Communiqué de presse 40 jours sans viande, une fausse bonne idée Du 1er mars au 15 avril, un nouveau défi « sans » va envahir les réseaux sociaux, et risque d’influencer, à tort, la perception des citoyens wallons sur ce que devrait être une alimentation durable. La Cellule d’Information Viandes nuance cette initiative, et explique pourquoi supprimer la viande et le poisson pendant 40 jours n’est pas la meilleure façon d’agir pour l’environnement. L’élevage wallon, garant important de la biodiversité En Wallonie, les prairies occupent 48% de la surface agricole, l’élevage n’est pas une cause de déforestation mais à l’inverse un garant important du maintien de la biodiversité. Dans les zones non cultivables, comme en Ardenne, les prairies sont les seules cultures possibles et les ruminants (bovins, ovins et caprins) sont les seuls capables de transformer l’herbe en lait et en viandes de qualité. Le mouvement « Jours sans viande » évoque une déforestation importante sur base des chiffres mondiaux de la FAO, ce qui ne concerne pas la Belgique. Les bovins wallons mangent de l’herbe En Région wallonne, 60 à 80% de la ration d’un bovin est constituée d’herbe. Associée au maïs fourrager, aux céréales et co-produits tels que les pulpes de betteraves que les éleveurs produisent au niveau de leur exploitation ou qu’ils peuvent avoir en Wallonie, l’autonomie alimentaire peut atteindre les 85-90%, voire les 100%. De nombreuses recherches sont en cours aujourd’hui pour accroître cette autonomie alimentaire. La plupart du temps, les prairies sont des terres qui ne pourraient pas être valorisées autrement, car pauvres en nutriments et inadaptées à la production de cultures végétales pour l’homme, elles sont néanmoins indispensables pour des élevages de qualité. Pour faire un geste environnemental et citoyen, le mieux est de s’informer sur l’origine des produits, en magasin, au restaurant, auprès d’un artisan-boucher et de choisir des productions locales. 100 litres d’eau potable utilisés chaque jour par un citoyen wallon Le mouvement des « Jours sans viande » annonce, sans aucun contexte, un chiffre de 1500 litres d’eau économisés si on ne consomme pas une ration journalière de viande. Mais le citoyen sait-il que 90% de ces 1500 litres - soit 1350 litres - proviennent d’eau « verte », à savoir l’eau de pluie qui tombe sur les surfaces agricoles ? Cette eau tomberait même si les animaux ne pâturaient pas… Par ailleurs, en Belgique, les prairies et cultures fourragères ne sont pas irriguées. Manger 40 jours de produits belges pour réduire son empreinte écologique La réflexion peut s'étendre à tous les produits de l'assiette... Par exemple, les consommateurs connaissent-ils l'impact écologique de la production de l’avocat en Afrique? Pour y produire ce fruit exotique à la mode qui fait fureur sur les réseaux sociaux, on utilise des centaines de litres d'eau, une denrée rare pour les populations locales. Comme toute importation de produits, le transport de l’avocat dure de nombreux jours et est aussi très énergivore. Les prairies sont des puits naturels qui enferment le carbone Les chercheurs de la Faculté Gembloux Agro-Bio Tech (Université de Liège) et du CRA-W, ont souligné dans une récente étude qu’une vache allaitante qui pâture émet 43 kg de méthane par an soit l’équivalent d’une voiture neuve roulant 10 000 km/an. Explications : les ruminants émettent du méthane, car ils sont les seuls capables de digérer de l’herbe grâce à certaines bactéries présentes dans leur système digestif, bactéries également responsables des « rots » émis par les bovins, et voici l’origine du méthane émis. Mais si les animaux émettent, il ne faut pas oublier les prairies qui y sont associées et qui agissent comme puits de carbone. Leur étude ponctuelle sur une exploitation typique wallonne montre que la prairie a la capacité d’absorber 1,6 tonne de carbone par hectare, ce qui compense les émissions de 5 bovins viandeux. Sachant qu’en Wallonie la législation autorise maximum 5 bovins à l’hectare, et qu’en moyenne, ils ne sont que 2,5 par hectare, on peut affirmer que les prairies compensent en grande partie les gaz à effet de serre des élevages wallons. Des gestes citoyens au quotidien contribuent au développement durable On ne peut par contre qu'appuyer les autres défis proposés dans cette campagne, comme la réduction du gaspillage alimentaire quotidien au sein des ménages, le fait de privilégier des légumes locaux et de saison, ainsi que la diminution du nombre d’emballages et de sacs en plastique, au profit du verre, des bocaux et sacs réutilisables. Concernant la consommation de poisson, privilégier les produits certifiés, avec les labels européens reconnus comme MSC, ASC, label bio… Consommer mieux, c’est surtout consommer varié, équilibré, local, et de saison. Puisque « consommer » ne s’arrête pas à ce qui se trouve dans les assiettes, cela induit également une réflexion globale sur la provenance et fabrication des smartphones, tablettes, ordinateurs, vêtements, et autres… Ensemble, consommons juste, durable, citoyen et local 1 kg de viande de bœuf local = 50 litres d’eau – transport + circuit-court 2,5 avocats importés = 1 000 litres d’eau + 30 jours de transport + C02 1 bain = de 150 à 200 litres d’eau 48% de la surface agricole wallonne est occupée par des prairies, sources de biodiversité L’autonomie alimentaire des ruminants peut atteindre 100% Abandonner sa voiture pendant un weekend permet de réduire son empreinte écologique > Contact presse : [email protected] / www.celluleinfoviandes.be 0472 98 76 35 Marie PONCIN > A propos de la Cellule d’Information Viandes Les secteurs du lait et de la viande font face à de nombreuses controverses depuis quelques années. C’est pourquoi, les Cellules d’Information Viandes et Lait ont été créées pour diffuser au public une information objective, basée sur des faits scientifiques. Par son témoignage, un producteur montre combien ce type de plateforme est importante : « Je vois passer semaine après semaine de nouveaux articles remettant en cause la viande, des images montrant des systèmes et des pratiques de production qui nous semblent si loin de ce que nous faisons. » D'abord un réseau d'experts Une démarche innovante est à l’origine de la création des deux cellules: la mise en réseau d’observateurs et d’experts du métier, mais aussi du monde scientifique et institutionnel. Leurs spécialités sont variées : médecine, alimentation humaine et animale, environnementale, qualité, et sécurité, etc. Ils vont régulièrement se rencontrer pour échanger sur les débats qui animent la société et alimenter les deux sites internet des cellules, en dossiers et en actualités. Pour René COLLIN, Ministre wallon de l’Agriculture, « Un outil comme celui-ci est essentiel. Le but, ici, n’est pas de faire la promotion des produits et de pousser le citoyen à la consommation mais plutôt de donner une information juste et de qualité, et parfois, contrer l’image faussement négative que l’on veut faire porter à certains produits. » Deux plateformes internet Depuis 2016, les sites internet de la Cellule d’Information Viandes (www.celluleinfoviandes.be) et de la Cellule d’Information Lait (www.celluleinfolait.be) proposent du contenu sur la viande et le lait en Wallonie. Quatre thèmes y sont abordés : la nutrition et la santé humaine l’impact sur l’environnement le bien-être et la santé des animaux la qualité et la traçabilité Outre ces pages d’informations, le citoyen peut également trouver sur ces deux sites des chiffres-clés sur le secteur de la viande wallonne et du lait, des FAQ, des actualités et des dossiers thématiques.