développement.

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ECONOMIE DU DEVELOPPEMENT
Partie 1, Chapitre 2
Farouk Alioua
Département des Sciences Humaines
mars 2013
CHAPITRE 2
LE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE ET SOCIAL
2
1. La genèse du concept de développement
• Il y a soixante ans, le terme de développement était
pratiquement inconnu dans la théorie des sciences
sociales comme dans la pratique de la politique
économique.
• L'emploi des termes de développement et de sousdéveloppement date des années 40 ; il est contemporain de
la décolonisation qui a permis l’accès à l'indépendance de
plusieurs pays.
• Aujourd’hui, le terme est devenu commun et l’abondante
littérature qu’on lui a consacrée marque, tant pour les
scientifiques que pour l’opinion publique, une prise de
conscience aiguë de ce qui reste encore le plus grand
voire le plus dramatique problème de notre temps :
« le sous-développement »
• Il apparaît alors que ces pays doivent connaître un
ensemble de transformations profondes, sociales et
économiques, pour parvenir au stade de « pays
développés ».
• Ainsi le développement est d'abord un processus de
changement avant d'être un objectif ou un niveau
atteint au cours de l'évolution économique et sociale.
• C'est pourquoi le terme de «pays en développement»
(PED) ou son synonyme « pays en voie de
développement » (PVD) est employé par la suite, de
préférence à celui de « pays sous-développé » qui
indique plutôt un état.
Le Développement est représenté comme étant un
processus et non pas un état.
Le concept de développement est un concept sans
cesse en construction, en transformation, en
déformation ou en élargissement à mesure qu'émergent
des innovations dans les pratiques qu'il induit.
Le concept de développement s'est fait adjoindre
plusieurs dimensions au cours de son évolution.
D’abord économique et lié directement à la croissance,
il est devenu social, durable, humain, rural, régional…
Comprendre sa nature revient, de façon incontournable
à questionner ses dimensions économiques,
socioculturelles et politiques.
2. Le développement économique
Malgré les retournements réguliers de la conjoncture qui
annulaient en partie les effets de la croissance des
périodes d'expansion, les taux moyens de croissance ont
été positifs. C'est ce qu'on appelle la «tendance séculaire
du développement».
Sur cette tendance s'est greffée, après la Seconde Guerre
mondiale, une nouvelle dynamique de croissance avec des
phases d'expansion plus fortes et des phases régressives
plus contenues.
Les taux moyens de croissance des pays occidentaux ont
été durant les «trente glorieuses» exceptionnellement
élevés, entraînant des modifications techniques et des
mutations sociales considérables.
La dimension économique du concept de
développement
La réflexion sur le développement dans la période qui suivit
immédiatement la Seconde Guerre mondiale eut pour cause
principale la prise de conscience du retard économique dans
lequel vivait la grande majorité de l'humanité.
Le développement, dans les années qui suivirent
immédiatement sa conceptualisation (c'est-à-dire dans les
années 1960), était complètement assimilé à la croissance du
revenu réel par habitant dans les pays dits sous-développés;
donc confiné et réduit dans le cadre de sa stricte dimension
économique.
Cette hégémonie de l'économie dans le contenu du concept de
développement va être mis en cause à partir du moment où les
économistes eux-mêmes commencèrent à définir différemment
«croissance» et «développement».
la «croissance» représente l’essentiel de la
dimension économique du concept de
développement qui l'englobe et la soutient. Elle
constitue même la condition sine qua non, mais
nullement suffisante du développement.
Elle sous-tend tantôt le développement, tantôt le
maldéveloppement ou «croissance perverse» et
elle ne se traduit pas nécessairement par un
véritable progrès économique et social.
Les économistes distinguent traditionnellement
la croissance et le développement.
Le concept de croissance correspond à l'aspect
quantitatif et global d'une évolution économique
saisie sur le long terme.
L'idée de développement se réfère à une norme
extérieure, qui est l'état économique et social
du pays, du groupe de pays ou de la région,
considéré comme le plus développé.
Le concept de développement
contient l'idée de croissance,
mais il la dépasse
•Il se réfère à l'évolution positive d'un ensemble
complexe et renvoie aux transformations des
structures économiques qui se réalisent
parallèlement à l'expansion de la productivité.
• Il met au premier plan l'idée de niveau de vie et
de bien-être.
Le niveau de vie est évalué à partir du revenu par
habitant. Celui-ci peut être exprimé en monnaie locale
ou en une monnaie internationale (Dollar, Euro..).
Dans les deux cas, son analyse nécessite la prise en
considération de la progression du pouvoir d'achat du
revenu national.
Pour effectuer des comparaisons internationales
pertinentes, on calcule le pouvoir d'achat de l'unité
monétaire de référence pour chaque pays (parités du
pouvoir d'achat) et l'on exprime le revenu par habitant
en dollars ou en Euro.
Le revenu par habitant ne suffit pas, à lui seul, à
déterminer la dynamique de développement
Des informations qualitatives fournies par des indicateurs
de structures économiques, comme :
la part de l'industrie dans le PIB,
la part des services dans le PIB
le taux de salarisation de la population active,
le taux d'ouverture de l'économie ou
la structure de la répartition des revenus,
sont indispensables pour mener une analyse satisfaisante
du développement économique. Sinon le développement
est vite réduit à la croissance du PIB.
Mais, depuis 1975, la dynamique de cette
croissance accélérée semble s'être essoufflée. Non
par l'épuisement des ressources naturelles, comme
le craignaient les experts du Club de Rome au
début des années 1970, mais par le changement
de nature d'une croissance tirée jusque-là par
l'explosion de la consommation.
Les pays développés sont entrés depuis le début
des années 1980 dans une période intermédiaire,
où se dessine une croissance nouvelle, portée plus
sur la qualité de la vie que sur le niveau de la
production
3. Développement et sous-développement
On a longtemps assimilé le sous-développement à un
retard technologique ou à une sclérose des
mentalités.
Or le développement est un phénomène cumulatif à
long terme.
Toutes les sociétés humaines se développent;
mais chacune à son rythme.
Une économie ne peut être jugée comme
sous-développée que par rapport à la norme des
pays considérés comme développés.
L'expérience des transferts de technologie au
bénéfice de nombreux pays en cours de
développement a révélé qu'une introduction exogène
dans un secteur d'activité n'induit pas
automatiquement une dynamique de développement,
même si, à court terme, la nouvelle technique
importée accélère la croissance du secteur
concerné.
Peu maîtrisées, les technologies importées
débouchent souvent sur des déséquilibres
chroniques provoqués par les importations de biens
intermédiaires ou les investissements qu'elles
nécessitent.
Le tiers monde
Entré dans le vocabulaire courant, le terme
«tiers-monde», désignant l'ensemble des pays pauvres, à
l'exclusion de tout élément de l'ancien bloc soviétique,
s'est banalisé sous forme d'une image aux contours flous.
Il s'accompagne de diverses notions souvent considérées
comme synonymes:
- pays «sous-développés»,
- pays «en voie de développement»,
-«pays du Sud»,
Un débat sur le «tiers-mondisme», très vif à la fin des
années 1980, portait sur l'existence même du tiers-monde,
alors que nul ne niait qu'il existe des inégalités de
développement.
4. Une vision politique du sous-développement
Face au problème que pose la définition du tiers-monde, parler
de «pays du Sud», par un «géographisme» que dénonce Yves
Lacoste, permet apparemment de ne pas prendre parti, mais
est dénué de fondement : c'est oublier que la NouvelleZélande, pays méridional s'il en est, est riche; c'est suggérer
que la latitude, donc le climat, est un élément déterminant de
la richesse ou de la pauvreté des nations.
Il n'y a jamais de synonymie parfaite, et ces équivalences,
approximatives, gênent la réflexion et enveniment des débats
souvent passionnés.
L'usage du singulier ou du pluriel n'est pas non plus indifférent:
y a-t-il un tiers-monde ou des tiers-mondes, comme il y a des
pays en voie de développement?
AUJOURD’HUI ON PARLE
DE
QUART-MONDE
1. La genèse du concept de développement
2. Le développement économique
3. Développement et sous-développement
4. Une vision politique du sous-développement
5. LE DÉVELOPPEMENT COMME PROCESSUS DE
CHANGEMENT SOCIAL ET ÉCONOMIQUE
En somme, les modifications structurelles qui surgissent
durant le processus du développement se présentent à la
fois comme les conditions inéluctables (inévitables,
obligatoires) de la croissance économique et comme la
conséquence de celle-ci.
En effet, comme le développement repose en grande partie
sur l'augmentation de la productivité et l'accroissement du
revenu par habitant au niveau de l'ensemble économique
complexe, cette augmentation de productivité est ellemême déterminée par des phénomènes de croissance au
niveau de sous-ensembles et de secteurs spécifiques.
Mais la diffusion de cette croissance au sein du tissu social
est très dépendante des spécificités de chaque société.
5. LE DÉVELOPPEMENT COMME PROCESSUS DE
CHANGEMENT SOCIAL ET ÉCONOMIQUE

