chapitre6

publicité
Chapitre 6 : La macroéconomie contemporaine et la nouvelle
macroéconomie keynésienne (NEK).
• Dans les années 60, débat keynésiens – monétaristes.
Tous les modèles ne fonctionnent plus.
Le débat commence à s’essouffler fin 60.
L’école de synthèse montre, sous hypothèse de rigidité des salaires, que les
principaux résultats keynésiens sont compatibles avec un modèle néoclassique
traditionnel.
A court terme, les salaires sont peu flexibles donc la théorie keynésienne est
pertinente pour expliquer les déséquilibres.
A long terme, c’est le modèle d’équilibre général qui devient pertinent
• La NEK apparaît dans le courant des années 70 (USA) avec Lucas
« Anticipation et rentabilité de la monnaie » (1972).
Elle reprend les principes fondamentaux des classiques mais la macroéconomie
est nouvelle par référence à la méthode utilisée.
Il existe une cohérence entre les comportements d’optimisation des agents
économiques et les lois qui réglementent la macroéconomie.
La NEK se base aussi sur des comportements individuels (micro).
D’une manière générale, les modèles macroéconomiques contemporains
intègrent les anticipations dans les décisions des agents économiques et se
fondent sur des comportements microéconomiques.
Section 1 : L’hypothèse des anticipations rationnelles (HAR) et la
NEC.
Les anticipations sont des estimations de valeurs futures des variables
économiques. Les estimations sont pertinentes pour les décisions à prendre
actuellement.
La notion d’anticipation est liée à l’incertitude.
Problème = comment se forment les anticipations ?
• Chez Keynes → anticipations conventionnelles.
Dans le modèle keynésien, anticipations exogènes dictées par des évènements
extérieurs que l’économiste n’explique pas : « esprits animaux ».
La formation de l’anticipation se situe en dehors du champ de l’analyse
économique.
• On parlera d’anticipation endogènes si une loi de comportement permet de
formaliser une démarche adoptée par les agents pour former leur anticipation.
Anticipations adaptatives : On utilise les valeurs passées de la variable pour
former l’anticipation et on s’adapte pour corriger les erreurs.
La plupart des agents économiques conçoivent l’avenir comme une projection
du passé.
Avec l’hypothèse des anticipations rationnelles, il ne s’agit plus de s’adapter ou
d’extrapoler mais il s’agit de raisonner.
I : L’HAR.
Muth « les anticipations, dans la mesure où elles sont des prévisions bien
informées d’évènements futurs sont essentiellement identiques aux prévisions
d’une théorie économique correcte ».
« Les anticipations sont rationnelles si elles coïncident avec les prévisions
données par théorie ».
Anticipation → incertitude
→ info imparfaite
Rationnelle → on applique à la formation de l’anticipation. Le principe de
rationalité = maximisation.
L’HAR supposent que les individus rationnels utilisent au mieux (la façon la
plus efficace possible) toute l’information disponible pour estimer les valeurs
futures des variables économiques.
L’info dispo : ensemble des info sur les facteurs qui influencent les variables
économiques.
1) On suppose que l’info disponible est constituée des évènements et
théories économiques qui expliquent les comportements économiques.
Cette info disponible est considérée comme une ressource rare c’est-à-dire
qu’on lui applique un principe de non-gaspillage.
2) Les anticipations se fondent sur les modèles théoriques qui expliquent la
variable économique → « le modèle correct de l’économie ».
3) Les agents évaluent correctement les effets que les autorités attendent
d’une politique économique. Seules les décisions de politique économique
non communiquées peuvent avoir un effet car elles surprennent les agents.
Anticipation → subjectif (individu)
Prédiction de la théorie → objectif.
Pour un même ensemble d’informations, elles coïncident.
Quand les anticipations sont rationnelles, les anticipations des variables
économiques et en moyenne correctes c’est-à-dire qu’elles sont égales à leurs
vraies valeurs.
Formellement, Pt  E Pt  t 1 
Prix anticipé à la période t.
Pt : prix réalisé à la période t.
Ω : ensemble de l’info disponible en t – 1.
A
La valeur anticipée des prix est l’espérance mathématique des prix qui se
réalisent à la période t sur la base de l’ensemble des informations disponibles
quand ils forment leur anticipation.
Compte tenu de l’information disponible au moment de la prévision, aucune
meilleure anticipation ne peut être envisagée à partir de ce même stock
d’anticipation.
Comme l’individu est rationnel avec le temps, il ne peut pas former
d’anticipations systématiquement fausses.
P
A
t
 Pt  t
Prix anticipé.
Pt = prix effectif en t.
