Chapitre 1 : La nébuleuse des psys
L’exemple de Derochette montre la grande relativité des diagnostics psychiatriques. Les psys
émettent des avis en totale contradiction bien qu’ils fassent partie d’une même catégorie de
praticiens. La façon dont un psy observe et interprète les éléments dépend fortement de ses
options épistémologiques et de ses théories de référence : pour évaluer ses énoncés il faut
comprendre ses croyances ses et concepts de base.
1) Psychologie intuitive :
- psychologie spontanée : certaines personnes ont un esprit de finesse.
- psychologie de sens commun : croyances psychologiques partagées par les membres d’une
même communauté.
- psychologie littéraire : certains auteurs mettent en évidence des mécanismes de
comportement.
2) Psychologie philosophique :
La philosophie est une réflexion logique et cohérente sur le sens de l’univers, de la vie et de
l’existence humaine. Aristote est considéré comme l’auteur du premier ouvrage de
psychologie. 3 courants ont joué un rôle dans la constitution de la psychologie :
- l’interprétation démasquante : réflexion élaborée par les philosophes pour montrer les
motivations à la base de l’inconscient.
17ème : Rochefoucauld : maximes sur les calculs égocentriques sous-jacents à toute conduite
humaine.
19ème : Schopenhauer : la pulsion sexuelle forme l’essence même de l’être humain.
Marx : les facteurs économiques sont le moteur des rapports sociaux.
Nietzsche : la volonté de puissance est le moteur ultime de l’être.
20ème : Freud : psychologie suspicieuse et paranoïde.
- courant phénoménologique : dégage les structures essentielles de l’existence.
- psychologie existentielle ou humaniste : aborde de manière concrète les problèmes
fondamentaux de la condition humaine.
La psychanalyse est une forme de psychologie philosophique et est définie par Freud comme :
> un procédé d’investigation des processus mentaux à peu près inaccessibles autrement.
> une visée thérapeutique.
> constitution d’une théorie du fonctionnement du psychisme.
L’attitude de Freud face aux divergences théoriques n’a pas été très scientifique : son
association n’est pas scientifique. Ce manque de considération pour la psychologie
scientifique s’explique par la pauvreté de cette discipline à cette époque.
3) Psychologie scientifique :
Science = connaissance rationnelle, vérifiée de façon objective et méthodique qui permet
d’observer et d’expliquer des phénomènes, et éventuellement de les prédire et de les contrôler.
Règle principale : spécifier des observations concrètes à partir d’une hypothèse pour ensuite
les confirmer ou les infirmer.
Attitude : la réfutabilité + le souci d’objectivité + l’esprit critique
Wundt : Science de l’âme.
Watson : Science du comportement.
Chapitre 2 : Grandeur et misère de la psychologie
1) Implication personnelle du psychologue.
Les psychologues étudient les comportements et cherchent à mettre en évidence des lois
empiriques. En effectuant leurs recherches, ils adoptent des comportements et sont eux-
mêmes déterminés par des processus affectifs et cognitifs. Il faut distinguer deux niveaux
d’une théorie : les facteurs qui ont précédé la genèse et la vérification scientifique. Que le psy
ait des problèmes ou pas ne remet pas forcément en question sa théorie, l’important est qu’au
niveau de la vérification empirique de son hypothèse, il ait prit du recul, fait un effort
d’objectivité et respecté les règles de la démarche scientifique.
2) Imperméabilité universelle.
En 1870, Flaubert se rend compte de l’utilisation des grilles d’interprétation pour tout
expliquer.
En 1890, William James met en garde contre l’utilisation du terme « inconscient » qui peut
expliquer tout et n’importe quoi.
En 1919, Karl Popper fait l’expérience de la problématique de l’interprétabilité avec Adler
dont la théorie explique tout. A partir de là, Popper déduit un principe fondamental pour la
recherche scientifique : la réfutabilité qui caractérise le type scientifique, l’utilisation d’une
poubelle, ce que la discipline psychologique n’a pas encore. L’évolution idéale de la
psychologie est d’aboutir à des énoncés confirmés ou réfutés par des observations
systématiques.
3) Conditionnement des observations.
L’exemple de Pavlov (possibilité d’une transmission héréditaire de caractères acquis) montre
à quel point les chercheurs produisent facilement des explications et même des faits qui sont
essentiellement le reflet de leurs convictions de départ. Un chercheur peut inconsciemment
conditionner ses sujets d’expérience à se comporter de manière à confirmer sa théorie de
départ.
=> Il faut refaire les expériences en toute indépendance et ne pas croire trop vite qu’on a
découvert une loi empirique.
1911 : les rêves des patients sont influencés par la théorie du psychanalyste (Freud rêve de
confirmation).
1950 : recherches sur le conditionnement verbal inconscient : le contenu de ce qu’on dit est
influencé par les réactions de celui qui écoute (ex : souvenirs d’enfance).
1960 : recherche méthodique des enregistrements de consultations de psychothérapie de
Rogers : on peut difficilement éviter de conditionner le patient mais il est important d’être
conscient de le faire.
4) La psychologie : une discipline juvénile.
En 1842, Auguste Comte affirme que la psychologie n’est pas une science mais la dernière
transformation de la théologie.
En 1900, naissance de la psychologie scientifique. La psychologie , contrairement aux autres
sciences humaines, peut non seulement observer mais aussi expérimenter (modifier
systématiquement une ou plusieurs variables et observer quels changements se produisent).
Mais attention, tout comportement dépend toujours de multiples facteurs : les lois de la
psychologie sont toujours des probabilités.
5) Le verbalisme et le charlatanisme des psychologues.
