Emission Des Sous…et des Hommes diffusée le 06-11-2001 sur Aligre FM- 93.1
Site Internet: www.des-sous-et-des-hommes.org
parce que ça réduit le rendement évidemment. Si vous avez un rendement du capital qui fait 15% et que
vous avez une inflation de 10%, l’intérêt réel que vous avez gagné, c’est la différence, c'est-à-dire 5%. Donc
plus il y a d’inflation, plus cela réduit le rendement du capital. C’est pour cela d’ailleurs que depuis
une vingtaine d’années, il y a ce discours obsessionnel contre l’inflation puisque ça réduit le rendement
du capital. Donc s’il y a de la menace inflationniste, cela peut faire peur aux détenteurs de capitaux qui
iront investir dans des pays où il n’y a pas d’inflation. Il peut y avoir des risques sociaux, il peut y avoir du
ralentissement économique, il peut y avoir différentes raisons comme celles que je viens d’indiquer qui
poussent les investisseurs à partir.
Alors partir, ça veut dire quoi ? Partir, ça veut dire vendre. Pourquoi certains considèrent qu’il
faut partir parce qu’il y a des risques, et au même moment, pourquoi d’autres vont acheter ? Ils
devraient analyser les risques de la même manière. Non justement, parce que parmi les agents économiques,
il y a très souvent des anticipations différentes. Certains considèrent que la situation va se dégrader et
d’autres considèrent qu’après s’être dégradée, elle va s’améliorer. Ceux qui vendent vont trouver acheteur,
(sauf en cas de krach, il y a krach parce qu’il n’y a plus d’acheteur). C’est là que ça baisse, et ceux qui
achètent sont ceux qui se disent : « Ehbien ça vaut le coup d’acheter maintenant parce que les actions ne
sont pas chères et tôt ou tard, elles vont remonter. Donc je préfère acheter à la baisse », d’ailleurs, on
achète toujours à la baisse de préférence. C’est le raisonnement que tiennent d’autres investisseurs et l’un
dans l’autre, ça fonctionne comme cela. Le problème que ça pose, c’est évidement pour les gens qui vendent à
perte…Mais ils n’avaient qu’à pas acheter d’actions….
Pascale Fourier : Mais qu’est-ce que ça peut faire aux politiques qu’il y ait des gens qui perdent de
l’argent en Bourse ? Parce que si des investisseurs vont avoir des pertes, en quoi cela peut intéresser
les politiques, d’autant plus que l’on a vu que la Bourse ne finançait pas réellement les entreprises ?
Jacques Nikonoff : D’abord je ne suis pas sûr que ceux que vous appelez les politiques, (je ne sais pas à
qui vous pensez, est-ce que c’est le gouvernement, est-ce que c’est les partis politiques, est-ce que c’est les
députés ?), enfin, disons les responsables de partis politiques et les gouvernements en général comprennent
bien tout cela. Ils ont fait suffisamment d’erreurs pour justifier ce point de vue. A la fois d’erreurs et en
même temps, une volonté de financiariser l’économie. Quand on parlait de la libéralisation des économies,
c’est une série de décisions politiques. Par exemple, la fin du contrôle des mouvements de capitaux, c’est
quand même une décision politique qui a été prise.
Donc il ne faut pas que les gens qui prennent ces décisions s’étonnent des résultats de leurs
décisions, ce serait paradoxal. Donc ils ont peur des décisions qu’ils ont prises. Quand ils disent s’émouvoir
du départ possible des investisseurs, ils craignent les effets des décisions qu’ils ont prises. Ils n’avaient qu’à
ne pas prendre ces décisions, ou alors ils n’ont qu’à prendre de nouvelles décisions. D’une part donc, je ne
suis pas sûr que tout cela soit très bien compris, mais j’ajouterai un deuxième argument. Les partis de
droite qui défendent les catégories privilégiées ont tout à fait intérêt à dénoncer le départ des
investisseurs parce que leur clientèle électorale va perdre du revenu tout simplement.
Pascale Fourier : Mais l’embêtant, c’est que je l’entends dans la bouche de politiques de gauche ces
derniers temps.
Jacques Nikonoff : Alors, ça c’est effectivement surprenant. Il faudrait leur poser la question. Il
faudrait inviter quelqu’un de gauche qui raisonne comme ça pour savoir exactement ce qu’il a en tête quand il
dit cela. Personnellement, je ne comprend pas ce qu’ils veulent dire.
Pascale Fourier : J’écoutais une émission de radio où j’entendais la personne dire que la Bourse allait rester
longtemps parce qu’elle participe à la construction des entreprises. J’ai été un peu étonnée parce que j’avais
fini par comprendre que la Bourse, ce n’était pas ça ?
Jacques Nikonoff : A l’origine, les Bourses servaient à cela. Elles servaient à rapprocher les agents
économique qui ont de l’épargne en excès, les ménages, et les entreprises qui elles ont des besoins
d’épargne. Les actionnaires restaient des années actionnaires parce qu’ils croyaient dans le projet de
l’entreprise. Quand on est actionnaire, on croit à l’entreprise dans laquelle on investit et on en attend un