Σt = composante aléatoire
Son anticipation peut être différente de ce qui se passe réellement. ( Pt  Pt )
La valeur espérée de cette composante aléatoire = 0.
εt = terme aléatoire qui indique l’erreur d’anticipation constatée à la période t.
Cette valeur n’est pas corrélée à l’ensemble de l’information disponible au
moment de la formation de l’anticipation → évènement exogène.
A
si Σt la valeur espérée est nulle.
Pt  Pt
Valeur estimée ≠ valeur réelle.
A
II : Les hypothèses et les valeurs de la NEC.
Hypothèse :
1) Les prix et les variables d’ajustement dans l’économie.
On admet l’ajustement continu des marchés.
Les marchés sont en équilibre continu si les informations concernant les
prix sont rationnellement interprétées.
2) Les agents recherchent toujours l’optimum, ils maximisent leur objectif
sous contrainte.
3) L’activité économique se déroule dans le temps.
• Les décisions sont intertemporelles.
• Les agents forment des anticipations.
4) Les anticipations sont rationnelles.
Résultats :
1) L’économie se situe, normalement, à son niveau de plein emploi naturel.
Seuls les chocs aléatoires peuvent conduire l’économie à s’écarter de sa
tendance naturelle de long terme.
2) La politique monétaire est neutre c’est-à-dire sans effets sur les variables
réelles c’est-à-dire production + emploi. Elle peut avoir des effets
temporaires sur l’activité économique si cette politique économique
représente une surprise pour les agents.
3) La politique budgétaire est sans effet et est à l’origine d’un effet
d’éviction des dépenses privées au profit des dépenses publiques.
4) Les agents disposent d’une information dont ils font un apprentissage
rationnel en permanence. Pour les nouveaux classiques (Lucas), toute
politique économique est basée sur des hypothèses de comportement qui
entraînent des réactions sur les agents. Risque d’être sans effet.
Il faut, pour réussir une politique économique, que les autorités soient
crédibles.
A : La fonction d’offre globale = « fonction d’offre surprise ».
L’offre globale en volume pour une période t dépend de 3 éléments qui
s’additionnent.
• Le niveau naturel d’activité
Ymt → production
obtenu avec le taux chômage naturel de cette économie.
• L’info sur les prix
a(Pt – Ptˆ )
• Une composante aléatoire Σt
Yt = Ymt + a(Pt – Pî) + Σt
L’info sur les prix dépend des décisions des individus et de leur anticipation. 2
types d’individus :
• producteur → info sur le prix de leurs biens.
• salarié → info sur le salaire réel.
La valeur espérée de Σt est nulle.
Comment expliquer ces fluctuations économiques ?
B : Niveau d’activité et erreurs sur les prix.
Pour les nouveaux classiques, ce sont les erreurs d’interprétation sur les prix qui
provoquent des fluctuations économiques.
Les producteurs → erreurs sur les prix.
(Offre fonction croissante des prix).
Le salarié → erreur sur le salaire réel.
(Offre de travail fonction croissante du salaire réel).
1) Les entrepreneurs et les erreurs sur les prix.
Yt = Ymt + a(Pt – Ptˆ ) + Σt
Pt = niveau de prix réalisé en t.
Ptˆ = anticipation de ce niveau global de prix
a > 0 → le niveau d’activité dépend positivement de l’écart entre les prix
effectivement réalisés et les prix anticipés.
Pt > Ptˆ → Yt augmente
Pt < Ptˆ → Yt diminue
Quand le prix de son produit varie, l’entrepreneur doit repérer si cette
variation provient :
- d’un déplacement réel de sa demande
- d’une variation nominale de la demande
sur tous les marchés c’est-à-dire une augmentation générale du niveau des
prix.
Le producteur va essayer de distinguer les variations absolues et les
variations relatives ⇒ « procédure d’extraction des signaux – prix ».
• Si Pt > Ptˆ → l’entrepreneur, surpris, est incité à produire plus et donc
augmentation de l’emploi.
Et inversement.
En l’absence de surprise sur les prix, la production est à son niveau
naturel.
Ccl = une économie est naturellement à son niveau de plein emploi.
2) Les salariés et l’estimation du salaire réel.
Lorsque les salariés ne perçoivent pas la véritable évolution du salaire réel
alors l’économie peut s’écarter de son niveau naturel d’activité.
• Si les salariés perçoivent leur salaire réel comme temporairement élevé
alors ils décident d’augmenter momentanément leur offre de travail. Ils
procèdent à un arbitrage travail – loisirs.
On suppose que les salariés ont une idée de salaire réel moyen anticipé
c’est-à-dire du salaire jugé normal.
