Il est né le 22 janvier 1849 dans une vieille maison de Riddarholmen, dans la partie la plus ancienne
de Stockholm. Son père, Oskar Strindberg, était de bonne souche bourgeoise mais un négociant
médiocre, malheureux en affaires, qu'il méprisa. Sa mère, pour laquelle il éprouva une passion
justiciable de la psychanalyse, avait été une fille d'auberge (d'où le titre que Strindberg donna à son
grand récit autobiographique, ‘’Le fils de la servante’’) ; puis elle fut la gouvernante et la maîtresse
d'Oskar qu'elle finit par épouser. C’était en secondes noces, et August aurait été moins considéré que
ses demi-frères. Le milieu où il naquit était particulièrement sensible aux notions de classes sociales
et aux antagonismes croissants qui les opposaient dans cette Europe secouée par les vagues
successives du libéralisme, et il prit rapidement conscience du contraste entre les classes supérieures
(«ôverklass») et les classes inférieures («underklass»).
Son enfance fut donc assombrie par une inacceptation fondamentale ; déjà tiraillé entre réalisme et
romantisme, cet enfant «difficile» projeta sur le couple de ses parents, dans un climat de nervosité
instable et de rêveries excessives naturelles à son esprit, le dualisme qu'il ne domina jamais ; rêveur,
timide, gauche, mal adapté à son entourage, ombrageux, il se sentait mal dans sa peau. C’est
naturellement qu'il nourrit sa jeunesse des grands «révoltés» romantiques : Rousseau, Almquist,
Schiller, Byron, avec aussi Shakespeare, Brandes, Kierkegaard et tous les radicalistes scandinaves
de la «percée» («gennombrott») moderne. Il fut déjà beaucoup plus à I'aise dans son monde fictif que
dans la réalité.
Peu de temps après le mariage, Oskar Strindberg fit faillite. Et la mère d’August mourut. Son père se
remaria. Mécontent, le jeune garçon ne réussit pas à s'entendre avec sa belle-mère, supporta
malaisément I'autorité d’un père coupable à ses yeux d'inconstance, développa au sein de sa famille
un esprit d'opposition. L'adolescent demanda alors à des formes excessives de religion le secours qui
lui manquait ; il fut un moment piétiste, un moment disciple de I'unitarien Parker ; la confirmation de
I'Église luthérienne d'État le déçut, ne lui apportant pas les élans mystiques sur lesquels il avait
compté ; face à son professeur de religion, il fit encore figure de révolté. Tiraillé entre les exigences
tyranniques d'une sensibilité exacerbée et les impératifs d'une intelligence aiguë, il était déjà cet
hybride de romantique et de réaliste que, lucidement, il allait découvrir un jour en lui.
Bachelier en 1867, il s'inscrivit à l'université d'Uppsala sans toutefois savoir au juste ce qu'il voulait
faire de sa vie. La mode était aux sciences exactes : il songea à devenir médecin. Mais, étudiant
pauvre, il fut obligé, pour vivre, de donner des leçons dans une école populaire, de travailler comme
assistant dans un atelier de chimie. Il s'adapta mal au milieu universitaire et chercha à vaincre sa
timidité en s'essayant au métier d'acteur au ‘’Théâtre royal dramatique’’. Forcé d'abandonner ses
études par manque de ressources, il fut employé du télégraphe. Ce fut un temps de flottement et de
tâtonnements où, ouvert à tous les vents de I'esprit, incapable de se fixer, il s'essaya à tout, trait de
caractère qui ne se démentit pas jusqu'à sa mort.
Une seule vocation s'affirma chez lui, celle d'auteur dramatique.
Il composa :
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‘’Den sjunkande Hellas’’
‘’L'Hellade déclinante’’
(1869)
Tragédie en vers
Le monde antique et le christianisme s'affrontent.
Commentaire
Elle fut couronnée par I'Académie suédoise.
Strindberg la remania plus tard sous le titre ‘’Hermione’’.