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Chers Compatriotes,
Monsieur le président, Monsieur le président du sénat,
Mesdames et Messieurs les députés, Chers invités,
Je voudrais commencer mon exposé par quelques mots de réflexion personnelle. Je voudrais
partager avec vous, en cette salle, mais aussi avec tous nos compatriotes, le sentiment de
grande fierté et de grande satisfaction qui résultent du fait qu’une fois de plus les Polonais, le
21 octobre cette fois-ci, ont montré qu’ils veulent assumer la responsabilité du destin de la
patrie et qu’ils en sont capables. Je me tiens là devant vous, à la diète polonaise, devant vous
les parlementaires et devant toute l’opinion publique polonaise, m’inclinant bien bas humble
et fier à la fois. Humble parce que j’ai conscience, plus que jamais au cours de mon existence,
du fait que la fonction qui m’échoit à présent et que je remplis à compter de ce jour est une
fonction qui m’a été attribuée, à moi personnellement, comme l’ensemble de mon
gouvernement, par les Polonais.
Je suis profondément ému par le fait que les mots liés au service de la collectivité sont
aujourd’hui des mots à forte résonnance et pleins de vérité. Je sais bien, et je m’adresse ici à
tous nos compatriotes, que ce service qui est un grand honneur, qui m’a été attribué à moi et à
mon gouvernement, est l’effet de votre grand effort patriotique. Je me trouve ici et je vous
parle en ce moment car plus de 16 millions de Polonais ont décidé d’aller voter le 21 octobre
et ont donné à la Pologne, à notre patrie, une chance pour le changement. C’est une grande
satisfaction que de pouvoir s’incliner bien bas devant les Polonais de cette position mais c’est
aussi une grande satisfaction de ressentir une grande fierté. Je suis fier en tant que membre de
notre communauté nationale. Je suis fier de pouvoir grâce à vous, assumer la responsabilité du
gouvernement polonais mais je suis fier aussi d’être avec vous comme je l’ai toujours été :
dans les moments d’épreuve les plus difficiles dans les années 80 ; quand les défis de la
Pologne indépendante dépassaient parfois nos capacités et nos possibilités dans les années 90
et au cours de ces derniers jours, le 21 octobre justement. M’inclinant bien bas devant les
Polonais, je veux dire : je vous remercie sincèrement de nous être donnés mutuellement cette
chance unique. Je crois que nous avons devant nous une grande occasion de changement. Et je
voudrais, si vous me le permettez, raconter ce qui est arrivé au cours des deux dernières
années. Qu’est-ce qui est arrivé pour qu’un nombre d’électeurs aussi élevé, un nombre sans
précédent dans la Pologne indépendante, décide d’aller voter, décide de passer des heures
parfois dans des files d’attente, qu’est-ce qui est arrivé pour que les Polonais aient misé sur le
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changement avec une telle détermination, avec une détermination qui a impressionné
également ceux qui souhaitent le bien de la Pologne.
Premièrement, je voudrais rappeler que nous arrivons au pouvoir après une législature
écourtée (par une dissolution). Ce qui représente le succès le plus important de ce 21 octobre,
c’est que les gens ont ressenti que la démocratie fonctionne en Pologne, c’est qu’après deux
années durant lesquelles les appréciations critiques l’ont emporté sur les appréciations
positives, nous avons trouvé ensemble, tous dans cette salle, un moyen pour que la
démocratie, pour que les gens puissent à nouveau faire un choix, opérer une vérification.
Pourquoi cette législature a-t-elle été écourtée ? Elle a été écourtée avant tout parce qu’il s’est
trouvé au sein du parlement polonais des personnes qui avaient compris que le changement de
majorité devait avoir lieu suite à des élections au scrutin universel et non pas à la suite de
machinations ou de manœuvres politiques de couloirs. C’est pour moi une satisfaction
personnelle d’avoir réussi, entre autres avec beaucoup d’entre ceux qui se trouvent dans cette
salle, à convaincre aussi bien la diète de la législature précédente que l’opinion publique
polonaise du fait qu’il vaut la peine de faire à nouveau confiance aux gens et que cette chance
du changement, d’un nouveau gouvernement, et c’est ce que les Polonais voulaient, s’est
révélée réelle justement parce que nous tous, nous nous sommes décidés à organiser des
élections anticipées, à faire confiance aux gens. Le mot « confiance » serait par conséquent la
devise non pas uniquement de ce discours mais de toute notre législature et de toute la période
durant laquelle il me sera donné, ainsi qu’à mes collaborateurs, de gouverner. Cette confiance
est devenue le fondement du nouveau contrat politique des Polonais car ce 21 octobre, ce
résultat des élections, qui était une surprise pour de nombreuses personnes, représente en
vérité le nouveau contrat politique des Polonais. Je vais m’efforcer de remplir le mieux
possible ma part de ce contrat.