• Si le salaire réel est perçu comme faible par rapport à une situation
normale, les salariés diminuent leur offre de travail.
Lorsque le salaire retrouve la valeur jugée normale, l’offre de travail
revient à sa situation initiale.
Pour estimer le salaire réel, il faut faire intervenir les prix.
W = salaire nominal
W = salaire réel = w / P
Les salariés vont comparer le salaire réel anticipé wA au salaire réel réalisé
w.
wA = salaire réel anticipé = W / PA
wr = salaire réel réalisé = W / P
Les salariés vont s’intéresser au prix relatif du salaire wA / w.
Si wA / w > 1 ⇔wA > w ⇒ augmentation de l’offre de travail
wA = W / PA w = W / P
wA / w = W / PA / W / P = W / PA × P / W = P / PA
⇒ wA / w = P / PA
⇒ wA > w seulement si P > PA
wA / w > 1 ⇒ wA > w ⇒ l’offre de travail augmente
⇒ l’offre de travail w se modifie si il y a une erreur sur les prix.
wA > w ⇔ P > PA
donc erreur sur l’anticipation du niveau général des prix.
⇒ wA < w ⇔ P < PA
⇒ l’offre de travail diminue
Section 2 : La nouvelle économie keynésienne (NEK) et la nouvelle
théorie du chômage.
« La volonté des nouveaux keynésiens est de construire des modèles rigoureux
et convaincants de la rigidité des salaires et des prix basés sur un comportement
de maximisation et des anticipations rationnelles. » Gordon 1990.
La différence entre les modèles keynésiens traditionnels et les nouveaux
keynésiens est que les modèles keynésiens postulaient la rigidité du salaire
nominal. Les nouveaux keynésiens cherchent à expliquer le phénomène de
rigidité des salaires et des prix.
I : Hypothèse et proposition générale de la NEK.
Si la NEC considère l’ajustement continu des marchés, la NEK part de l’absence
d’ajustement continu des marchés. Cela signifie que les variations de prix sont
incapables d’ajuster suffisamment vite les marchés.
L’incapacité des variations des prix à ajuster les marchés entraîne donc que lors
d’un choc d’offre ou de demande, il peut y avoir des effets réels sur la
production et l’emploi.
La valeur de la production et de l’emploi peuvent s’éloigner durablement de la
valeur d’équilibre.
Pour les nouveaux keynésiens, la difficulté d’ajustement provient de la rigidité
des salaires et des prix.
Les modèles des nouveaux keynésiens intègrent les comportements
microéconomiques → les individus cherchent à maximiser leur profit (E) et leur
utilité (salarié).
La proposition de la NEK devient :
« Comment expliquer les rigidités nominales dans un cadre d’optimisation ? »
Les modèles des nouveaux keynésiens admettent l’hypothèse des anticipations
rationnelles et ils expliquent qu’il n’y a pas incompatibilité entre anticipations
rationnelles et rigidité.
L’hypothèse des anticipations rationnelles est basée sur l’information disponible.
Il peut y avoir des problèmes de transmission de cette information :
- information publique = tout le monde y accède.
- Information privée.
- Les marchés sont imparfaits, la concurrence est imparfaite c’est-à-dire un
mode de fixation des prix différent (monopole).
- Le facteur T est supposé hétérogène.
- Il y a des asymétries d’informations.
- Les agents économiques sont préoccupés d’équité.
Pour les nouveaux keynésiens, le monde réel est caractérisé par une absence de
coordination et pour les classiques, c’est le marché qui assure la coordination
par des externalités (les décisions d’un agent peuvent avoir des conséquences
imprévues et modifier la situation d’autres agents économiques).
Pour conclure, la NEK tente de répondre à deux questions :
- la politique économique est-elle neutre ou a-t-elle des effets sur les
variables réelles ?
- est-ce que les imperfections réelles permettent d’expliquer les
fluctuations économiques ?
1ère question = pour les nouveaux keynésiens, la monnaie n’est pas neutre car les
prix ne s’ajustent pas suffisamment vite et ces modèles donnent une explication
microéconomique à cette lenteur d’ajustement des prix.
II : Les rigidités nominales.
Les rigidités nominales sont telles qu’elles empêchent le niveau des prix de
s’ajuster aux variations de l’activité économique.
On part de l’hypothèse que les individus (travailleurs + entreprises) maximisent
leur objectif.
Problème : il existe des marchés à prix fixes c’est-à-dire des marchés où il existe
une norme de fixation des prix. (Le marché du travail et la plupart des marchés
de biens.)
1) Le salaire nominal.