Il existe de très nombreuses définitions du
développement, en raison des divergences entre
les analyses de ce phénomène. Nous retiendrons
celle de l'économiste français François Perroux
« Le développement est la combinaison des
changements mentaux et sociaux d'une population
qui la rendent apte à faire croître, cumulativement
et durablement son produit réel global » ;
( F. Perroux, Etudes, janvier 1961)
CETTE DÉFINITION COMPREND DEUX
ÉLÉMENTS ESSENTIELS

- Le développement est un phénomène qualitatif, social et
culturel, alors que la croissance est d'ordre quantitatif et
économique.
Le développement se distingue donc de la croissance : il peut y
avoir croissance sans développement, par exemple lorsque des
découvertes de ressources minières entraînent une
augmentation temporaire du PIB qui prendra fin avec
l'épuisement des gisements.

- Le développement rend la croissance irréversible (cumulative) :
il n'y a pas de retour en arrière
L'expansion
La croissance
est un phénomène est un phénomène
• quantitatif
conjoncturel (temporaire)
• quantitatif
Le développement
est un phénomène
• qualitatif
structurel (durable)
irréversible
Changements de structures:
(ex. secteurs d'activité)
changements de structures
changements mentaux et
sociaux
Qui entraîne
améliorations
(variables) des
revenus et de l'emploi
Qui entraîne
hausse variable
du niveau de vie
Qui entraîne
aptitude à une
croissance durable et
cumulative
La définition fournie par Ph. Hugon apparaît encore plus
précise :
« Le développement économique peut se définir
comme un processus de changements structurels
accompagnant l’accroissement de la productivité du
travail sur une longue période.
Il est un processus cumulatif caractérisé par la
transformation des relations sociales et des modes
d’organisation, liés à l’affectation du surplus à des
fins d’accumulation productive et conduisant à un
accroissement de la productivité et à sa diffusion
dans un espace donné».
Ph. Hugon, Economie du développement, Paris, Dalloz, 1989.
Ainsi, le concept de développement apparaît plus
englobant que celui de croissance, en ce sens qu'il
implique la croissance mais au-delà, met l'accent sur la
satisfaction des besoins fondamentaux, la réduction des
inégalités, du chômage et de la pauvreté. Le
développement ne peut s'opérer sans croissance mais
« une croissance sans développement » est
envisageable pour certains.
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