Je voudrais également souligner que je pense bien comprendre, tout comme la Plateforme
Civique et le Parti Populaire Polonais, qui ont été amenés à former cette coalition et le
nouveau gouvernement, quelles sont les attentes des électeurs polonais à l’égard des nouvelles
autorités et pourquoi leurs voix ont conduit au changement au bout de deux années seulement.
J’estime, et nous devrions nous le dire ouvertement à présent que les Polonais se sont décidés
à changer de gouvernement car ils ressentaient de manière de plus en plus forte qu’au cours
des deux dernières années ils ne pouvaient pas développer en eux-mêmes de confiance pour le
gouvernement ; que, peut-être, la raison première et principale pour laquelle le changement du
31 octobre a eu lieu, c’était le manque de confiance du gouvernement du gouvernement qui
vient de démissionner- envers ses propres citoyens. Je considère aussi que les Polonais ont
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décidé le changement le 21 octobre car leur rêve, aussi bien il y a deux ans que maintenant, le
jour des élections, c’était un gouvernement qui ne cherche pas de conflits, mais bien au
contraire : un gouvernement qui recherche le dialogue partout où cela est possible. Nous ne
sommes pas naïfs ! Nous savons bien que des conflits d’intérêt objectifs existent dans chaque
nation. Nous sommes responsables et nous comprenons donc que, tout comme chaque grande
nation, la nation polonaise est formée de différentes communautés : de convictions,
religieuses, d’intérêts, des communautés ethniques, culturelles. Mais, contrairement à ceux
qui nous ont précédés sur ces bancs, nous sommes convaincus - et je suis sûr que cette
conviction est partagée par une majorité écrasante des Polonais - que le devoir d’un bon
gouvernement consiste à résoudre et à calmer les conflits et non à se nourrir de ses conflits ;
que l’objectif principal de la politique, et nous désirons justement mener une telle politique
moderne, mature, raisonnable, consiste à se mettre d’accord, conscients des différences
d’intérêts et des conflits, dans le cadre de la démocratie parlementaire et dans le cadre de
l’Etat de droit, sur des positions communes. Il faut que plus jamais en Pologne le
gouvernement ne fasse de différences entre les gens, des différences entre les communautés et
différents milieux un objet de conflits qui empoisonnent notre vie politique. Les différences
peuvent amener une pression positive, elles peuvent amener une synergie positive. Le devoir
premier de notre gouvernement consistera à libérer l’énergie positive des Polonais, tout en
étant conscient des différences qui nous séparent, je parle d’énergie positive présente
également ici dans cette salle.
Je suis convaincu que les Polonais, en votant le 21 octobre pour un nouveau gouvernement,
ont également rejeté un gouvernement qui, malgré ses déclarations et, certainement, ses
intentions, n’était pas réellement capable de changer positivement les conditions de vie et par
conséquent il s’est mis à vouloir changer les gens eux-mêmes avec une détermination
surprenante. Les Polonais n’ont pas besoin et ne veulent pas de gouvernement dont l’ambition
est de changer les Polonais parce que ce n’est pas la peine de changer les Polonais. Nous tous,
nous devons changer ensemble les conditions de vie et de travail des Polonais pour les rendre
meilleures. Cela doit être le premier objectif du gouvernement. Il semblerait également que
les Polonais ont rejeté, le 21 octobre, un gouvernement qui avait renoncé aux vertus
fondamentales, cardinales de la politique. Des vertus telles que le bon sens, la modération, la
retenue, l’humilité.
Je suis convaincu que le retour à ces vertus de bonne gouvernance est un besoin également
ressenti et attendu par la majorité de nos concitoyens. Si le 21 octobre nous étions tous
témoins d’émotions extraordinaires, pour la politique polonaise, des électeurs, c’est justement
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parce qu’ils souhaitaient rappeler au pouvoir qui vient de céder la place, mais également à
celui qui se met en place en ce moment, ils voulaient convaincre tout gouvernement du fait
qu’ils attendent de lui le respect de ces vertus fondamentales, celles sur lesquels on peut
fonder le sentiment de sécurité, de confiance mutuelle, le sentiment de responsabilité partagée
de la patrie.
Je voudrais déclarer au nom de la Plateforme Civique et du Parti Populaire Polonais que,
formant aujourd’hui une coalition au parlement pour un nouveau gouvernement, nous nous
engageons simultanément, devant tous les Polonais, à prendre garde à ne pas succomber à la
tentation de nous éloigner de ces stricts principes de bon sens. Ce n’est pas un hasard si l’on
dit en Pologne depuis des siècles : il n’y a pas mieux que le bon sens d’un paysan. Je crois
profondément que notre coalition, notamment grâce au fait qu’un parti paysan en fait partie,
va présenter ce qui a tant manqué aux Polonais au cours de ces deux années : un raisonnement
simple et naturel de paysan, le calme et la prise de responsabilité. Je voudrais également que
ce jour, le 21 octobre et la journée de demain, durant laquelle notre travail, le travail du
nouveau gouvernement commencera, soient des jours où l’alternative menaçante pour la
Pologne et les Polonais ne reste plus qu’un mauvais souvenir.