On se rend compte qu’il y a des avantages microéconomiques à la rigidité
des salaires. En effet, le salaire est le résultat d’une négociation sur le long
terme c’est-à-dire quand le monde du travail est caractérisé par des
contrats salariaux sur le long terme.
Les salaires sont négociés pour une période donnée sous forme de contrat
implicite ou explicite. On ne peut pas renégocier continuellement le
contrat car il y a des avantages privés pour les entreprises et les salariés à
une négociation à long terme.
- Les négociations salariales sont coûteuses → renseignements.
- Une négociation peut échouer.
- Modifier le salaire réel pour une entreprise peut ne pas être optimal
si les entreprises ne le font pas.
Les agents économiques négocient les contrats sur le salaire nominal
pour des périodes longues que le temps nécessaires aux autorités
monétaires pour s’adapter aux circonstances économiques.
Une politique monétaire peut avoir des effets réels à court terme, cela
signifie que les autorités monétaires peuvent réagir librement à un
choc. Alors qu’en raison des contrats, elles ne le peuvent pas. Cette
rigidité du salaire nominal permet de restaurer l’efficacité de la
politique économique et ce, même si les agents économiques forment
des anticipations rationnelles.
2) Les autres prix.
Les prix sont rigides et on peut y apporter une explication
microéconomique.
L’imperfection des marchés suppose que les prix se fixent de façon
différente qu’en situation de concurrence parfaite.
• D’un point de vue microéconomique, il y a des contretemps d’adaptation
lors de la variation des prix.
En effet, les entreprises doivent signaler ces modifications de prix à leurs
clients, modifier les supports de prix dans l’entreprise (catalogue,
étiquette), former le personnel à ces nouveaux prix.
Les entreprises n’ajustent pas en continu les prix, elles échelonnent les
modifications de prix.
• D’un point de vue macroéconomique, ces contretemps sont négligeables.
Mais il existe des externalités c’est-à-dire que la décision d’une entreprise
de modifier un prix peut avoir des conséquences qu’elle ignore sur les
autres firmes.
Une décision microéconomique peut avoir des conséquences
macroéconomiques par la présence d’externalités.
III : Les rigidités réelles.
Elles empêchent le salaire réel de s’ajuster.
• Pour les nouveaux classiques, ce sont les rigidités qui sont à l’origine du
chômage involontaire car les agents ne peuvent effectuer leur plan de façon
optimale.
Sur le marché du travail, si le salaire est supérieur au salaire d’équilibre, le
chômage involontaire correspond à un rationnement. Il n’est pas le résultat
d’une décision rationnelle et individuelle.
• Pour les nouveaux keynésiens, les prix sont largement fixés par les individus
eux-mêmes. Le salaire réel d’équilibre peut être différent du salaire qui permet
le plein emploi. 3 explications :
- Théorie des contrats implicites.
- Théorie du salaire d’efficience.
- Théorie des insiders – outsiders c’est-à-dire l’opposition entre ceux
qui occupent déjà un emploi et ceux qui sont à la recherche d’un
emploi.
1) La théorie des contrats implicites.
Comment expliquer que le salarié et l’employeur se maintiennent dans des
relations de long terme ?
On se rend compte que ces accords de long terme sont dominants sur le
marché du travail. Les entreprises cherchent à fidéliser leur main d’œuvre
et sont incitées à établir des accords non-écrits (implicites) à tout salarié.
Les salariés ont une aversion pour le risque de voir leur rémunération
baisser donc ils cherchent à avoir une assurance dans leurs relations de
travail. Ils acceptent que leur salaire n’augmente pas en période de bonne
conjoncture économique à la condition que le salaire ne baisse pas en
période de récession.
Conclusion : le salaire réel est stable dans le temps donc il devient rigide.
Cela signifie que les individus acceptent un salaire réel en moyenne
inférieur à celui qui serait dicté par les forces du marché.
2) Théorie du salaire d’efficience.
L’idée est que le chômage involontaire est le résultat de travailleurs
inemployés qui sont incapables de faire baisser le salaire réel à un niveau
qui permettrait leur embauche.
Pour cette théorie, il n’est pas dans l’intérêt des entreprises de baisser le
salaire réel car la productivité c’est-à-dire l’effort, l’efficience est
directement dépendante du salarié.
Ainsi, une baisse du salaire réel entraîne une baisse des travailleurs et
développe une attitude de « tire au flanc » = fainéants.
Les entreprises sont incitées à conserver les salaires réels élevés pour
sélectionner les meilleurs travailleurs.
Conclusion : le salaire réel est bien rigide.
3) Théorie insider – outsider.
CF TD 9 et 10.
Téléchargement