De tous temps on a abusé du pouvoir trompeur du langage. Le charlatanisme est l’exploitation
de la crédulité du public.
- méconnaissance du public des critères de scientificité.
- flou des titres et des diplômes : seuls les titres de « psychologue » et de « psychiatre » sont
légalement protégés. La protection légale du titre de « psychothérapeute » n’existe que dans
certains pays et le titre de « psychanalyste » n’existe nulle part, tout le monde peut se
l’approprier.
En 1922, Freud décide que pour être reconnu par son association, il faut soi-même faire une
psychanalyse chez lui.
Relation forte d’affection du patient pour son psy : fascination, attribution de pouvoirs
surnaturels, attachement infantile, passion amoureuse,…(la liste est longue mon cher Jacques)
Tous ces facteurs permettent des abus financiers, sexuels, digestifs,…
Remarque : logomachie : facilité avec laquelle on peut mystifier le langage. Ex : Sokal et le
jargon obscur : les impostures intellectuelles.
Chapitre 3 : psychologie sociale et notions connexes
1) Définition
Etude des comportements des individus en fonction de leurs interactions avec d’autres
individus, groupes ou institutions.
Etude du conditionnement des conduites individuelles par des contextes sociaux.
2) Historique
Ne s’est constituée que fin 19ème. Le premier usage de l’expression date de 1891. La première
recherche expérimentale est celle de Triplett : étude du conditionnement des performances par
le contexte social. Il montre l’effet dynamisant de la présence d’autrui dans les activités
(relation et activation émotionnelle et performance). Les premiers traités de psychologie
sociale sont signés Ross (sociologue) et Mc Dougall (psychologue) en 1908. Ensuite ce sont
surtout les psychologues qui vont s’intéresser à la discipline : ce sont les gestaltistes,
psychologues de la forme. Leur théorie se base sur le fait que nous percevons toujours des
formes organisées où l’ensemble donne sa signification à l’ensemble des éléments et où les
éléments contribuent à la signification de l’ensemble.
Deux expériences :
- importance du type de commandement sur l’agressivité et le fonctionnement du groupe. Le
comportement de l’animateur (autoritaire, laisser faire, démocrate) influence l’entente dans le
groupe.
- Les forces déterminant les habitudes alimentaires et méthodes de changements : étudie
l’impact du groupe sur un élément, l’interdépendance des éléments par rapport au groupe. La
discussion en groupe favorise le changement.
Dans les années 60, la Psychologie sociale connaît une seconde impulsion due aux
revendications estudiantines, féministes, … Cette discipline a mis en évidence la facilité avec
laquelle un être humain est conditionné ou contrôlé par son environnement et ses interactions.
3) Frontières floues
La psychologie sociale a des interactions avec d’autres disciplines. L’homme n’est pas une
substance autonome mais bien un être social et relationnel. Même ses sensations physiques
dépendent de son environnement social.
Chez les animaux aussi les contextes matériels et sociaux influent sur leur comportement.
Expérience des rats-cataria : même quantité, même nourriture ; le rat ne grossit pas. Même
quantité, nourriture variée ; le rat grossit.
Expérience des poules domestiques : David Katz constate que la quantité de ce que la poule
mange dépend de la quantité qu’on lui propose. Une poule rassasiée mise en présence d’une
poule affamée va se remettre à manger. Pire encore si la rassasiée est accompagnée de 3
affamées.
Expérience sur la rapidité de becquetage d’une poule : la vitesse de la poule est influencée par
la vitesse de la poule artificielle ou d’un son produit.
Les frontières entre psychologie sociale et sociologie ne sont pas non plus très claires : ces
deux disciplines s’intéressent au fait que l’être humain est largement déterminé par le
contexte. La sociologie s’intéresse plus à l’interaction entre groupes tandis que la psychologie
sociale donne une part plus belle à l’individu.
4) Psychosociologie
Etude des processus psychologiques et sociaux en jeu dans les petits groupes ou les
entreprises (ce n’est pas un titre légal).
5) Psychologie environnementale ou écologique
Influence du contexte physique sur le comportement des individus et sur les relations sociales.
Effets psychologiques du contexte matériel.
Expérience 1 : John Calhoun laisse se reproduire librement des souris dans un petit espace
avec assez d’eau ou de nourriture. Mais rapidement de graves perturbations du comportement
et de l’organisme apparaissent.
Expérience 2 : il existe une nette relation entre le coup de bec que se donnent les oiseaux et
l’espace qui leur est disponible.
Chez les être humains, l’impact de forte densité de population est moins facile à démontrer et
varie selon les cultures et les individus. Mais on peut quand même noter une série d’effets
qu’on retrouve dans les grandes villes : sentiment de solitude, individus repliés sur eux-
mêmes, perte du sens de responsabilité, davantage de troubles, d’irritation, d’homicides,…
Recherche expérimentale : sens de la responsabilité et type d’habitats : plus le type d’habitat
est grand, moins le sens de la responsabilité est élevé, plus le sentiment de solitude est élevé.
6) Sociobiologie
Discipline qui cherche à expliquer les phénomènes psychologiques et sociaux par des
processus biologiques, en particulier des lois génétiques (Darwin).
Mais les êtres humains ne sont pas figés dans des comportements physiques ; le programme
génétique est très ouvert et permet des comportements très divers : nous pouvons résister à
des pulsions tout à fait fondamentales (ex : grève de la faim).
Psychologie évolutionniste : prend en compte l’idée que nos comportements sont pour une
large part déterminé mais relativement malléables et modifiables. Les environnements jouent
un rôle important sur cette base.
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