1 CULTURE GENERALE Philosophie (Annexe 1) SE CONSTITUER UN FICHIER PERSONNEL 1 – FINS ET MOYENS : A quoi sert de faire des fiches ? Ce travail n’est-il pas chronophage ? o L’intérêt des fiches : Permettre de réunir en un même espace des éléments issus de cours et documents divers et de périodes différentes. Un fichier peut s’enrichir sans fin sur plusieurs années … Favoriser une mise en ordre de la pensée (en distinguant des éléments différents : définitions, citations, questions, arguments, faits etc…). Fixer l’attention : il est plus facile de travailler longtemps en étant actif, en réalisant quelque chose. Fixer la mémoire : le simple fait de reformuler ce qu’on vient de lire permet de mieux le fixer. Acquérir une souplesse d’esprit : la fiche suppose une reformulation et non une mémorisation mécanique type « par cœur ». Préparer ses outils de révision : à chaque échéance (DS, concours blancs, concours), ces fiches constitueront, en plus des cours, des bases de révision). Avoir des outils permettant un travail en groupe, voire une mutualisation du travail de chacun. o Donc ce travail de mise en fiche doit vous faire gagner du temps et non pas vous en faire perdre !! Mais, encore faut-il être efficace dans leur conception et leur réalisation. 2 – LA CONCEPTION : Les fiches d’auteurs : o Les différentes rubriques : Eléments biographiques (s’en tenir aux principaux repères) Théories et conceptions (ne pas hésiter à ajouter des commentaires célèbres) Œuvres / textes (idem) Citations Les fiches de notions (ou concepts): o Les différentes rubriques : Définitions : Cette rubrique prend souvent la forme d’une histoire de la construction de la notion/concept et de son sens Elle est aussi l’occasion d’introduire des distinctions conceptuelles qui ont permis de délimiter une notion/concept Elle peut enfin contenir des définitions célèbres Thématiques/problématiques : 2 Il s’agit ici de reformuler des problèmes posés par la notion/concept, sans perdre les raisons de leur aspect problématique Puis de noter les grands positionnements et leurs principaux arguments avec référence ou non à des textes ou œuvres (éventuellement présentés et résumés dans la dernière rubrique) Conceptions/théories/textes : Les conceptions/œuvres ou textes peuvent être présentées, mises en lien avec des thématiques et problématiques. Mais il est aussi possible de renvoyer aux fiches d’auteurs (pour éviter de perdre du temps). 3 – REALISATION : Commencer par lire le document et surligner en couleurs différentes et dégradées les éléments intéressants à retenir : par exemple dégradé de rouge/orangé/jaune pour les fiches d’auteurs et dégradé de bleu/vert pour les fiches de notions Réaliser ou compléter alors les fiches en reformulant les éléments à retenir ou en les recopiant (pour les définitions, ou les citations par exemple). NB : il est préférable de réaliser le fichier sur traitement de texte afin de pouvoir le remanier facilement et constituer des liens. Exemple : mise en fiche des pages 6 et 7 de « Réviser son bac avec le Monde – philosophie » o La lecture du document : La conscience et l’inconscient L’homme, dans la mesure où il est conscient, c’est-à-dire capable de se prendre lui-même pour objet de pensée, n’est plus simplement dans le monde comme une chose ou un simple être vivant, mais il est au contraire devant le monde : la conscience, c’est la distance qui existe entre moi et moimême et entre moi et le monde . Comment concevoir la conscience ? Que je sois certain que j’existe ne me dit pas encore qui je suis. Descartes répond que je suis « une substance pensante » absolument distincte du corps. Pourtant, en faisant ainsi de la conscience une « chose » existant indépendamment du corps et repliée sur elle-même, Descartes ne manque-t-il pas la nature même de la conscience, comme ouverture sur le monde et sur soi ? C’est ce que Husserl essaie de montrer : loin d’être une chose ou une substance, la conscience est une activité de projection vers les choses. Elle est toujours au-delà d’elle-même, qu’elle se projette vers le monde, vers ses souvenirs vers ou l’avenir, à chaque fois dans une relation – ou visée – que Husserl nomme « intentionnelle ». 