Paradoxe
Par cette pièce Strindberg veut révolutionner le théâtre (n 19ème). Il a des
idées sur tout : la mise en scène, les décors, les lumières... Il offre la possibilité
aux comédiens d’improviser et de rendre le jeu plus vivant et réaliste : natu-
raliste!
En effet, la logique organique de son écriture, imprégnée de vécu, donne
cette impression de fait réel. Ce fut mon sentiment à l’issue de ma première
lecture; j’en ai conclu par la suite qu’il était essentiel de conserver l’effet que
la pièce se déroule en temps réel, au présent, sous les yeux du spectateur.
Les engrenages se déclenchent et la situation se détèriore plus le temps
s’écoule.
C’est un paradoxe, car il y a en même temps beaucoup de pièges dans le
texte, qui pourrait faire de ce spectacle un drame désuet d’il y a un siècle.
Mais derrière chaque réplique, il y a des actions qui ne sont pas écrites.
Car Strindberg s’inspire d’un matériau riche : l’être humain, il est d’ailleurs
son propre cobaye! Lui même et son oeuvre sont indissociables, tant l’un se
nourrit de l’autre. Un matériau aussi inconnu et vaste que l’on arrive à peine
à cerner. Comment faire alors ?
Je me débarrasse avant tout des idées toutes faites sur les serviteurs et les
maîtres de l’époque.
Les corps racontent ce que Strindberg n’a pas écrit, mais qu’il nous suggère
dans les rapports entre les personnages, leurs aspirations et leurs rêves.