas hésiter à rédiger un
plan de prise avec le patient, identifier les facteurs de non observance. Vérifier la bonne
compréhension du patient.Renseigner le DP, même pour un médicament conseil.
3. Par ailleurs, dans le cas de prescriptions renouvelables il est possible de mettre en place une
alerte agenda automatisée.Ceci peut vous permettre de planifier automatiquement une alerte
pour vous proposer d’appeler le patient afin de vérifier que le produit est bien à commander,
que le dosage est toujours le même,…Ces alertes peuvent par exemple être paramétrées sur
« Google Agenda » pour s’activer automatiquement toutes les 4 semaines.
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En cas de doute, sur les interactions physico-chimiques entre produits de perfusion, n’hésitez pas à
consulter le site suivant :www.stabilis.org
Dans le cas de dispensation de nutrition entérale ou de complémentation orale, évitez de délivrer
directement pour 1 mois.
Proposez plutôt un assortiment de parfums différents pour une semaine afin de laisser la possibilité au
patient de choisir les parfums qui « passent le mieux ».
Quelques conseils généraux à donner aux patients en lui expliquant pourquoi:
 Eviter les rassemblements de foules ou de rencontrer des gens contagieux,
 Prendre régulièrement sa température en évitant, si possible, la prise de température rectale
qui pourrait léser la muqueuse. En cas de fièvre, contacter tout de suite le médecin et ne pas
s’automédiquer avec du paracétamol.
 Avoir une bonne hygiène corporelle et buccale (prévention des mucites si
chimiothérapie/radiothérapie ORL)
 Conseils cosmétiques si chimiothérapie /radiothérapie (développés en formation)
 Conseils sur l’alimentation (abordés en formation)
 Ne pas rester seul face à la maladie, se faire accompagner par un professionnel, connaitre
l’existence de groupes de paroles est souvent très utile.
 Si enfants, souligner l’importance de leur expliquer (avec l’aide possible d’une psychologue)
 Expliquer à son entourage ce qu’on attend de lui.
 Ne prendre aucun traitement sans avis professionnel.
Dans le cas où la personne qui se présente est un accompagnant (conjoint, enfant du patient,…) ne
pas hésiter à leur conseiller de se faire aider, notamment avec les réseaux de proximités et les unités de
soutien psychologique disponible.
NB : attention à la facturation des kits de perfusion, celle-ci se fait désormais en fonction du nombre de
perfusions réalisées avec le kit.
Orientation vers d‘autres professionnels de santé :
Au fur et à mesure de l’avancée du patient dans son parcours de soins, ses besoins évolueront d’où
l’importance de maintenir ce temps d’écoute à chaque venue pour mieux les identifier et mieux le
conseiller et l’orienter .C’est également vrai dans l’après cancer, période souvent très difficile à vivre.
(sentiment d’ »abandon »).
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Ne pas hésiter, après l’accord du patient, à contacter directement un autre professionnel de
santé pour assurer une coordination des soins(réseaux de santé…). Les patients, ne savent
pas/n’osent pas toujours essayer de compléter ce qui a été fait à l’hôpital.
Ne pas hésiter non plus à préparer une brève synthèse des traitements dispensés à l’officine
pour les autres professionnels de santé, notamment hospitalier en extrayant les informations
du DP.
Ne pas hésiter à orienter vers une consultation chez un psychologue pour l’accompagnement
de ces patients.
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4) Points de vigilances à garder en tête au comptoir :
Effets indésirables de traitements :
Les principales causes de décès chez les patients atteints de pathologies cancéreuses (hors pathologie
cancéreuse directe) sont la thrombose et la complication infectieuse. Ces deux points sont donc
cruciaux à surveiller :
Thrombose : Particulièrement à risque chez ce type de patient, tout signe évocateur doit être un motif
de consultation en urgence, notamment un essoufflement soudain. Un traitement anticoagulant par
HBPM est souvent prescrit, le dosage des plaquettes doit régulièrement être fait pour surveiller
l’apparition d’une éventuelle TIH. (Attention, un antécédent de TIH contre-indique l’utilisation
d’Hémoclar®). Il convient donc de vérifier que le patient dispose bien des prescriptions pour ce suivi
et/ou qu’une IDE est prévue si nécessaire. Une vigilance importante doit être portée sur la validation
des dosages d’HBPM qui sont ici souvent employés en curatif, un sous dosage est délétère.