On avait l’impression cependant, il y a quelques mois à peine, que cette alternative, telle une
sombre malédiction, allait peser encore sur notre vie politique durant une longue période.
Quelle était donc cette alternative ? C’était une alternative liée à ce que nous avions rejeté il y
a deux ans c’est-à-dire - appelons ainsi cette atmosphère, cette époque - le temps du
conformisme cynique des élites au pouvoir, appelé souvent IIIe République - de manière
injustifiée, de manière injuste car ce n’était qu’une partie de la réalité que l’on désigne sous
cette dénomination « IIIe République » mais il s’agit d’une partie particulièrement frappante
et essentielle. Les Polonais avaient rejeté cela il y a deux ans.
Le deuxième pilier de cette fatale alternative, il semblait qu’il devait en être ainsi, c’était le
radicalisme cynique. La Pologne et les Polonais ne sont pas condamnés à ce pseudo-choix
entre le conformisme cynique et le radicalisme cynique. Il y a un grand espace- un espace
dans lequel vivent les gens normaux, un espace dans lequel il n’y a pas et il ne devrait pas y
avoir de place pour l’opportunisme politique et la ruse d’une part, et pour un pouvoir public
qui, parfois au nom de grands idéaux, parfois en raison de ses propres obsessions, change ces
valeurs fondamentales en une volonté de dominer le reste du monde.
Les Polonais se débrouillent bien quand les pouvoirs publics ne les empêchent pas de vivre.
Les Polonais ont droit à des pouvoirs publics, à un Etat et à un gouvernement qui considèrent
leur mission comme un devoir, qui considèrent l’honnêteté, la décence, le désintéressement
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comme une évidence. De même, les Polonais ont droit à des pouvoirs publics qui ne cherchent
pas à tout imposer, à contrôler chaque instant de leur vie. La Plateforme Civique et le Parti
Populaire Polonais mettent en place aujourd’hui un gouvernement qui garantit la liberté aux
citoyens, la liberté d’agir, la libération d’une énergie positive mais aussi une aide là où elle est
nécessaire à un moment donné à ceux qui en ont besoin.
Nous avons également beaucoup parlé d’une autre fausse alternative. Nous l’invalidons
aujourd’hui ensemble, la Plateforme Civique et le Parti Populaire Polonais, nous invalidons
cette fausse alternative où l’on oppose la liberté à la solidarité. Ces dernières années, nous
nous sommes querellés à ce propos. Je suis fier que nous ayons réussi à convaincre les
Polonais, l’opinion publique polonaise que ces deux fondements de la Pologne moderne, ces
deux grands rêves polonais qui sont nés en août 1980, le rêve de vivre en liberté et solidaires,
sont à nouveau dans le même foyer. Cette coalition, ce gouvernement sont là pour que plus
jamais personne en Pologne n’ose opposer la liberté à la solidarité. Et à ceux qui doutent du
fait que la vie publique, que la politique, que les pouvoirs publics peuvent être libres de ces
défauts et de ces imperfections, que la vie publique peut être caractérisée par des sentiments et
des valeurs nobles, je rappellerai les mots prononcés par le Saint Père à Sopot- c’est pour cela
que je m’en souviens aussi bien- et il le disait en faisant référence au slogan que certains
d’entre nous en cette salle hurlaient à en perdre la voix en 1988 et en 1989. Ce slogan était : Il
n’y pas de liberté sans solidarité ! Et le Saint Père a dit à Sopot : Mais souvenez-vous qu’il
n’y a pas de solidarité sans amour.
Je sais que certains en cette salle sourient parfois doutant du fait que ces paroles aient un sens
profond. Moi je crois, je crois sincèrement que ces mots ont un sens. Et je sais une chose, tôt
ou tard vous allez vous aussi croire que ces mots ont vraiment un sens profond. Et, finissant
cette réflexion, je veux vous dire que je considère, tout comme le vice Premier Ministre,
Waldemar Pawlak, et les membres de notre gouvernement, les mots que j’ai entendu à de
nombreuses reprises ces derniers jours comme un engagement. Il s’agit de mots de gens
simples qui parlaient d’une chose au cours de différents meeting : du besoin de normalité.
Qu’est-ce que veulent vraiment les Polonais ? Les Polonais veulent un gouvernement normal
dans un pays normal où les gens mènent une existence/vie normale… Une vie de gens
honnêtes, libres, une vie de gens qui vivent de mieux en mieux, de jour en jour, d’un mois à
l’autre. Rien de plus. Mais c’est en même temps tellement beaucoup. C’est un engagement
important. Je sais que ces dernières années le débat publique avait été animé par les tentatives
de donner de nouveaux numéros à la République. Et je sais que certains d’entre vous
également voudraient, peut-être, entendre de ma part à quel numéro de République le chef du
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