3 La conscience que j’ai d’exister peut-elle être remise en doute ? Je peux me tromper dans la connaissance que je crois avoir de moi (celui qui croyait être courageux peut s’avérer n’être qu’un lâche, par exemple), mais la pure conscience d’être, elle, est nécessairement vraie. Ainsi, Descartes, au terme de la démarche du doute méthodique, découvre le caractère absolument certain de l’existence du sujet : « je pense, donc je suis ». Cette certitude demeure, et rien ne peut la remettre en cause. Descartes fait alors du phénomène de la conscience de soi le fondement inébranlable de la vérité, sur lequel toute connaissance doit prendre modèle pour s’édifier. L’intentionnalité de la conscience Que la conscience ne soit pas une substance mais une relation, cela signifie que c’est par l’activité de la conscience que le monde m’est présent. Husserl tente, tout au long de son oeuvre, de dégager les structures fondamentales de cette relation, à commencer par la perception. Il montre ainsi que celle-ci est toujours prise dans un réseau de significations : je n peux percevoir que ce qui pour moi a un sens. Suis-je totalement transparent à moi-même ? La conscience n’est pas pure transparence à soi : le sens véritable des motifs qui me poussent à agir m’échappe souvent. C’est ce que Freud affirme en posant l’existence d’un inconscient qui me détermine à mon insu. Le sujet se trouve ainsi dépossédé de sa souveraineté et la conscience de soi ne peut plus être prise comme le modèle de toute vérité. L'inconscient n'est pas le non conscient : mes souvenirs ne sont pas tous actuellement présents à ma conscience, mais ils sont disponibles (c'est le préconscient). L'inconscient forme un système indépendant qui ne peut pas devenir conscient sur une simple injonction du sujet parce qu'il a été refoulé. C'est une force psychique active, pulsionnelle, résultat d'un conflit intérieur entre des désirs qui cherchent à se satisfaire et une personnalité qui leur oppose une résistance. Il se produit en nous des phénomènes psychiques dont nous n’avons pas conscience, mais qui déterminent certains de nos actes conscients. Ainsi, nous pensons nous connaître, mais nous ignorons pourquoi nous avons de l’attrait ou de la répulsion à l’égard de certains objets. Cela peut être la part inconsciente de notre personnalité qui entre en jeu. Selon Freud, toute névrose provient d’une rupture d’équilibre entre le surmoi, le ça et le moi, qui se manifeste par un sentiment d’angoisse : – le « ça » est totalement inconscient ; il correspond à la part pulsionnelle (libido et pulsion de mort) ; – le « moi » est conscient ; la part inconsciente est chargée de se défendre contre toutes les pulsions du « ça » et les exigences du « surmoi » ; – le « surmoi » désigne l’instance psychique inconsciente, exprimant la puissance des interdits intériorisés (interdit parental, interdits sociaux) qui sont à l’origine du refoulement et du sentiment de culpabilité. Le « surmoi » est celui qui interdit ou autorise les actes du « moi ». Je ne suis donc pas « maître dans ma propre maison », et le conflit entre ces trois instances psychiques se manifeste par la névrose. La cure psychanalytique consiste à retrouver un équilibre vivable entres les contraintes sociales et nos désirs. L'inconscient ne pourra s'exprimer qu'indirectement dans les rêves, les lapsus et les symptômes 4 névrotiques. Seule l'intervention d'un tiers, le psychanalyste, peut me délivrer de ce conflit entre moi et moimême, conflit que Freud suppose en tout homme. La conscience fait-elle la grandeur ou la misère de l’homme ? Pascal répond qu’elle fait à la fois l’une et l’autre. Parce qu’elle rend l’homme responsable de ses actes, la conscience définit l’essence de l’homme et en fait sa dignité. J’ai conscience de ce que je fais et peux en répondre devant le tribunal de ma conscience et celui des hommes : seul l’homme a accès à la dimension de la spiritualité et de la moralité. Pourtant, parce que la conscience l’arrache à l’innocence du monde, l’homme connaît aussi par elle sa misère, sa disproportion à l’égard de l’univers et, surtout, le fait qu’il devra mourir. Cependant, avoir conscience de soi, ce n’est pas lire en soi comme dans un livre ouvert; savoir que j’existe, ce n’est pas encore connaître qui je suis. Davantage même, c’est parce que je suis un être de conscience que je peux me tromper sur ma condition, m’illusionner et me méconnaître : un animal dénué de conscience ne saurait se mentir à soi-même. ___________________________________________________________________ MOTS CLÉS ÂME Du grec « psyché », l’âme est le terme longtemps utilisé pour désigner la conscience. Cependant, il faut prendre garde aux différents sens du mot âme qui peut parfois recouvrir des réalités différentes et qui est souvent employé dans un sens religieux ou théologique. COGITO Ce terme signifie « je pense » en latin. Formulé par Descartes, le cogito est un terme qui désigne la conscience humaine en tant que sa caractéristique première est d’être pensante et d’être le propre d’une subjectivité. Le cogito est donc la certitude première de toute conscience et le fond sur lequel tout acte de conscience prend naissance. Descartes le formule ainsi clairement dans le Discours de la méthode (1637) : cogito ergo sum, « je pense, donc je suis ». CONSCIENCE Il faut distinguer la conscience d’objet de la conscience de soi, comme le montrent bien en français les deux expressions suivantes : « avoir conscience (de quelque chose) », qui signifie être dans un rapport direct à un objet, et « être conscient », qui signifie que nous sommes à nous-mêmes notre propre objet de conscience. La conscience de soi peut être définie comme le savoir intérieur immédiat que l’homme possède de ses propres pensées, sentiments et actes. Enfin, rappelons que le mot « conscience » est un terme moderne, qui n’existe pas en tant que tel dans l’Antiquité : on parlait alors d’âme pour désigner cette présence du sujet à lui-même et aux choses. 