Hémoptysie : Peut être le signe de début de complications suite à une radiothérapie thoracique, elle
doit motiver une consultation en urgence.
Toux : Peut-être le symptôme d’une complication infectieuse ou d’un phénomène de fibrose lié aux
traitements, elle doit amener à consulter.
Maux de tête :Sont des effets indésirables fréquents des différents traitements, notamment sétrons ou
traitements à composante sérotoninergique (tramadol par exemple). Ils sont à surveiller tout de même.
Fièvre : Tous les patients ayant suivi une chimiothérapie anticancéreuse devraient disposer d’un
thermomètre pour surveiller leur température. Une fièvre peut être le signe d’une complication
infectieuse et doit donc amener à consulter rapidement.
Conseil diététique/vomissements : Proposez au patient de manger ce qui leur fait envie (souvent ce
qu’ils arrivent à ne pas vomir), par petites fractions peu épicées et plutôt froides que chaudes. Les
perfusions de chimiothérapies contiennent souvent en mélange des traitements contre la nausée, si
bien que certains patients ne ressentent pas les nausées tout de suite. Aussi il peut parfois être utile de
conseiller de prendre les traitements par voie orale en systématique avant même que les nausées
n’apparaissent.
Mucite : Proposer l’utilisation quotidienne de bains de bouche sans alcool, associé à du bicarbonate
de sodium. Dans le cas où cela ne suffit pas envisager avec le médecin l’ajout de sucralfate ou de
xylocaïne (contre-indique alors l’emploi avant un repas pour éviter les fausses-routes). Prévenir le
patient que le produit est salé, qu’il est nécessaire de l’utiliser après les repas, qu’il doit être conservé au
réfrigérateur 48h après ouverture et qu’il ne faut pas se rincer la bouche après emploi (malgré le gout).
Prévention des lymphangites (pour les femmes opérées d’un sein) : Ménager le bras du coté
opéré, éviter toute activité à risque de blessure ou d’écorchure, désinfecter les plus rapidement et
efficacement possible toutes plaies survenant sur le bras du coté opéré. Faire pratiquer prises de sang,
prise de tension et autres gestes techniques sur l’autre bras. Informer que tous signes d’infections sur le
bras opéré est une urgence et doit être médicalisé le plus tôt possible.
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Vigilance en conseil :
AINS : L’emploi des AINS est à considérer comme contre-indiqué : ils altèrent la fonction rénale ce qui
peut augmenter l’AUC des traitements. Par ailleurs ils fragilisent les muqueuses déjà éprouvées par les
chimiothérapies, masquent la fièvre qu’il est capital de surveiller et diminuent la coagulation alors
même qu’une thrombopénie s’installe pendant le traitement.
Douleur : La prise en charge de la douleur est un élément capital de la qualité de vie d’un patient
traité au long cours. Lors de l’emploi de morphiniques, il convient d’adapter la dose, parfois semaine
par semaine. L’objectif est souvent d’obtenir une couverture par un produit à longue durée d’action
complété de 3-4 inter-doses journalières. En cas de douleur persistante il est souvent souhaitable de
modifier la dose du traitement de fond, aussi une nouvelle consultation doit être prévue. En cas de
difficultés, ne pas hésiter à orienter vers un centre de la douleur pour éviter que la douleur « n’enferme
le patient ».
Diarrhée : Eviter les compléments alimentaires type probiotiques qui sont contre-indiqués en cas de
port d’une chambre implantable. Eviter également les produits contenant des éléments susceptibles
d’altérer l’adsorption de principes actifs (type charbon, siméticone…)
Phytothérapie : 60% des patients se tournent à un moment ou un autre de leur traitement vers les
médecines « alternatives ». Cette situation, du rejet du « chimique » est à considérer sérieusement : en
effet certains produits sont identifiés comme présentant des risques pour certains cancer, citons ainsi :
extrait de houblon, HE de cyprès, HE de sauge, HE de cèdre, gelée royale, millepertuis,…). L’emploi de
produits naturels ne doit jamais amener à stopper une médication validée.
Toutes ces situations à risques ne sont évidemment pas exhaustives et ne sauraient remplacer une
formation sur le sujet.
Pour aller plus loin :
www.e-cancer.fr
www.ligue-cancer.net/cdnumerodudepartement pour avoir le comité local
www.unicancer.fr
www.mondpc.fr
www.oncorif.fr
www.stabilis.org
www.afsos.org
www.omedit-idf.fr
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