Les théories du développement en Afrique du rattrapage des retards à
l'explosion des inégalités
Les Nations-Unies et bon nombre de chercheurs, en définissant le « sous-développement » n’y
voyaient qu’un « retard », une « insuffisance » toujours en comparaison avec des pays
occidentaux qui ont atteint un stade de production, de consommation et d’organisation plus
« avancé ». D’où la définition suivante : « Le sous-développement » correspond à la « non
exploitation optimale de toutes les ressources économiques et humaines disponibles sur un
territoire » (Nations-Unies).
Dès lors, on assiste à la conception de théories du développement et des stratégies pour
permettre aux « peuples sous-développés »
de réaliser leur « rattrapage ». C’est ainsi que les
Nations-Unies décident de consacrer la période 1960-1970 : « décennie du développement »
.
En Afrique, après un demi-siècle de stratégies de développement et de politiques d’ajustement
structurel, avec l’aide de la Banque Mondiale, du Fonds Monétaire International, et de pays
développés, les résultats s’apparentent fort bien à « un bilan accablant »
, selon nombre
d’analystes.
En effet, sur le continent, l’évolution des pays offre des situations disparates, rendant
caduques les politiques globalisantes et uniformisantes du développement. Les concepts
comme celui du « Quart-monde » et du « Tiers-Monde » connaissent le même discrédit. Alors
qu’ils étaient presque au même niveau de développement dans les années 1960, les pays
d’Asie du Sud ont connu un décollage économique tandis que ceux d’Afrique demeurent en
marge de cette dynamique.
En 2015, la population du continent, avec un taux de croissance de 2,4%, s’élevait à 1,16
milliard d’habitants, soit 16% de la population mondiale. À ce rythme, le continent atteindra 2
milliards en 2050, selon les prévisions des Nations Unies. À cette forte croissance
démographique correspond une situation de sous-développement. En effet, l’Afrique
représente moins de 2% du commerce mondial. Le continent est toujours marqué par une
économie de traite, caractérisée par l’exportation de matières premières (minières et
agricoles)
et l’importation de biens de consommation.
En dehors des pays producteurs de pétrole, comme l’Algérie, l’Angola, la Libye, le Nigeria,
entre autres, qui bénéficient d’une importante rente liée à la hausse du cours du baril de
pétrole
, l’économie des pays africains est confrontée, d’une part, à la baisse des cours des
matières premières agricoles et minières, leurs principales sources de devises, et d’autre part à
une hausse des prix des produits manufacturés importés.
Je reprends ici AZOULAY, Gérard, Les théories du développement. Du rattrapage des retards à l'explosion
des inégalités, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, (2002), 332 p.
Je préfère utiliser l’expression « peuples sous-développés » dans la mesure où une bonne partie de l’Afrique et
de l’Asie du Sud-est était encore sous la domination coloniale.
L’Assemblée générale des Nations Unies fait adopter par l’ensemble des pays membres le principe d’une aide
publique au développement d’un montant égal à 1% de leur produit intérieur brut (P.I.B.). Ce montant sera
abaissé à 0,7% du PIB lors de la deuxième décennie décrétée dans les années 1970.
DOMINGO Jean et CAZES Georges, Le Tiers-Monde, le temps des fractures, Paris, Bréal (1994), 313 p.
L’agriculture constitue une activité de subsistance pour 70% de la population africaine.
Le cours du Baril de pétrole s’élevait à 118, 20$ le jeudi 03 mai 2012 (source : www.prixdubaril.com). NB :
notre approche exclut l’Afrique du Sud dont l’histoire économique et sociale demeure une particularité en
Afrique.