
Conférence d’économie de M ; STEVANT 16/04/2017
Fiche technique de Ronan JEGOU
B- La réforme fiscale, figure imposée de tout programme politique.
Soumis d’une part aux exigences de la compétition économique internationale, et d’autre part à une
contestation croissante du poids de ces prélèvements obligatoires (extension des prérogatives sociales et
économiques de l’Etat), les Etats de l’OCDE ont depuis une vingtaine d’années entrepris des réformes visant à
diminuer la pression fiscale. Ce mouvement de réforme a été initié dans les pays anglo-saxons (Reagan et
Thatcher) par la baisse simultanée de l’impôt sur le revenu et des impôts sur les sociétés. Ainsi, aux Etats-Unis,
l’impôt fédéral sur le revenu a-t-il vu le taux de sa tranche supérieure ramené à 33 %. L’actuelle administration
met en œuvre un plan décennal visant à réduire l’impôt sur le revenu et supprimer l’impôt sur les successions,
pour un total évalué à 1350 milliards de dollars.
Il faut noter que ces politiques, initiées par des administrations américaines et britanniques libérales, ont
été également mises en œuvre dans des pays européens par des gouvernements tant conservateurs que social-
démocrates. Le gouvernement allemand de G. Schröder a ainsi lancé un plan quinquennal prévoyant de baisser à
la fois l’impôt sur les sociétés et l’impôt sur le revenu (taux marginal ramené de 51 à 42 %).
En France, la baisse simultanée de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les sociétés a été affirmée
comme objectif de la législature en cours. La réforme doit également concerner une particularité fiscale française,
l’ISF, dont le poids et l’efficacité sont inversement proportionnels à l’importante charge symbolique.
2/ Les grands enjeux de la politique fiscale des pays de l’OCDE.
Si l’impôt est une des prérogatives de la souveraineté des Etats, les nécessités de la compétition
économique influencent fortement les politiques fiscales.
A- Entre compétitivité et souveraineté, comment taxer les bases mobiles ?
Dans un monde de globalisation économique, les pays industrialisés sont tentés de jouer de la
« défiscalisation compétitive » afin d’attirer sur leur territoire le maximum d’entreprises. La méthode consiste à
proposer aux investisseurs et résidents étrangers des conditions fiscales particulièrement compétitives, à l’image
de la politique suivie par l’Irlande dans les années 1990 (baisse dans des proportions importantes de l’impôt sur
les bénéfices et de celui sur les sociétés). Le succès de cette politique se mesure notamment au bond important
qu’a opéré le revenu national irlandais depuis le début des années 1990. Le Royaume-Uni a également mené une
telle politique, le gouvernement travailliste actuel ramenant le taux d’imposition des bénéfices à 30 % et offrant
aux cadres expatriés un régime fiscal très favorable. En Allemagne, c’est suite à un rapport commandé par le
Chancelier Kohl sur la compétitivité allemande que le gouvernement Schröder a opté pour une politique
d’attractivité fiscale envers les entreprises.
Pour nécessaires qu’elles soient, ces politiques n’ont pas toujours une grande pertinence économique.
Elles ont tendance en effet à conduire à une spécialisation sectorielle induisant des coûts ultérieurs (notamment
liés aux transports des biens). L’ Union Européenne a par conséquent entrepris, non sans difficultés liées à un
certain « nationalisme » fiscal, d’harmoniser certains volets de ces politiques.
B- La nécessaire harmonisation européenne.
Visant à la fois à favoriser la compétitivité fiscale des économies européennes et à assurer une certaine
égalité des citoyens et acteurs économiques européens devant l’impôt, l’Union Européenne engage les Etats
membres à harmoniser leurs politiques fiscales. Cette orientation s’applique à l’ensemble des bases mobiles, en
premier lieu à la taxation indirecte des biens et services (taux minimum de 5% fixé en 1991).
Dans le domaine de la taxation des entreprises, le « groupe de Primarolo » a, en 1997, proposé un
code de conduite visant à lutter contre la « concurrence fiscale dommageable » (66 pratiques recensées).
Face à la grande variété des taux d’imposition des sociétés en Europe (taux facial de 10 % en Irlande, 36 % en
France, 40 % en Italie), le groupe de Primarolo propose, plutôt que de prôner un hypothétique alignement,
d’harmoniser les règles d’assiette, permettant à l’investisseur et à l’entrepreneur de faire un choix le plus
rationnel possible.
La réflexion a également porté sur la taxation de l’épargne (lutte contre la fraude et le dumping fiscal)
et, récemment en France mais depuis une dizaine d’années ailleurs en Europe, sur la fiscalité des hauts revenus.