5 CONSCIENCE INTENTIONNALITE L’intentionnalité, du latin intentio, est un terme utilisé en phénoménologie par Husserl pour désigner l’acte par lequel la conscience se rapporte à l’objet qu’elle vise. En affirmant que « la conscience est toujours conscience de quelque chose », Husserl, contre Descartes, montre que loin d’être une « substance pensante » autarcique, la conscience est toujours visée intentionnelle d’un objet, tension vers ce qu’elle n’est pas, et que c’est là son essence. Ainsi, par exemple, si je suis conscient d’un arbre situé en face de moi, ma pensée est tournée en direction de cet arbre qui me fait face : j’accomplis un acte conscient intentionnel. La conscience implique donc une forme de dualité entre un sujet et un objet, mais aussi une forme d’unité, de liaison : c’est l’intentionnalité. CONSCIENCE MORALE La conscience morale est la capacité qu’a l’homme de pouvoir juger ses propres actions en bien comme en mal. Même si celle-ci est susceptible de nous faire éprouver du remords ou de nous faire avoir « mauvaise conscience », elle fait pourtant notre dignité. On peut penser ici à Rousseau qui, dans l’Émile, écrivait : « Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix […] juge infaillible du bien et du mal qui rend l’homme semblable à Dieu, c’est toi qui fais l’excellence de sa nature et la moralité de ses actions », montrant par-là que la conscience est d’abord et avant tout une réalité d’ordre moral, voire sentimental. Elle peut ainsi se définir comme le sentiment que j’ai de ma propre existence an tant qu’existence morale. INTUITION INTUITION Acte de saisie immédiate d’une chose par le sujet. L’intuition peut être sensible (je vois un arbre), mais aussi intellectuelle (je conçois un triangle). L’intuition est la forme la plus immédiate que prend l’acte conscient. SUJET/ OBJET Le sujet est le producteur de la pensée : il s’agit de celui qui pense et qui est conscient. L’objet est ce qui est produit par le sujet qui pense : il est ce dont le sujet est conscient. o Les fiches possibles : Notions : La conscience L’inconscient L’âme L’intuition Le sujet 6 Le moi Auteurs : Descartes Husserl Rousseau Pascal Exemple de réalisation d’une fiche de notion : o La conscience I – Définitions : Les étapes d’une histoire : 1-Durant l’antiquité, le terme de conscience n’est pas utilisé mais on emploie plutôt celui d’âme 2-La tradition cartésienne de la conscience intellectuelle va conduire à faire de la conscience, une « substance » séparée du corps, et donc une chose. 3-Il faut attendre la phénoménologie, Husserl et sa théorie de l’intentionnalité de la conscience pour que cette dernière soit saisie comme une relation, résultant d’une activité de projection sur l’extérieur. Les distinctions : o Avoir conscience de = conscience d’objet, conscience du monde / « être conscient de soi » = conscience de soi, savoir intérieur que l’homme possède de ses propres pensées, sentiments et actes, immédiat ou réfléchi ( = introspection) o Conscience intellectuelle (savoir de soi et du monde) et conscience morale (pouvoir de juger ses propres actions en bien et en mal, base du remords, de la « mauvaise conscience » o A propos de la conscience de soi : conscience que je suis (ou conscience de son existence) / conscience de ce que je suis (conscience de son essence) Les fonctions de la conscience : o Une mise à distance de soi, des autres, du monde : Permet la réflexion Fonde la conscience morale : le jugement du bien et du mal, la responsabilité de ses actes, la liberté donc II – Thématiques/problématiques : 1 -Puis-je douter de ma conscience ? Etat du problème : Douter de ma conscience, c’est-à-dire ? o La conscience que j’ai de moi, des autres et du monde correspond-elle à ce que je suis réellement, à ce que sont les autres ou le monde, ou bien est-elle déformante, illusoire ? o La conscience me donne-t-elle tout ce que je suis, ou seulement une partie ? thème de l’inconscient et des rapports conscience/inconscient o A propos de la conscience de soi : puis-je douter que j’existe ? Puis-je douter de ce que je suis ? Etats des positions : o Descartes et la thèse de la transparence à soi-même : la vérité du cogito reconnaît que penser, c’est toujours en même temps penser qu’on pense (ainsi Descartes doutait de tout et se mit à penser qu’il doutait, pouvant ainsi affirmer qu’il y avait au moins une chose certaine : c’est qu’il était en train de penser) donc la pensée est la conscience : penser, c’est toujours en même temps penser qu’on pense donc être conscient de penser et de ce qu’on pense donc le moi se définit pas la pensée (plutôt que le corps) donc le moi sait qu’il est et ce qu’il est (une substance pensante) et tout ce qu’il est (puisqu’il n’y a pas de pensée inconsciente). o Freud, le « philosophe du soupçon » et la remise en cause de cette transparence 7 L’étude des pensées et des actes de personnes normales (rêves, lapsus, actes manqués etc…) et de personnes névrosées (névroses) montre que bon nombre de nos pensées sont inexplicables et sans causes connues de nous. Il devient alors possible de faire l’hypothèse d’un inconscient, c’est-à-dire d’une partie profonde du psychisme qui obéirait à des lois propres et qui ne pourrait pas devenir consciente. 2 - Conscience et vérité : quels rapports ? Etat du problème : la conscience est-elle un obstacle à la vérité ou bien, au contraire, l’outil indispensable de toute vérité ? La vérité ne trouve-t-elle pas son fondement dans la conscience du sujet humain plutôt que dans la réalité objective ? Les concepts articulant conscience et vérité sont donc ceux de sujet/objet (subjectivité/objectivité) et réalité/illusion. Etat des positions : o Descartes fonde le subjectivisme, c’est-à-dire fonde la vérité dans la conscience que le sujet humain a de luimême. S’il n’y a de vérité que par la conscience de l’homme, alors la vérité est une construction de l’esprit humain, et non une réalité inscrite dans le monde. Donc réalité et vérité se dissocient complètement. o Mais cette idée qu’un sujet conscient, c’est-à-dire un moi pourrait énoncer seul des vérités incontestables, va peu à peu être remise en question. o La psychanalyse freudienne et postfreudienne sera une remise en cause radicale car, selon elle, toute production de la conscience, toute représentation, même intellectuelle, et abstraite, a une part de caché et de non-dit qui échappe au sujet conscient. 3 - Conscience et inconscient : quels rapports ? Etat du problème : double problème o 1-celui du rapport de dépendance entre la conscience et l’inconscient : est-ce la conscience qui dépend de l’inconscient qui la déterminerait, ou bien est-ce l’inconscient qui peut être contrôlé par la conscience ? o 2-d’où celui de la frontière entre conscience et inconscient : l’inconscient n’est-il que du non-conscient qui peut, à tout moment, revenir à la conscience, ou bien y a-t- il une frontière hermétiquement close entre conscient et inconscient ? Etat des positions : o La révolution freudienne : Freud va établir que certains contenus inconscients ne peuvent pas parvenir dans la conscience parce qu’un mécanisme inconscient les refoule, et cela parce que ces contenus pulsionnels rentrent en conflit avec d’autres forces inconscientes, celles du surmoi moral et que ce conflit est source d’angoisse. Le refoulement est donc une solution à l’angoisse. Il faudra donc passer par la cure analytique et l’aide d’une tierce personne pour pouvoir déjouer les stratégies de défense de l’inconscient. III – Conceptions/théories/textes/citations : 1-la conscience chez Descartes : cf. fiche sur Descartes 2-la conscience pour la phénoménologie a-Husserl et la notion de conscience : cf. fiche sur Husserl 3 – Pascal et l’âme humaine : cf. fiche sur Pascal 4 – Rousseau et la conscience morale : cf. fiche sur Rousseau o Exemple de réalisation d’une fiche d’auteur : DESCARTES René ( - ) I - Eléments biographiques : 1-sa vie 8 2-son œuvre : 1637 – Discours de la méthode II - Théories et conceptions 1-Sa conception de la conscience : Descartes fait l’expérience de la conscience intellectuelle et en déduit les deux 1ères vérités de sa philosophie : « je pense donc je suis » et « je suis une substance pensante ». L’expérience du cogito (en latin 1ère personne du présent de l’indicatif : « je pense ») est une expérience intuitive de la pensée qui se pense, du sujet de la pensée (le je) qui prend conscience qu’il est en train de penser et que toute vérité, toute assertion vraie s’origine en sa conscience subjective, en cette pensée qui se sait pensante. Conscience/doute/vérité - Descartes en déduira qu’il n’y a de vérité que dans et par le sujet qui pense, puisqu’avant d’être conscient de penser, Descartes était perdu dans un doute qui le conduisait à penser que tout est faux. L’âme et le corps – le moi comme substance pensante – si je n’ai conscience d’exister qu’à chaque fois que je pense, alors c’est la pensée qui définit mon essence. Le moi est donc une substance pensante et donc, en clair, je me définis beaucoup plus comme une pensée que comme un corps. III - Œuvres / textes IV - Citations « Je pense donc je suis » « Je suis une substance pensante »